Carnet de voyage

Ouganda

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Dernière étape postée il y a 2 jours
Après le Kenya nous voilà dans notre 2ème pays d'Afrique. Nous restons dans une région équatoriale, mais le pays va quand même s'avérer différent...
Juillet 2024
26 semaines
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Publié le 3 novembre 2024

1674 Km en Ouganda (266 de piste), dont 1470 avec Cargol (217 de pistes), 100 en moto (46 en pistes), 104 autres véhicules (3 de pistes).

Notre parcours sur Polarstep avec résumés par ici

Pays précédent : Kenya, Pays suivant... à suivre...

Infos Pratiques

👉CPD : Non obligatoire

👉Visa : Visa à l'arrivée, 50$ à payer en CASH et les billets doivent être en bon état ! (attention parfois ils peuvent demander plus, faut juste alors faire comprendre que vous connaissez les prix). Si aérien, visa impératif sur le site internet https://visas.immigration.go.ug/ (attention, un billet retour est obligatoire ! surtout pour monter dans l'avion).

👉Carte Sim : Meilleure couverture : MTN / Avr 24 : 48 Go = 25€. Autre opérateur : AirTel

👉Argent : En dehors des commissions gratuites (ou pas) de nos banques européennes, ici dans les distributeurs c'est entre 4,5 et 8%. La banque DTB (Diamond Trust Bank) et Centenary bank sont à priori sans commission.

👉Assurance : Assurance Comesa (financièrement très intéressante) permet d'éviter de prendre une assurance à chaque passage de frontière, valable uniquement pour les pays suivants : Burundi, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Malawi, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Soudan, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Tarifs plus intéressant au Kenya qu'en Zambie.

Son adhésion se fait en 2 temps : une assurance lambda du pays où elle est prise + le supplément Comesa qui vous autorise aux autres pays. Elle peut se prendre en anticipation : service rapide auprès de Virginia de Nairobi au +254 721 482510. Pas obligé d'être au Kenya pour le faire avec elle.

Tarif 2024 pour l'assurance lambda un an pour un véhicule 11T : environ 110€, supplément Comesa un an tout véhicule : environ 60€

👉Vaccination : Fièvre jaune obligatoire (vérifier que la validité, normalement "à vie")

👉Road tax (Foreign Permit) : à la frontière, 60 USD de road tax pour 3 mois et c'est 3 mois minimum: il y a toujours quelqu'un pour faire le change au black) puis faut aller déposer la somme dans un point mobile money qui le transfère sur le compte de la custom) ou paiement par l'intermédiaire d'un gars (paiement par téléphone) qui se prend quelques dollars de commission. Impossible de payer directement au douanier.

👉Economie : L'employé à la base de l'échelle gagne environ 150 € par mois.

Comme vu précédemment, le passage de douane fut pour le moins folklorique, mais nous en garderons un bon souvenir de rigolade. Entrée en Ouganda, pas grand chose ne change pour l'instant. Les villages traversés avec leurs petites échoppes, le nombre de moto est toujours aussi impressionnant. L'Ouganda a bien son air d'Afrique voisin du Kenya. Cette région sous équateur est également toujours aussi verte, agricole : riz, maïs et la récolte de canne à sucre qui bat son plein. Comme bien souvent dans ces régions, ce sont surtout les femmes qui ont les taches difficiles, les hommes étant plus préposés au transport des motos et des véhicules, c'est moins fatiguant 🤨. Les usines dans lesquelles les camions vont vider leur stock de canne ne sont juste là que pour la fabrication du sucre. Personne ne leur appris à faire du rhum, étonnant non ? 😳

Moi petit ? non !
Camions de canne à sucre
Les femmes prépare le champ après la récolte de canne à sucre
 Vie quotidienne, habitat en campagne ougandaise

Arrivée sur Entebbe, Workaway chez John et Joséphine. Workaway ? Littéralement "travail ailleurs". Un site internet (site workaway), des locaux qui recherchent des volontaires en offrant le gîte et le couvert avec en échange 4 à 5h de travail 5 jours sur 7. Objectif pour nous : faire des rencontres, s'immiscer dans la vie locale. Nous avions déjà fait cela en Bulgarie et Turquie si vous vous souvenez 😉.

John avait monté une petite entreprise d'organisation de séjours touristiques safaris et gorilles. C'est sa nièce et son ami qui s'en occupait essentiellement. Mais avec le covid, activité nulle et ils se sont tournés vers d'autres activités. John se retrouve seul avec son bébé sachant qu'il a un autre travail, dans la recherche et la formation sur l'agriculture biologique. Il ne sait pas vraiment quoi faire ni par où commencer pour remettre à flot sa boutique. Et là j'arrive, lui fait un audit de l'existant, analyse de la concurrence et lui dresse un plan d'action pour se relever. Wouahou y'a du boulot, pas sûr qu'il est l'énergie de s'en sortir 🤨

Joséphine sa femme est médecin mais malheureusement absente, en congrès en Tanzanie. Muriel met alors ses talents de cuisinière et se charge de nous faire des bons petits plats. John est aux anges, il découvre la bonne cuisine. Faut dire que la transformation culinaire en est réduite à sa plus simple expression : exemple : l'oeuf tu le manges dur... une omelette avec ingrédients ajoutés est déjà une grand expérience 😂. Ici, on mange essentiellement les produits du jardin et les fruits qui tombent des arbres, tout comme ces énormes avocats qui font "boum - boum" sur le toit de Cargol 😂. Si tu vas manger dehors dans un boui-boui, tu tombes forcément sur le Rolex : une galette de pain sur laquelle tu rajoutes une galette d'oeuf type omelette, tu roules le tout et voilà ton Rolex. Bien huileux mais ça passe bien ! 🤪

 Ne pas croire que l'oeuf est petit !

Occasion donc pour nous de s'immiscer dans une maison Ougandaise. Ce couple essaye de voyager une fois par an en Europe, alors la priorité n'est pas donné à l'entretien : cuisine vétuste, frigo HS, peintures qui sautent de partout, c'est la que tu vois les différences entre les niveaux de vie européen et ougandais ainsi que certaines priorités personnelles. Le mobilier est très sommaire et la décoration très... famille et catholique. Depuis le Kenya, la religion catholique est très présente, messe toutes les semaines, prière à chaque repas... Ça y est le signe de croix, j'arrive à ne plus le faire à l'envers 😂.

 Intérieur de chez Joséphine et John

Nous avons quand même soif de découverte d'Ouganda. Et pas très loin, paraît que l'on trouve les ShoeBill (les Becs en Sabots) : un piaffou rare et assez extraordinaire, présent dans les immenses marais du lac Victoria, proche d'Entebbe, pas très loin de la capitale Kampala. Coucou le piaffou, nous venons à ta rencontre. Moto enfourchée, un petit ferry gratuit et bien blindé, quelques km de piste, un arrêt dans un lodge pour une belle vue sur la région et ses marais, et nous voilà arrivé au bout de la piste.

Piscine d'un lodge
Sur le petit ferry et vue sur les marais 

Au bout de la piste, place aux marais et ses canaux naturels. Pour continuer c'est par petites embarcations. Seuls quelques rares touristes arrivent jusqu'ici. Tout ce que l'on aime. Allez hop, rien que pour nous deux, une barque et son pilote, un guide, et nous voilà partis à la recherche de cet énergumène de piaffou.

A la recherche du shoebill, le fameux bec en sabot 

Energumène par son corps de petite autruche et un bec qui semble emprunté à un ornithorynque ! Le bestiau peut mesurer jusqu'à 1m60, (ailes de 2m50 d'envergure) et atteindre 7kg. Mais sa particularité ne s'arrête pas là : une femelle ne pond que 2 oeufs simultanément tous les 5 ans ! Au bout de quelques semaines l'un des 2 oisillons tue son homologue 😳. La mère élève ensuite son petit la première année et 4 ans plus tard elle remet ça. Autant dire que la survie de l'espèce ne tient pas à grand chose 👍. L'espèce est donc rare même si elle est super protégée.

Après une longue errance dans les marais, un couple dans les herbes nous a fait coucou. Sacré bestiau qui semble tout droit sorti de l'ère préhistorique, une bonne demi-heure à les regarder évoluer devant nous, très tranquilou 🤪.

 Sacré piaffou non ?

ℹ️ ferry d'Entebbe : 0.080651, 32.448883, embarcadère pour voir les becs en sabot (shoebill) : 0.075697, 32.350212, 25€ par personne incluant l'entrée au parc, le bateau, le guide. Possibilité de mettre un véhicule sur une barge pour rejoindre un autre îlot.

Nous avons bien fait de profiter de cette sortie. Le lendemain nous devons revenir illico en France pour gérer quelques affaires familiales. Coup de chance, nous pouvons laisser le temps nécessaire notre Cargol chez Joséphine et John et l'aéroport n'est qu'à 10km🙏.

Faut bien qu'il y en ait un qui veille sur les énergumènes pour leur passage en France... 

Et hop après cette escapade française qui fut beaucoup plus longue que prévue, nous retrouvons avec joie notre BAR (boite à roue), notre Cargol. Il va bien dans son petit coin de jardin chez John et Joséphine, sous l'avocatier. La gentille smala de nonos nous a sagement attendu à l'intérieur, sage du moins c'est ce que l'on veut bien croire... En tout cas Cargol démarre au quart de tour en noircissant un peu la pelouse de John, histoire de nous dire qu'il a bien envie d'aller se décrasser ! Ça tombe bien nous aussi !

 Un grand merci à nos hôtes de fortune John et Joséphine

1er arrêt pour changer le neiman HS de la noireaude, exit la solution africaine avec un interrupteur en guise de clef de démarrage depuis la fin du Kenya. C'est quand même un peu plus sécurit 😂. Bon pas envie de prendre la nationale surchargée de camions, donc direction les routes jaunes ou blanches sur nos cartes numériques. Là, tu ne sais jamais ce que tu vas trouver 😳. Cela peut être goudronné, avec trous ou sans trous, comme cela peut être chemin pour tracteur. Dans l'ensemble en Ouganda les pistes semblent meilleures qu'au Kenya et nous n'avons pas à nous plaindre de nos choix.

Pistes au travers des marais, des champs... 

Belle occasion de traverser lentement ces régions rurales et d'y côtoyer la réalité agricole ougandaise. La vie semble un peu au ralenti, dans les champs de bananiers, maïs, cannes ou encore rizières, et vu qu'il pleut un peu tous les jours, c'est souvent les pieds dans l'eau ou dans les boues rouges ou noires bien locales. Des scènes bien africaines et de multiples sourires et bonjour sur notre passage !

Rizière dans les marais
un salut de la main au passage
Salut le vacher !
Transport en tous genres
Ce sont les enfants de la famille qui ramènent l'eau
un centre de hameau assez typique
et couic le poulet sur le vélo !
Scènes locales et couic le poulet sur le vélo ! 

Tout est cultivé et très peuplé, mais en fouillant bien nous arrivons à nous arrêter qu'une seule fois dans une structure d'accueil, une sorte de terrain de jeux et camping, mais fermé depuis un bail, au vu de l'état délabré des installations (cf le boy and girl changing room de la photo avec le toboggan 😳). Bon merci à eux quand même de leur bon accueil et des 2,5€ la nuit, même après leur avoir arraché leur câbles électriques 😂.

le boy and girl changing room ! 

A force de persévérance et parfois de surprises (tiens donc plus de ferry à cet endroit), nous arrivons à se trouver des coins sympas un peu perdus dans les champs ou alors tout proche du Nil. Et oui le voilà le fameux Nil déjà très large ici et qui va côtoyer les pharaons à 5000 km de là.

Parfois, c'est pas assez large et c'est le bordel
Va falloir maigrir Cargol !
Bivouac dans les champs
ah ben y'a plus de ferry !
Bivouac dominant le Nil
The Nil
Balèse le Nil à 5000 km de son embouchure ! 

Une autre solution pour trouver notre bivouac consiste à faire un repérage satellite. Cette fois cela nous a conduit sur le grand terrain arboré d'une école. Notre arrivée est une totale surprise, une aubaine, des Mzungus (blancs) sur leur terrain dans une maison roulante ! Un truc de dingue pour eux ! Évidemment l'attraction est totale, la curiosité à son comble. Les photos peuvent laisser penser que nous avons été envahis, harassés, débordés mais rien de tel. Il suffit de gérer un peu le temps, d'accepter des horaires d'affluence et parfois de regrouper pour échanger.

Le jacquier, sacré gros fruit et pas mauvais en plus
LaLoute au pompage de l'eau
Superbe accueil et beaux échanges 

Cet école est vraiment située dans le profond de la campagne avec des pistes d'accès un peu moins roulantes on va dire 😉. Les moyens et installations sont très précaires, beaucoup de menuiseries ont été "empruntées" sans doute pour d'autres utilités, mais les messages sont toujours là sur les murs...

 Extérieurs et intérieurs des bâtiments des salles de classe

En fait, ce fut 2 jours de préambule car nous filons désormais vers une version 5 de Workaway. Cette fois-ci dans une école... Pour y faire quoi ? Une riche expérience humaine très probablement, pour le reste nous le découvrirons sur place... 😂.

Venir en afrique c'est sans doute vivre les images que nous européens avons bien ancrées dans nos neurones. Eléphants, girafes, lions, steppes, désert et forêts tropicales, tribus, huttes, des enfants partout, écoles et dispensaires de brousse... Les clichés... Pas tous faux certes, mais en étant sur place, c'est une nouvelle fois les sourires, la bonté, la joie de vivre qui vient souvent prévaloir sur les clichés classiques, du moins du peu que nous avons vu pour l'instant au travers du Kenya et d'un petit bout d'Ouganda.

Venir en Afrique sans s'arrêter et vivre au rythme d'une école, c'est vraisemblablement passer à côté de l'Afrique. Nous venons de vivre cela intensément. Cela nous faisait un peu peur, n'ayant ni une fibre professorale très poussée, ni des âmes d'animateurs de centre pour enfants. Interrogations dans nos têtes : mais qu'est-ce qui nous a pris d'avoir cette idée là... 😂

Ecole Triple H, pour Head Hand Heart, déjà de bonnes valeurs dans le nom de cette école. 700 enfants, de 4 à 12 ans essentiellement, 130 internes dont une quarantaine d'orphelins. 8 classes en tout, entre 50 et 100 élèves par salle. En France la superficie de ces salles n'accueillerait même pas la moitié d'élèves. Y'a quand même un tableau noir, plutôt plus abîmé que moins.

Le rythme scolaire est démoniaque : debout vers 6h, classe démarre à 7h30 mais ils sont déjà en salle bien avant après avoir pris leur verre de porridge. 30mn de pause avant 11h, 1h de pause de 13h à 14h, et fin des classes à 16h. Pour les internes, repas à 18h30 et de 19h30 à 21h en général c'est permanence, soutien ou cours supplémentaire ! A 21h, direction le dortoir, filles et garçons séparés mais un point commun : vaut mieux être de biais pour circuler entre les lits superposés tellement cela manque de place, et attention de ne pas écraser une des poules qui viennent régulièrement traîner par là 😳.

Parfois les cours se font un peu dehors, ça permet de respirer un peu.

Pas de mercredi après-midi de libre ici, non non ! C'est du lundi au vendredi et bien sûr le samedi matin aussi ! 😳 Une grasse mat le dimanche ? Non Non ! Debout à 6h, chants et messe de 7 à 9h !

Les internes se chargent aussi du balayage des espaces, de laver leurs fringues dans des bassines après pompage de l'eau au puit, s'occuper des animaux de la ferme... 🙏

Prendre des forces pour tout cela en mangeant ? C'est simple : 2 énormes gamelles, cuisson au feu de bois et menu unique, le même tous les jours : porridge le matin, à midi une assiette de Posho (farine de maïs+eau) avec quelques beans cuits à l'eau (au moins ça fait du jus pour s'enquiller le posho) et le soir ? Re-belote, posho beans again. 7 jours sur 7, pas de répit pour le maïs et les beans. Si des enfants nous lisent, voulez-vous toujours faire les difficiles devant les haricots verts et les endives ?

Queue leu-leu nickel : la prise de son assiette pour les repas est un exemple d'ordre, de respect et de non chamailleries !

Posho (=Ugali) et beans, même repas, 2 fois par jour, tous les jours

Nous y sommes en WorkAway, volontaires, nourris. L'anglais prédomine, ce qui facilite les échanges. Muriel s'oriente rapidement vers le côté assistante maternelle dans les petites classes. Après une courte période d'observation, je leur propose d'écrire une centaine de phrases sur des valeurs d'éducation, de famille, de santé, de respect, d'égalité et de commencer à peindre cela sur les murs de l'école. L'idée suscite beaucoup d'intérêt. C'est parti pour ma prune pour la cogitation des phrases, la réalisation d'un pochoir sur carton. Nous remarquons aussi que le secrétariat n'est pas des plus performants : la notion d'arborescence du disque dur en est au paléolithique de l'ordinateur et la connaissance de Word / Excel est au 1er cours 1er niveau sur Multiplan ! 😳 Bref là où nous pouvons apporter quelque chose, nous le faisons.

Aide et imagination, nous leur apportons ce que nous pouvons 

Un autre volontaire est également là pour un mois avec sa compagne Ougandaise. Lui assure quelques cours de math et de sport, jeu de cartes à l'occasion. Nous apportons tous à notre manière une bouffée d'air pur au staff et à tous ces diablotins supers sages. Présence d'une télé dans une salle... Nous avons quelques films en stock sur nos ordis. Des cartoons ! Yahouuuu c'est fête ! 🤪 Bon même en plusieurs fois à cause de nombreuses coupures de courant, Shrek, Cars et Rox et Rouky en anglais sous-titrés anglais, ça reste des valeurs sûres !

Activités extras scolaires, découverte saxo, Cartes, Cartoon

Nous sommes gâtés, notre régime alimentaire fourni par l'école est différent des élèves, même si ce dernier n'est pas varié : riz, patates, parfois des greens (herbes diverses cuites), rarement un peu de viande bouillie et caoutchouteuse, parfois une sauce à base de cacahuète bouillie dans de l'eau (spécial 😂 ), et une fois des pâtes, YES !

 Oh le bon riz choux patate et sauce cacahuète !

En dehors des heures de classe, les échanges sont nombreux, les questions fusent. Une petite main est toujours là pour te prendre la tienne, te caresser le bras, te tripoter les cheveux (pas pour moi, nous sommes d'accord...). Tu vas t'asseoir quelque part, et hop en voilà un, puis deux qui viennent se coller à toi tout discrètement, juste pour le plaisir d'être en contact avec toi. Nous sommes bien content d'avoir parfois notre refuge en hauteur dans Cargol où personne ne vient nous déranger malgré notre présence en plein milieu de tout. Nous ne voyons pas passer les journées.

Oh le joli couteau !
 Même le plus petit est fier d'aller chercher un peu d'eau

En fait, nous avons plus l'impression d'être dans une communauté où tout le monde s'entraide. Jamais en 1 semaine ne verrons une petite dispute, un coup de pied. Est-ce la soi-disant civilisation qui nous rend si con chez nous ? Où est-ce la présence de quelques vaches et veau, poules et dindes qui déambulent partout et qui apaisent tous ces esprits ?

L'école c'est aussi ça ! 

Dernière soirée surprise où les internes nous font une démonstration de leur savoir-faire. Quand il s'agit de bouger son cul et son corps, l'Africain est roi et les enfants d'excellents apprentis. Dernières photos souvenirs avant de se quitter, le coeur bien chargé !

Stephen qui a lui même monté cette école en 2008 gère au mieux les budgets, sans aide gouvernementale bien sûr. L'année scolaire dans cette école coûtent aux parents pour un externe entre 60 et 80 €, ce qui est déjà une certaine somme dans cette région très pauvre de l'Ouganda. Pour les orphelins, pas d'aide du gouvernement non plus. Pour ceux qui le souhaitent, une cagnotte a été mise en place par des anciens volontaires comme nous. Au moins l'argent perçu va directement au bon endroit, même 5 ou 10€ c'est déjà beaucoup : site web pour la cagnotte Triple H

Publié le 23 novembre 2024

Bon après une grosse semaine dans l'école, nous cherchions un peu de calme. 😂 Camping sauvage impossible sans être abordé, le seul refuge est de trouver un campsite. Ça tombe bien, dans les montagnes pas loin se trouve Sipi, un coin si bien touristique qu'un des billets de banque d'Ouganda en porte son effigie : une série de cascades impressionnantes. D'accord ce ne sont pas les chutes en Zambie ou les chutes Victoria, mais cela nous changera un peu de paysages... En voyage, faut savoir varier !

Bon quand on dit zone touristique en Ouganda, faut pas s'attendre à grand chose hormis quelques lodges et guides qui essayent de te vendre leurs services. Allez zou direction un lodge, superbe vue sur la 3ème cascade, la plus grande, quasi 100m de haut, le tout dans un cirque avec nature exubérante. Finalement c'est quand même plus wouaouh en vrai que sur les billets !

Comme endroit pour être un peu au calme, c'est pas mal non ?

Pour faire marcher un peu plus le tourisme local (nous serons quand même les seuls clients sur les 2 nuits), visite des cuisines aux normes 1900 d'où en sorte un burger à la viande, un goût d'ailleurs qui ne laissera pas grand souvenir. 😂

 Cuisine classique de restaurant avec mini fourneau à charbon

Le tourisme à Sipi, toute une histoire... Habituellement les touristes prennent un guide (quasi impossible de leur échapper) pour faire le tour des cascades en mode randonnée par des chemins parfois un peu escarpés et certainement par endroit plutôt boueux. Ma cuisse ne sera capable de tenir une rando de 3h. Notre carte nous indique clairement les pistes d'accès possibles et nos motos peuvent trimbaler notre popotin. Jusque-là cela semble facile de pouvoir y aller par nous même. Ouais, mais le problème c'est que l'on est en Afrique !

Renseignements pris auprès de notre lodge, on nous conseille fortement d'aller payer un droit d'accès à une association des communautés si l'on ne veut pas avoir de problème en chemin. Conseil judicieux ! 😉 8€ pour nous deux, une somme pour ici mais bien moins cher qu'un guide... Enfourchons nos motos ! Sur le chemin d'accès typé moto enduro, nous sommes rattrapés par 2 jeunes "Vous avez pas le droit d'être ici sans guide". Nous sortons le papier avec un numéro de tél. Coup de fil, 5 mn de blabla et c'est ok mais le mec nous dit "je vous accompagne car plus loin y'aura une barrière, un type, ce sera pas facile". Effectivement il a pas l'air commode celui-là. Il nous demande de l'argent en plus... Coup de fil, blabla, c'est ok, l'attitude passe de je suis méchant à plutôt gentil. L'Afrique...

 chemin et contrôle humain des accès

Ça y est on peut y aller là ? Wouahouuu, arrivée à cette cascade, vraiment seuls 🤪, petites cultures de bananiers dans une végétation délirante...

Cascade n°3, quasi 100m 

La cascade n°2... Seul bémol, le chemin d'accès traverse un lodge. Solution plus facile, limite trop facile : un petit café et un coca au bar et zou le chemin est ouvert ! encore tranquille et seul au monde dans cette nature fo-folle !

Cascade n°2, un chouïa plus petite que n°3 

ℹ️ Sipi guest house 15€/nuit pour nous 2 et Cargol, douche chaude et toilette accessible dans un des logements (1.33578 34.37648)

ℹ️ Accès Cascade n°2 via Sipi Heritage Lodge (1.338216, 34.382463)

Publié le 25 novembre 2024

Culture des bananes et culture du café... Ici pas de grandes exploitations sur ces pentes du Mont Elgon. Des tous petits lopins de terre avec chacun leur famille, maison "en dur" ou en format de case. Bananes et caféiers, c'est l'essentiel de la production qui permet de ramener un peu d'argent pour ces familles.

la "cerise" rouge, prête à ramasser

Là encore, ils essayent d'en faire un petit business. Chaque guide a son filon, sa petite famille qui va t'amener voir la plante (sorte de gros arbuste qui ressemble un peu à un laurier), te faire toucher la "cerise", rouge quand elle est mure, te faire enlever la coque, te montrer l'étape du séchage, te faire pilonner tes petits grains, les faire infuser et t'en faire faire glouglou dans leur tasse. Évidemment ce circuit guidé à un coût et l'éventuel sachet de moins 500g à la sortie que tu payes quasi 10 fois le prix local 😳. Le problème est bien là. Nous aurions sans doute volontiers fait ce genre de tour guidé mais nous ne voulons pas rentrer dans ce système où le blanc est vraiment pris pour une vache à billet et non plus comme un touriste sympa avec lequel il pourrait y avoir un véritable échange. Un tour guidé pour 4 personnes, c'est un mois de salaire local, faut pas exagéré non plus non ?

Donc nous avons fait notre petit tour à nous, traîné dans les chemins du coin, trouvé la coopérative, rencontré et parlé avec des locaux et sans doute en avons plus appris du réel business du café local. Busigu, tel est le nom de cet arabica cultivé sur les pentes de ce mont. Malheureusement pas de torréfaction dans le secteur de Sipi, toute la production locale de grains séchés part vers la capitale puis vers l'export. Nous n'avons pu visiter l'intérieur de l'usine (fallait l'accord de la maison mère à Kampala). Elle se contente d'acheter les grains aux petits fermiers, d'en effectuer le tri, le séchage et la séparation de la coque. Ils achètent avec un cours du jour, affiché à l'entrée, variable suivant l'état brut de la cerise (0,70€ kg) ou coque déjà séparé et séchée (3,1€)

Cours du jour du café, séchage "industriel" 

C'est pour cela que le long des routes ou ailleurs tu vois par terre et bien étalé des grains à sécher. L'un deux nous confiera qu'il est plus intéressant d'amener ses grains à Mbale, ville dans la vallée où ils seront achetés à quasi 4€ le kilo (revendu en Europe à minimum 30 le kg dans les boutiques spécialisées)

Séchage du café en bord de route 

Nous repartirons de Sipi avec un sachet de grains, probablement grillés dans un poêlon au feu de bois, sachet payé juste 2 fois son prix local, cette fois avec le sourire et la satisfaction d'avoir contribué intelligemment à la vie locale.

ℹ️ Entreprise Kawacom (1.358664, 34.389567)

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

Pays précédent : Kenya, Prochaine étape en cours de rédaction : Traversée d'Est en Ouest

Publié le 29 novembre 2024

Même si Cargol aime bien les pistes, quand tu as 400 km à te taper sans curiosités particulières, autant que ce soit goudronné non ?😜. Nos oreilles et nos dos apprécient alors le silence du moteur et du roulement des gros pneus à tétine, ça les changent des vibrations et des secousses parfois violentes qui remuent tout dans nos placards. Même notre ménagerie sur notre lit parfois s'en retrouve toute retournée, un vrai manège à nonos le Cargol ! Bon au moins cette fois nous avançons dans la moitié nord ougandaise d'est en ouest et traversant des villages aux ambiances bien typiques !

Vente et attente d'un camion pour transporter les cannes à sucre à l'usine
Les transporteurs de bananes
Au marché, éh oui pour la cuisine il faut charbon !
Pâte de cacahuètes, un peu d'eau puis sur le feu, c'est leur sauce fétiche !
Oups ! Alcool ? Dodo ?
Travailleur en partance ?
Ici on invente le rail pont autoporté !
Scènes locales avec un beau rail pont autoporté 😂

Malgré tout, cette lente traversée n'est pas monotone : il ne faut pas oublier que les routes ici sont parsemées de dos d'ânes ravageurs, mais heureusement le paysage alterne régulièrement entre marécages ou zones habitées et cultivées. L'habitat est bien spécifique, ne laisse pas vraiment de place à l'imagination d'architectes, cases rondes ou carrées, sans fenêtre ni électricité ni eau, intérieur très rudimentaire avec généralement un tissu permettant de séparer un espace couchage. L'une d'entre elle généralement plus petite est consacrée à la cuisine feu de bois. Nous avons beau chercher les HLM, nous ne les voyons pas car ici en fait, ce ne sont que des logements sociaux partout, monté par le Ikéa local, à savoir la main de l'homme.

 Habitats typiques réunissant une famille

Zéro camping ou structure d'accueil pour dormir à des dizaines de km à la ronde. Il suffit de sortir de l'unique route goudronnée pour emprunter une piste à la recherche d'un lieu pour se poser en espérant être tranquille. Opération parfaitement réussie sur le terrain d'une paroisse de campagne, après bien sûr l'autorisation chaleureuse du maître de l'autel et de son adorable maman de plus de 80 ans. Éh oui, à chacun son type d'hôtel !

Notre pasteur et sa mère, nos hôtes d'un soir 

Mais parfois la 1ère position trouvée n'est pas la bonne. Alors que nous sommes sur le bord d'un chemin qui ne voit des roues peut-être qu'une 1 fois par jour, des habitants proches viennent nous voir pour comprendre quel est cet ovni sur leurs terres. Ils nous signalent la présence des éléphants (oui nous avions pu reconnaître leurs traces à 50m de Cargol) mais cela ne pose pas de problèmes et nous souhaitent une bonne fin de journée. Mais 2h plus tard, le "leader" des cases environnantes, très gentil, nous informe qu'il vaut mieux bouger, justement à cause de ce couloir potentiel des éléphants qui circulent quasi quotidiennement par là. Même s'il n'y avait aucun danger pour nous ou les éléphants, bienveillance de sa part puisqu'il demande l'autorisation à la famille case voisine de nous permettre de s'installer tout proche d'eux. Aussitôt dit, aussitôt fait. Les échanges sont sympas mais de courte durée, écourtés par la communication difficile (patois local et anglais not inside) et par un temps plutôt à tendance pluvioteuse.

Les éléphants ne sont pas loin
Chez l'habitant, les éléphants ne sont pas loin

Le matin juste avant notre départ à 9h, un 4x4 de police vient nous voir, pas très content de ne pas avoir été au courant de notre présence sur leur terrain de jeu. Ouais, mais mon petit père, nous sommes sur un terrain privé, chez quelqu'un qui nous a donné son autorisation après accord du leader de la communauté. Et pouët pouët ! En fait quelqu'un a dû nous signaler et quand un policier africain n'est pas au courant, il passe pour un incompétent. Bon il essaye de me demander avant de partir "tu peux donner quelque chose pour le fuel pour être venu jusque ici ?" Oups il est mal tombé 😂 "Pour économiser l'essence, cela aurait été bien d'éteindre le moteur de votre gros 4x4 depuis 10mn que vous êtes là..." Ah ben ils sont partis aussitôt, laissant une mare de gasoil qui avait dû pisser de dessous leur moteur 😳😂.

Publié le 2 décembre 2024

Le parc national Murchinson falls nous faisaient un peu de l'oeil. Renseignements pris à la gate, le verdict tombe : 230€ pour nous deux incluant la nuit dans un camp de fortune et la balade en bateau pour aller voir des chutes et probablement quelques animaux en bord de rivière (hippo et sans doute croco et éléphants). Et encore le vrai prix aurait dû être de 320€ car il a compté Cargol comme une voiture 4x4. Certains pays plus au sud nous montrerons même mieux, gratuitement ou pour beaucoup moins. Encore un exemple de la seringue à monnaie du gouvernement qui se vide on ne sait où. Demi-tour. Il existe une autre voie pour descendre vers le sud, une voie bien typique...

La seringue à fric à touristes des gouvernements d'Afrique de l'Est 

Ne pas s'énerver contre cette nature humaine et profiter du présent et des lieux. Et ça tombe bien, le grand Lac Albert nous tend ses eaux, alimenté par le fameux lac Victoria devenant Nil puis Albert et ensuite encore Nil, direction la Méditerranée. Economie locale basée sur l'agriculture et la pêche. Vie difficile pour les pécheurs, tout à la rame malgré le courant, pêche au filet de jour comme de nuit.

 Tranquilité au bord du lac, Seules des barques de pécheur longent le bord pour avoir moins de courant

Nous sommes au bord de ce spectacle, seul sur une grande zone herbeuse au sein d'un lodge, vide de clients humains. Par contre une grande famille de cousins éloignés viennent nous voir (les Vervets ou "Couilles bleues"), observent avec attention nos faits et gestes, espérant bien quand même sans doute avoir un petit bout de quelque chose à chaparder. Ils sont vifs, espiègles, mieux vaut ne rien laisser traîner.

 En direct de Cargol

Rien à piquer à proximité alors les extérieurs et dessous de Cargol sont inspectés dans ses moindres recoins !

 Un bon terrain de jeu pour les jeunes !

ℹ️ Global village resort : 2.45071 31.48198

Publié le 4 décembre 2024

Nomades que nous sommes nous reprenons la route, enfin plutôt une longue piste parfois pas très large et un peu boueuse qui mène à un ferry. Merzouille en arrivant à l'embarcadère, un grand portail fermé, des petits commerces autour, aucune agitation pour un départ censé être dans 45mn... Bizarre... Dimanche ! Les 2 trajets quotidiens sont au repos. Et pourtant un Ougandais avait pris le temps de se renseigner et nous avait dit ok... C'est bien l'Afrique... 😂

Traversée d'un village, les bidons jaunes caractéristiques du transport de l'eau, sport quotidien. 

Devant la barrière d'accès fermée, et après blablatages, le responsable du coin nous laisse pénétrer dans l'enceinte et dormir au niveau de l'embarcadère, arguant un "toi tu es un bon diplomate"😂. Les chèvres locales nous tiendrons compagnie jusqu'au lendemain. De très bonne heure le lundi, et comme très souvent en Afrique, plus de piétons trimballant de lourds fardeaux que de véhicules ou camions brinquebalants. L'ambiance est tranquille, no stress, pas de bousculade, une queue se forme avec respect des uns des autres.

le ferry va bientôt partir, ambiance tranquille

Emprunté par les locaux pour se rendre de l'autre côté (travail, petit commerce, famille), l'un d'eux nous dira "j'ai pas le souvenir d'avoir vu un blanc sur ce bateau " 😳. Il prend peut-être pas le bateau tous les jours mais il est vrai que cela doit pas arriver souvent dans l'année. 1h de traversée, les personnes papotent, dorment allongées sur la moto ou par terre, tranquille... Lien communautaire et commercial, le ferry permet de traverser gratuitement l'immense lac Albert dans une ambiance purement africaine, occasion de se rappeler que nous sommes bien au coeur de ce continent, avec en fond les collines de la RDC, à seulement quelques km (République Démocratique du Congo).

Ambiance de ferry 

ℹ️ Ferry Panyimur - Wanseko : 2 liaisons quotidiennes, sauf dimanche 😉

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