Carnet de voyage

Kenya

27 étapes
66 commentaires
Changement radical de cultures, d'ambiances, de ressentis, de couleurs, d'odeurs, de façon d'être et de penser, partons à la découverte...
Du 29 mars au 30 juillet 2024
124 jours
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4808 Km au Kenya (1474 de piste), dont 3178 avec Cargol (821 de pistes), 917 en moto (224 en pistes), 713 autres véhicules (430 de pistes).

Notre parcours sur Polarstep avec résumés par ici

Pays précédent : Oman, Pays suivant : Ouganda

Infos Pratiques

👉CPD : obligatoire

👉Visa : Rendez-vous sur le site www.etakenya.go.ke ou sur l’application mobile « Kenya ETA ». Tout savoir sur le visa et sur la procédure, c'est par là

👉Carte Sim : Meilleure couverture : Safaricom / Avr 24 : 40 Go = 22€

👉Argent : En dehors des commissions gratuites (ou pas) de nos banques européennes, ici dans les distributeurs c'est entre 4,5 et 6,5%. La banque DTB (Diamond Trust Bank à priori est sans commission), vrai dur Diani. Dans la rue à Mombassa, meilleur change obtenu a été à 3%. Ici beaucoup de paiement se font via le système M-PESA. M-Pesa : marche uniquement par téléphone. Pour ouvrir un compte, faut aller dans boutique Safaricom. On ne peut déposer que des espèces sur ce compte (agent Mpesa un peu partout). Tout se paye par téléphone. Toute petite commission sauf pour les petites transactions. En cas de perte de votre téléphone pas de soucis, retour chez Safaricom, nouvelle sim et il vous retransfère l'argent dessus. Idem en Tanzanie et Mozambique.

👉Assurance : Assurance Comesa (financièrement très intéressante) permet d'éviter de prendre une assurance à chaque passage de frontière, valable uniquement pour les pays suivants : Burundi, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Malawi, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Soudan, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Tarifs plus intéressant au Kenya qu'en Zambie.

Son adhésion se fait en 2 temps : une assurance lambda du pays où elle est prise + le supplément Comesa qui vous autorise aux autres pays. Elle peut se prendre en anticipation : service rapide auprès de Virginia de Nairobi au +254 721 482510

Tarif 2024 pour l'assurance lambda un an pour un véhicule 11T : environ 110€

Tarif 2024 pour le supplément Comesa un an tout véhicule : environ 60€

👉Road tax (Foreign Permit) : à prendre à la frontière 41$ par mois. Ne pas hésiter à la prendre pour plusieurs mois tout de suite sinon faudra la faire renouveler, ce qui peut être fastidieux (administration africaine) et vous obliger d'y aller avec votre véhicule, surtout quand y'a pas de parking... Sinon, vous pouvez la demander à Virginia (cf assurance) pour environ 15€ 😉

👉Economie : L'employé à la base de l'échelle gagne environ 100€ par mois.

Quoi que comment tu arrives en Afrique à Mombasa, t'as de fortes chances de prendre une claque, une grosse claque. Alors autant se mettre dans le bain tout de suite ! Pas vraiment notre style de s'éloigner du centre dans les quartiers à touriste, alors rien ne vaut une balade dans la rue en plein coeur du Mombasa vivant. Et vlan, la misère, la démerde te saute aux yeux. "Laisse ton portable dans la poche", "je viens de te faire du change, casse-toi vite dans le Tuk Tuk là juste à côté car y'a des jeunes déglingos bouffeurs de qat autour de nous".

Mombasa grouille, telle des fourmis à la recherche de la reine 

La trottinette ou le vélo électrique, même pas en rêve. Les voitures...où sont elles ? A croire qu'elles sont interdites en ville. Non, juste de rares privilégiés qui peuvent s'en payer une. Pour le reste c'est Boda-boda land (tuk-tuk) et Matutus en délire (mini-bus qui ont le klaxon bloqué et un hurleur à bord pour interpeler). Respect pour la déco, ça égaye le noir et blanc de la ville 🤪. On adore !

 Malgré tout, de la gaieté dans les coeurs et les véhicules

Paraît que c'est un peu la saison des pluies. Autant bien choisir son moment 🤪. Au moins ça nettoie la poussière au sol et les bas de caisses 😂.

 Vous avez dit saison des pluies ? un petit zoom sur la dernière photo 😂

Bon en fait pas grand chose à faire ou à voir ici, Mombasa se caractérise en un mot : SURVIE. Cargol va pas tarder et l'on patiente avec d'autres voyageurs vadrouilleurs Isabelle et Christian. Le boda-boda by night dans une grande artère défoncée vaut son pesant d'or.

 Akogo house avec Isabelle et Christian
 Ça bouge dans le boda boda !

Ouf Cargol te voilà. Plus de 4 ans pour arriver en Afrique depuis Toulouse, séquence émotion... T'as été bien sympa jusque là alors, à peine descendu de ton piédestal, rénovons un peu ton arrière train... c'est un peu comme si on lui rembourrait les fesses pour être plus confortable 😜.

 Rénovation de l'arrière train

2 bonnes journées d'opération, puis pour aller se mettre à l'écart de Mombasa, nous affrontons la jungle urbaine. Sortons de ce joyeux bordelou...

 Sortons de la jungle... vers la jungle ?

Pensez-vous que l'on soit enfin prêt à attaquer l'Afrique ? Non pas encore... Ben oui, il s'agit quand même d'attaquer un nouveau continent dont la réputation de la qualité des routes a depuis longtemps dépassé le chemin vicinal. Et mine de rien, mis à part quelques urgences, depuis la France et la Turquie, Cargol s'est plutôt bien comporté. A nous maintenant au Kenya de contrôler, améliorer, rénover pas mal de bricoles, mécaniques ou pas. Arrière-train renforcé sur Mombassa, nous ne trouvons pas notre bonheur pour y faire nos autres interventions. Nous comptons alors sur la bonne réputation africaine de Nairobi, capitale du Kenya, les rois du marteau, de la clé à molette et du boulon rouillé. Nous devrions y arriver dans quelques semaines... D'ici là, laissons faire le hasard des rencontres, sait-on jamais...

Quelques dizaines de km suffisent pour passer de la jungle urbaine vers des paradis balnéaires. C'est en général dans cette région du Kenya que s'achève les safaris touristiques vendus à prix d'or depuis l'Europe ou ailleurs. Nord ou sud de Mombasa, tu as le choix. Pour nous c'est direction sud, y'avait un ferry à passer, c'est plus rigolo, plus authentique.

Paradis balnéaire ne rime pas forcément ici avec gros complexe luxueux, même si certaines immenses zones clôturées laissent présumer de beaux établissements pour touristes pressés. Posé à Twiga lodge, un lodge parmi tant d'autres ici, plutôt vide en basse saison, des infrastructures basiques sans prétention et sans grand entretien non plus. Mais le personnel est hyper accueillant, au petit soin, le cadre naturel idyllique et le campsite est dans un cadre 5*. Attention à ne rien laisser traîner, les voleurs ici, ce sont les singes 😂.

+ de 10 jours en lieu tranquille, on va pas se plaindre ! 

Quittés quelques jours auparavant, nous y retrouvons Isabelle et Christian. Rien à faire sur place si ce n'est de profiter de ce cadre de carte postale, de s'immiscer dans une des piscines naturelles qu'offre la mer à marée basse, de papotayasser avec les coupaings. En dehors de nous et des singes, quasiment personne, seuls quelques locaux beach boys qui essayent de survivre en vendant quelques poissons, noix de coco, papayes, noix de cajou ou produits très locaux. Ils arrivent sans doute à gagner un maximum de 2 ou 3 euros par jour en moyenne en cette basse saison. Dur de nourrir une famille ainsi. L'un d'entre eux vendra même ses chaussures en attendant des jours meilleurs. Nous ferons au moins une bonne action en se laissant accompagner vers une beauté locale : deux superbes piscines à marée basse, représentation quasi parfaite du continent africain et australien. Ben nous, ça a fait plouf plouf, tour d'Afrique en quelques minutes...

Découvertes également surprenantes en ce lieu de quelques végétaux, coraux marins ou bestiaux rigolos et fort originaux... Afrique surprise...

Originalités africaines 

ℹ️ Tarifs twiga lodge Campsite : 700 KSh / jour/personne soit environ 5€

Savoir se perdre, savoir pousser des portes... Tout simplement partis en moto explorer les environs proches et faire des courses, nous en reviendrons certes avec nos sacs bien remplis, mais aussi avec des lieux qui vont chambouler nos prochains jours, voir même nous le saurons un peu plus tard, notre périple au Kenya.

Oh un petit atelier moto qui a l'air bien sympa... rdv pris pour un problème sur la fourche qui est toute molle. Oh des vieux 4x4 Toy type expédition safari dans un grand espace avec quelques bâtiments... Le portail s'ouvre à nous. Soudure, peinture, vieux engins, faudra revenir pour leur présenter Cargol et son problème de fenêtres à télécommande manuelle. Oh un joli mur et portail, bien arboré semble-t-il à l'intérieur, une pancarte bien colorée "Diani backpackers" (Diani = nom de la zone, backpackers = voyageurs sac sur dos). Toc toc toc ? Nous découvrons un superbe lieu, très bien entretenu, joliment décoré, construit dans l'esprit local, agrémenté d'une belle piscine et des jeunes par-ci par-là. Si nous le souhaitons nous pouvons venir avec Cargol et occupé 20% du parking (ben oui il est petit - le parking pas Cargol bien sûr), et le tout pour un prix dérisoire (4,5€ par jour au total).

Démontage de la fourche

En Afrique ils ont le temps, nous nous avons des montres... C'est assez représentatif du temps qui passe pour essayer de trouver une bonne huile pour les fourches de la moto. Après avoir fait le tour des différentes bicoques à huile du secteur, l'un deux pense pouvoir nous trouver cela. Après moultes passages / relances, malgré à priori les recherches de ses connaissances sur la grande ville de Mombasa, il faudrait encore attendre 5 jours de plus pour en avoir. Vu que cela fait déjà plus d'une semaine, certitude africaine... Nous nous rabattons vers une huile de fourche locale. Après tout, vu toutes les motos taxis et les routes / chemins gruyères, ça devrait faire le job. Mécanique à 4€ de l'heure, ce sera le tarif touriste négocié, bien au delà du tarif lambda, mais cela fait plaisir de donner à ce jeune qui est précautionneux et plein de bonnes volontés.

Maintenance moto effectuée, nous partons de notre plage paradisiaque direction réparation fenêtre. En fait depuis longtemps déjà, parfois en roulant ou en fermant la porte, la vitre tombe toute seule, sortant de son mécanisme. Démontage garniture et remise en place nécessaire. Fastidieux. L'ergonomie des portes fait en sorte que l'eau de pluie tombe à l'intérieur de la porte pour ressortir en-dessous 😳. Le système intérieur étant métallique, avec le temps, dame rouille y trouve bonheur et certaines pièces se dégradent d'où la télécommande automatique... Merci l'ingénieur, tu as été très fort sur ce coup ! La zone vieux 4x4 peintre et soudeur repérée s'avère être une école polytechnique. Entendez par là école de formation à métiers essentiellement manuels, ben oui c'est technique 😉. Pour nos fenêtres, cela s'est avéré un très bon choix : après essais et adaptations, en deux jours nos nouvelles pièces sont fabriquées. Après avoir dormis dans l'enceinte de l'école, nous repartons tranquilles avec nos télécommandes manuelles. Malheureusement nous découvrons un autre problème : de l'eau de pluie en provenance de notre toit s'infiltre dans le placard électrique... oups pas bon ! Pas de bons produits dans le coin pour colmater, va falloir aller sur Mombasa. Allô Christian ? Déjà rencontré à Oman, il arrive maintenant lui aussi de là-bas et attend sa voiture au port de Mombasa... combien de temps africain... ?

la négociation du tarif s'est faite dans l'herbe... environ 45mn  😉

Diani backpackers : après ces quelques améliorations techniques et au vu que nous allons y attendre Christian, allons profiter de ce joli cadre, au personnel sympathique. Originalité de ce lieu, une équipe de 6 jeunes en workaway (petit travail moyennant lit et nourriture) occupent aussi les lieux et sont chargés de l'animation sur place et sur les réseaux sociaux. Même si les animations ne sont pas d'un grand professionnalisme (volley ball sur la plage à 5mn à pied, sorties nautiques, Karaoké digne de la Star'SonFaux, soirée jeux inorganisé, quiz de niveau universitaire...), le tout forme un dynamisme qui a l'avantage d'attirer des personnes de l'extérieur, transformant ainsi Diani backpackers en seule zone locale vivante en basse saison. En profitant en plus de ce joli cadre et de cette belle piscine à 28°, nous sommes plutôt bien tombés ! Intuition quand tu nous tiens ! 🤪

 Diani backpackers au petit matin

Nous retrouvons enfin Christian qui aura attendu quasi une semaine pour la libération de son véhicule à Mombasa... le temps et l'Afrique... Nous en attendant, nous prenons des coups de soleil 😜 malgré la saison des pluies qui semble épargnée notre secteur. Béni soit-on, le reste du Kenya subit des pluies d'une rare intensité, glissements de terrain et coulées de boue, barrage qui cède, grosses inondations, plus de 150 000 personnes déplacées et 300 morts... 😥 Christian nous ramène le produit pour mieux isoler le toit. Merdum besoin d'un compresseur. Direction l'école polytechnique... matériel africain, compresseur toussotant, tuyau d'air réparé avec lanières de chambre à air. Malgré leur bonne volonté, en 3h nous n'arriverons pas a un essai concluant, le pistolet n'étant pas adapté. A priori pas besoin de chercher un autre pistolet à peinture digne de ce nom dans les parages 😥. Solution : aller chercher un bon mastic type Sika sur Mombasa et progressivement chercher la fuite en "Sikatrisant" par zone. Avec un temps de séchage de 24h avant test, forcément les jours défilent et dans quelques jours cela fera bientôt un mois que nous sommes au Kenya. Le temps et l'Afrique... Tout voyage prend du temps et il faut savoir prendre du temps pour aller au bout...

 Séance cool à Diani backpackers

Fuite trouvée, réparée, et grâce à un bon contact, nous en profitons aussi pour changer nos courroies dans un chemin local. Mis à part les vidanges programmées sur Mombasa, quand nous nous extrairons du coin, la suite de la mécanique sera pour Nairobi, surveillance, entretien, maintenance... Ça suffit un peu maintenant, il est temps de partir à la découverte du vrai Kenya non ?

Issa, un motard Kenyan rencontré furtivement au Twiga lodge va nous mettre sur les pistes de la découverte du Kenya. Nous avions bien vu déjà les alentours de notre 1er et 2ème campement : maisons très sommaires en torchis ou en pierres locales, toits en tôle ondulée, cela ressemble bien souvent à des abris plus qu'à des chaumières. La surface moyenne d'un commerce est inférieure à 5m2 sans nul doute, micro-commerces partout pour vendre quelques légumes ou autres bricoles. De très nombreux commerces sont équipées de grosses grilles, aucun contact avec le vendeur. Paraît que c'est essentiellement pour la saison sèche, certaines personnes crevant la faim pourraient être tentées de voler. Remplir l'équivalent d'un quart de petit caddie de supermarché, revient à arpenter plusieurs petits commerces avec ton sac. Au moins tu rencontres de bonnes personnes. Quant au prix de la production locale, elle est plus que très abordable pour nous européens (avocat 0,1€ p/ patate 0,5kg / tomate 0,7 / banane 0,7) mais cher pour eux (la plupart des salaires travailleurs entre 80 et 150€ mois). Quant aux cantines installées sous abri avec réchaud au charbon, tu peux y manger pour moins de 1€, type chapati (galette pain bien grasse) + beans et Ugali (polenta à la farine de maïs).

belle maison en pierre locale
Grand restaurant
Commerces de rue
Commerces locaux, artisanat et savoir-faire Africain 

La vraie vie Kenyane est donc bien visible dès que tu sors un peu de ton logement confortable de touriste privilégié. Aller arpenter l'intérieur des terres, mieux appréhender encore le quotidien de la population, ça nous titille un peu quand même... Issa !?! On va se faire un tour de moto ?!? Pas un mais deux en fait, 250 km au total à arpenter les pistes, proches de l'effervescence de bord de mer. Oui des pistes, fini les routes. Et quand nous disons pistes, pour nous européens ce sont plutôt des chemins défoncés. Le premier jour en solo avec Issa, découverte de cet arrière pays, vallonné et verdoyant. De nombreuses traces de déjection d'éléphants mais nous n'en croiserons pas et nous glisserons pas dessus non plus 😂.

2ème jour, ça repart pour un tour de roue avec un groupe d'amis motards. Des passages parfois plus délicats (Laloute fera un test de bain de boue en mode au-secours je suis coincé et ça mouille ! 😂 ), mais toujours cette verdure, ces hameaux, ces maisons d'agriculteurs en torchis isolés et quelques petits commerces.

Protection des oeufs crus avec intention de les cuire à une source chaude
 Un groupe bien sympa !

La campagne kenyanne est bien vivante, difficile de faire un km sans croiser un marcheur : Jambo, Jambo, Jambo... 😂 (bonjour Kenyan). Femmes portant de sacrés fardeaux, enfants isolés, toujours dans des teintes fortement colorées, plaisir du contraste local. Que ça sent bon l'Afrique tout cela...

Jambo ! 

Ben oui beaucoup de bipèdes (n'y voyait rien de péjoratif, j'aurai pu dire humain, personne, nègre, noir ou gens) sur les routes car pas de quoi se payer une voiture. Les motos chinoises ou made in Kenya ne sont pas très nombreuses non plus, et la plupart sont des taxis. Mais en fait à quoi ça sert d'avoir 4 roues, quand sur 2 roues tu arrives de toutes façons à transporter 3 à 4 personnes, en plus du chauffeur cela va de soi, vous l'aviez compris. En tous cas respect à ce chauffeur du school-bus, espérons pour lui que les enfants aient leurs petits-déjeuners bien accrochés dans leur ventre le matin !

 rares véhicules que nous croisons

La conduite Jambo Jambo 😀 :

 ça roule... Jambo jambo !

Retour sur Mombasa, passage routier quasiment obligatoire avant de s'enfoncer réellement dans les terres kenyanes. Nous l'avons déjà vu, à moins de s'enfermer dans quelques resorts dans les quartiers nord, ou de côtoyer la misère dans le vieux Mombasa, rien à voir ici.

Sauf... sauf... cette pépite dénichée :

Un petit Kenyan devenu grand...

Je suis du peuple Kamba. Mon passe-temps était de travailler sur des morceaux de bois avec ma lame. En 1916, je fabriquais des objets en bois que je vendais aux soldats de la 1ère guerre mondiale. La guerre finie j'ai monté une école de sculpture d'objets. Mes élèves ont perpétués leur savoir-faire dans toute l'Afrique. Aujourd'hui je serais fier de voir cet arrière petit-fils travaillant avec l'outil de son arrière grand-père, mon élève. Cet outil en porte toujours ses initiales, accompagnées de celle de son fils et petit-fils.

En 1963, une 100aine d'artisans se sont regroupés ici en une coopérative. Aujourd'hui ils sont 250, façonnant des milliers d'objets dans la plus grande tradition inculquée. Ils fabriquent, vendent et exportent dans le monde entier des sculptures en bois raffinées, des sculptures d'animaux, des accessoires décoratifs et des produits personnalisés de fantaisie.

Passion 

Évidement, leur petit atelier abrité par quelques morceaux de bois et tôles ondulés est bien loin de nos habitudes. Mais finalement, ils semblent bien heureux, comme dans un petit cocon bien à eux. Un hangar type halle de marché récent a été construit regroupant une cinquantaine d'entre eux. Plus de lumière certes mais moins d'intimité. Où est le bon du mauvais, où le mauvais du bon ?

Ateliers dans leur jus 
 C'est quand que l'on repart à la maison les filles ?

Allez, avant de vous faire découvrir les terres - savanes intérieures, un petit moment de rigolade au guidon de la moto aux abords de Mombasa 🤪

ℹ️️️ Akamba Handicraft Coopérative : -4.02794, 39.6254. Endroit au top évidemment pour ramener de beaux objets ou souvenirs 😉

Kivuko... Kivuko... Késako ? Morris lors de notre sortie en moto dans les collines de Kwale/Diani, m'avait dit : "Puisque tu es sourcier, faut que je te mette en relation avec Taita Conservancy et Kivuko Eco Camp, ils ont des problèmes d'eau..." Ces noms n'évoquant rien de particulier, "Ouaip avec plaisir, si je peux aider avec ce don..."

Belle aubaine en fait ! Taita conservancy qui jouxte le parc National de Tsavo est la plus grande réserve privée du Kenya. Nous voilà donc arrivant de nuit et déjà des zèbres, singes qui galopent à droite à gauche jusqu'à notre arrivée au seul camp de la réserve : "Kivuko Eco Camp".

Une grosse colline comme un énorme caillou perdu dans l'immensité de la savane, cachant les belles constructions traditionnelles du camp, superbe intégration dans le paysage.

Le camp bien intégré dans le paysage
Autour du gros caillou quelques plans d'eau pour les animaux
Kivuko Eco camp 

Nous sommes totalement pris en charge et bien que l'on nous propose aussi de nous fournir l'hébergement, l'appel de notre cocon dans Cargol est plus fort. Trois jours sont prévus mais l'ambiance étant bonne et les résultats de mes investigations positifs, les trois jours vont se transformer en fait en 7 jours. Yahouuuu, là nous avons touchés le gros lot ! 🤪

Quasiment tous les jours nous partons visiter l'immense réserve avec les rangers dans un de leur véhicule utilitaire. Un tour le matin, retour pour le lunch de midi et c'est reparti pour un tour l'aprem, à vadrouiller dans les pistes à 20km/h. Ici rien à voir avec les beaux 4x4 bien aménagés, aucun touriste dans les parages, pas de guides extérieurs communicants par radio les emplacements des animaux, pas de bouchons de 4x4 attendant son tour pour voir le pauvre lion allongé qui n'arrive pas à rester en père peinard.

Matinée et après-midi, promenades bien sympas avec les rangers et gestionaires 

Ici dans cette réserve, les animaux ne sont pas vraiment habitués à l'homme, se tiennent à une distance raisonnable et s'éloignent rapidement, chacun respecte l'autre pour le bonheur de tous. Lions dans le faisceau des phares sur la route et qui dégagent dans les fourrés à 2m du véhicule, zèbres, gnous, girafes, phacochères, antilopes, grand classique africain. Il fait tout simplement bon à vadrouiller dans cette savane africaine en compagnie des jeunes rangers. Certains zèbres trouvent refuge pour leur sécurité auprès des girafes : "Dis-moi grande Sophie, je peux rester dans tes jupons au cas où le Simba pointe sa crinière ?"

 Sophie la majestueuse...

Gestion de l'eau... L'année dernière de très nombreux animaux sont morts à cause de la sécheresse. Un projet de plusieurs dizaines de milliers d'euros existe pour amener de l'eau par une conduite, mais avec les aléas du risque d'approvisionnement et de maintenance (corruption, décision d'un pouvoir local...). Manque d'eau ? Ben non en fait ! 😳

Appelé dans cette réserve pour découvrir les points d'eau, nombreuses de nos sorties sont ponctués par les mouvements de ma baguette, à la recherche des nappes souterraines, de leur profondeur, de leur débit. Une sorte de cartographie de la réserve avec les profondeurs et débit est établi. Forer pour puiser l'eau représente un coût important auquel il faut rajouter le besoin en électricité et la maintenance de la pompe et du forage. Au moins 100m de profondeur dans la zone, ça commence à piquer ! Ils ont des bras, mais là c'est surtout de l'argent qu'il faut.

Leur immense réserve n'étant pas plate et les pluies abondantes sur une courte période de l'année, faut pas s'appeler Einstein pour trouver une meilleure solution. Quelques canaux bien placés pour diriger l'écoulement naturel des grosses collines vers des réserves d'eau dans les points bas et le tour est joué non ? Un premier bassin de filtration et un deuxième bassin enterré ou couvert pour éviter l'évaporation naturelle. Et en plus vous possédez un tracto-pelle dans la réserve et avec une main d'oeuvre à 100€ par mois ? Allez au boulot et que les animaux ne meurent plus ! La balle est dans votre camp.

 A la recherche de l'eau

Tourisme... Aïe aîe le tourisme au Kenya... réservé à une élite quasiment exclusivement étrangère. Ben oui quand tu vois qu'une nuit dans un camping de base (sans électricité ni eau chaude juste un champ) coûte 10% du revenu mensuel d'une famille de classe moyenne et 50% pour les bas salaire, comment veux-tu que le tourisme domestique de masse se développe ? Ne parlons pas des lodges qui eux vont coûter 4 mois de salaire la nuit pour une famille de classe moyenne. Un peu comme si les hôtels d'un parc national coûtaient en France 6000€ la nuit... No comment ! 😳

Les problèmes du tourisme ne s'arrêtent pas là. Manque de savoir faire, de valorisation, de jugeotte... évidence pour nous... Nous ne sommes pas en vadrouille pour refaire le monde et nous essayons juste d'apporter une petite pièce à l'édifice de part notre savoir et expérience. Balades, réunions, discussions, découverte de ce monde, de ce pays, de ces gens, de ces cultures bien différentes... La suite ? Elle est au creux de leurs mains, nous ne serons plus là pour savoir.

Discutailles, réunions, ça cause eau et tourisme 

En plus des lions, girafes, zébres, gnous, antilopes, nous nous sommes également régalés à voir des familles d'éléphants parfois tout proche type le mâle à 100m qui te fait face sur la piste (euh rangers je fais quoi là ?), ou d'autres qui viennent se baigner et s'immerger cul en haut dans le point d'eau. 🤪 Braves bêtes imposantes, familles sereines déambulants et se préoccupant juste de leur nourriture et de leur plan d'eau... un vrai bonheur de quiétude, de simplicité et de naturel.

et les éléphants vus d'en haut 

x

Ah oui, et les petites bébètes ? Ben nous les trouvons parfois dans des endroits pour le moins inattendus et parfois très personnels : grillons dans les urinoirs, 10 petites grenouilles dans une cuvette de toilette... 😂

 Bébétes en tout genre, bien regarder partout cas où...

Et dans la gamme du pigeon ? Ben oui quoi, jamais entendu parler du pigeon africain ? Nous découvrons des spécimens étonnants chez un passionné 😂 !

 Drôle de pigeon !

Après la découverte trépidante de Mombasa, la zone touristique des plages paradisiaques du sud de Mombassa et la réserve de Taita Taveta, déjà 7 semaines au Kenya et le temps est venu de rouler en essayant de sortir des sentiers battus.

L'option de la route Mombasa - Nairobi avec ses camions est vite abandonnée. Direction Nairobi mais par les pistes qui longent la Tanzanie, le Kilimanjaro et ses parcs nationaux... Allez Cargol en piste !

Dans cette zone sèche de savane, nos copains les Z'enfants et nos copines les Sophies se régalent, et nous aussi 🤪. Vu la taille de ces bestiaux, impossible de les rater surtout lorsqu'ils te barrent la route, comme ici en traversant le parc de Tsavo west. Finalement pas besoin au Kenya de payer entre 100 et 200 € par personne la journée pour voir ces animaux là.

Dans les pistes ou en traversant Tsavo West, salut les Z'enfants et Sophies 

Petit à petit, le Kilimanjaro se rapproche et nous montre toute sa hauteur tous les matins. 🤪

 Kilimanjaro, on se rapproche

De la savane et ses acacias, soudainement le paysage dans une grande vallée change. Présence d'une rivière, verdure, agriculture. Mais késaké ces cultures, ces champs de sorte de yuccas ? Parfois du monde dans ces champs à les couper et en faire des gros jolis tas bien ordonnés qu'un camion va bientôt ramasser.

 L'Agave ou Sisal dont on coupe ses "feuilles"

Les camions arrivent à l'usine d'où il en ressort de grands cheveux blancs. Des femmes s'affairent à les faire sécher. Appelé agave ou sisal, cette plante fournit une fibre très robuste et résistante, idéale pour la fabrication de tapis et relèvements de sol. Vous voyez St Maclou ? Tapis de jonc, tout ça... Notre oeil ne sera plus le même quand nous verrons ces tapis quelque part dans le monde... 😉.

ℹ️ Sud de Mwatate (-3.546291, 38.389034)

Au sud de Mwatate, culture du Sisal, la fibre de de nos tapis type tapis de jonc

Les pistes éloignées des grands axes passent de roulantes à chaotiques, de larges à étroites, parfois bien poussiéreuses et dans tous les cas nous arrivons à tenir une moyenne de 20km/h 🤪. Mais le principal intérêt est de nous faire découvrir le vrai pays, celui de ses habitants et de leurs vies, bien éloignées de nos idées reçues, de nos standards et de nos normes imposées.

Scènes locales 
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Trop frustrant de passer devant tant de maisons, de cabanes ou d'abris abritant des familles sans pouvoir en pousser la porte ou tout simplement oser. Avec notre façon de voyager en mode escargot contemplatif et curieux, nous savons que cela va arriver dans tous les cas. Une piste nous conduit à un lac de cratère : le Lake Chala (-3.3159, 37.71272). La petite communauté locale à compris l'intérêt de cet accès et a installé une barrière contrôlée à tour de rôle par les différents villageois. En une demie-heure sympathique et ponctuée de bonnes rigolades, le prix pour que la barrière se lève et aller dormir sans sécurité à l'ancien cratère est négocié à 1000 Ksh soit environ 6,5€. Payer dans ces cas là devient presque un plaisir. De plus nous sommes attendus le lendemain pour prendre le petit déjeuner chez l'une des deux femmes présentes.

Lake Chala avec en fond le Kilimanjaro pris dans ces nuages comme tout les aprems et soirées

En compagnie du Kilimanjaro, nous dominons le lac pour cette soirée au calme. Un tout jeune berger pas encore pubère et en guenille voudra coucher la nuit au pied du camion, à même le sol, pour notre sécurité dit-il. Nous ne pouvons pas donner à tout le monde... Au milieu de ce petit lac cratère passe la frontière avec la Tanzanie. 5h du mat 2 personnes descendent au lac et prennent un petit bateau qui va s'enfouir sur l'autre rive, sous des arbres. Une heure plus tard, de la fumée en sort. En fait derrière ces arbres une grotte cachée. Ils distillent de l'alcool clandestinement en Tanzanie 😜 .

Lake Chala avec en point de mire le Kilimajaro dans ses nuages du soir

9h du mat Ruth et ses 2 jeunes enfants nous attendent déjà sur la route pour nous montrer le chemin de leur maison. Leurs yeux pétillent, ils reçoivent des blancs, des "Mzungus" comme ils disent. La communauté est bien sûr au courant et d'autres enfants rappliquent très rapidement chez Ruth. Nous avons bien choisi notre jour, c'est dimanche, et la maison de Ruth est un petit peu la plaque tournante des enfants du hameau, leur fief ! 😂 Contrairement à ce que l'on pouvait s'imaginer les enfants sont incroyablement sages, observateurs, curieux et disciplinés. Une constante d'ailleurs déjà remarquée, même chez les adultes qui sont toujours respectueux, courtois, pas du tout envahissants ni par leur attitude, ni par le volume de leurs voix.

 Nous venons de là !

Le petit déjeuner copieux est partagé (galette chapati, patates douces...) dans une superbe ambiance. Nous sentons tous qu'un départ à l'issue serait un brise coeur pour tout le monde. La joie de tous se lit dans leur visage quand nous leur annonçons que nous pouvons rester la journée et dormir dans le jardin. Nous y resterons finalement 3 nuits. 😍😂 Au programme, échanges bilatéraux culinaires avec mise en pratique, jeux de carte, visite du voisinage...

 Elaboration du Chapati, la galette de farine de maïs, bien riche car bien huilée

Ruth vit seule ici avec ses deux jeunes enfants (2 grands garçons étant moins présents), dans la maison de ses parents dont les tombes sont dans un coin du jardin. La maison est en dur, a des volumes plutôt grand mais il s'en dégage une atmosphère de vide car le mobilier se résume à son strict nécessaire. Pas de salle de bain, mais des toilettes et un robinet pour remplir une bassine dans laquelle les enfants prendront "leur douche" quotidienne à la sortie de l'école. La cuisine a dû connaître ses moments de faste comme en témoigne les nombreux placards et l'ouverture vers la table de la salle à manger. Maintenant, la cuisine se fait soit sur un brûleur de bouteille de gaz, mais de préférence sur le petit réchaud traditionnel au feu de bois, c'est moins coûteux. Le frigo ? il est vide. Economies. Les courses se font soit dans le jardin, soit à la boutique locale, une bicoque de 5m2 toute seule, au milieu de rien, proche d'une maison et dans les champs, isolée.

 La boutique à tout de la communauté, isolée dans la pampa

Sa vie est rythmée par la préparation des enfants qui partent à l'école à 6h du matin, en général sur la mobylette de l'oncle, après avoir avalé du consistant : patates douces, semoule de maïs et parfois les restes de la veille au soir. Pas de gâteries, pas de superflu ici. Sa journée va ensuite se résumer dans l'entretien du jardin, du potager, de la maison et quand les enfants rentrent, faut faire la lessive de leurs uniformes scolaires pour être à nouveau propre le lendemain, faire les devoirs, manger, dormir. Une sacrée énergie avec tout le temps la patate, le sourire. Un sourire qui ne la quittera pas pendant ces trois jours, notamment dans tous nos échanges, comme ceux autour de la cuisine : LaLoute apprend à faire le Chapati (galette de farine de maïs bien huileuse), l'Ugali (la semoule polenta locale, toujours avec la farine de maïs), les beans, les greens (herbes cuites), le matoké (base de patate douce et banane légume...)... et Laloute de son côté partage aussi ses talents... poulet à la crême et coco, spaghettis sauce tomate et crême, pancake... les enfants se régalent et nous aussi ! (ils en reprendront même pour leur petit déj) 🤪

Bonne ambiance en cuisine ! 

3 jours en immersion qui font du bien et qui nous permettent de mieux comprendre ce pays. Nous allons nous diriger vers les contrées des Masaï et nous partons bien armés pour cela : la voisine Masaï nous offre 2 habits (couverture) bien typiques ainsi que quelques bijoux pour Muriel.

 Cadeau Masaï, l'habit couverture et bijoux

Au fur et à mesure que nous avançons en longeant la Tanzanie, ben les Masaïs, tu peux pas les rater, y'en a partout. Normal me diras-tu, nous sommes un peu sur leurs terres. Dans le genre très facile à reconnaître : tissu en guise d'habits type couverture à carreau à dominante rouge (mais peut varier en fonction des tribus) un bâton plus ou moins long à la main, le long des routes ou à côté de petits troupeaux, biquettes, moutons ou vaches. En général des lobes d'oreilles qui pendouillent et parfois des bijoux essentiellement à base de petites perles, notamment les femmes autour du cou.

remarquer le blouson en-dessous quand même
 Masaïs dans un village ou bord de route

Le Masaï d'avant : émigrés depuis le sud Soudan vers le XV° siècle, c'était une population de semi-nomades éleveurs et chasseurs vivant principalement dans le centre et sud-ouest Kenya, ainsi que dans le nord Tanzanie. Régions parfois arides, l'apport de liquide était essentiellement effectué grâce au lait ou au sang de leurs bêtes, en pratiquant de petites saignées.

Le Masaï de maintenant : Nomades plus vraiment non. Avec l'arrivée du Tourisme et des parcs nationaux, certains ont été priés de quitter leurs pâturages habituels pour être installés en bordure des parcs. Mais la plupart ont pu rester sur place, et même dans les parcs ou réserves. Les agences en ont souvent fait un pur produit touristique avec visites de villages, danses et tout le tintouin, voire au pire un bed et breakfast en boma locale (la case). Le Masaï a vite compris la manne touristique. Difficile pour nous Mzungu (blanc) d'approcher un Masaï sans qu'il y ait un rapport d'argent. Les enfants vont à l'école et la notion de communauté, de tribus est très forte. Bien ancrés dans le développement local, ils gardent cependant leurs traditions, notamment au niveau des bomas et de leur cheptel, entourés d'enclos en branches d'acacias impénétrables qui protègent ainsi bêtes et habitations sur un tout petit périmètre.

les bomas, maisons masaïs 

Le très renommé Parc d'Amboseli, c'est le terrain de jeu des animaux sauvages, de Masaïs, mais aussi des 4x4 aseptisés des européens chinois ou américains. Une journée à plus de 200€ pour nous dans ce parc, mais nous éviterons ce tribu incongru grâce au miracle des pistes 4x4 qui nous conduirons à la porte de sortie du parc, sans en avoir vu l'entrée. Les rangers du parc à la sortie ont eu un peu de mal à comprendre comment nous avions pu arriver là... 😉

Pistes d'Ambolesi en Terres Massaï sous un ciel menaçant. 

Dormir en sauvage sur une terre Masaï est quasi impossible. Soit il te demande direct des sommes astronomiques (l'équivalent d'un mois d'un bas salaire), soit il t'explique qu'ils ne veulent pas de ta présence, mis à part un très gros billet bien sûr. C'est avec le "chef" qu'il faut négocier dans tous les cas, lui parlant mieux anglais. En bordure du parc Amboseli, nous arriverons cependant à négocier pour un tout petit billet quelques jours au calme dans la savane avec antilopes, gnous, gazelles, zèbres, girafes, autruches avec le Kili en point de mire.

Antilopes, zèbres, gnous, autruches, le cocktail Amboseli avec le Kili dans les nuages ou pas...

6h30 du matin, le soleil se lève. 2 femmes s'assoient dans les herbes à 100m de Cargol. Elles vont s'activer à priori à trier ou à faire des bijoux en perle. à 7h30 3 autres arrivent et le groupe vient à 20m et attend dans l'herbe en s'affairant. Au moins, elles viennent pas taper à la porte. 8h30 je sors pour leur expliquer que ce n'est pas la peine d'attendre. A 1m d'elles, j'ai du mal à tenir, une odeur forte de bêtes m'envahit. Rapidement elles s'éloignent mais l'odeur va rester ancrée dans mes nasaux pendant une heure, horrible. Je doute que les villages Masaï à touriste avec leur danse dégage ainsi leurs véritables odeurs. Cette odeur n'était pas un hasard car nous aurons parfois l'occasion de la croiser à nouveau.

Les femmes Masaïs à la bonne odeur nous attendent à la sortie de Cargol

Une autre fois nous rencontrons un Masaï en mobylette mais en tenue "normale". Gentiment il nous conduira vers un terrain privé où nous sommes acceptés gratuitement ! Waouaouh ! Entre nomades, on peut s'entendre non ? Nous le convions à partager le petit déjeuner le lendemain. Ils revient donc en compagnie de deux autres amis. Très bons échanges autour du thé/café/pain grillé/miel, bien que l'un deux insiste lourdement pour de l'alcool (le matin, sisi !). Malheureusement ce dernier est très lourd sur la fin, insistant pour qu'on lui donne quelque chose car 2 soit-disant gardiens pour la nuit attendaient de lui qu'il ramène quelque chose des blancs. En usant de son autorité d'officier de police de Nairobi, il nous menacera en disant que nous allions trouver en partant des personnes sur notre route... Nous sommes partis point barre. Un autre monde, une autre culture, bizarre les Masaïs...

A votre avis, le pas sympa il est où ? 

Autres scènes locales, rien que pour le plaisir :

La livraison pour le boucher 
le "meunier" (un par village) qui fait la farine à la demande des personnes amenant leurs grains de maïs séché 
les marchés que nous croisons régulièrement 
 le récupérateur de plastique 5* car équipé d'un couple terrible, l'âne charette
des environnements typiques 
 le bus local
 les tondeuses humaines avec leurs machettes rallongées, un grand classique notamment en bord des routes...

Y'a quand même une constante dans les capitales, c'est que tu te sens minuscule. Va falloir que je le soumette à l'Académie Française 😂. Bon Nairobi n'est pas très connu en tant que ville touristique. Bien que ce soit une certaine jungle urbaine, le safari n'a pas encore été inventé en ville non plus. Une ville qui grouille, une ville pleine de contraste où l'on repère à vue d'oeil le quartier résidentiel des riches, les zones à petits immeubles ou les personnes se démerdent et les zones sortes de bidonville à tôle ondulée où les personnes survivent les pieds dans la mélasse. Il existe bien un quartier qui se veut sans doute moderne mais ce n'est pas vraiment ce qui te saute aux yeux quand tu traverses la ville au milieu des petits bus bariolés, des milliers de mobylettes-taxis, des charettes ambulantes, des vaches et j'en passe.

Bref nous ne sommes pas là pour faire du tourisme, mais pour préparer notre futur. Et notre futur c'est notre petit, euh pardon moyen Cargol. Non pas GROS, y'a bien plus gros que lui na ! Cargol a parcouru plus de 60 000 km depuis son départ, quelques check-up s'imposent... Lors d'une de mes lectures passées (rigolez pas), 1er au prix Longcourt de je ne sais quelle année, sortie aux éditions Machette, j'avais retenu un lieu qui pourrait nous être utile un jour. Nous avons bien fait d'y tenter notre chance. Contrôle et nettoyage des freins, ouverture du moteur pour s'apercevoir que tout va bien, vidange boite de vitesse, amélioration du frein à main, divers contrôles, changement des mousses et tissus des banquettes pour Cargol et motos... bref tout va bien, Cargol peut repartir plus fort que jamais...

L'originalité du garage vient du fait qu'il ne s'agit pas vraiment d'un garage mécanique mais plutôt d'un carrossier spécialisé dans la remise à neuf de véhicule bien amoché. Leur grand dada c'est d'enlever la carrosserie et l'intérieur, mettre le châssis et le moteur à nu et de refaire tout ce qui ne va pas. Et cela pour auto et camion ! Impressionnant boulot. Comme quoi pas besoin d'envoyer un véhicule à la casse pour un pet de travers ou pour une grosse diarrhée bien placée.

Une boite très familiale, gérée par une femme passionnante, qui a grandit dans cette entreprise, dont le père était aussi pilote automobile (formule 1 des années 60), sur un bolide de plus de 800cv conçu avec son ingénieur de frère. Leur formule 1 de l'époque trône accrochée aux poutres de l'entrepôt, prenant la poussière... Une famille au coeur en or, qui nous a laissé vivre et dormir seul dans leur entreprise pendant plusieurs jours et qui nous a réclamé quoi a l'arrivée pour toutes ces heures passées sur Cargol ? pas un centime 😳, le plaisir d'accueillir des voyageurs. No comment. Nous donnerons directement aux ouvriers, pour leur plus grande joie.

ℹ️ -1.30111 36.83916

 Formule 1 de 800cv des années 60

Et les petites motos alors, elles ont pas droit à un petit lifting elles-aussi ? Après de nombreuses petites chutes à l'arrêt essentiellement, clignos et optiques ne sont plus l'ombre d'eux-mêmes. Direction un grand spécialiste mécanique auto et moto, connu par le bouche à oreille local qui va nous customiser adroitement nos MSX à la mode Mad Max. Au moins c'est du costaud et efficace en plus ! Elles peuvent tomber, elles ne risquent plus rien ! Son équipe ne s'arrêtera pas là et nous vérifierons le bon fonctionnement du treuil avant et arrière en déroulant ces 60m de câble 😂... Là encore nous ne payerons quasiment rien, juste les pièces et un chouia directement aux ouvriers. Cargol et les motos sont désormais prêts à tout !

ℹ️ -1.24975 36.66500

 Déroulement du câble du treuil, à l'avant et à l'arrière et nouveau look pour la MSX

A chaque fois que l'on doit aller chercher quelqu'un à l'aéroport y'a une boule dans le pâté dans les heures qui précèdent :

le coup de la bielette

👉Clara et Rémi en Turquie arrivent un dimanche matin... le vendredi soir à 22h la bielette de direction casse net. Miracle des relations et de la Turquie, réparation effectuée le lendemain matin. Le dimanche sur la route de l'aéroport un bruit bizarre. Ah non juste la roue qui n'avait pas été correctement serré. Ouf...

👉Arthur en Turquie : ah non là il est venu de lui-même depuis l'aéroport, donc pas de soucis.

le coup de la durite

👉Arthur à Oman : 5h du matin en route vers l'aéroport. Après 3 km, le moteur cale, une durite spéciale de gasoil a cédé. Nous serons à temps à l'aéroport en empruntant une voiture. Réparation ensuite effectuée dans la matinée.

La déchirure du pneu

👉Delphine à Nairobi : Prêt à partir, merdum un pneu est à plat. Regonflage, ça semble tenir. Mais dès que l'on roule nous entendons un Pschittt régulier. Une entaille sur le flan du pneu qui tenait jusque là est en train de nous lâcher. Faut faire 30 km. Gonflage tous les 5 km mais le Pschittt est de plus en plus fréquent. Nous arrivons à l'aéroport, faut regonfler tous les 2 km. Delphine sur le trottoir entend le Pschittt de loin. C'est pas gagné, il nous reste 15km pour arriver à notre garage d'amour. Même en regonflant tous les km, à 3km de l'arrivée, nous devons capituler. Notre garage viendra, enlèvera la roue, mettra notre pneu neuf que nous avions depuis les Emirats, nous le ramènera et le remontera. En une demi-journée c'était pliée. Toujours la chance du bon endroit au bon moment ! 🤪

 Pschittt Pschittt fait le pneu

Toi lecteur, si tu veux vivre nos aventures et ben c'est parti, avec grand plaisir ! Par contre nous te récupérerons peut-être pas directement à l'aéroport mais proche 😂.

Spécialités : Choma (viande grillée bien grasse) et Ugali (farine maïs et eeau)

Donc de quoi mettre en condition Delphine tout fraîchement arrivée. Pour la tranquilliser et ne pas lui faire trop peur (gentil quand même nous sommes), direction un petit restau local, suivi d'une visite d'une fabrique artisanale de perles exportées dans le monde et finirons la soirée tranquilou en compagnie de Damien, motard français au long court.

ℹ️ Kazuri Breads factory (-1.338604, 36.736119)

 Fabrication artisanale de perles exportées dans le monde et 1ère soirée avec Delphine et Damien

Réveille-toi Delphine faut partir à la découverte et à priori Cargol est bien paré pour cela 🤪 Let's go !

 Quand le salon bureau salle à manger se transforme en lit 120... Debout là dedans let's go !

Nous avons décidé de rejoindre le Lac Victoria en passant par le sud, et longer ainsi le parc Masaï Mara en espérant y croiser sa faune locale. Partir, quitter la jungle moderne et sa faune spécifique, retrouver les bords de route si vivants, des associations surprenantes, des scènes de vies typiques, tout ce qui fait le pourquoi du comment nous sommes en Afrique... Difficile de ne pas être gâté à ce niveau là.

Tu roules c'est souvent rigolo. Mais à chaque fois que tu t'arrêtes pour faire tes petites courses de fruits légumes pain et oeufs dans les petites abris locaux, tes yeux se figent sur des scènes de vies, des visages pleins d'expressions et de passés. (Le petit bébé en mode inuit sur la photo est celui de la coiffeuse qui vend aussi des oeufs dans son salon de 4m2). 😍

Le salon de coiffure de 4m2 qui vend aussi des oeufs

Un arrêt pompe à essence (ici diesel à 1€20) tenu par des Pompistes Girls qui tiennent plus des pom-pom girl sans la tenue mais pleine d'entrain et de sourires et de rires en bouche. 😂

Autre style d'arrêt ravitaillement : le repas, inférieur ou équivalent au prix du litre de diesel ! Ici, c'était tète et queue de poisson local (ben oui le corps il est vendu dans des trucs plus chicos), et là, c'était ugali (la pâtée de farine de maïs estoufatte + biquette du boucher juste derrière toi), mais dans tous les cas, cuisiné au feu de bois s'il te plait ! 🤪

Ah ! Les costumes traditionnels des Masaï recommencent à faire surface par ici, nous nous rapprochons de leurs terres. Couleurs garanties et pourtant pas de Bonux Ariël ou OMO micro costaud par ici 😂

Mais si, y'a des Masaï sympas avec qui tu peux papoter simplement. Bon quand c'est Cargol qui s'arrête pour donner un coup de soufflette dans leur pneu, ils te demandent pas l'argent cette fois... comme quoi !

Et les bivouacs alors dans ces zones nous direz-vous ? Dans l'ensemble nous évitons les rapports houleux avec les propriétaires masaïs. Coup de bol une fois ou les proprios étaient absents mais sinon nous avons trouvé refuge, soit dans le parc d'un centre religieux (ils ont quand même un peu facturé l'hospitalité du voyageur, et oui l'église est pauvre), soit dans les jardins d'un hôpital. Nous avions d'abord pris ce dernier pour une église de campagne avant de s'apercevoir de son aspect dispensaire, vu que le curé nous a été présenté comme le médecin des lieux 😂 (jeune praticien amoureux de Delphine avec qui nous avons partagé la soirée et le repas dans Cargol ;-)

Le cap au sud a été pris, objectif de rejoindre le lac Victoria en se rapprochant du parc National Masaï Mara. Suite aux récentes inondations un pont s'est écroulé. Pas grave un passage à gué, un peu gros mais pour le Cargol, pas de problème, hakuna matata comme l'on dit ici. Juste après, une barrière, celle d'une réserve. 2h de discussions avec les gardes et leur supérieurs par téléphone... nous avons cru arriver les faire craquer mais non. En déboursant deux mois de salaire local, nous y serions peut-être arrivés. Raison du refus... obscure. Nous voulions juste un transit, ni dormir au Lodge ni monter dans les voitures Safari qui elles passent la barrière. Le poids est imploré mais ce qu'ils espéraient surtout c'est de l'argent. Demi-tour, repassage du gué et détour de plus de 150km. Merci l'irraison, la connerie, la vénalité, l'image du blanc pété de dollar...

 Pont en vrac, passage à gué de fortune, mais barrière en sortie

Détour... allez dégonflage car celle-là va être longue ! Dégonfler est un point crucial dès que l'on passe en Offroad, -20% sur cailloux, -40 dans boue ou sable et plus si vraiment mou-mou. Ma foi, nous allons y trouver de tout sur cette piste. Bonne à ces débuts, la moyenne va vite tomber : ornières sèches ou boueuses, terrain miné, dévers, cours d'eau ayant défoncé ce qui devait être un passage, nous obligeant parfois à descendre et calculer le bon endroit où passer les roues. Cargol passe...

un peu plus à gauche ou un peu plus à droite ? 

Même dans des zones bien désertiques, ici au Kenya on trouve toujours le petit hameau, le micro village. Et même si les girls rigolotes ont disparues, tu ne risques pas de tomber en panne sèche, à condition de ne pas chercher une enseigne de loin... ou de près

 station service très locale

Attention ! Y'a Léon le camé qui traverse et il a l'air dans tenir une sacré couche ! 😂

Léon le camé 

Nous retrouvons l'autre extrémité de la piste qui traversait la réserve. Tout comme nous les avions vu vers le parc d'Amboseli, nous retrouvons les 4x4 à touristes qui eux aussi sont dans le coin. La plaine du Masaï Mara est en vue, les 4x4 vont s'y agglutiner.

Ce qu'il faut savoir et ceci d'une manière non ponctuelle mais tout à fait classique : le parc Masaï Mara et le parc Serengueti (le même parc en fait mais dans 2 pays différents Kenya et Tanzanie) ont des points communs : une entrée pour les fortunées - 200€ mini la journée par pers. plus paiement pour le véhicule, plus le guide, plus... le lodge éventuellement dont les tarifs sont également déments. Autre point commun : le train-train ! Les guides sont reliés par radio entre eux et s'échangent les positions dès qu'ils repèrent l'animal tant convoité. Convergences, bouchons, patience "bon allez finissez de prendre vos photos car y'a d'autres véhicules qui attendent derrière" Ben oui ! et le pauvre lion qui lui est couché tranquille à l'ombre, il en pense quoi de tout ça hein derrière son regard hagard tellement il est blasé ?

A la queue leu leu dans les grands parcs, photos empruntés chez d'autres voyageurs vous l'aurez deviné

Vous l'aurez compris, ces parcs là ne sont pas pour nous, d'autres nous attendent dans des contrées plus au sud, dans des pays plus respectueux et plus accueillants. Paraît que cela existe, à suivre...

Mais nous sommes très proches du parc et les animaux ne manquent pas, comme quoi... Eléphants, girafes, zèbres, gnous, antilopes, un vrai régal de mère nature en toute simplicité...

Nous sommes désormais proches à vol d'oiseau du lac victoria mais le secteur choisi pour l'aborder n'est pas des plus rapides... attention terrain miné pour l'atteindre et pourtant bien arrimé, l'intérieur de Cargol s'en trouve parfois un peu chamboulé 😂

les km ne défilent pas vite 

J'ai été blessé en Somalie par une lance qui m'a transpercé la cuisse mais j'ai pu enfin quitter en juin 1857 l'ile de Zanzibar en vue d'une expédition dans les terres africaines. Après avoir été partiellement aveugle, malade, parfois sourd à cause d'un scarabée coincé dans l'oreille que je me suis enlevé avec un couteau, c'est fin juillet 1858 que je fus le premier Européen à voir le 3ème lac du monde, le 1er en Afrique. J'en défini à peu près son altitude (> à 1000m) en faisant bouillir de l'eau, une mer à lui tout seul 😳. La plupart du temps porté sur le retour à Zanzibar car malade, je réussis à rentrer en Angleterre et remonter une expédition 2 ans plus tard. Je cartographierai alors la région du lac et descendrai les rivières jusqu'au Sud Soudan, identifiant ainsi le lac Victoria comme source du Nil. Speke est mort dans un accident de chasse en Angleterre peu de temps après en 1864.

160 ans après Speke, une pistouille existe, essentiellement utilisée par quelques motos, bien étroite et parfois pas facile. Sans doute pas beaucoup d'autres changements depuis cet époque hormis la construction d'écoles. Beaucoup d'authenticité, villages de pécheurs traditionnels enclavés dans un relief parfois perturbé, tombant dans la mer.

les petits villages de pécheurs subsistent 

Principale activité, les petits poissons type friture que font sécher les femmes avant qu'ils ne partent vers d'autres contrées dans le pays. Les rares villages sont très authentiques et notre passage à chaque fois fait l'attraction, dans le bons sens du terme.

 Scènes locales

Une fois proche de la route principale, un camping bord de l'eau offre un brin de civilisation plus classique, occasion de rencontrer quelques locaux en vacances que nous reverrons plus tard...

 Lac, mer, parfois tu ne sais plus.

ℹ️ Bimoss Beach Resort & Campsite (-0.49226 34.16551)

A ton avis avis en Afrique té noir non plutôt ?

Prenons la route du retour sur Nairobi, Delphine a quand même un billet retour sur la France... Du bord du lac Victoria et ses minis poissons séchés, sur le bord de la route, ce sont désormais les vendeurs de patates douces ou normales, d'avocats et de bananes. Mister Maïs prédomine mais... mais...

Scénographies routières 

mais... il laisse soudainement sa place à Mister T : Ici c'est moi le roi, mais ils arrêtent pas de me couper ! Je forme pourtant de bien jolis champs, bien harmonieux non ? Tous les 10 jours hop, quelqu'un vient me voir et hop, jeune pousse que je suis avec mes deux ou trois feuilles, je me retrouve catapultée dans une hotte. Suivant l'ardeur de la personne, je me retrouve plus ou moins rapidement avec tout plein de congénères. Nous sommes ensuite amenés dans une petite maison, sectorisées avec des numéros où mon cueilleur dépose son tas en y faisant un trou au milieu, paraît-il pour que je garde ma saveur et que je ne fermente pas.

Récupération de la nouvelle pousse
Je pars vider ma hotte
Le fruit de mon labeur, j'y retourne

Cette pause ne dure pas bien longtemps, quelques heures tout au plus. Me voilà désormais mis en gros sac et zou dans un camion. Je suis tout secoué par les pistes qu'il emprunte. Enfin il s'arrête et me voilà désormais suspendu à un crochet qui suit une chaîne dans un bruit métallique pas des plus agréables. Padaboum, nous voilà toutes libérées du sac pour se retrouver sur d'immenses plateaux bien étalées. Nous sommes ventilées, ce qui m'assèche un peu. Il va s'en suivre une multitude de machines dans lesquelles nous passons, de rouleaux en broyeurs, pour finir une nouvelle fois dans un sauna à la vapeur de feu de bois, mais encore plus puissant celui-là. Avec tout cela j'ai perdu de ma beauté et me retrouve désormais quasi en poussière, trié suivant la taille de mes petits grains. Emballé dans des gros sacs, je vais poursuivre mon voyage pour finir peut-être un jour chez vous... le thé de Kéricho.

Alors Thé qui ? Thé quoi ? 

Ces feuilles délicates sont l’un des piliers de l'économie du Kenya. C'est le premier exportateur mondial de thé et le troisième producteur derrière la Chine et l’Inde. Une filière qui fait vivre près de 10 % de la population soir environ 5 millions de personnes. Mais aujourd’hui, le secteur est menacé. Si rien n’est fait, 70 % de la production de thé du Kenya pourrait disparaître d’ici 2050 en raison de la hausse des températures mondiales. Sacré paradoxe, car il existe de très nombreuses petites usines de transformation qui fonctionnent au bois comme celle que nous avons visité. Des mini-centrales hydroélectriques commencent à voir le jour, mais celles-ci sont subventionnées par des pays étrangers comme l'Europe, mais ça c'est un autre problème...

Té pas si écolo toua ! 

ℹ️ Toror Factory (-0.31844, 35.29697)

Ce soir encore nous sommes bien loin des images préconçues du Kenya : le bivouac camping dans l'enceinte d'un parc hyper entretenu d'une maison entourée par les champs de thé, nous amène plutôt en Angleterre que dans les clichés de savane kenyanne.

Sûr que les anglais sont bien passés par là à m'en donné ! Et ce n'est pas pour nous déplaire aussi.

 Chaï square, un petit havre tranquilou très british

ℹ️ Chaï square (-0.31649 35.37503)

A 100 km au nord de Nairobi, nous arrivons dans une région de grands lacs bien sympathiques. Sur le lac Elementaita tu te lèves le matin, ce sont les pélicans qui occupent le devant de la scène. Puis dans la journée, ce sont des milliers de flamands roses qui débarquent petits à petits en se laissant porter par le petit courant. Le tout dans un cadre de camping plutôt sympathique, sans personne com'dab.

 Oasis camp, calme et sérénité de bord de lac

Ah, oh fait, et les couilles bleues ? Non, je ne parle pas d'une maladie africaine contractée en chemin dont mes attribus sont affectés 😂. Comment ne pas les appeler ainsi quand l'on voit les bubules de ces singes mâles. Bon leurs vrais noms c'est les Vervets, mais c'est moins fun 😂. Grosso modo tu peux pas les rater car ils sont présents un peu partout dans ces contrées.

 Les couilles bleues

Curieux et fouineurs, ils sont en permanence à la recherche d'une nourriture. Pas cons, ils repèrent vite le pain dans la boite tupperware qu'ils tentent de voler avant que Muriel n'arrive à son secours. Pas farouches non plus car ils n'hésitent pas à venir délicatement attraper le bout de pastèque au bout de la fourchette.

ℹ️ Lac Elementaita, Oasis camp (- 0.47540 36.26672)

Qu'est-ce ? Un parc privé ? une réserve? un zoo sans cage ? un camping ? un restaurant ? un lieu de pêche ? un lodge ? Navaisha sanctuary farm : ben un peu tout cela en fait, un parc immense dans lequel déambulent zébres, antilopes, girafes, gnous, buffles, le tout au bord d'un immense lac : le lac Navaïsha à quelques encablures de la capitale. Ce sont les 2 derniers jours et soirées de Delphine, et elle tient à marquer le coup : direction l'un des trois lodges. La direction nous autorise à dormir dans Cargol juste à côté et à planter les tentes sur la pelouse pour Damien et Steffi qui nous accompagnent depuis la veille. Nous sommes seuls au milieu des bêtes et des arbres. Un gnou qui se trompe de chemin et qui arrive devant la terrasse. Il finira par trouver la sortie. Les zébres qui vadrouillent, les antilopes qui viennent se reposer sous le grand arbre, les girafes qui viennent taquiner la cime des arbres, 2 mâles gnous qui se disputent un petit cheptel féminin, les hyènes qui passent furtivement la nuit... et les hippos qui sortent du lac la nuit tombée et qui viennent brouter devant toi tranquilou. Paraît que cela fait drôle quand tu es dans une tente et que tu entends le raclement de la bouche de l'hippo sur l'herbe, là à quelques mètres 😂.

Faune autour du lodge 

La série Sophie, adorables, à quelques mètres, presque à les toucher.

Adorables Sophies

Déambuler à pied tu peux, aller jusqu'au lac... les eaux sont montées depuis quelques années donnant cet irréel décor d'arbres morts sur une large bande du rivage. Les pécheurs profitent de quelques souches pour jouer les équilibristes en lançant leur fil. Je présume qu'ils doivent avoir un oeil constant sur les hippos qui sont quand même très très proches.

Le lac monte et transforme les berges

ℹ️ Navaisha sanctuary farm (-0.79133 36.41393)

Ils pourraient aussi s'appeler les Grass People, mais là rien à voir avec Cetelem. Les rois de la machette... Dans certains pays ce sont les ovins ou bovins qui sont chargés de l'entretien des bords de routes. Ici en plus des animaux, ce sont des mains expertes du maniement de la machette qui se chargent de réduire en bouillie les brins d'herbe. Mouvement répétitif, ils répètent inlassablement leurs gestes tel un métronome.


Tondeuse humaine, homme ou femme, à la machette exclusivement 

Nous faisons un dernier passage à Nairobi pour déposer Delphine qui nous quitte après 2 semaines de vie Cargolesque. Même si certains quartiers ont un semblant de modernité des années 80-90, la plupart des quartiers sont le témoin d'un quotidien difficile. Les grass people ou encore ground people : c'est souvent l'appellation donnée à la basse classe, très nombreuse ici. Visible dans les campagnes mais surtout à l'approche des villes ou même à l'intérieur de celles-ci. Alignements de palettes et de tôles ondulées, au bord de la route, du boulevard, de la rue en terre, ou comme souvent, formant de véritables quartiers plus ou moins importants. Des ruelles sillonnent ces lieux, juste assez larges pour une moto ou une personne. Promiscuité, hygiène, pied dans la poussière, la terre ou la boue...

 Réalités de grandes villes

À tous les amateurs de Land Cruiser, voici ce quoi ressemble votre véhicule 😂. A tous les voyageurs, si vous avez envie de reprendre votre chassis ou autre, cet endroit est spécialiste dans la réfection de votre squelette quel qu'il soit, qualité de travail mais prix Africain. En quelques heures le véhicule est remonté et prêt à arpenter de nouveau les pistes du monde ! Impressionnant travail.

Un travail à faire sur chassis, le plus simple c'est de déshabiller ! 

ℹ️ City Panel Beaters & Painters Ltd (-1.30124, 36.83939)

La classe moyenne au Kenya... Nous sommes accueillis à bras ouverts dans une famille modeste dans une banlieue à 50km de Nairobi. Lui travaille en partie à distance chez lui, elle dans une banque à Nairobi soit entre 2 et 3 h de transport par jour. Il gagne chacun environ 400€ par mois. Ils ont une toute petite voiture pour leur famille de 3 enfants et partent au moins une fois par an dans une maison familiale à 400km de chez eux. Pour un kenyan, avoir une voiture, aussi en ruine soit elle, c'est que déjà tu es riche. Ils sont locataires dans un petit collectif d'un petit appartement, pour nous style HLM des années 70. Ils ont une aide à la maison pour aider à la cuisine et au ménage qui doit leur coûter moins de 100 euros par mois et les 3 enfants vont à l'école privée. C'est pas la panacée, mais ils s'en sortent, vivant simplement, toujours dans la joie et la bonne humeur kenyane.

 Une belle rencontre dans une famille

Nous filons vers le nord. Région Mont Kenya... 2ème sommet d'Afrique à 5200m, épicentre d'un parc national dans lequel, une fois de plus, nous n'entrerons pas à cause des tarifs démesurés. Nous avons repris de l'altitude et les jolies collines aux champs de thé bien ordonnés nous rincent encore bien les pupilles.


 Nouvelle région très thé, harmonie

Le Kenya est en proie à quelques manifestations plutôt violentes contre les taxes et la corruption. En dehors de Nairobi, certaines traces de brûlures de pneus ou véhicules de la veille sont parfois visibles dans des villages. Bien à l'écart de tout cela, en remontant toujours, nous profitons d'un camping dans le parc d'un lodge sympathique ou encore d'un restaurant dans les arbres en compagnie de voyageurs... la vie est belle et tranquille pour nous.

au restaurant de Bunto Lodge
2 bonnes adresses : Bunto Lodge et Trout tree restaurant

Mais dans ce coin bien valloné et bien vert ne pousse pas que du thé ! Des serres attirent notre curiosité, nous rentrons au pays de la rose...

Au nom de la rose...

Au portail d'une entreprise, ferme exploitation de roses : "Toc Toc Toc ? Pouvons nous visiter ?" Bon finalement malgré une longue prose, nous nous faisons envoyer sur les roses, non pas que nous ne sentons pas la rose, mais ils ne sont pas habitués à ce genre de démarches et sont un peu pris de court. Nous repartons... moroses mais pas névrosés pour autant.

Refuge du soir trouvé dans un dispensaire clinique de campagne, en mode bien local au milieu de ces champs et serres. Un dispensaire ça connaît du monde, et... quelques coups de fil plus tard... rdv pris pour visiter le lendemain matin une autre ferme aux roses 😂. Nous voyons donc la vie en rose !

Où est la rose ? 

Nous sommes au rdv le matin, frais comme des roses ! L'extérieur n'est pas tout rose mais ils ont le sens de la culture biologique. Elevage de vers (ils les appellent les "roses bonbons") pour un compost de qualité, traitement des eaux usées par bassins végétalisés. Puis visites des innombrables serres où nous en prenons pleins les iris (chercher l'erreur), ainsi que des ateliers packaging pour remplir le semi-remorque quotidien destiné à l'export. Tous les types de roses y sont travaillés, mais nous n'avons pas découvert le pot, ni chercher le téléphone ou vu les flamands pris dans le vent ou les sables.

Aurais-je mangé une rose pour avoir des mots si parfumés ?

 Tellement heureux que l'on se soit arrêté pour visiter qu'ils nous offrent 4 gros bouquets...

ℹ️ Bunto Lodge (-0.11317 37.04322), Trout Tree Restaurant (-0.103217, 37.036011) Tambuzi roses (0.12212 37.37240)

Nous voilà donc repartis de la ferme aux roses avec 4 gros bouquets en cadeau. Mais qu'allons faire de tout cela dans Cargol ? Ce n'est pas Damien en moto qui va les transbahuter, d'autant plus que nous allons nous séparer momentanément.

Au pays des Samburus... En continuant notre remontée vers le nord, nous retrouvons des terres plus arides et des Masaïs qui lors de leurs migrations vers le sud se sont arrêtés dans ces contrées. Nous sommes dans la région de Samburu alors on les appelle les Samburus tout simplement. Désormais sédentarisés, ils vivent en tribus, communautés comme ils disent... Éleveurs, ils sont très accrochés à leurs traditions et mode de vie.

 Terres et tribus Samburus

Le Samburu est plus accessible que le Masaï, moins influencé on va dire. Cette région est plus éloignée du Tourisme de masse et des blancs fortunés. C'est aussi pour cela que nous sommes là, à la recherche de plus d'authenticité, voire de tranquillité. A la recherche d'un bivouac sauvage, tu comprends vite qu'il sera très difficile de s'arrêter tranquille dans cette brousse tant il y a de familles qui vivent éparpillées sur ces terres. A coup sûr, le moindre arrêt va déclencher l'arrivée de la famille toute proche. Nous décidons donc de ne pas perdre de temps à chercher et de s'arrêter à vue de la maison d'une famille. Une maison se résume à un abri bas, de quelques mètres carrés, élaborée de branches, recouvertes ou non de torchis, de plastiques ou de tôles. Une seule maison ou plusieurs et toujours un enclos autour en branchage d'acacias. Les bêtes dorment dans l'enclos autour de la maison.

Une grande famille Samburu 

Quelques minutes ont suffit après notre arrivée pour que le patriarche de la maison arrive. Une bonne bouille, étonné. Ne parlant pas anglais, avec quelques mots de swahili il comprend vite qui nous sommes et pourquoi nous sommes là. Les grands filles arrivent suivis de quelques enfants. Ah le bouquet de rose. Bonne occasion ! La jeune femme l'accepte. Elle est très intriguée. Elle goûte. Moue bizarre. Nous lui faisons comprendre qu'il faut sentir. Elle est surprise. Elle fait sentir à une autre femme, la réaction est violente : d'un grand mouvement de tète elle lance un "POUAHHH" et en grimaçant crache par terre. 😂 Nous éclatons de rire. Un grand moment ! Dommage, pas de vidéos ou de photos de cet instant... Faut dire qu'ils sont plus habitués à sentir leurs chèvres. En conclusion, le jour où leurs biquettes sentiront la rose, ils crèveront de faim 😉

 Notre famille d'accueil, testeur de parfum de rose 😂

Un joli spot près d'un lac, pas très loin d'un village. Tu penses avoir trouvé le spot tranquille à condition de faire abstraction de tout ceux qui viennent voir le gros camion et la grosse moto : les curieux qui passent par là, les écoliers sur le chemin de l'école, les vaches, moutons et chameaux et leurs gardiens, ceux qui viennent se laver proche de nous dans les eaux du lac. 😂

Lake Kisima, Un spot avec le calme à l'Africaine 

Ben finalement non, le spot ne fût pas des plus sereins. Premier soir, un officiel en tenue militaire vient nous saluer, nous interroger sur notre présence ici. Il semble Ok. 2 h plus tard voilà une voiture avec des sortes de girophares. La police et leurs types armés. Paraît qu'il faut dégager. Ils sont bien alcoolisés, polis mais énervés et après de multiples palabres où ils tentent tout ce qu'ils peuvent, ils repartent. Nous apprendrons plus tard qu'il avaient été envoyé par le grand chef qui avait eu connaissance du rapport par l'officiel venu un peu plus tôt. Le lendemain nous faisons connaissance de 2 gentils profs du lycée du coin. Ils sont super excités à l'idée de nous inviter le lendemain à 9h pour rencontrer les élèves, pour leur parler d'autres pays, de notre histoire, de les dynamiser, leur donner un espoir du futur. Super contents nous sommes aussi ! 👍

 De nombreux enfants ou ados viennent discuter avec nous

Malheureusement le lendemain à 8h, ils viennent nous annoncer qu'un imprévu scolaire s'est greffé et que notre visite est impossible. Ils ont l'air désappointé et repartent rapidement. Nous comprendrons pourquoi 2h plus tard quand l'officiel du premier soir reviendra accompagné d'une personne présenté comme étant le chaman du coin. Nous dérangeons leur localité. Si l'on veut rester il faut payer une bonne somme, et ainsi la communauté sera contente (foutaise...). Évidemment nous refusons car nous sommes sur un domaine public ouvert à tous et lui expliquons clairement que du coup, nous ne dépenserons pas dans les épiceries de son village et qu'il ferait mieux d'écouter ses professeurs pour l'avenir de son village... Dommage.

Nous garderons quand même un excellent souvenir de ce lieux et de tous les échanges que nous avons pu avoir. Alex a passé beaucoup de temps avec nous et aura lui aussi essayer de convaincre la technocratie locale du bien fondé de notre présence très logiquement gratuite.

Alex, un très gentil local qui aura tout fait pour que l'on garde un excellent souvenir de sa région 

Quelques heures sur une piste où seules les tribus éleveurs subsistent dans ces contrées et nous voilà arrivant sur un grand lac, 23 km de long sur 15 de large. Un seul tout petit village. Un secteur dont nous partons à la découverte.

Trouver un bivouac sauvage pourrait être possible mais l'accueil sympathique d'un gérant d'un petit camping nous pousse à se poser chez lui. Faut dire que ce village semble bien tristounet. Effectivement quelque chose cloche par ici. En 2011 de fortes crues avait déjà fait monter le lac noyant une partie du village. Puis, réchauffement climatique oblige, plus d'évaporation, plus de pluie dans ces régions.

lac au fond, au 1er plan, des sacs de charbon à la vente seuls en bord de route
 Les taches les plus dures sont souvent supportées par les femmes

Comme dans toutes ces régions équatoriales, les eaux des lacs montent, inexorablement. En quelques années, environ 3 à 5m de plus nous diront les locaux. "Au bord du lac il y avait une très bel hôtel, un des plus beaux d'Ouganda il paraît. Mon père y travaillait... (silence). Il est complètement sous l'eau." Certaines structures sont en partie apparentes, ou encore d'autres qui se trouvaient tout proche du rivage sont désormais en partie englouties. Les arbres n'ont pas survécus non plus laissant d'étranges et superbes paysages aquatiques.

Depuis quelques années les eaux du lac montent, engloutissant maisons, hôtels... 

Cette montée des eaux conjuguée au Covid ont eu raison d'une petite activité d'un tourisme local et national. La principale activité restante pour survivre ici reste la pêche mais les poissons sont de moins en moins nombreux. Pêche traditionnelle en barque, les femmes viennent à leur retour du lac, chargent sur leur tète une bassine remplie de poissons et remontent un peu plus haut dans le village. Nettoyage puis séchage du poisson sont leur lot quotidien.

Notre menu du jour : poissons chat !

Même le camping est désert d'humains, ce qui n'est pas pour nous déplaire non plus et permet de mieux profiter de quelques locaux ou d'amis voyageurs qui passent nous voir. Moments de détente, d'échanges et de rire bien sympathiques, entourés d'oiseaux et de singes !

 Bons moments de partage avec Damien, Florence et Jok, Cynthia et Alexis

Belle rencontre aussi avec l'artisan d'un vin bien local, à base de miel et d'écorces d'arbres. Seulement 150 bouteilles sont faites par an, un vrai bonheur pour les papilles. Ce vin là pourrait avoir un énorme avenir au Kenya ou à l'export. Nous aurions pu les aider dans ce sens mais malgré cette passion qui les anime, le volume d'actions à mettre en place pour produire et commercialiser les dépassent un peu. Tout est devant leurs yeux et dans leurs mains. Ils ont le savoir faire et la connaissance pour réussir, mais cela s'arrête là. Nous touchons un peu un des problèmes de l'Afrique.

 Un vin, une histoire, l'Afrique

ℹ️ Bush baby camp (0.61429 36.02110) un des campings les mieux entretenu du kenya sans nul doute

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Pays précédent : Oman, Prochaine étape en cours de rédaction : Lac Baringo, côté nature

Place belle aux photos dans cette étape... Piaffous sur terre ou piaffous pécheurs vivant sur le lac, cette région est très connue des ornithologues. On parle souvent des grands animaux d'Afrique en oubliant l'omniprésence des piaffous. Rien à voir avec ceux l'Europe, bien plus présents et plus diversifiés dans leurs cris, dans leurs tailles, dans leurs couleurs... Pas sauvages pour deux kopeks, au camping, ils n'hésitent pas à se rapprocher de nous où de Cargol.

Quand tu vois les êtres humains, en fait nous sommes plutôt fades par rapport aux autres êtres vivants. L'Homme s'habille pour paraître différent, le piaffou lui a bien plus de solutions dès sa naissance 😂.

 La grue royale

Etre sur l'eau donne encore une autre vision du monde qui l'entoure. Un tour en barque au lever du soleil permet d'approcher cet univers.

 Réveil de la nature

Multitudes d'oiseaux qui scrutent l'horizon, se font sécher les ailes au premier rayon, vérifient la bonne tenue de leurs nids


ou encore cet aigle pécheur qui trouve dans le lac son petit déjeuner 👍

 la classe et l'efficacité de l'Aigle Pécheur

Un village sur une île subsiste, accroché à ses traditions. Difficile d'accès, nous n'en verrons qu'un seul membre, dans sa barque, héritage du passé.

Vie traditionnelle encore sur le lac 

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Pays précédent : Oman, Prochaine étape en cours de rédaction : Iten, graine de champion !

Objectif suivant, rejoindre Iten la ville des champions... Nous traversons pour cela le Rift. Késaké ça le Rift ? Cas où, n'allez pas voir wiki, je vous le livre : un rift, c'est une fissure, une rupture, une déchirure, un fossé d’effondrement de l’écorce terrestre. En surface, cela forme un fossé d'effondrement allongé, dont les dimensions peuvent atteindre quelques dizaines de kilomètres de large pour plusieurs centaines de kilomètres de long. Le rift Est-Africain, c'est la plus grande cassure visible sur Terre. Il s’étend sur 4000 km de l'Ethiopie au Mozambique. Cela annonce un futur océan (peut-être le retour de Moïse qui sait), mais, ouf pour nous, ce n'est pas pour demain. Cette faille est apparu depuis déjà 25 millions d’années ! 😳

Traversée du Rift direction Iten en compagnie de Cynthia et Alexis, nos jeunes backpackers rencontrés au lac Baringo 

Activités terrestres, il n'est pas rare de trouver dans ces pays des volcans encore en activité et des sources d'eaux chaudes. Mais la fusion partielle du manteau en ces profondeurs forment des magmas alcalins riches en fluor qui s’épanchent en surface. Oui, et alors ? Il s’en suit que l’altération des laves libère une grande quantité de fluor qui se concentre ensuite dans les cours d’eau à proximité. Cette eau est utilisée pour la consommation mais aussi pour l’irrigation. Les sources locales d'eau chaude apportent pour le pékin moyen relaxation et bien être, mais en fait l'ingestion de fortes doses de fluor vient te miner en profondeur, troubles du sommeil, de l'alimentation et attaque très fortement l'émail des dents. Les populations que nous avons croisés au lac Kisima et Baringo en sont la preuve flagrante : taches brunes persistantes sur les dents donnant l'impression d'un vieillissement, d'une "pourriture", visible sur les enfants également.

Problèmes de fluorose le long du rift 

De notre plateau nous descendons dans ce rift et remontons sur le plateau d'Iten. Iten renommée mondiale. Un jeune homme regarde le camion. Arrivés tardivement la veille, nous avions trouvés refuge dans une rue en terre où nous avions pu trouver un petit espace pouvant au moins laisser le passage d'une voiture. 6h du mat des jeunes passent déjà en courant dans les ruelles. Quelques vaches sortent toutes seules d'un micro jardin boueux d'une maison faite de bric et de broc juste à côté. Le jeune homme semble s'attarder quelques secondes devant Cargol. Nous lui faisons signe, et le convions à monter. Il s'appelle Wallace. Dehors le temps est froid et humide. Nous sommes à 2400m et il fait pas 10° dehors.

Wallace nous aide à trouver notre bivouac : tout proche de la seule route qui traverse le village, dans une ferme, au milieu de champ de maïs, vue sur le Rift... quand le ciel est dégagé... La famille fermière est très accueillante mais pour une fois, nous garderons un peu nos distances pour les prochaines jours. L'anglais est limité et nous sentons chez les hommes une addiction prononcée à l'alcool. Nous sommes venus à Iten dans le but de rencontrer, comprendre la vie des athlètes ici.

 Dans une ferme en mode stationnaire pour la semaine

Iten, tous les athlètes coureurs du Kenya passent par là des mois, des années, avant de s'élancer sur les pistes des stades internationaux, ou les routes des marathons du monde. Un plateau à 2400m d'altitude, peu de dénivelé, la belle aubaine... Ben non, pas vraiment joyeux pour tous ces athlètes. Zéro infrastructures pour eux. Une piste a bien était construite mais faute d'entretien, elle n'a quasiment jamais été utilisée. Une autre piste existe à 30km, à Eldoret, mais il faut payer et pour eux, c'est hors de prix. Alors ça court, ça court dans tous les sens sur les bas côtés de l'unique route, sur la contre allée en terre, sur les petites routes des environs en terre, en cailloux, ornières, trous... Conditions sportives et humaines très difficiles, alimentées par un climat froid et souvent très pluvieux. Et ça court vite, très vite, à 20km/h pendant plus d'une heure 😲, 6 jours sur 7, rdv et départ à 6h du mat sous la bannière d'entrée de la ville, euh du village. Le village qui court !

Le prospectus est peut-être alléchant, la réalité un peu moins 

Wallace nous introduit dans ce monde. Dans son monde. Il a intégré un "camp" voilà plus d'un an. C'est un groupe de jeunes athlètes vivants dans des baraquements. Sol et mur béton, un toit, lits superposés, un coin pour les filles, un coin pour les mecs. Ils s'entraident, se soutiennent, une sorte de colocation de promiscuité. Simplicité à l'extrême. Le confort n'existe pas, le régime alimentaire adapté non plus. Le budget, c'est pour les pompes. Leur seul outil : un coach qui leur fournit une montre connectée et un programme de course adapté à leur spécialité en athlétisme. Le coach sait ainsi au quotidien toutes les données de courses. Il ne le voit quasiment jamais. Objectif, atteindre des temps de façon a être repéré par des clubs aux US.

les objectifs
Une équipe de volonté d'acier 

Mais Iten c'est aussi de nombreux coureurs étrangers, provenant de clubs ou de fédérations internationales, ou encore des passionnés individuels qui viennent passer des vacances sportives ici. Pour eux, les infrastructures ne sont pas les mêmes bien sûr. Jolis camps avec des possibilités de massages, "Centre d'entrainement d'altitude" (un nom un peu pompeux quand même), navette vers le stade à Eldoret... Une semaine sur place va leur coûter ce qu'un jeune kenyan va dépenser en une année... Les fédérations d'autres pays ont les moyens, celle du Kenya, rien. 😥

 Le centre préféré des touristes sportifs français

Wallace n'est pas trop disponible alors en attendant, nous profitons un peu de la vie locale : marché hebdomadaire, shuntage du neiman de la moto qui reste définitivement bloqué, test des saucisses de tripes grillées, petite cantine locale où tu passes en cuisine pour voir et choisir ce qui va atterrir dans ton assiette...

Spectacle de la descente des motos
Shuntage du Neiman
Passage en cuisine pour choisir
Saucisse de tripes, fort en goût et très grasses
 Marché hebdo, un grand classique

Wallace notre champion est heureux, il a gagné sa sélection pour les US ! Dans 10 jours il s'y envole. Sur place, il sera pris en charge intégralement par un club : programme sportif, université, nourriture et logement, et même un peu d'argent de poche. Un rêve qui se concrétise que seul son acharnement et son énergie ont conquis. Nous l'embarquons dans Cargol, direction sa famille pour ses derniers jours au Kenya, dans la région d'Eldoret et de Nandi Hills.

 En route avec Wallace pour quelques jours dans sa famille

Un premier accueil dans la famille de l'oncle "Papa Ruto" dans sa ferme de la région d'Eldoret. Toute la famille à des jambes qui courent vites et bien. Papa Ruto lui a eu une carrière dans l'athlétisme en Belgique et à son retour a pu reprendre et développer cette ferme familiale : immenses terrains, potager, poules, lapins, vaches, maïs, futur champ de caféiers... Quand les enfants sont là, ils peuvent aider un peu la maman pour la gestion de la maison ou des animaux. Papa Ruto lui a son camion de chantier, un bon gros poids lourd benne basculante. Il part tous les jours le mettre à disposition pour tous travaux de gros oeuvre. Tout réunit, cela permet d'assurer une bonne stabilité financière à toute la famille et de subvenir aux études des enfants.

 Papa Ruto chez son ami soudeur (micro réparation de notre réservoir gasoil pour le chauffage cabine)

Ils ont tous le coeur sur la main. Ils nous accueillent comme leurs enfants (oui je sais, nous sommes les plus agés 😂). Le confort est très rudimentaire car la priorité est donné à l'éducation des enfants. Une pièce de vie, une cuisine extérieure bien abritée avec un four à bois trop mignon en guise de gazinière. La cuisine au Kenya peut aussi être considérée comme salle de muscu tant la préparation de leur plat principal l'Ugali nécessite force et patience... n'est-ce pas MaLoute ?

La gazinière, toujours allumée et prête à l'emploi ! 

Ecossage des haricots, dégustation de canne à sucre, réduction du foin pour les bêtes... la vie au quotidien au gré des saisons, la vie simple quoi !

Simplicité en famille  

Après ces 2 nuits à Eldoret nous repartons avec Wallace direction sa maison familiale, un peu plus au sud, dans les collines verdoyantes et champs de thé de Nandi Hills. L'arrivée est folklorique. Un tout petit chemin étroit de terre, à moitié boueux suite aux pluies quotidiennes, creusé par la pluie sur les côtés, un portail guère plus large et presque perpendiculaire à la route mais avec un accès montant, une marche, un caniveau de 50 cm comblé par quelques sacs, cailloux et surtout du bois pour faire passerelle... "Oups" dis-je, "je vais tout massacrer". Tout le monde est sorti, la mère la soeur, les voisins... " Mais non vas-y c'est pas grave" "Oui mais je vous jure que mon 11 tonnes ce n'est pas vos petites voitures ! Bon ok j'y vais..." et Crac boum hue ! Le bois explose dans tous les sens, Cargol s'enfonce, rugit, glisse, se coince ! Une bonne demie heure de ré-empierrage, gros dégonflage et nous arrivons à rentrer. Le sol est défoncé. Tout le monde rigole. Obligé de s'arrêter dans le chemin juste après le portail. Il manque 10cm dans l'allée intérieure. Un mur de soutien bien décoré empêche de s'approcher au plus proche de la maison. "Attends on va le casser le mur !" 😳 Il a vraiment fallut insister pour qu'il ne le casse pas ! Trop marrant l'Afrique ! 😂

 Cargol galère...

Un lever de jour, rien ne vaut une petite baladounette dans ces collines... quelques champs de maïs et de superbes alignements de champs de thé donnant au paysage une image extrêmement structurelle dans ce monde extrêmement désorganisé et livré à lui-même. Un premier cri d'une enfant collée au carreau dans son école où elle vient d'arriver à 6h30 du matin. Puis des dizaines de cris "Mzungu, Mzungu !" Traduire : un blanc, là dans le chemin ! un blanc ! Tous au carreau ou dans le champ qui sert de cour d'école les bras levés et criant... échanges de saluts, de sourires... Une balade au lever du jour en Afrique. 😍

 Campagne au réveil
 Habitats locaux

En allant voir la grand-mère, nous nous arrêtons au bord de la route dans un micro village. 2 échoppes arborent fièrement un "TOULOUSE". Nous y trouvons Benjamin Bitok, un cousin de Wallace. Un inconnu pour nous mais des milliers de personnes le connaissent, ou du moins ont essayé de lui courir après 😂. 5 fois vainqueur du marathon de Toulouse entre 2007 et 2013. Joli trophée ! Grâce à ses courses, le voilà à la tète aujourd'hui de son échoppe commerciale et de son restaurant (ici on appelle cela Hôtel). Un boui-boui africain de bord de route pas comme les autres... 😍

Benjamin Bitok, 5 fois vainqueur du marathon de Toulouse, ses bicoques de bord de route 

Nous continuons la route de la grand-mère. Wallace veut lui dire au revoir car en partance pour les US, vraiment pas sûr qu'il la revoit. 15 km de piste et nous devons laisser la voiture pour s'enfoncer dans un chemin très pentu, boueux, puis traverser des champs de maïs, une petite rivière, remonter et arrivons enfin 15 mn après dans une ancienne ferme. Elle est là, seule, assise dans l'herbe à contempler les champs et la vallée. Moments d'intimités, de complicités, d'échanges et de rigolades, mais nous devons repartir. La pluie comme tous les après-midi arrive et la piste peut devenir un cauchemar pour la voiture, et de fait, pour nous aussi.

La grand-mère isolée dans ces champs 


 Quand on vous dit que Hôtel ici cela veut dire restaurant, non mais ! 😂

Suite des visites familiales, la deuxième grand-mère. Le père de Wallace nous y rejoint, lui aussi ancien coureur à l'international, une famille difficile à suivre quoi ! La ferme de la grand-mère est extrêmement bien tenue, chaque parcelle est minutieusement finie, de l'enclos à bestiaux aux champs de canne ou de maïs en passant par le potager, c'est un petit havre de paix agricole.

Avant que nous partions vers d'autres contrées LaLoute laisse des souvenirs dans leurs papilles : coulemelles ramassées dans les bois, mangées en salade ou cuites (ils connaissent pas les champis), lasagnes et gâteaux... ce qui est bien chez les africains, c'est leurs curiosités gustatives. Ils sont toujours partant pour goûter de nouvelles choses et en redemande, bien différents des pays de la péninsule. Allez Wallace bon vent, une nouvelle vie t'attends !

 Les lasagnes, une valeur sure !

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Impossible de quitter le pays sans reparler de leur emblème national et de quelques anecdotes avec les uniformes 😂 Un grand souvenir nous restera du Kenya : leur plat national, l'Ugali !

Il ne restera pas dans les mémoires de nos papilles mais plutôt bien ancré au plus profond de nos estomacs. La plâtrée ! Si tu sors un peu dans la rue ou que tu décides de manger dans un boui boui ou dans un restaurant, tu peux pas le rater. Cela fait office de pain, de coupe faim. Associé à quelques verdures cuites et des haricots, cela devient le plat quotidien de millions de Kenyans. Pas très varié comme nourriture mais au moins c'est pas cher et ça cale le lion qui est en toi. L'Ugali, la base alimentaire.

Dans tous les villages, le meunier avec sa machine pour broyer le maïs et en faire la farine pour l'Ugali 

Allez, voici la recette, mais après lecture, voudrez-vous vraiment en faire ?

Pas compliqué : une dose de farine de mais, 2 doses d'eau 😳 une pincée de sel.

• Faire bouillir de l’eau dans une grande casserole (à fond épais de préférence).

• Lorsque l’eau est à ébullition, réduire le feu et incorporer la farine de maïs progressivement tout en remuant délicatement afin d’éviter la formation de grumeaux. Ajoutez la pincée de sel.

• Remuer jusqu’à obtenir une pâte à la consistance plus épaisse. C'est la que ça se corse car il faut remuer longtemps et c'est pas léger le bordelou !

• Le mélange est cuit lorsque la pâte se détache des parois de la casserole. ouf enfin ! car quand tu arrives là tes muscles n'en peuvent plus.

• Servir chaud avec une bonne louche ou découper au couteau comme accompagnement de viande, légumes ou de poisson. Vous pouvez ajouter une noisette de beurre ou servir l’ugali avec une sauce, cela rend un peu moins sec la plâtrée 😉.

LaLoute à la tache ! 

les parties de rigolades avec la police ou encore la douane... 😂

- Bonjour, tu sais pourquoi je t'arrête ?

- Bonjour, ah ben je présume que c'est parce que je ne suis pas passé à la pesée des poids-lourds non ?

- Ben oui c'est ça, il va falloir que je te mette une amende.

- Nous venons d'arriver dans ton pays. La dernière fois que j'ai vu un contrôle de pesée, je me suis arrêté pour demander si je devais m'y arrêter. Etant un véhicule non commercial, le policier m'a dit que non, pas besoin, que moi j'avais un poids lourd spécial et donc que j'avais une dérogation.

- (air méchant) Mais lui l'autre policier, c'est pas moi, et toi tu as un poids lourd et je vais devoir te mettre une amende.

- (moi pas méchant) Ah ben non tu ne peux pas me mettre d'amende. car je suis de bonne foi. (il a l'air surpris, j'en remets une couche). Il est pas possible de punir quelqu'un d'honnête. Tu es d'accord non ?

- (son visage se détend et il a l'air de réfléchir quelques secondes) Bon mais tu vas quand même passer à la pesée.

- Ok pas de soucis bonne journée (pesée effectuée, 10,8T tutti va bene !) 😂

Très souvent sur les routes des barrages de contrôle police 

Autre anecdote :

- Bonjour, votre permis svp !

- Bonjour... ah ben j'ai pas de permis !

(le policier ouvre de grands yeux interloqués)

- T'as pas de permis ! ? ! ?

- Ben non j'ai pas de permis. Nous venons de France.

- Vous venez de France ? Avec ce camion ? Whouaouu !

- Ben oui nous venons depuis la France avec le camion, nous sommes partis il y a quelques années.

(le policier ouvre de grands yeux) Alors tu imagines si je n'avais pas de permis depuis le temps, faudrait que je sois complètement con ou complètement fou tu crois pas ?

Là le policier se marre, nous demande l'assurance et nous repartons. En fait je n'avais pas le permis à portée de main et ça me faisait ch..* de descendre du camion et d'aller dans la cellule 😂.

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A la douane pour sortir du Kenya direction l'Ouganda (éh oui c'est notre prochain pays 😉) :

Arrivée à la douane, poste frontière, bienvenue au bordelou 😂

Le douanier me prend mon passeport, le scrute, me regarde :

- Venez-vous asseoir à côté de moi dans la guitoune... (je m'exécute, amusé) Vous allez en Ouganda ?

- ben oui (pas très compliqué je suis à la frontière Kenya - Ouganda 😂)

- Vous pouvez pas rentrer en Ouganda.

- Ah bon et pourquoi cela, il me reste 3 jours de Visa Kenyan donc je peux sortir du territoire.

- Ah oui mais tu peux pas aller en Ouganda, Tu as renouvelé ton visa au Kenya et là maintenant tu dois obligatoirement reprendre l'avion et rentrer après en France. Après tu pourras sortir en Ouganda.

- 😳 (celle là elle est bien bonne mais qu'est-ce qu'il me raconte cet énergumène, cela n'a ni queue ni tête) Ok mais je suis rentré au Kenya avec mon véhicule, donc je ressors avec mon véhicule, c'est logique. Tu veux que je mette mon véhicule dans l'avion ?

- Tu fais comme tu veux mais là tu dois rentrer en France, pas en Ouganda. (et il me tend mon passeport)

- Écoute, occupe-toi de la personne suivante et nous allons nous expliquer après...

5 mn plus tard, il a fini et je reprend la parole, sur un ton cette fois assez sec.

- Écoute-moi, j'ai un visa en règle et toi tu es là pour me tamponner mon visa de sortie. Je n'ai pas de problème avec la police donc la police ne me retient pas dans ton pays non plus. Je vais en Ouganda et si l'Ouganda me refuse je reviendrai ici au Kenya. Donc maintenant tu me tamponnes mon passeport. Si tu ne donnes pas mon visa, je prends ton nom et je vais voir ton chef dans le bureau à côté pour lui raconter tout ce que tu m'as dit...

(quelques secondes de silence)

- Va chercher ta femme.

Je cours chercher MaLoute, sans échanger un mot lui présente les 2 passeports. Il les tamponne en 2 secondes et me les rend sans nous adresser la parole.

Il aurait juste aimé que je lui glisse un billet dans les passeports...

On adore les douaniers... 

Côté ougandais pas triste non plus :

- Bonjour, 2 personnes, 2 visas touristes pour 3 mois s'il vous plait.

- Vos passeports s'il vous plait et il me faudra 55 $ par personne soit 110 $.

- Excuse-moi, il me semble que le tarif du visa est de 50 $ et non de 55.

- C'est parce que le tarif du visa a augmenté.

(intérieurement je rigole car je sais que c'est faux) Je réponds en souriant :

- Alors ça vient d'augmenter y'a une heure car j'ai des amis qui ont payé 50 et non 55.

Il rigole et se tourne vers sa collègue en lui disant :

- On va lui faire un discount d'accord ? Bon ok pour 50 (et il rigole)

😂

Dans l'ensemble, en dehors des Masaï proches des zones touristiques, tout les kenyans rencontrés ont été très accueillants. Nous en avons eu un dernier exemple juste avant cette frontière où une famille nous voyant stationner pour la nuit devant chez eux, nous ont invité à partager un moment. Devant leur insistance, nous y sommes même restés 2 nuits afin de pouvoir échanger davantage, et nous avons mangé devinez quoi ? de l'Ugali ! Un pays où les habitants vivent ou survivent au quotidien, faisant preuve d'ingéniosité, sans grand chose et sans confort. Mais le kenyan garde toujours sa bonne humeur et son sourire. Ils sont extrêmement croyant (catholique), la paroisse étant un lieu d'échanges, d'entraides et de chants type Gospel, que nous croisons parfois aussi sur les routes comme l'illustre les photos ci-après.

Ouganda nous voilà !

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

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