Carnet de voyage

Iran

15 étapes
51 commentaires
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Voilà un pays que l'on aura attendu longtemps...
Septembre 2022
6 semaines
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👉CPD pour l'iran : depuis plus d'un an, de nombreux voyageurs se sont fait envoyés sans soucis par DHL. Yerevan est une valeur sure. Attention de manière générale éviter "La Poste", surtout pour une destination Géorgie.

👉Visa pour l'Iran : Agence Tappersia pour la plupart des voyageurs. Très bon retour pour tout le monde. Préférez la récupération de votre visa soit à Erzurum en Turquie (infos pratiques Erzurum par là), soit à Yerevan en Arménie, ou encore Bishkek ou Kirghizistan. Tbilissi en Géorgie peut s'avérer plus difficile, notamment pour des histoires de banque. Délai pour récupérer le visa 1 mois, puis 3 mois pour se présenter au poste frontière. En général, si tu fais un parcours de 45 jours lors de ta demande de visa iranien, tu obtiens 45 jours. Dans le cas contraire tu risques d'obtenir moins. Pour faire prolonger son visa en Iran, préférer les villes de Yazd, Chiraz ou BandarAbbas et ne faire la demande que 3-4 jours avant (voir les postes de police signalés sur l'application mobile iOverlander).

👉Frontière : Quel que soit la frontière, dites-vous qu'il sera difficile d'éviter "un agent", mais vu le bordel et l'absence de toutes indications, c'est peut-être pas si mal. En général 30-40€ (édit 2023) par carnet de passage, soyez ferme sur le prix dès le départ.

A quoi ressemble un agent : à une personne lambda. S'il vous dit qu'il est douanier, méfiez-vous il cherchera à vous rouler sur d'autres détails.

A ton arrivée, il est de suite demandé le carnet de passage (CPD). C'est peut-être là que le douanier va remettre tes carnets à une personne à côté qui est l'agent. Ben oui il "travaille" ensemble. Notre véhicule a été visité mais pas fouillé, juste ouverture des placards. Il nous a été demandé si nous avions de l'alcool mais pas si nous avions un drone.

Il s'en suit ensuite une petite balade dans différents bureaux en compagnie de l'agent. Fais bien attention au remplissage du CPD, ne pas confondre le feuillet d'entrée et de sortie 😉.

Pour rentrer sur le territoire, aucune loi iranienne ne vous impose autre chose. Si l'on vous parle de plaques d'immatriculation, d'obligation d'avoir une assurance ou de monnaie iranienne... ne cédez pas, vous le regretteriez ! (change et assurance, c'est pour plus tard !)

Turquie > Iran : la frontière de Bazargan semble être de loin la plus vérolée. Pour la frontière sud d'Esendere, j'ai si vous le souhaitez le contact whatsapp et la photo de l'agent sympa qui nous a pris en charge. Le tout environ 2h

👉Drônes : oui c'est interdit en Iran, mais à priori interdit de les utiliser. Aucun problème signalé par des voyageurs sur le refus à l'entrée. En général, ils sont démontés et mis dans des endroits peu accessibles. Je ne connais pas de voyageurs qui aient eu une fouille approfondie de leur véhicule.

Maintenant il va vous falloir : un moyen de paiement (monnaie, CB), une carte SIM, une assurance, du carburant

👉 Monnaie et paiement en Iran : soit tu as des poches larges ( 1 million = quelques euros) soit tu as une CB. Ici tu payes par carte bleue même les plus petites sommes, conseillée donc. Ta carte bleue, elle ne marchera pas, ce serait trop facile. La monnaie c'est le RIAL mais on parle en Toman en enlevant un zéro. Le prix affiché en général c'est 2 zéros de moins que le Toman. Pour simplifier on te donne souvent le prix en enlevant un zéro au prix affiché. T'as pas tout saisi, c'est pas grave comme tout le monde tu t'y feras 😂.

👉Changer de l'argent : Pas les banques mais plutôt dans la rue, ou les bijoutiers. Le taux de change en vigueur n'est pas celui que tu vas voir sur des sites de devises, mais uniquement sur le site www.bonbast.com. Vérifier que l'agent changeur applique bien ce taux là avant, sinon tu lui montres sur ton portable. S'il veut pas ou te dis que maintenant ce n'est plus comme ça, tu vas ailleurs. A Tabriz : change possible à l'entrée du bazar vers 38.07952, 46.29346. Pratique : Taxi, du Free camp au bazar, compter 400 000 Rial soit près de 1€. (5 km)

👉Carte bancaire : La plus classique et fiable : MAHCARD (en 2022 la carte DaricPay connaît de nombreux problèmes). A commander en avance sur www.mahcard.com, (coût 19€). Une fois la carte commandée, les échanges se passeront par whatsapp, simple et très réactif. Vous pouvez alimenter votre compte gratuitement avec des espèces ou par virement bancaire (7% de commission). La vie n'étant pas chère sur place, cela est quand même très intéressant. Récupération sur Téhéran ou une adresse de votre choix. Sur Tabriz, vous pouvez la récupérer par exemple au Free park 38.06531, 46.33058. Évitez de la faire arriver avant vous 😉. Vous trouverez bien sur place un iranien pour appeler votre agent MahCard en cas de problème ou pour confirmation.

👉Carte Sim : le plus dur est de trouver une boutique de l'opérateur Irancell, enseigne MTN, c'est eux qui capte le mieux. Sur Tabriz en voici une 38.06733, 46.32435 à 10mn à pied du Free park. Les gigas ne sont pas chers mais attention il faudra sans doute 24h pour que votre carte SIM soit activée sur votre téléphone. Attention, au bout d'un mois, à partir du moment ou vous mettez votre carte SIM à l'intérieur, votre téléphone ne sera plus utilisable en IRAN avec une carte Sim iranienne, le numéro IMEI étant bloqué par les serveurs. Votre téléphone pourra rester actif en wifi pour WhatsApp par exemple. Solution : avoir plusieurs téléphones ou un routeur. Très important aussi, avoir un VPN (si vous savez pas ce que c'est wikipédia est votre ami 😉). A télécharger impérativement avant d'entrée en Iran, après ce sera plus compliqué. Exemple de VPN : en gratuit VPN france, en payant Cyberghost ou NordVpn. En cas de soucis quand vous sympathiserez avec un iranien, ce qui arrivera très très vite, demandez-lui de vous installer un vpn à eux.

👉Assurance : Facile et immédiat, personnel sympa : IRAN ASSURANCE 38.07749, 46.29658. N'oubliez pas d'amener votre CPD 😉 et de venir le matin car ferme l'après-midi.

Le prix par mois est fonction du véhicule : de 10€ pour une petite moto à 45€ pour un 10T. Véhicule ou van, entre 25 et 30€. Prix dégressif si plusieurs mois : pour 3 mois vous payez 2 mois à peu près.

👉Carburant diesel : Seuls les professionnels peuvent avoir une carte. Les pompistes normalement en ont une mais rechignent à l'utiliser. Repère une station avec des pompes jaunes (souvent sur les grands axes). Regarde le prix qui est affiché à la pompe. C'est sans doute un routier qui utilisera sa carte pour toi et tu payes au pompiste. Fait attention au prix au litre sur la pompe juste avant que l'on te serve 😉.

La qualité n'est pas bonne... Si tu n'utilises pas d'Ad Blue, tu passeras l'Iran easy. Vaut mieux arriver avec des filtres neufs et éventuellement ne pas faire trainer le changement. Un décanteur ? si c'est juste pour l'Iran, bof... un jour quand tu te poseras, une bonne vidange du réservoir à essence s'imposera. L'eau stagne au fond. Si tu es AdBlue addict, tu es truffé de capteurs... Le problème est le taux de souffre du carburant… et du coup en plus cela entraîne une hyper surconsommation d’adblue. Les sondes électroniques pètent les plombs car elles ne sont pas prévues pour. En dessous de 32 Nox par exemple, ton programme électronique va te dire défaut moteur et là… D’où l’obligatoire nécessité d’intervenir sur la déprogrammation de certains capteurs. Filtres, Décanteurs agissent oui mais sur d’autres problèmes (humidité contenu éventuellement dans l'essence).

👉Internet et Réseau sociaux : un VPN est obligatoire pour consulter de nombreux sites. il faut parfois toucher aux paramètres de ce dernier pour que ça marche. Un Iranien dans la rue saura vous en installer un si besoin.

Un groupe whatsapp de discussion entre voyageurs existe sur le pays, demandez-moi le lien 😉

Des infos à glaner également sur facebook Overland Middle East.

👉Bus : ne pas hésiter à prendre les bus VIP longues distances. Plus spacieux et pas chers du tout ! Réserver en ligne est compliqué (besoin de numéro d’identité iranienne) mais horaires sur : www.payaneha.com (à condition de lire le farsi)👉Taxi : Snapp application taxi déplacements, prix fixe

👉Sortie de l'Iran vers la Turquie : La "Taxe Benzine" n'est que dans le sens IRAN - TURQUIE. Cela ne concerne pas vers Irak, Arménie, Pakistan, Afghanistan et ni le bachibouzouk ni le schmililiblick... bon peut être un peu quand même le bakchihbouzouk 😂

👉Sortie de l'Iran vers Dubaï : pas de ferry. Un bateau peut prendre votre véhicule et vous un autre bateau pour la traversée (environ 120€) ou l'avion (voir DubaiFly sans doute). Info été 23 : Attention animaux non acceptés. Par bateau mieux vaut choisir de partir depuis Bandar Lengeh plus simple en terme de formalités. Wahid +989350778255 vous aidera pour votre shipping. Entre le temps de faire les papiers, le temps que le bateau parte, le temps que les bureaux soient ouverts pour récupérer le véhicule, comptez un minimum de 10 jours.

A savoir avant tout :

👉 Pour rentrer dans certains pays, tu dois avoir un CPD (Carnet de passage). Sorte de carnet à tamponner en entrée et en sortie du territoire, qui t'as été fourni par l'automobile club de ton pays d'origine. Pas gratuitement bien sûr : 200€ par véhicule + une caution qui peut varier suivant la valeur de ton véhicule et du pays. Dans notre cas, c'est 3 véhicules, caution = 14000€... et Vlan ! (un truc que tu es sensé récupérer plus tard quand même). Évidemment le CPD n'est valable qu'un an. Donc si tu voyages pas mal, ben au bout d'un an, faut envoyer les CPD, payer les 200€ par véhicule... et Vlan ! Que du bonheur.

Des personnes et des bureaux un peu partout, aucune indication, une langue illisible et des personnes qui ne parlent pas vraiment anglais... alors faut trouver le monsieur qui va bien si tu veux pas t'arracher les cheveux. Et cela s'appelle "un agent". Bon en général c'est lui qui te trouve, il espère de la fraîche. Normalement c'est une personne lambda sympa, mais certains sont bien véreux, se faisant passer au début pour un douanier, et ceux-là essaieront probablement de te vendre des obligations iraniennes superflues (plaques d'immatriculations, change d'argent, assurance...)

Donc, en arrivant de l'Europe, tu sais que c'est ta première frontière "pas comme les autres". A la vue des grilles ou guitounes, t'es déjà stressé. Sur qui vais-je tomber ? Va-t-on essayer de me roubler en me racontant des sornettes débiles pour me faire racker quelques euros ?

Passage d'une grille et tu es guidé pour te présenter à un petit groupe de personnes, moitié douaniers sans doute, moitié militaires armés. "Carnet de passage ? (CPD)" Tu donnes le cézame que tu vois aussitôt partir dans d'autres mains pour atterrir vers un monsieur, sans doute l'agent. Ben oui, les douaniers et les agents travaillent la main dans la main ou plutôt portefeuille dans portefeuille 😉. L'agent semble avoir une bonne bouille. Il est déjà avec Maloute qui me fait comprendre d'un signe que c'est ok. J'en déduis qu'il doit s'agir de l'agent sympa que nos amis allemands ont eu quelques heures plus tôt, ca devrait bien se passer. Fouille rapide du véhicule, ouverture de placard, de quelques bocaux, "alcool ?" "nan on a tout bu on est déjà bourré..."

Allez balade dans les bureaux maintenant... Tu suis ton agent qui doit voir pas moins de 6 personnes pour des remplissages divers ou des coups de tampons. Quelques billets sont glissés de-ci de-là 😳 et cela avance dans une sorte de cacophonie pseudo organisée où chacun essaye de passer devant l'autre. "Euh le tampon là... il est pas à la bonne place. Là c'est la sortie du territoire, pas l'entrée" 😳 Trop difficile comme travail... "Allez recommence stp".

2h pour tout régler, pas si mal quand même. Il a fallut quand même négocier ferme à la fin le prix de l'agent car c'est pas parce que tu as 3 CPD que tu dois payer 3 fois le prix alors que tu fais qu'un seul parcours du combattant 🤪.

Nous commençons à rouler, il fait maintenant nuit, nous devons essayer de rejoindre Peter et Doris au bord d'un lac, sans réseau téléphonique, mais c'est pas grave, cette fois nous y sommes, depuis le temps...

A la lumière du jour le lendemain, nous repérons nos amis à moins d'un km de nous. Profitons d'un bon petit déj et d'une baloudounette sur cet immense lac salé où nous nous trouvons. Premier dégonflage de pneu pour sortir d'un terrain difficile, tractage du camion de nos amis, et d'une voiture d'iranienne sympathique demandant du secours pour les sortir de leur ensablement. Un peu plus loin sur ce lac une zone avec de l'eau. A un peu plus de 30°, tu ne te prives pas... Et là surprise, pour la première fois de ma vie, je peux faire la planche ! L'eau est tellement salée que tu flottes comme du polystyrène, impossible même de s'assoir dans 50cm d'eau. Sensation délirante !

couleurs délirantes
50cm impossible de poser ses fesses
Lac salé d'Urumieh

C'est pas tout mais faut aller vers la grande ville. Tabriz où il va nous falloir récupérer la carte bleue iranienne (ben oui embargo oblige les banques étrangères ne marchent pas ici), acheter une carte SIM, contracter une assurance pour les véhicules. Quel programme alléchant dans un pays inconnu.

Mais avant le carburant ! Ah il pas cher oui, mais il se mérite ! Seuls les professionnels peuvent avoir une carte qui donne du diesel (les voitures sont toutes à l'essence). Les pompistes normalement en ont une mais rechignent à l'utiliser. "Dis-moi gentil routier tu peux nous prêter ta ca-carte ?" Pas si simple non plus car eux-mêmes sont limités ou ont droit à une certaine quantité à un prix, et s'il dépasse cette quantité ils payent plus cher. Le prix au litre a considérablement augmenté ces derniers mois mais reste à un prix dérisoire pour nous (environ 0,12€ le litre), yahouuuuu 🤪

Pour cette première nous avons de la chance. Le prix n'est pas majoré et nous n'attendons que 5 mn. Nous n'avons pas encore de carte bleue mais grâce a des français rencontrés en Turquie nous sommes en possession d'une énorme liasse de billets. Eh oui ici, soit tu as des poches larges (1 million = quelques euros) soit tu as une CB. Heureusement tout se paye par carte bleue même les plus petites sommes. La monnaie c'est le RIAL mais ici on parle en Toman en enlevant un zéro. Le prix affiché, en général, c'est 2 zéro de moins que le Toman. Tu suis ? Attends c'est pas fini ! Pour simplifier on te donne souvent le prix oralement en enlevant un zéro au prix affiché. T'as pas tout saisi ? C'est pas grave nous non plus 😂.

Tabriz, la ville, où plutôt, la jungle routière. Mais pourquoi y a-t-il 4 files sur ce boulevard à deux voies ? Oh un petit trou, vite je m'y glisse. Rétroviseurs et pare-chocs se frôlent sans aucun clignotant ou klaxon. Signalisations, panneaux, feux, tout cela est anecdotique et de toute façon tout le monde s'en fout. Avec les gros angles morts de Cargol, vaut mieux filer droit ! La reine des voitures ici c'est la 405 (professionnelle taxi ou privée) mais sans égratignures, ça doit être dur à trouver. Avis aux nostalgiques, la R5 a de la gueule ici !

la reine c'est la 405 mais nous on aime bien ces R5 customisées 

Fin d'après-midi, nous trouvons du wifi pour s'assurer que notre CB commandée plus tôt est bien arrivée. Nous la faisons livrer dans une guesthouse ou nous avons réservé une nuit. "Allo, ah ben non, l'enveloppe a été refusée par la guesthouse, nous pourrons convenir d'une autre remise demain matin." Merdouille... du coup guesthouse annulée, à suivre. Dormons, prenons des forces pour la journée de demain !

Carte Sim... Google map nous indique un point Irancell... "Ah non moi je n'ai rien ici, il faut aller par là-bas au coin de la rue". Au dit coin, rien... Un hôtel chic dans les parages, il doit bien y avoir quelqu'un qui parle anglais... Gentil, le monsieur nous accompagne, et nous revenons au dit coin. La boutique est bien là, encore fallait-il la deviner avec son petit sticker carte sim sur la porte... Ça promet 😂. Après moultes interrogations, nous en ressortons avec la fameuse carte qui sera activée dans 24h. C'est déjà pas mal et ça progresse ! 🤪

Allez hop un petit taxi pour 1,5€ pour aller voir l'assurance des véhicules. Grand bâtiment, facile à trouver, cool !

Personnel très sympa, nous n'avons qu'à donner nos CPD et attendre. Oh attends un peu, tu parles un peu anglais toi... "Peux-tu m'appeler ce numéro stp, pour avoir des nouvelles de notre CB, j'en ai juste besoin pour te payer à la fin d'ailleurs". 😂 Dring, dring... blabla... "La carte va vous être livrée ici, à l'assurance." Génial, comme quoi ils sont bons ces iraniens. Ils nous offrent thé et petits gâteaux pour patienter mais il va être 13h. Et à 13h, ben ils ferment pour ne réouvrir que demain matin. Soit, attendons notre CB sur le trottoir et revenons demain pour payer. Pas trop le choix. Patience de trottoir... "Nous vous avons vu de la fenêtre de notre bureau, vous voulez venir boire un verre ?" nous demande 2 messieurs inconnus. La situation une fois expliquée, nous promettons de venir dès la livraison effectuée.

"Tut Tut tut" fait un taxi à 50m en faisant signe à Maloute. Il lui tend une enveloppe et file aussitôt. Yes notre CB ! Serait-ce le GPS de la vieille 405 Taxi qui fait office d'accusé de réception ? Excellent ! 👍

Plus qu'à revenir demain pour payer l'assurance et le petit parcours folklorique sera fini. A deux pas se situe le plus grand bazar couvert du monde, classé à l'Unesco. Ça tombe bien, ca va nous faire décompresser et essayons la CB au restau. Pas beaucoup de choix dans ce mini restau mais c'est bon. Pour payer je montre ma carte et la personne me la prend en me demandant mon code 😳. Moment d'hésitation. Jouons l'air de ne pas être trop étonné, mais suivons le quand même. Nous apprendrons par la suite que oui c'est normal, ça se passe ainsi en Iran. C'est cool.

Balade dans le bazar et autour, nous repérons déjà quelques drôleries... Trouver la zone des dessous féminins est un bon objectif de promenade à l'intérieur !

devant une boucherie
Bazar Unesco de Tabriz et originalités 

Maintenant filons des grandes villes et commençons à descendre vers le sud...

Maintenant que nous avons résolu le côté pratique ou obligatoire du quotidien, comment aborder ce beau et grand pays si particulier, si chargé d'histoire et de culture. 45 jours de visa avec une extension possible dans les derniers jours. Nous avons décider d'y rentrer fin août dans l'éventualité de profiter des pays de la péninsule arabique en Hiver et éviter ainsi l'intenable. Tu vas me dire "oui mais l'Iran aussi c'est chaud". On parle météo là 😉 . Ben oui mais pas forcément partout.

Oui le désert du Lut (est/sud-est) enregistre les records mondiaux. Sans doute irons-nous y faire un tour mais pas tout de suite. Oui certaines régions vivent avec 40° pendant tout l'été, mais... heureusement pour nous, d'autres régions sont plus clémentes. Au choix, le pourtour de la mer Caspienne (au nord) mais trop "civilisée" pour nous ou alors, toute la chaîne du Zigros qui s'étend sur 1600km du nord-est au sud-ouest avec des hauts plateaux pour la plupart à 1500m. Tu l'auras compris, c'est celle-ci que nous visons. Du coup tant pis pour le nord et Téhéran la magnifique mais faut bien faire des choix, le but n'est pas de "tout faire - tout voir - tout prendre en photo". Cette chaîne nous permet de descendre dans le sud puis éventuellement nous remonterons un peu l'Iran dans sa partie centre et ouest où une multitude de belles choses nous y attendrons (Yazd, Ispahan...).

Pour atteindre cette chaîne, le chemin le plus court n'est pas forcément le plus intéressant donc vadrouillons sur 600km... Et ça commence très fort par une région de montagne arc-en-ciel. Cela fait un peu remake de la Turquie mais en bien plus vaste et plus varié ! On va pas se plaindre de cette accumulation de sédiments depuis des millions d'années : des aspects multicolores, totalement naturels, dus aux mélanges d'oxyde de fer rouge, de la couleur verte du sulfate de cuivre, blanche du sel, du soufre jaune, et des couleurs secondaires d’orange et de brun. Une toile d'un grand maître en 3D à 360°, même que tu peux marcher dedans ! 🤪 15 millions d'années sont sous nos yeux... un chef-d'œuvre de nature, tectonique des plaques, quand tu nous fais pas trembler, on t'adore !

Charoimagh, Immense parc  protégé

Traversée ensuite de hauts plateaux ruraux donnant lieu à de beaux bivouacs ou à quelques beaux sites troglodytes.

Village de Kandovan
Behestan Castle
Behestan Castle
Karaftu cave
Karaftu cave
Sites troglodytes et bivouacs perdus

Les montagnes ne s'étant pas formés sans activités volcaniques, un cratère original nous fait de l'oeil. Archétype parfait des livres scolaires, ce dôme visible de loin porte en son sommet un trou béant, une cheminée de 60m de profondeur sur autant de diamètre. Paraît qu'ils y jetaient les prisonniers avant, grrrr. 😳 Des sources chaudes naturelles à proximité ? Vite un bain chaud, plaisir intense. Originalité du lieu, c'est un complexe abandonné, le covid serait-il passé par là ?

Dome - cheminée cratère de Küh- Zendān-e Soleymān, Complexe thermal abandonné

Chaque arrêt touristique ou un peu prolongé donnent obligatoirement droit à un contact avec la population qui vient nous voir. Nous n'évitons pas les invitations à faire des selfies, mais notre choix délibéré de voyager dans un premier temps à 2 véhicules tout en recherchant des endroits isolés, nous permet aussi d'apprécier des moments de calme et de nature. Nous aurons le temps de découvrir l'hospitalité, l'accueil et de s'immerger dans le quotidien iranien. Ça va arriver, et peut-être plus vite que prévu.

Selfie please...
Bivouacs isolés sur les plateaux 

Sanandaj, une grande ville capitale de la région du Kurdistan. Envie de s'imprégner un peu du pays, nous trouvons en solo un bivouac tranquille dans un parc sur une colline. Tranquille mais pas longtemps. "Voulez-vous asseoir avec nous ou peut-être préférez-vous que nous venions..." C'est parti... Une petite famille deux enfants, le frère la belle soeur, la mère. La jeune fille de 13 ans parle un anglais très correct ce qui permet de bien échanger. Courtois, attentionnés, curieux, envie de faire plaisir, de faire découvrir, de partager... le profil type de l'accueil à l'iranienne. La fin de l'après-midi arrive "Venez chez nous, partons visiter et manger en ville" "Ok mais nous dormirons dans le camion" (les vieux on leur change les habitudes comme ça 😜)

La famille de Sanandaj, début de la rencontre 

Et c'est parti, les tapis de sol sont pliés et rangés dans la voiture. Découverte nocturne à pied du centre ville animé, découverte des produits locaux. Nous prenons ensuite de la hauteur pour ressortir les tapis et s'installer sur un trottoir face aux lumières de la ville. Barbecue allumé, c'est parti pour du thé et une bonne tambouille ! Inutile de dire que nous ne sommes pas les seuls. C'est le week-end, tout le monde est dehors avec ses tapis, barbecue... L'ambiance familiale se ressent partout dans la ville. Cette famille est adorable et rendez-vous à 10h demain matin pour le petit déj suivi d'une balade au bazar...

Balade et repas sur les hauteurs de Sanandaj 

9h55 toc-toc au camion, "le petit-déjeuner vous attends" "On arrive on arrive..." Tout le monde s'est couché tard, ils sont en vacances, ils ont l'habitude de se lever tard mais là, tout est déjà prêt et tout le monde est sur son 31 ! 😍 "Vous resterez bien pour manger après le bazar, je vous prépare un plat typique ?" nous lance la maîtresse de maison avec les yeux qui pétillent. Comment résister... De grands sourires s'en suivent suite à notre "nous voulons pas vous déranger davantage..."

Déambuler en compagnie de locaux dans les ruelles d'un bazar avec des centaines de petites boutiques est un vrai bonheur. LaLoute en profite pour faire les échoppes et trouver les habits adaptés (chemises manches longues, foulards), nous goûtons voire achetons quelques produits (pétales de rose, citrons séchés, épices...)... vie paisible.

Balade matinal veers le bazar 

Retour à la maison, typique sans doute d'une famille aisée (la déco a un certain cachet qui ne peut laisser indifférent 😉), excellent repas mitonné (haricots, agneau, oignons, épices, citron séché), un p'tit tour chez le frère pour goûter la glace à la carotte, il est 18h passé, 24h en famille iranienne, grand souvenir, il est temps de repartir vers nos montagnes...

repas iranien dans la maison iranienne !

Cela fait un petit moment que nous roulons un peu tous les jours, nous avons bien envie de nous poser un chouia. Rivière avec arbres, solitude, du réseau... où te caches-tu ? Une quadrature très difficile à obtenir dans ce pays. Yahouuuu ! Nous la trouvons, dénichée, nous y restons 3 jours 2 nuits ! Bullage, lessive... Nous n'y verrons durant tout ce temps qu'une personne venue une bonne heure avec sa voiture, se faire un thé, nous offrir des amandes fraîches. Je lui arrangerai un peu sa carrosserie avec du scotch américain 😉

 Le bivouac parfait en Iran, pas facile à trouver 

Nous rejoignons la chaîne du Zigros et nous rapprochons de la vallée encaissée d'Uruman, classée par l'Unesco. Une voiture de police nous arrête sur le bord de la route, visiblement plus par curiosité (voir l'intérieur) qu'autre chose. Ils sont très amicaux. "Nous devons passer par cette vallée, cela pose-t-il un problème ?" Aucun soucis. Nous voilà rassuré, Go go !

L'irak est à moins de 5km à vol d'oiseau, nous sommes chez les kurdes de chez kurdes, montagnes abruptes aux reliefs torturés, région très marquée par la guerre Iran-Irak dans les années 80 et toujours sous tensions plus ou moins importantes suivant les mois. Le temps semble s'être arrêté dans cette longue vallée encaissée. Elle est composée de 12 villages-hameaux de montagnes, parfois difficile à discerner tant ils peuvent être parfaitement intégré au paysage. Nous arrivons à en repérer quelques-uns en suivant de l'oeil ce qui doit être une piste (cf 2ème vvVVlphoto). Des cultures en escalier sont visibles. Tout y est extrêmement traditionnel, même au niveau des habits. Nous aurions aimé prendre plus de photos mais restons très discrets.

Un village caché
Vallée d'Uruman, kurdes très très traditionnels

Redescendus sur le plateau, nous reprenons un bain de social dans le parc d'une ville, Kermanshah. C'est vendredi et ça ne rate pas. Les iraniens sont de sortie, alèse de sol, tapis, théière, barbecue, narghuilé, la famille au complet. Il y en a partout. Sortons nos chaises, à côté de Cargol...

Quelques minutes suffisent pour qu'un papa nous amène un plateau avec 2 tasses de thé. Merci papa ! Nous dénotons un peu sur nos chaises. Alors, pour faire moins touristes débiles nous étalons sur la prairie du parc notre alèse tissée toute neuve. Et hop, voilà papa qui revient avec cette fois des fruits, raisins et melons. Merci papa ! Des barbecues crépitent aux alentours... "Tu vas voir, la prochaine étape sera le plat principal !" Gagné, mais s'est une autre famille qui nous amène Koftés (boulettes de boeuf aux épices) avec du riz. Merci le 2ème papa ! Pas juste pour goûter, que non ! Un plat pour 2 ! Quand on vous dit "amener", en fait c'est plutôt déposer avec un grand sourire et bon appétit. A peine fini, c'est cette fois le 1er papa qui revient ! "Non fallait pas !" un plat énorme avec brochettes et tout et tout, et même une canette inattendue, pourtant prohibée ici, qui l'eût cru ? Nous finirons par déménager et les rejoindre pour finir la soirée en leur compagnie, mais refuserons l'invitation de dormir chez eux.

Et le stand qui louait les narghuilés qui a refusé que l'on paye... L'accueil à l'iranienne n'en finit plus...

1er plat
2ème plat
 Vendredi soir iranien et offrandes

Avant de repartir vers les montagnes et pour continuer à s'imprégner de la culture ou de la vie quotidienne nous faisons un tour au bazar et voir un mausolée. Boutiques de tapis ou de tableaux décoratifs (on reste dans la lignée dite kitch), boutiques de chaussures et d'habits traditionnels tels que nous les croisons parfois, art de la mosaïque de verre ou de céramique, pays surprenant... Le côté culturel de cette ville n'a guère d'intérêt, musée délabré, palais résidence dont on peut voir beaucoup plus grand et mieux entretenu ailleurs.

Équilibre précaire
 Kermanshah, bazar et palais résidence 

Après le petit bain de foule au parc de Kermanshah, nous avions besoin de retrouver notre grand jardin naturel et sans clôture... Nous retrouvons Peter et Doris, toujours direction sud en suivant de l'intérieur la chaîne de montagne du Zigros. Nous oscillons entre 1500 et 3000m. Cette chaîne est assez incroyable, pour vous donner une idée de grandeur c'est grosso modo du Danemark à Perpignan sur une largeur de plus de 200 km, ben oui rien que ça... na ! Une course cycliste là-dedans et tu n'as plus personne à l'arrivée 🤪.

Les températures sont agréables, aux alentours de 30°, avec des nuits fraîches, nous avons fait le bon choix ! Montagnes... ça vous évoque quoi ? Relief, rivières cascades lacs, animaux pâturages, forêts, neige et ski...

Bon alors la belle forêt, la neige et le ski, c'est le nord de l'Iran, sans problème. Dans cette chaîne, c'est plutôt influence péninsule arabique... sécos, cailloux buissons ! Mais question relief c'est bien torturé. Lacs et rivières, sans doute mais alors au printemps. Mois de septembre avec en plus la sécheresse, l'eau est présente... mais en-dessous. Les rivières sont à sec pour la plupart.

Ça n'empêche pas de se balader dans un canyon (pas sec celui-là) ou encore de trouver dans un autre coin une méga cascade. Faut pas se leurrer, si tu vois un cours d'eau sur 100 km, faut aller trempouiller les orteils dedans car après tu sais pas où est le prochain !

Shirez Canyon 

C'est encore les vacances et les iraniens adorent le piknik et le camping. Au pied de cette belle cascade, le résultat est... comment dire... folklorique ! Le moindre petit plat de terrain est exploité, tente théière, tapis, bbq, narghilé, la famille au complet. Tu as un peu de mal à te frayer un chemin. Y'a même une vache (cf 3ème photo) qui traînait ses sabots par là, qui sait d'où elle venait. Instagram est sympa, il fait faire des choses rigolotes comme par exemple la 4ème photo avec leur narguilé en équilibre sur un caillou au milieu de la rivière.

Vacances à l'iranienne à la cascade de Bisheh 

Le "camping étant complet", nous nous expatrions un peu en amont de cette rivière. La gravière est grande, de la place et étonnamment nous sommes seuls. Pas pour longtemps. Une famille arrive et s'installe à 1m devant table et chaise de Peter et Doris. Ils sont drôles ces iraniens, comme s'ils ne pouvaient pas se mettre ailleurs ! Les femmes se baignent habillés, paraît que c'est plus sexy, et les enfants voire pré-ados dans les 50 cm d'eaux calmes se mettent des bouées fabriquées avec des bouteilles plastiques accrochées par une ficelle. Excellent ! (cf 2ème photo) Un peu bruyant mais gentil, ils ne resteront pas longtemps.

Petit à petit nous montons en traversant parfois des hauts plateaux. Les maisons se raréfient, les nuances de bruns se kaléidoscope avec les jaunes, les arbres se transforment se lilliputent, se transformant petit à petit en buisson.

Là haut, seules des familles de bergers vivant en tente nomade occupent les lieux 6 mois de l'année maximum. Certains entament déjà leur transhumance, spectacle toujours sympathique, nouvelle occasion d'avoir des grands saluts, sourires ou blabla. Bon là au moins nous ne sommes pas inviter à les suivre 😂

Cette race de mouton a vraiment une bonne bouille ! 

Ainsi petit à petit tu te retrouves perdus dans les montagnes, arpentant des pistes plutôt bonnes sur des dizaines de km, dans des montagnes tranquilles. Cargol serein, avale à son rythme les petits cailloux des pistes et ne crache pas trop noir quand il flirte les 3000m

A quasi 3000m, un ravitaillement possible d'énergies diverses
Déambulation d'altitude 

Séparé pour une nuit de Peter et Doris, les rencontres sont plus faciles... Ça a pas raté ! On s'envoie des signes de bonjour à distance avec une jeune fille, elle passe nous voir à notre bivouac. Invitation à manger que nous déclinons (nos aubergines sont déjà sur le barbecue - Val si tu lis ces lignes 😉), mais nous promettons de venir après manger. Leurs tentes de nomade sont installées pas loin. Confortablement assis sur leurs tapis dans la tente autour d'un thé, à la lumière d'une ampoule directement branchée sur une batterie associée à un petit convertisseur, nous mimons des mots ou situations et faisons fumer le clavier de Google Translate, Leur tribu est au complet, une 15aine de personne, venue voir les étrangers qui viennent se perdre ici. Au petit matin nous passerons leur dire au revoir, déclinant le petit déjeuner qui aurait duré des heures, encore de l'émotion avec cette famille...

Famille de bergers nomades à 2500m 

Les bivouacs dans ces contrées sont toujours aussi sympas !

au nord de Kuhdasht
en amont de la cascade de Bishet
Dans un vallon perdu à 2500m, des oliviers multi-centenaires
Bivouac quand tu nous tiens ! 

Dans un hameau de chez hameau, nous croisons une voiture de police... Mais que fait-elle ici, sans dec ! J'en profite et leur fais signe de s'arrêter. J'aime bien ça l'idée d'arrêter des flics ! 😂 Faut valider que la suite du parcours est possible... Hein cette piste est fermée et celle là aussi à cause d'éboulements ! 😳 Faut faire un si grand détour pour aller par là ? 😳😳 Bon pas le choix, Merci les poulets d'avoir traîner vos guêtres par ici sinon nous étions mal barrés. Soit ! Du coup nous allons changer notre programme et nous rapprocher d'Isfahan vu que le détour nous y conduit presque.

Petite piste tranquille 

Dans la plaine, une voiture traîne un peu derrière nous, nous double puis s'arrête un peu plus loin et nous fait signe de nous arrêter. Ils nous offrent maïs et confiserie. Nous allons prendre un verre avec eux dans une guesthouse toute proche. Ils habitent Isfahan, cela tombe bien nous y allons, rdv pris pour le lendemain, ça promet 🤪. Bivouac juste avant Isfahan, le ciel est délirant, montagne en feu ? Non, juste un coucher de soleil !

Nos futurs hôtes sur Isfahan et un coucher de soleil bien délirant 

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

Pays précédent : Turquie, Etape suivante en cours de rédaction : Isfahan, une famille en or, mais nous écourtons le séjour prévu dans cette ville

L'objectif premier sur Isfahan est de trouver un garage pour faire nos révisions sur Cargol, ainsi qu'un bon carrossier pour améliorer certains points de rouille sur sa cabine. Il est pas tout jeune le type ! Le premier jour, les contacts semblent bons et nous rejoignons notre famille d'accueil. Jeune couple tout récemment marié, plutôt aisé. Nous retrouvons le même style de décoration "à l'ancienne", avec en plus une décoration de plafond faite main (1 mois de travail rien que ça), traditionnelle de l'art local : un relief en plâtre peint étonnant et très joli en fait. L'accueil est raffiné, petits et grands plats sont de sorties, spécialités locales au rdv. La famille proche défile, c'est facile elle occupe tout le petit immeuble, chacun à son étage, easy.

Le riz c'est la base !
Le jeune couple Saeed et Mohédé et les neveux
Le salon siouplait
Contour plafond
détail centre plafond
Vise la déco ! 

Le lendemain, pour moi c'est garage. Ce qui avait été fait en matière de carrosserie au Maroc n'était que foutaise, nous le savions un peu... 😳 Peinture qui cloque, rouille dessous. Le type attaque un ponçage mais jamais suffisant à mes yeux. Je dois le reprendre à plusieurs reprises. Il a l'air pressé dans son travail et de plus sans doute énervé que je lui montre et prouve que son travail n'est pas suffisant. Je le laisse un peu tranquille mais à un moment STOP ! "Tu vas faire quoi là avec ton mastic ? Le mettre maintenant par dessus ce métal ?" "Ben oui me répond-il" "Ok range moi ton mastic, on arrête les conneries, stop boulot fini !" Mettre du mastic sur des parties métalliques présentant toujours des zones non retravaillées avec de la rouille... non-sens. Maroc -1, Iran -1 et nous 0 du coup.

 Des nez de cochon en iran, ben oui

La partie mécanique étant faite ailleurs, nous verrons demain. Pendant ce temps Muriel a fait les courses pour faire à nos hôtes un repas à la française. Monter une mayonnaise pour des oeufs mimosas, poulet basquaise, mousse au chocolat et cookies. Malgré l'absence d'échalotes les oeufs surprennent mais passent. Le poulet basquaise... nous avons juste oublié quelque chose : les iraniens n'ont pas de couteaux et les cuisses entrecuisses avec les os font du coup désordre. Les doigts... ? non impensable. Ils nous sortent des petits couteaux à dessert avec une lame de quelques cm... grand moment de rigolade. Mousse au chocolat que Maloute ne rate jamais... ben là oui, c'est plutôt une crème, malgré l'achat du chocolat en boutique à pâtisserie, le chocolat n'est pas le même et ça ne marche pas. Pas grave le goût est là, les cookies sont très bons. Le sucre, les iraniens ils adorent. Fatigués nous prévoyons de visiter Isfahan demain.

Un repas à la française
repas français et soirée tranquille 

Côté mécanique, le lendemain est encore un échec. La personne qui devait coordonner l'ensemble des révisions et bricoles à faire, m'annonce que personne n'est dispo ou alors qu'ils ne veulent pas travailler sur ce camion inconnu... 😳 Y'a du n'importe nawak dans l'air, associé à du foutage de gueule. Pas grave nous ferons tout ailleurs, ce ne sera pas un problème. Nous sommes désormais libres pour visiter et profiter d'Isfahan.

Oui mais... non. Nos hôtes nous disent que les troubles qui débutent en Iran sont à éviter et qu'il vaut mieux s'éloigner de la ville pour un temps. D'un autre côté, faire une visite d'Isfahan aux premières heures du jour sans personne, c'est passer complètement à côté du centre ville historique grouillant et de son ambiance nocturne. Nous devrions avoir la possibilité d'y revenir...

Pas de photos donc d'Isfahan, juste ce lien vers des photos du net pour ceux qui ne savent pas : Clique ici

Quand cela fait quelques années que tu attends ces instants et qu'ils s'envolent à la dernière minute, le coeur est bien lourd et la route en sortant d'Isfahan est très amère. S'adapter... Changement de plan à nouveau, direction sud toujours, pas vers l'est il fait encore trop chaud mais vers les montagnes, vers Persépolis l'antique et Chiraz la belle, en espérant que les troubles s'y estompent...

Village oublié d'Izedkhast

Oublier Isfahan, rouler, rouler vers le sud. Le 1er bivouac au pied de ce village tombé dans l'oubli, est à l'image de cet échec. Pour la 2ème nuit, un vallon rocailleux avec quelques arbres nous fait de loin de l'oeil. C'est que l'arbre est une denrée rare par ici. Même s'ils ne font pas beaucoup d'ombre à Cargol, ils apportent au moins du contraste dans ce paysage.

La piste mène effectivement à quelques arbres. Un couple âgé occupe déjà les lieux et ramasse des baies. "Coucou c'est nous !" Les présentations effectuées, ils nous offrent des baies du petit arbre. Cela ressemble à du genièvre, mais ce serait meilleur si c'était vraiment du genièvre 😂. 15h30, Tea time ! Grand-père sort son réchaud et pour que cela aille plus vite je préchauffe l'eau à la bouilloire de Cargol et nous apportons les petits gâteaux qui vont bien ! 🤪 Ils veulent que nous venions chez eux, ils insistent, ils insistent... Nous avons trop envie de rester là, au calme dans la nature. Du coup, en partant ils nous font comprendre qu'ils vont revenir... dans 2 heures soit la tombée de la nuit vers 18h... On craint le pire, la soirée ne sera peut-être pas si calme.

18h pétante les voilà... Ah t'as pas voulu venir chez moi et bien vlan, c'est moi qui vient chez toi ! Grande alèse pour le sol, bois pour le feu, récipient avec salades, viande, légumes, fruits, boissons type coca mais aussi fabrication maison de fruits fermentés, que tu sens bien quand ça passe dans ton goulot 😜 . Tout y est, ils ont pensé à tout.

Tu viens pas chez moi, je viens chez toi ! 

Même à prévenir le reste de la famille, qui petit à petit débarque dans la nuit. C'est une famille de routier de père en fils, des bons vivants. Encore une fois ce fut dur de refuser les multiples invitations à venir dormir chez eux, mais rdv est pris demain à 10h sur la place du village, pour se revoir une dernière fois. Camion et voitures repartent dans la nuit par la piste nous laissant tranquille au clair de lune sous notre arbre 😉.

La brebis ! On va tuer la brebis, faut que tu filmes ! Bon réveil, sympa la matinée... Maloute est conviée à la cérémonie mais arrive à esquiver et rester à l'écart. Devant tant de sympathies et d'attentions à nos égards, nous y passons la journée, dégustant la brebis de la tripe à la tète, les repas de midi et du soir.

Une journée de partage 

Nous laissons une fois de plus une belle famille derrière nous et atteignons juste avant Chiraz Persépolis, la cité antique, capitale de l'énorme empire Perse ou les sous-rois venaient apporter diligence à leur souverain. Un petit rappel de culture pour se rappeler d'où l'on vient, ça fait jamais de mal. Il ne reste certes pas grand chose mais la présence d'un guide permet d'en faire revivre certaines parties. Cela rappelle quelque peu les temples égyptiens, notamment au niveau de hauts-reliefs représentatifs scéniques de l'époque.

Persépolis l'antique 

Chiraz, une des villes symbole de l'Iran. Installés confortablement dans une guesthouse et Cargol à l'abri dans un parking sécurisé, nous pouvons profiter. Pas de manifestations ces derniers jours, seule une contre-manifestation est prévue demain, donc calme assuré à priori, youpi ! Ce sont les derniers jours d'une fête religieuse annuelle, les échoppes sont fermées mais nous déambulons dans la vieille ville. Deux mausolées eux restent ouverts (pèlerinage lié à la fête oblige) pour nous en mettre plein les yeux. L'art islamique y bat son plein. Il est de tradition pour cette fête d'offrir à manger. Certains restaurant ou hôtels donnent à manger ou à boire directement dans la rue. Un ancien colonel militaire, qui dévoue une partie de son temps à la visite du mausolée, nous convie à sa table à l'intérieur de celui-ci et refaire ainsi une visite by-night pour notre plus grand bonheur 🤪.

mausolée Shah Cheragh
MausoléeShah Cheragh inside
Mausolée Ali Ibn Hamza by night
Mausolée Ali Ibn Hamza
Mausolées et déambulations

Le lendemain, jour normal, nous en profitons cette fois avec toutes les échoppes ouvertes. Encore un petit bain d'art islamique, avec la fameuse Mosquée Nasir-ol-Molk et ses vitraux (mais trop de touristes...), et le mausolée Shah Cheragh encore plus beau de nuit que de jour.

Mosquée Nasir-ol-Molk  est mausolée  Shah Cheragh

L'ambiance est tout à fait normale, loin de tout ce que l'on peut entendre ailleurs ou dans d'autres villes. De jour et de nuit, cette ville a un charme sacré et pour nous, un sacré charme.

un simple café restau
Musée Hammam
Chez un marchand de tapis, passionné d'antiquité
Déambulation Chirazienne 

Continuons notre descente vers les chaudes contrées. La chaîne du Zigros qui finit sa course au détroit d'Hormuz est toujours là. Une fois le plateau de Chiraz quitté, nous nous retrouvons dans la terre du 3ème âge, toute crevassée et ridée, la peau tanée et séchée par le climat chaud et très sec. C'est clair le temps de la Terre n'est vraiment pas celui des humains. Un an se compte en millions d'années, nous le savions, nous le vivons.

Hayghar Valley 

Paysages de terres arides qui semblent parfois sans fin, où les brebis retournent les cailloux ou picorent les acacias. Les arbres sont rares et se limitent bien souvent à des hauteurs type gros buissons. Exigeant que nous sommes, il n'est pas donc toujours facile de trouver le bon bivouac. Ce dernier doit si possible avoir un maximum de critères : de l'eau (pour le côté joli et le petit bruit qui va bien), de l'ombre (nous roulons surtout le matin et quand tu peux mettre la cellule au frais l'aprem, la température pour rejoindre les nonos est plus sympa), du calme (s'éloigner des grands axes), être un peu caché (surtout par les temps qui courent ici), et que le paysage soit sympa autour c'est encore mieux.

yes un pt'it vallon à l'abri avec un chouia de verdure

Autant en Géorgie et Turquie c'était plutôt facile, autant en Iran c'est plus dur. L'eau et les arbres (en dehors du nord/nord-est de l'Iran que nous ne connaîtrons malheureusement pas), ça court pas les rues. Le côté un peu isolé et pas visible, c'est surtout pour éviter d'avoir à refuser une voire plusieurs invitations. Visiter l'Iran c'est aussi cela, trouver le bon compromis entre ce que tu as envie de voir dans cet immense pays, entre prendre du temps pour toi et le temps que tu passeras avec les iraniens qui sont adorables. Avec un peu d'expérience et l'aide de nos amis binaires, nous nous en sortons plutôt bien (applis ioverlander, googlemap en mode relief pour ne pas confondre buissons et arbres).

L'arrivée sur la côte du Golfe Persique est à cet endroit extraordinaire. Pour tout vous dire, nous l'avons quand même un peu choisi, car sinon y'a plus de raffineries dans le coin que de bateaux de pêche. La roche y est très particulière, un mélange de roches dures et de roches sableuses. Ça donne des formes très particulières, tellement bizarre que l'on a l'impression parfois que la roche a fondue sous la chaleur... Ça rappelle un bon gateau à la broche... 🤪 (la bouftik en Iran nous en reparlerons 😉 )

la roche fond... 

La chaleur... elle est assez difficilement supportable, surtout que l'on descend de plusieurs jours d'altitude. Ce n'est pas tant la température qui dérange mais l'association du taux d'humidité supérieur à 80% avec les 35-38° local. En fait, ben tu fonds toi aussi. Dès que tu n'as pas un filet d'air, tu mouilles de tout ton corps, te transformant en serpillière ambulante. J'vais peut-être surnommé Maloute en Conchita d'autant plus que la pauvre doit en plus supporter les affres du port du foulard et des manches longues... hum... alors la présence de la mer pour y faire un bon plouf tombe plutôt à pic, bien que tu ressens à peine son côté rafraîchissant (entre 33 et 35°) 🤪

Bivouac de côte avec une eau à 33-35° 

Au passage, ce n'est pas Cargol qui a toqué le chameau 😉. Ils n'ont pas pensé à nous en couper un bifteck, snif...

badaboum le chameau 

Arrivée sur Bandar Abbas, en 24h nous obtenons contre toute attente et du jamais vu, une extension de visa de 60 jours. Nous devrions ainsi pouvoir pleinement profiter de l'Iran, à commencer juste après par les îles extraordinaires de Qeshm et Hormuz, dans le détroit du même nom.

L'iran a ses villes historiques incontournables, elle a aussi ses terres historiques incontournables, témoin d'une activité géologique unique qui ne se retrouve sans doute nulle part ailleurs. Nous sommes au sud sud de l'Iran, deux îles incroyables.

Qeshm d'une bonne centaine de km est accessible en véhicule via ferry. Un peu le bordel pour le ferry. La réglementation douanière et d'import de véhicule doit quelque peu différer du continent, pas moins de 30 photocopies à faire de passeports, papiers véhicules... Une fois les photocopies contrôlées, tu as droit à un papier tamponné que tu donnes à quelqu'un un tout petit peu plus tard... logique.

Nous y voilà, même pas une demi-heure de ferry, manoeuvres comprises, le temps de passer dans un autre espace temporel, de changer de planète. Direction le bivouac, pas dégueu.

Bivouac sur Qeshm 

Outre cet aspect grand désert, c'est aussi des canyons ou plutôt des failles comme le canyon de chahkooh qui rappelle un peu la benne à ordure du vaisseau de Dark Vador dans "La guerre des étoiles" (R2D2, téou ?), ou encore le canyon dit "Star valley" bien délirant dans son genre. Pas mal celle là dans son genre, si tu crèves dedans, pas de soucis tu seras bien conservé ! 😜

Canyon de Chahkooh et de Star Valley 

Salt dome... Vu du ciel un rond bizarre qui fait 7km de diamètre. Du sel, du sel essentiellement. Extérieurement tu ne vois pas grand chose, si ce n'est une rivière de sel ou quelques grandes lignes blanches dans la montagne que tu comprends bien que ce n'est pas un rail de cocaïne. Par contre quand tu rentres dans Salt Cave, tu marches sur un immense tapis épais de gros sel, qui lui même tombe du plafond.

 du sel, du sel...

Nous sommes début octobre et il fait encore bien chaud, surtout humide. On retrouve encore cette roche fondue... merde c'est comme un énorme gâteau à la broche... oui la bonne bouffe française nous manque !

gâteau la broche  ? 

Allez passage sur l'autre île d'un coup de bateau qui ne prend que piétons et éventuellement vélos et petites mobylettes. Ici sur l'île d'Hormuz, pas de voiture, mais des tuktuks pour vous balader. Faut dire qu'elle n'est pas grande, une 30aine de km pour en faire le tour mais tu en prends plein les mirettes. On l'appelle l'île arc-en-ciel ou multicolore. Les petites montagnes ne ressemblent à aucune autre. Elle passe du blanc au rouge ocre, au vert, au jaune canari... waouhou... oh une rivière sèche orange par ici, délires. Tu hallucines ! Mais comment cela est-ce possible ? De là-haut, qui a laissé tombé tous ces pigments qui se côtoient harmonieusement sans se mélanger ?

Formes et  couleurs 

Un peu plus loin tout n'est que sel et tu te promènes dans des formations originales. Puis un bord de mer tout rouge ou un autre juste à côté couleur argent avec des paillettes métalliques, puis des petites falaises aux rochers sculptés en gargouille, puis... t'en finis pas de voir des choses zarbis et superbes.

Bizarreries  d'Hormuz 

Et le clou : une grotte découverte voilà 5 ans dans laquelle tu pénètres seul avec ta lampe. Après un cheminement plutôt claustrophobique, la salle s'élargit, ta lampe éclaire à gauche, à droite revient à gauche, au milieu... yeux écarquillés. Un mille feuille de roches plissés et colorés, la 8ème merveille du monde. Là tu es au firmament de la magie terrienne ! 😳😍🤪

Rainbow cave,  incroyable !  

Des années que nos pensées sont tournées vers l'Iran et notamment vers la partie Est, axe commercial très important de la route de la soie. Terres difficiles, arides, voire hostiles (désert du Lut record mondial de t°), des paysages superbes, oasis, villages authentiques en pisé (Yazd, Bam en reconstruction), des villes historiques comme Ispahan, des caravansérails... mama mia, l'essence même de l'Iran !

Isfahan et Bam, 2 villes légendaires 

L'actualité nous colle aux basques depuis plusieurs jours, les manifestations s'intensifient, toute comme la répression. La tension internationale monte d'un cran de jours en jours. Nous sommes en relation via des groupes sociaux avec d'autres voyageurs en Iran. Sur place pour nous rien de visible, rien de prévisible. Nous avons déjà évité les manifestations d'Ispahan une première fois et faisons attention depuis plusieurs jours de ne pas être visible lors de nos bivouacs, comme à notre habitude en général d'ailleurs.

Troubles en Iran 

Nous voilà à un carrefour décisionnel. A droite vers l'Est pour un circuit de près de 2000 km, suivre notre parcours tant attendu et qui a conditionné notre arrivée jusqu'ici (être au bon moment au bon endroit avec la météo), prendre peut-être un risque supplémentaire, ou alors 2ème option, laisser tomber, partir à gauche vers une sortie du territoire à plus de 1000km, fuir le pays, faire abstraction de tant de découvertes, de beauté...

Nous en discutons mais je présume la réponse de MaLoute et je sais que la voix de la raison va aussi l'emporter chez moi. Les yeux sont humides, mais faut aller à gauche. A gauche... Nous remontons donc, sans forcément prendre le plus rapide non plus, pistes, routes moyennes, montagnes, objectif rejoindre la frontière avec l'Irak en une bonne semaine. Nous sommes en relation avec une famille en camping car. Partis il y a 3 mois de France, ils avaient prévus avec leurs 3 filles ados de visiter l'Iran. Ils ne font du coup que traverser rapidement. Nos routes vont se croiser peu de temps avant la frontière, ensemble nous serons plus fort devant tant d'hérésie. En attendant, nous enquillons quelques jolis coins, comme cette belle piste ou cet oasis avec ces dattes fraîches (tip top c'est la saison 😜). A 14 ans, ils montent déjà faire les singes là-haut...

Pistes pour casser la monotonie et Oasis de Tazerj 

Un soir, nous rejoignons un bivouac repéré en fin d'après-midi. Celui-ci est momentanément occupé. Nous décidons d'attendre un peu sur le bord de cette toute petite route de montagne. 20h toc-toc, les flics, que faites-vous là ? Blablabla, suivez-nous le chef veut vous voir. Après palabres, c'est le chef qui finalement vient à nous. Palabres... il veut que nous le suivions jusqu'au poste 35km... Palabres... Nous finissons finalement dans l'enceinte d'un poste plus proche. Jusqu'à 23h nous sommes questionnés, dans une ambiance relativement sereine. Nous sommes autorisés à rejoindre notre Cargol pour dormir, soulagés et en sécurité vu que nous sommes chez eux.

Prise de tète

Minuit, Toc-toc, réveil. Deux hommes, nouvelles tètes. Pouvez-vous descendre svp, nous avons des questions à vous posez... et merde, c'est reparti, prise de tète. Celui-ci parle bien anglais. Normal il est prof d'anglais, il a été appelé pour faire l'interprète. Sympa ça à minuit... Sommes-nous des terroristes pour avoir droit à tant d'attentions ? Moi tout seul, puis Maloute mais juste 2 ou 3 questions rapides pour elles. Ouf c'est fini il est 1h du mat, nous pouvons revenir au lit. Le réveil à 7h est serein mais nous y croirons vraiment quand le portail s'ouvrira. Faut attendre le réveil du chef qui rapidement me dit "pas de problème" et me prend même dans ses bras. Visiblement il est confus du dérangement. Il va même jusqu'à nous demander une photo ensemble. "J'peux aussi en garder une dans mon appareil ?" 😉

Après une nuit chez les flics, la photo... 

Et cette photo associée au contact téléphonique nous sert bien. 20 km après avoir quitté le poste, contrôle routier. Je suis amené dans les bureaux et les questions commencent à nouveau à pleuvoir. "Euh, vous pourriez appeler cette personne siouplait ?" "Vous le connaissez ?" "Nous avons passé la nuit avec lui... enfin façon de parler !"

Nous repartons et allons profiter d'ultimes invitations iraniennes : familles de cultivateurs fruitiers, ou encore nomades zoroastres d'une tribu Qashqaï (voir en fin de cet étape des infos sur ces deux termes). Ca fait vraiment mal au ventre de devoir quitter ce pays...

Nos nomades qui se fondent dans le paysage

Les 7 principes de la religion zoroastre :

👉 Prier un dieu unique.

👉 Faire le bien autour de soi.

👉 Vénérer le feu : l’air, l’eau et la terre existent sans le concours de l’homme, au contraire du feu qui, lui, doit être alimenté pour continuer à vivre. Un feu sacré et donc maintenu en permanence (province de Yazd en Iran).

👉 Lutter contre l'oppression : le zoroastrisme rejette toute forme de soumission et, en premier lieu, l’esclavage. Dans cette religion, la femme est l’égale de l’homme. Il est du devoir des adeptes de se soulever contre l’oppression.

👉 Respecter toutes les formes de vie : l’homme ne doit pas faire de mal aux animaux. Le sacrifice de ces derniers, considéré comme un crime, est prohibé.

👉 Rejeter l'idolâtrie : les adeptes du zoroastrisme ne doivent pas vénérer la pierre, les statues, ou tout autre lieu qui a été construit.

👉 Cultiver la joie de vivre : importance de l’humilité, de la solidarité envers son prochain, mais aussi… sur la bonne humeur. Faire une fête une fois par mois, être joyeux et rire autant que possible sont des préceptes zoroastriens.

Et si nous devenions tous zoroastres ? Qui nous suit ?

Qashqaï : confédération de 40 tribus organisées elles-mêmes en sous tribus. Hiérarchisées, elles ont leur propre gouvernorat, leurs propres lois et règles, leur propre langue proche du turc et azéri dont ils descendent. Vivant pour la plupart dans les montagnes de Fars en été, ils étaient un bon million au début du siècle mais ils rencontrent des problèmes avec le gouvernement actuel et leur avenir est très incertain.

La sortie de l'Iran se rapproche. Ce soir nous avons rendez-vous dans la pampa avec le camping car de Cyril et Vanessa et leurs 3 filles ados, sur un site original, des flammes qui sortent de terre naturellement. Nous recevons un message. Leur ordinateur de bord leur a annoncé un problème moteur et un arrêt programmé dans 400 km. Ils ont roulé jusqu'à Ahvaz, ils sont dans un garage, l'ordinateur annonce maintenant qu'il ne reste plus que 140 km avant arrêt total et définitif du véhicule. Génial 😳

Nous profitons du site aux flammes. Toujours curieux de voir ces tourbillons de flammes qui jaillissent sans fin du sol sans aucune intervention humaine. Parfait pour le barbeuc ! Muriel prend une douche à l'extérieur en tenue très légère. C'est évidemment à ce moment là, juste après avoir mis le savon, qu'une mobylette arrive... 😂 Cataclop cataclop... Retour in extrémis dans Cargol. Un nomade qui nous invite à manger, dormir... Par les temps qui courent et devant son grand sourire et ses yeux pétillants nous ne pouvons qu'accepter mais stp, "reviens nous chercher après notre repas dans une heure" (le barbecue c'est sacré et tout est quasi prêt 😉).

Flammes de méthane en pleine nature, aubaine pour barbecue ! 

2 km de pistes défoncées dans cette montagne pour atteindre son bivouac perdu ou il vit là 6 mois par an avec sa femme, son fils, sa mère, son frère et sa belle soeur. Nuit au calme dans Cargol à proximité puis petit déjeuner sous tente en famille. Les animaux poules moutons et brebis tentent bien quelques incursions dans la tente. Méfiez-vous les filles le couteau qui vous tranche la gorge en 2 secondes n'est jamais très loin !

Campement nomade
Simplicité
Petit déj
Attention à toi mouton !
Gentille famille !
Roule mon Cargol, roule
Nomades perdus dans les montagnes 

Ahvaz, le garage. Effectivement, le camping-car "Gégé" (plaque immat GG) est là, planté. Tout comme la famille. Ils ont trouvé refuge dans une zone industrielle fermée, sécurisée. C'est comme une sorte de petit village. La plupart des bâtiments sont des petites et moyennes entreprises qui travaillent pour le secteur de l'exploitation pétrolière et fabriquent notamment sur mesure des pièces énormes pour les foreuses. Vous connaissez maintenant les iraniens non ? Tout le monde veut mettre son grain de sel et apporter du confort aux français échoués dans cette terre reculée. Nous naviguons entre le garage et les entreprises voisines, sommes choyés, nourris à s'en faire péter la panse.

Partage d'instants entre nous et nos hôtes 

Côté mécanique, ben ça avance pas. Le problème viendrait d'un mauvais gasoil et du système Adblue. Du moins c'est ainsi que nous interprétons les stupides messages de l'écran dans l'habitacle. Il faut brancher "la valise" comme on dit. Image en fait de l'ordinateur que trimballe le mécano eu égard de sa valise d'outil qu'il trimballait avant. Vive la techno(pa)logie. Impossible en Iran d'avoir le programme pour ce véhicule trop récent ou d'avoir une aide sur ce sujet à cause de l'embargo. Une entreprise de camion nous fait cadeau d'un baril de diesel, à priori de qualité (200 litres 😳 et de 20 litres d'Adblue). Normal, nous somme en Iran. Réservoir siphonné, changement du diesel, test... le message est toujours là, plus que 70 km avant arrêt complet. Système moderne, nous te haïssons !

Tests, réflexions, mécaniques, siphonnage, remplissage...

Solution la plus plausible, rejoindre le Koweït à un peu plus de 300 km. L'assurance ne peut prendre cela en charge, pas les bons pays, pas les bons process. 😳 Faisons une bonne barre de remorquage et Cargol le costaud fera la dépanneuse en tirant les 4 tonnes. Le matériel et la main d'oeuvre qualifiée ne manquant pas ici, une bonne barre sur mesure est fabriquée dans la journée. Impossible de payer, com dab !

Cargol le dépanneur 

Pour les remercier de tant de générosité et d'autant de temps passés à nous aider pendant une semaine et avant notre départ le lendemain matin, nous organisons un repas soirée sympathique. Nous sommes 23 personnes et la soirée sera bien arrosée. Si si vous avez bien entendu : bien arrosé. La dernière étape de ce pays reste à écrire (Bilan iranien) et vous en saurez un peu sur les véritables moeurs internes de ce pays 😉. La séparation est une nouvelle fois difficile. Un peu plus de 300 km nous attendent en remorquage, avec 4 passages de frontières (2 sorties et 2 entrées), mais heureusement sur des bonnes routes.

Il aura fallut 6h dont 3h d'interrogatoire galère. Nous arrivons à 12h en convoi (je tracte le camping car de Cyril et Vanessa) et nous en sortirons à 18h. Le cheminement à la freontière est assez simple, CPD à gauche en arrivant puis passeport dans le plus grand bâtiment plus loin. Pas de présence de "Facilitateur". Cela aurait dû être simple mais le contexte géopolitique défavorable est là :

Arrivée à la guitoune des passeports, le type s'aperçoit que nous sommes français (ou Européens qui sait) nous prie de le suivre, informe des supérieurs qui nous demandent si l'un de nous parle farsi. Niet of course. Attendez là alors...

Quasi 1h... Tu ne sais pas pourquoi tu poireautes, mais tu poireautes, personne ne prête attention à toi. En fait eux ils savent pourquoi tu es là. Ils attendaient en fait un interprète... allez c'est parti !

Interrogatoire sans agressivité mais pas cordial non plus, l'ambiance est froide, 3 à 4 personnes, ils cherchent à déstabiliser, cherchent une faille où s'engouffrer c'est évident. Changement fréquent de sujet, te re-demande certaines réponses par questions indirectes, teste ta capacité à comprendre le farsi... Les principaux sujets sont ta vie perso, pourquoi tu es là alors que la France t'interdit de venir en Iran, par où es-tu passé, qu'as-tu aimé en Iran et pas aimé bien sûr, qui sont les personnes avec toi, comment et pourquoi les as-tu rencontré (groupes facebook - whatsapp, aïe sujet qui fâche, faut bien l'amener et l'expliquer 😜) qui as-tu rencontré en Iran, que t'ont dit les iraniens, as-tu des contacts d'Iraniens... ? Bref ça fuse un peu dans tous les sens.

L'interprète n'est pas terrible et tu sens en plus que sa traduction n'est pas précise, ce qui peut être emmerdant. Cela a duré plus d'une heure. Puis quand tu crois que c'est fini car tu as perçu quelques rictus, quelques sourires et quelques compassions / gentillesses, que tu sors du bureau un peu, et là vlan... ! d'autres personnes arrivent avec un traducteur parlant français cette fois... et c'est reparti pour un tour ! 1h de plus, je ne sais pas, cela te semble une éternité que tu parles et que tu te répètes et le temps passe très vite.

Heureusement, ce n'est pas mon premier interrogatoire en Iran (quelques jours auparavant nous avions déjà subit cela dans les montagnes mais cela avait été plus sympa). Je sais rester cool et détendu. J'arrive à comprendre les objectifs des questions, à ne donner que des réponses qui ont un sens positif pour moi, à parfois détourner et ré-orienter la question, à leur faire comprendre que j'aime leur pays et que j'aime le gros coeur des iraniens. Dû peut-être au fait de mon côté très relax, de mon sourire qui reste permanent, de ma gorge qui ne se noue pas (j'ai un peu la bouche bien sèche parfois quand même), de mon côté très à l'aise, ils ne m'ont pas demandé de regarder mon téléphone. Heureusement car cela aurait encore générer plein d'autres questions sans doute. Dû sans doute à la confiance générée, ils n'ont pas souhaité faire un contre-interrogatoire avec Maloute ou la famille De Cyril-Vanessa, ouf 🤪🤪

Pendant ce temps Muriel et la famille de Cyril Vanessa et leurs 3 filles ont du patiemment attendre dans le hall. Pas de grandes attentions pour eux de la part des douaniers et le temps leur a semblé bien plus long que le mien forcément. Un des responsables des interrogatoires nous a accompagné ensuite jusqu'à la fin du process et aux véhicules. J'ai bien senti au travers des dernières discussions ensemble et de son accolade finale, qu'il était vraiment désolé de nous avoir fait subir cela. Le gros coeur des iraniens vis à vis des étrangers...

Si j'ai quelques conseils : garder évidemment son calme et se dire qu'ils ne font que leur boulot, que ce qu'on leur demande, de penser à bien vider son téléphone de toutes photos compromettantes, de toutes discussions sur des réseaux sociaux whatsapp compris, ne pas avoir de numéro de téléphone d'Iraniens dans ses contacts. Si vous avez un contrôle en Iran, quand vous en partez, demandez le numéro du téléphone du gradé présent, cela peut servir lors d'un futur contrôle. Cela a été le cas pour nous et nous aura éviter un contrôle qui s'annonçait désagréable juste après la première nuit interrogatoire dans les montagnes.

18h, il fait nuit. Nous poursuivons le cheminement vers la sortie. Pas facile de se frayer un chemin dans un no-mans land de blocs bétons, de camions, de sable et de poussière. Dernière barrière fermée pour les particuliers, faut revenir demain à 7h ou passer avec tous les poids-lourds. Fatigués, nous faisons marche arrière (convoi de plus de 20m ! 🤪 ) et revenons vers un parking pour y passer la nuit.

Même si nous avons relaté notre quotidien, notre vécu, certaines choses ne pouvaient être dites ici tant que nous étions sur le sol iranien.

Vous l'avez compris au travers de nos récits, l'Iran c'est une richesse culturelle, une très belle géologie, une population à l'accueil incomparable, ne revenons pas dessus. La problématique est bien le gouvernement.

Tous les iraniens que nous avons côtoyés ont à un instant abordé d'eux-mêmes le sujet de leur gouvernement. A l'unanimité, soit 100%, étaient contre. Dans le doute, nous devions être politiquement correct et éviter de se prononcer, changer de sujet rapidement. Ils en parlent comme une souffrance pour eux. La répression, la dénonciation sont tels que c'est la loi de la soumission. La police n'est pas visible dans les rues, mais il y a des milices privées, ou gouvernementales, nous ne savons pas. Le fait est que celles-ci sont là et à leur façon d'être, à force nous les reconnaissions. Personnellement nous n'avons pas fait attention, mais bon nombre de voyageurs ont remarqué être suivi.

Les médias sont maîtrisés, les américains sont les méchants, les afghans les gentils, non-information, désinformation. Au moment ou nous écrivons ces lignes nous sommes au Koweït. Nous croisons des voyageurs qui sont ressortis d'Iran ces derniers jours. Depuis peu des affiches dans les villes sont apparus avec des drapeaux américains et anglais en train de brûler.

La situation économique est plutôt catastrophique avec de fortes inégalités sociales et avec la forte inflation la classe moyenne est tirée vers le bas. Les jeunes sont diplômés mais sont forcés d'accepter des petits boulots pour vivre. Pour l'instant les notions de famille et d'entraide sont suffisamment fortes pour arriver à regrouper les ressources et arriver à vivre très simplement. Les manifestations actuelles sont sans précédents en Iran. Les choses évolueront un jour, mais à quel prix ?

Nous avons vu une contre-manifestation à Chiraz, organisée par les religieux. Ils étaient vraiment pas nombreux et avait du faire appel à toute leur famille (vieux et enfants) pour faire un semblant de masse.

De tout cela nous avions été prévenu et nous savions. Par contre beaucoup plus surprenant, c'est la circulation d'alcool et de drogue. On trouve de la bière de contrebande, des bières turques. Où les trouver ? Aucune idée car nous n'avons pas chercher, soit l'on nous en a proposer, soit c'est arriver directement, comme dans cette assiette de brochettes et de riz que l'on nous a amené quand nous étions dans un parc à Kermanshah. L'alcool fort lui est produit à base de raisin et de fruit. Mais il savent aussi avoir whisky et vodka de contrebande venu de je ne sais où. Mise en bouteille d'eau en plastique, ni vu ni connu.

Alcool et drogue en Iran, un souterrain bien visible 

La drogue ? Cannabis, Opium, Majijuana à priori facile à trouver, en provenance de l'Afghanistan surtout. Personne ne s'en cache vraiment comme ces jeunes dans la rue en train de rouler leur joint ou ce routier en train de fumer sa pipe à opium en conduisant... serait-ce toléré ?

Nous laissons dans ce pays des hommes et des femmes que nous avons adorés, des instants inoubliables... Puisse-t-on y revenir un jour...

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

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