Arf les frontières, rares sont celles fluides et sans détails croustillants.
Nous sommes avec un douanier iranien devant les barrières Iran-Irak. L'irak est à quelques mêtres... "A quelle heure elle ouvre la barrière pour l'Irak demain matin ?" 9h... Parfait ! En bon français nous avons notre 1/4 d'heure de retard. Ah ben non fermée, c'est à 10h. Normal. A puis en fait c'est 10h30 l'ouverture. Et oui pour nos montres l'Irak à 30mn de moins que l'Iran. Normal 😂.
Ouf ça ouvre nous sortons. Iran on t'adore mais nous sommes quand même, après l'épisode d'hier, extrêmement soulagé d'en sortir.
Pas de facilitateur à cette frontière, les douaniers te prennent en charge, donc ce sera long ! Installez-vous dans ce bureau... la clim est programmée sur 16°, ça pèle. "Euh elle coule la clim un peu partout par terre" "Normal". "Euh le disjoncteur là c'est pour la clim, on peut couper 😂" "Ok". Ouf. "Bon on avance un peu là ?" "Attends, faut que l'imprimante elle s'allume, attends faut que je trouve le bon tampon, attends faut que un tel vienne pour t'amener dans l'autre bureau, attends faut que le chef arrive (il fait sa prière), attends c'est l'heure du lunch, attends..., ... Beaucoup de temps perdu pour quelques paperasses et quelques billets quand même (environ 300€ à deux avec un véhicule pour visas, assurance et autres) que tu payes en dollars parce que après la guerre ils aiment quand même bien les américains.
Tu es rentré à cette frontière le matin mais tu en sors il fait quasiment nuit. Génial. Faut rouler un peu, La frontière avec le Koweït n'est pas loin (une centaine de km) mais la nuit en tractage, pas évident et puis pas envie de recommencer du bordel aujourd'hui.
Le pont choisi pour traverser Bassora est en fait à sens unique, c'est mort, faut faire tout le tour. Tout est défoncé sur 15km. On a l'impression que la guerre s'est terminée hier et non y'a 30 ans. Le convoi se faufile, dans la poussière, les klaxons, le tout sous un faible éclairage. Les voitures et mobylettes veulent s'intercaler au dernier moment entre nous, merde y'a une barre de tractage... 😳 Souvenirs...
Village tout proche de la frontière, un terrain de jeu pour enfants, on va souffler et se poser. A peine le moteur coupé, adultes, ados et enfants accourent tous sourires dehors et yeux pleins de curiosité. Le gardien de la station service voisine nous pousse à venir dans son enceinte. Nous déclinons à plusieurs reprises son invitation. Face à sa constante surveillance et ses multiples interventions non sollicitées pour faire fuir les enfants de peur qu'ils nous dérangent, nous nous disons qu'il vaut mieux que nous rentrions dans le parc fermé de la station, car sinon, il va passer une mauvaise nuit à nous surveiller et à intervenir quand les enfants s'approcheront de trop. Ok t'as gagné.
Soirée chicha juste à côté, de belles rencontres avec les irakiens, tous contents de voir des étrangers. Il était initialement prévu de traverser ce pays pour aller vers la Jordanie, mais le dépannage nous fait prendre une autre route. A défaut de découvrir l'Irak et ses habitants chaleureux (dixit des voyageurs actuels) nous allons voir ce que nous livre le Koweït...
Mais d'abord il faut sortir d'Irak. Simple, oui et non. Frontière abracadabrante. Les facilitateurs sont là, nombreux tels des mouches à merde. J'ai du respect pour ce qu'ils font mais leurs comportements me poussent à cette comparaison. Faudrait au minimum qu'ils apprennent à dire bonjour dans leur langue ! Je les envoie tous bouler, ils sont pas sympas, je vois pas pourquoi je serais sympa, tant pis si on perds du temps. L'un d'eux s'accroche et je l'envoie régulièrement paître.
Cherchant des explications sur un pseudo nouveau frais de douane, j'atterris dans le bureau d'un chef. La mouche est toujours collée. Le chef me demande pourquoi je ne veux pas faire appel à quelqu'un pour nous aider dans notre passage de frontière. J'en profite pour faire passer un message : "En tant que voyageurs nous passons beaucoup de frontières, c'est rapide, pas besoin d'une aide car c'est facile et bien organisé. Pourquoi chez vous prendre quelqu'un qui en plus ne dit même pas bonjour ?" Voilà le chef qui se met donc à parler en mouche à mouche. Et ça à l'air de faire mouche. Celle-ci nous propose 5$ pour nous sept et les véhicules (ce qui n'est pas cher)... Je fais toujours mon bourdon et lui dit que non en lui faisant comprendre qu'il fallait dire bonjour et être amical. Au fond de moi, je n'ai qu'une envie, c'est de lui donner ces malheureux 5$ car depuis il s'est quand même humanisé et puis cela fait plus d'une demi-heure que l'on est là et que l'on avance pas 🤨 . Finalement le voilà qui dit au chef "Je les aide gratuitement". Ouah, comme quoi ce bonhomme il doit avoir du coeur.
1h30 plus tard, après plusieurs aller-retours de bureau en bureau, de tampons en tampons, de sous-chef en faux-chefs, nous pouvons partir, mais avant je glisse à la mouche un billet de 5$ sans que celui-ci ne réclame rien. Leur travail reste quasiment indispensable pour nous voyageurs. Imaginez-vous un immeuble de plusieurs étages, sans aucun panneau ou explication... Mais ici, pas de bâtiments, des algecos crasseux et défoncés, à gauche et à droite, et toi errant non pas dans des couloirs mais dans des détritus, gravats et poussières.
Ouf c'est fini ! La dernière... Le Koweït. Waouh, tout est propre, plus d'algecos et même des panneaux en anglais. Royal, Easy. Bon faut quand même vérifier le remplissage des papiers par les douaniers car ceux-ci se trompent très facilement. Cela ne durera qu'une bonne paire d'heure pour notre convoi, soyons heureux !
C'est déjà la fin de cette journée. La nuit tombe et nous en avons marre. Un parking juste après la douane nous tends son bitume. Bilan : pour passer 4 postes frontières, 2 jours et demi, 3 nuits de parking, et beaucoup de bons souvenirs... pour plus tard !
Koweït, à quoi ressembles-tu ?