Pas franchement partisans des grandes villes, mais ayant un rdv avec un ami dans cette capitale, nous ne pouvions l'éviter. Et évidemment toute urbanisation excessive a son lot de mochetés. Tblissi n'y échappe pas, d'autant que l'époque soviétique y a apporté ses immeubles bétonnés sans âmes, plutôt délabrés pour la plupart. Au vu de ce qui doit de temps en temps se décrocher des façades, certains doivent prier pour eux-mêmes et leurs véhicules...
Même si notre regard d'européen est souvent attiré et attristé par toutes ces vieilleries et délabrements, Tbilissi (avec pas loin de 2 millions d'habitants) reste une ville qui bouge, surtout quand l'on sait que le pays a basculé dans un autre monde voici seulement 30 ans : des vieux quartiers sympas, des quartiers bazars où tu trouves de tout (sauf ce que tu cherches parfois quand tu es européen), des bâtiments ultra-modernes, des collines peu urbanisées, un grand lac et pas trop d'embouteillages (pour l'instant sans doute)...
Nous devions retrouver Ben, un ami arrivant de France qui avait vécu quelques temps ici. Malheureusement, le matin même, sur la route de l'aéroport, il reçoit son test PCR... négatif, la poisse quoi. Nous allons quand même au rdv que nous nous étions fixé, un bar tenu par ses amis français. Soir du 14 juillet dans une ville étrangère, forcément, les français s'y retrouvent, vin, bière et chansons françaises accompagnées par accordéon ! Hic !
En fait, cette soirée là va pas mal conditionner la suite de notre Géorgie. L'absence de Ben changeant un peu nos plans, nous réfléchissons sur la suite de notre périple. L'Iran est en plein covid et n'ouvrira pas ses frontières avant plusieurs mois. Profitons-en pour rentrer furtivement en France et se faire vacciner maintenant que l'on peut. Passer un mois chez nous au mois d'août, c'est sympa aussi. Acheter un billet d'avion, savoir si l'on peut sortir du pays sans Cargol sans problème, trouver un abri sûr pour Cargol... Allez hop au boulot !
En moins de deux jours nous réglons tout ça ! Le plus compliqué fut la bataille pour savoir quels étaient nos droits et devoirs pour pouvoir sortir du territoire sans notre véhicule (certains pays peuvent être très compliqués et coûteux sur ce point). Passons sur les détails, cela a pris la journée, plusieurs bus pour traverser la ville de deux millions d'habitants en large et en travers afin de se coltiner plusieurs bâtiments du Ministère des Affaires Internes.
Cela s'est fini ainsi : "Cela fait 4 fois que l'on nous donne une adresse différente, donc maintenant stop, on bouge plus et vous leur téléphonez pour avoir notre réponse !" "Je peux pas téléphoner" "Ah oui et c'est quoi le truc que tu as dans les mains que tu envoies des SMS avec depuis tout à l'heure ? Merci de téléphonez, nous, on bouge pas !" Nous avons bien cru qu'ils allaient nous foutre dehors quand la sécurité est arrivé alors que nous discutions avec un chef qui voulait rien savoir non plus ! Heureusement un grand chef moins con a surgit et a pris son téléphone. Il a mis 1/4 d'heure pour avoir la réponse après plusieurs appels et répondeurs divers alors que lui parle la langue du pays et qu'il s'adressait à des collègues... No comment. "Vous pouvez partir tranquille et revenir, pas de soucis pour votre camion." Ouf merci...
Rester plus qu'à trouver l'abri pour Cargol. Grace aux français rencontrés, le réseau a très vite réagi. Cargol va dormir sous les arbres d'un parking d'une usine de production de pains et viennoiseries, tout proche de Tbilissi. Qui l'eût cru qu'il faille être à l'étranger pour voir cette production à la française ! Idéale occasion de découvrir ce milieu tenu par un Jean-Michel passionné et passionnant !
Retour un mois plus tard fin août vaccinés... Pour la première nuit à l'arrivée tardive de notre avion, nous offrons à nos nouveaux anti-corps un bon petit déjeuner géorgien dans une guest-house. A 10€ la nuit (pour deux hein !) petit déj inclus, fallait pas s'en priver non ? Notre corps retrouve également les bonnes pastèques et les bouteilles de bières qui ici font plus souvent 2,5L et sont donc plus grosses que les mégas bouteilles de coca. Le prix de la bière étant d'ailleurs guère plus élevé que le coca. Pour le bide ou pour le sucre, c'est kif kif sans doute...
Nous retrouvons Cargol en pleine forme, ainsi que nos amis famille Optimus. Prêt à passer 15 jours ensemble en compagnie d'un ami à eux qui lui n'a pas eu le malheur d'être positif au départ... 1er nuit au bord du lac de Tbilissi, super sympa mais on va pas en garder un super souvenir... 🥺
Le repas du soir va se prendre en commun dans le Camion Optimus. A notre sortie vers minuit, notre Cargol a la porte de la cellule ouverte... elle était fermée 👿. Alors que nous étions juste à côté, la porte a été forcée, tordant une barre en fer. Sac à main de Laloute contenant nos passeports, son téou, 2 cartes bleues, ipad, les clefs des motos et double de Cargol, un autre sac avec des affaires ramenées juste de France... bref la poisse. 😥
Occasion le lendemain de découvrir le fonctionnement d'un poste de police. Nous les avons presque réveillés et sortis de leur torpeur. Arrivés en début d'après-midi, avec la présence d'une traductrice officielle, la venue obligatoire de l'équipe NCIS pour relever les empreintes, tout un skecth pour en finir qu'en milieu de nuit avec obligation de revenir le lendemain... pour voir le procureur ! Tout ça pour vous dire qu'il sont d'une lenteur incroyable et qu'ils croulent sous des process interminables et stupides. Remarque qu'il faut bien les occuper car la petite délinquance et faits divers de ce type, ils n'en voit pas tous les jours eux ! A priori, vraiment pas de bol pour nous... un souvenir de plus à raconter à nos petits-enfants quand nous en aurons 😉
Evidement les jours qui s'en suivent sont un peu bordéliques... Refaire les passeports... le réseau francophone du 14 juillet va jouer son rôle... Coup de fil à la Consule et hop en 48h la demande part en France. Inconvénient du système, nous voilà contraint de rester en Géorgie jusqu'à fin septembre, le temps que nos nouveaux passeports arrivent de France. Racheté du matos, courir après des magasins Apple, trouver un téléphone... refaire des clefs... pas si simple, clefs de moto, clefs de Cargol bizarroïde qui date de plus de 40 ans... Le premier serrurier classique est un échec cuisant. C'est finalement encore une fois grâce au réseau francophone et guidé par un géorgien que l'on déniche un lieu bien particulier : en sous-sol d'un bâtiment, avec une entrée qui se fait uniquement par le parking, quelques petites pièces sans fenêtres abritent différents corps de métier : serrurier, cordonnier, horloger... que des personnes aux gueules sympathiques, pas toutes jeunes donc bien expérimentées, ce qui nous va bien... Adhérez de ce pas à l'ADVM (Association Des Vieux Métiers) !
Un peu de détente et de rigolade dans tout ça, manière de ne pas oublier que le monde est parfois bien trompeur... Ce n'est qu'une question de point de vue 😉 Trouverez-vous le truc ?
Avant de s'enfoncer à nouveau dans le Caucase, Jean-Michel, notre passionné de farine et de boulangerie, nous convie à passer 24h chez lui : dernière détente dans son havre de paix décorés de surcroît par Tako, sa compagne, artiste internationalement reconnue. Les pépins sont dernières nous et nous profitons bien de ces instants...