Quand tu pars vivre en nomade à la découverte du monde, tu quittes beaucoup de choses ancrées dans ton coeur. Ton passé matériel, ta famille, tes amis. Le quotidien t'éblouit et te fait passer ces amertumes au second plan. Le côté matériel, qu'il fut dans un petit appartement ou dans une grande maison, tu apprends vite à l'oublier et à devenir de plus en plus minimaliste au fil des jours et des mois.
La famille, les amis, tu les abandonnes pour vivre ta propre vie, celle dont tu penses avoir besoin, comme un oiseau qui s'envole plusieurs fois pour la 1ère fois. La famille, les amis, c'est comme un refrain qui revient dans ta tête et qui ne cessera pas. Si la mélodie n'est pas douce et qu'un goût d'amertume accompagne tes images, là tu dois sans doute te poser la question de savoir si tu as fais le bon choix ou pas. Généralement c'est une belle mélodie parce que c'est ton choix, médité longtemps. Ta conscience te diffuse fréquemment des images qui te donne le sourire. Pensées, visions éphémères. Joie des temps modernes, il est facile de temps à autre, en quelques coups de clics de doigts de se connecter vocalement ou en visio. Merci technologie de nous apporter cette douceur.
En général, pour remettre un peu de baume dans les coeurs, c'est toi qui essaye de rentrer au pays y faire une courte apparition. Les occasions où la famille ou les amis viennent partager un peu ta vie sont beaucoup plus rares.
Clara et Rémi arrivent sous l’orage et une belle frayeur dans l’avion qui a pris la foudre ! Bienvenue en Turquie pays de contraste ! Bon, objectif de leur séjour : ne pas se lever trop tard et voir des choses. Sur la route de la Cappadoce, ce n’est pas ce qui manque !
Un rapide tour d’Antalya avec un premier test positif de la ripaille turque puis direction notre canyon au nord, apprentissage de la mise en place de la chambre à coucher d’amis, ça prend du temps et c’est plein de détails pas triste ! En général la 1ère fois c'est 10mn, pour finir à 2mn au bout de quelques jours. On prend vraiment la route demain !
Ce chemin là nous l'avons déjà fait et il est facile de leur concocter le tracé idéal. Gardez-le en mémoire si vous pouvez prendre 15 jours de vacances, enfourner un sac à dos avec une tente, une loc de voiture et roule ma poule. En mode catalogue d'agence de voyage (avec des liens pour plus de détails sur nos précédentes étapes cause lieux déjà vu ), voici votre parcours :
Après une première journée sur Antalya et la nuit à son tout proche canyon, allez zou en route ! De la nature avec des cascades (chutes de Kurşunlu), de l’antique avec ce qui est normalement le théâtre gréco romain le mieux conservé au monde (Aspendos), puis direction les montagnes, de sacrés canyons ! (Koprülü et Tiz) Barbecue party dans les bois. La turquie c'est ça, de la variété, les voilà tout de suite dans le bain !
Go pour un petit déjeuner turc en immersion chez l’habitant, chez Erdinç, chef de la vallée, personnage fort intéressant qui avait rythmé une des émissions "Echappées Belles". Nous l'avions rencontré quelques semaines auparavant mais aujourd'hui il n'est pas là. Il nous a quand même filé le bon tuyau, la piste de montagne vient juste de ré-ouvrir, dégagée de sa période hivernale. Montée au rythme de Cargol (20 km/h de moyenne), la piste est bonne c'est cool. En Turquie, la plupart des pistes sont accessibles à tous véhicules et tu peux presque arriver partout avec un véhicule normal... la R12 passe partout ! 🤪
De l’autre côté du col, descente sur un plateau et en faisant du bois pour la soirée (ben oui ce serait con d'arriver au bivouac pensant te faire un bon barbeuc et t'apercevoir que dans le coin tu n'as que des brindilles !), un couple de motard passe dans l’autre sens et font demi-tour… des allemands revenant d’Afrique. Les voyageurs à l'étranger s'attirent comme des aimants. Echanges de bons tuyaux et nous filons seul dans la vallée aux chevaux sauvages. Après le passage d’un petit gué, arrivée au bivouac idéal… rivière, arbres, montagne, chevaux… Bains dans la rivière, pétanque, feu de bois puis les allemands qui sous nos conseils nous rejoignent… What else ! bon en fait nous n'aurions pas manqué de bois mais si ne nous étions pas arrêtés, nous n'aurions pas fait la rencontre avec les allemands. Laisser son instinct agir !
Après ce joli bivouac, cette nouvelle journée est placée sous le signe de grottes et d'un village de montagne renaissant (Ormana, détail par ici dans cette étape). A la différence de notre premier passage en ce village, nous prenons le temps cette fois de rendre visite aux tisserandes, ravies de voir du monde s'intéresser à leur travail. Leurs sourires parlent, magique.
C'est ensuite sous terre que ce passe une partie de la journée, au fond d'un canyon nous attend une grotte (Altınbeşik) qui se visite en bateau. L'eau minérale lui donne une clarté et des reflets d'exception. Si tu en as marre des grottes, je t'en remets une couche. Cette fois c'est 1,5km à pied sous terre sur un cheminement plutôt fade. Le clou de ce lieu sous-terrain étonnant, c'est un mélange de falaise, de lac, de cascade avec un bon sentiment de claustrophobie et de liliputien ! (Grotte Tizantepe) Tellement spécial que les photos du clou ne rendent rien, même sur internet tu trouves pas 😂. Vous nous croyez pas, ben allez-y ! 😳
Bivouac parking des grottes, le lieu est quand même arboré et puis pas envie d'aller chercher un bon bivouac, voyager c'est aussi s'adapter !
Nous continuons de nous approcher de la Cappadoce et arrivons dans les premiers gruyères, entendre par là troglodytes. Cette région en compte des millions, habitats, stockage, église, ville souterraine... Très rares sont ceux qui servent encore. Le bivouac du jour est donc naturellement dans un de ces lieux, à Gökyurt. Nous y arrivons tôt, visite rapide de trous en trous et go pour les tâches du jour : douche, bois, coupage de cheveux (Rémi t'as pas peur ?). T'aurais peut-être mieux fais d'avoir peur...
Sur ce, fallait quand même qu'une famille turque passe par là. Et quand une famille déboule et voit des étrangers... "On va vous préparer un café turc traditionnel" ah ben tiens ça change du çay (thé) !
Konya, grande ville, connue pour être hyper traditionaliste. Le nombre de femmes voilées dépassent très largement la moyenne nationale. En se promenant dans la ville, mausolée des Derviches Tourneurs, grande mosquée, bazar... il fait chaud et nous voulons boire un coup. Pas facile c'est ramadan et cette ville est comme dit juste avant hyper hyper traditionaliste. Un seul endroit dans le coin pour boire un thé mais c'est pour les hommes. Il nous accepte quand même mais dans la réserve style un peu local poubelle... T'as vraiment l'impression de passer pour des parias ou pour des chevaux que l'on vient parquer dans une sorte d'étable pendant que le chevalier va faire ripaille à l'intérieur. Sauf que là tu es l'âne, et le preux à la fois ! Décidément cette ville on l'aime pas !
Restau le soir, 19h... les terrasses des restaus sont déjà bien remplies, des salades sont sur les tables mais les fourchettes font grève. 😳 Contemplation de la table ? Ramadan, faut attendre l'ordre-autorisation donné par les hauts parleurs des mosquées vers 19h30... Ambiance bizarre, comme si en fait tu viens au restau rien que pour voir des assiettes pleines mais t'as pas le droit d'y toucher ! Vibrations de cordes vocales dans les speakers "Allah Mashallah..." yes go, et là, frénésies de fourchettes, ils deviennent tous parkinsoniens ! Impressionnant, comme si la spiritualité se jouait à la seconde près...
Le soir, les Derviches tourneurs... Organisation religieuse fondé au XIII siècle, notamment connue pour leur forme de danse qui serait une façon de rentrer dans une transe. Mondialement connu, on en parle souvent comme un spectacle. Mais grosse déception pour nous car que nenni, environ 20% du temps est consacré à leur danse, sans chorégraphie et de plus, hyper répétitive. Le reste du temps est plutôt figé, ils se déplacent suivant probablement certains rituels, à la vitesse de 1m toutes les 10 secondes, pas étonnant que cela dure 1h30.... Pas de jeu de lumière non plus. C'est mou de chez mou, une sorte de transe non transe, nous on aime pas. En fait en voyageant, tu t'aperçois souvent que plus c'est touristique moins tu aimes et que la richesse est bien ailleurs...
Pour éviter de dormir sur un parking après cette décevante prestation dervichieuse, filons 100km plus loin (c'est long la nuit 100km de cargol) vers un beau bivouac volcanique (Meke gölü). Au réveil les jeunes en font l'ascension, les vieux se reposent !
faut pas croire qu'on s'emmerde quand Cargol roule : Trash-drive, passage au Tekel buffet, voir des naches... Que me dis-tu ? Le "Trash-drive" c'est s'occuper à cherche une poubelle ouverte que tu peux jeter depuis Cargol... Le "Tekel buffet" c'est le nom des magasins qui dans ces contrées ont l'autorisation de vendre de l'alcool (bière notamment)... La "nache", c'est la niche à vache, en fait plutôt la neauche, la niche à veau 😜
Caravansérail, route de la soie, XIII°s... Tous les 40km les commerçants trouvaient des "places de marché" pour échanger, acheter, se laver (hamam), changer leurs montures, dormir, mosquée... une sorte de rond-point carré à la jonction d'autoroutes. Les places de marché - auberge avaient vraiment de la gueule à l'époque et nous croisons là la plus grande de Turquie (Sultanhani), pas loin de 5000m2 !
Sélime, Nous rentrons cette fois dans le côté grandiose des grandes cheminées de fées troglodytes. Miam du gruyère ! Ah merdum non ça a pas le même goût...
Après des sources chaudes moyennement remplies (la baignoire était mal réglée), bivouac off-road au pied de cheminées. Mais le vent s'est levé, le genre qui te secoue le Cargol et que la poussière fait des dessins de partout dans la nature !
Lendemain, des choses à voir dans les parages mais le vent de fou est sur toute la région. Visibilité très mauvaise et Cargol a du mal a avancer. Nous nous contenterons d'une église troglodyte aujourd'hui et d'un café dans un lieu touristique (Vallée d'Ilhara) dont les terrasses sur l'eau ont pour la plupart été dévastées par des crues récentes. Faut dire que leur construction reste plutôt sommaire et à la moindre crue, c'est badaboum. Tellement touristique que la fille du bar en ruine nous demande 10€ pour 3 cafés et un coca. Je lui dit "Non". "Hein quoi ?" Ben oui, pourquoi tu veux que je paye 2€60 un café alors qu'au plus cher de la Turquie, tu le trouves à 1€. Faut pas prendre les touristes pour des imbéciles non plus... Blablabla, je fixerai moi-même mon prix, au-dessus de la moyenne quand même. En Turquie, on ne marchande pas et les Turcs sont droits. Certains parkings peuvent être payants pour les touristes mais pas pour les locaux. Ben oui moi je suis turc, regarde ma carte de résident ! 😉
Cappadoce nous voilà... Arthur ! Voilà le fils aussi qui nous rejoint en deux coups d'auto-stop à la sortie de l'aéroport sur la place du village de Kaymakli. Village qu'il va surtout visiter sous terre avec Clara est Rémi. La Cappadoce a plus de 200 villes souterraines servant essentiellement de refuge et de stockage. Certaines pouvaient accueillir et faire vivre plusieurs milliers de personnes pendant plusieurs semaines en totale autonomie.
En quelques tours de roues, nous rejoignons ensuite le site de Gorëme, centre névralgique de la Cappadoce avec plusieurs vallées toutes aussi extravagantes les unes que les autres. Les 3 derniers jours pour Clara et Rémi, les premiers pour Arthur qui est mis directement dans le bain dans le plus surprenant et le plus connu de la Turquie. Pendant 3 jours, dans cet épicentre magique, tu vis au rythme d'apéros avec d'autres voyageurs et de petites randonnées. Tu vis les yeux écarquillés devant tant d'originalité aux travers de sites incontournables (Pigeon Valley, Red et Rose Valley, Love Valley, Citadelle d'Utchisar). Place aux photos et à bien d'autres photos si vous voulez, par ici lors de notre premier séjour en juin 21.
N'oublions pas la vague Instagram Tik-Tokienne qu'elle soit privée ou professionnelle, c'est à qui prendra la plus belle pause avec le plus bel accessoire, en veillant bien à soulever le talon of course !
Arthur et ses champignons... Dans la Love Valley il faut aussi regarder vers le bas pour y trouver des merveilles, des champignons caméléons : les morilles, qui seront un régal ! Puis Avanos village voisin et son musée extraordinaire de la céramique où l'on peut s'essayer au tour. Au début concentration puis grosse rigolade !
Au revoir Clara et Rémi, un immense merci d'avoir partagé ces instants de vie avec nous, on remet ça très très vite nous l'espérons. Place maintenant à un autre voyage qui nous attend avec Arthur, sans doute un bain d'Authenticité turque, nous descendons vers le sud-est...