Carnet de voyage

En mode test au Maroc

13 étapes
83 commentaires
Hiver 2020 - Sous les bons conseils d'un ami proche, nous voilà en mode test au travers des pistes caillouteuses et sableuse du Maroc, histoire de tester la machine mécanique et humaine...
Décembre 2019
10 semaines
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Partir... Nous n'avons plus que ce mot qui nous tape dans tous les coins de la cervelle depuis plusieurs semaines. Date sans cesse repoussée, essentiellement parce que nous ne sommes pas suffisamment prêt. Le moment où il nous faut vraiment y aller arrive. Une date est fixée pour retrouver Christophe dans le sud marocain pour continuer notre formation conduite poids-lourds en TT. Vite un bateau pour essayer de descendre plus rapidement sans se fatiguer...

Ah le Sète -> Nador ne prends pas de poids lourds en cette période... Merdum. Obligé de se rabattre vers un Barcelone Tanger, ce qui nous arrange guère (environ 400 km à faire de plus et pas du tout la même route une fois au Maroc). Nous qui voulions prendre le temps et ne pas faire trop de km dans une journée, nous sommes loin de nos souhaits.

Là faut partir, Go... A l'arrache, il reste beaucoup de finition à faire. Nous emportons de quoi bricoler et nous trions vaguement, nous entassons. Il nous faudra 2 jours pour commencer à marcher facilement dans les quelques m2 du sol de Cargol ! Nous sommes tellement dans l'urgence et le speed que nous ne sommes plus vraiment dans l'excitation du départ. Après le passage des Pyrénées sous la neige, c'est en arrivant dans les plaines catalanes que nous commençons à apprécier notre périple.

1er bivouac superbe au pied de la montagne de Montserrat, avec vue à 300°... La vie commence à être belle !

On commence à apprécier fortement ! 
 La plaine, 1er et 2ème bivouac

Retour à la réalité avec le bordelou de l'embarcation à Barcelone. Les PTAC des voitures ou camionnettes sont explosés, il existerait même des modèles contenant beaucoup plus de places assises que ceux que l'on trouve chez nous ! Tétris humain sans doute à l'intérieur.

Par ici la balance siouplait ! 

Traversée de 28h sans encombre dans un gros gros Ferry, témoin d'une autre époque qui n'a pas dû durer bien longtemps. Intérieur luxueux mais très rococco-kitch, 2 restaurants, casino, salles lounge, cinéma, plusieurs bar et salon... En fait, casino et nombreuses salles fermées, non pas faute de monde mais la clientèle ne s'y prête pas du tout (l'a-t-elle été un jour d'ailleurs ?). Contraste de belle moquette ou de petite table sympa jonchée de détritus et reste de boustifaille en tout genre que les personnes semblent laisser sur place ou par terre avec un malin plaisir. Inutile de trop chercher de personnel de ménage, il ne sera fait qu'après l'arrivée. Cabine spacieuse et confortable, nuit tranquille. Quelques odeurs de tajine dans les couloirs, certaines familles devant sans doute sortir un réchaud dans leur cabine 😀.

Il est possible de faire tamponner les passeports et papier pour véhicule pendant la traversée. Dans notre cas, cela se passait dans une partie de la "salle de spectacle". Ambiance à l'Africaine-Marocaine, 2 files d'attentes distinctes de au moins 1 à 2 heures chacune, orchestrée par un mouvement de file jonglant de banquette en banquette... Impossible d'expliquer en détail ce délire 😀 ! Au moins cela fait passer le temps et en fait gagner à l'arrivée au port ! Arrivée vers 18h30 mais sortie réelle du bateau qu'à 20h (?). Par contre coup de chance ou pas, nous sortons du port en 5 mn, douane incluse 💪 ! Possibilité de dormir sur le parking juste après la douane au niveau des boutiques de change, triste occasion de voir à la nuit tombée la police repoussant les migrants qui escaladent les grillages...

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Tanger... Peu d'intérêt pour nous si ce n'est le plaisir de fouler un autre continent, de visualiser que le monde n'est pas fait que de normes et d'obligations, de voir des personnes qui pensent et vivent différemment. 1ère route longeant la côte Atlantique, côte sans trop de relief, de longues plages parsemés de dunettes, pas de parking, pas de béton ou autre, juste de la nature et quelques villages sympathique (Asilah, Larache).

Asilah et Larache 

Plaisir de retrouver des animaux et des troupeaux en bords de route, de voir des personnes qui prennent le temps de regarder autour d'eux et qui te font des sourires et te saluent, Plaisir de voir des voitures qui a 200 000 km sont encore en rodage et ne partent pas à la casse, Plaisir de voir des personnes travailler dans les champs sans tracteur ou autre machine, qui s'installent avec leurs cagettes pour vendre leurs produits en bord de route (artichauts, avocats, grenades...).

On the road 

Nous sommes attendus dans le sud et les km doivent quand même être avalés à notre vitesse de croisière de 65 km/h. Pas dérangeant, Cargol se permettant même de dépasser certains véhicules, seules quelques lignes droites semblent un peu longues... Quelques arrêts sympathiques dans des petits villages grouillant de vie et 1er Tajine à moins de 4€ pour deux...

Pas de doute, nous y sommes. la photo ci-contre nous le rappelle bien. Juste derrière Cargol, vous pouvez observer un triporteur baché : il s'agit de la version marocaine du camion frigorifique. Un homme en descend, en extrait une carcasse de mouton qu'il dépose en équilibre sur son épaule et zou il va l'accrocher direct à la devanture de la boucherie (sur la droite de la photo), le tout en plein air bien évidemment 😜. C'est simple, rapide, efficace, pas cher, no comment.

La ville historique de Meknes n'est qu'une étape de passage pour nous. Elle nous rappelle Marrakech et sa grande place animée Jemaa-el-fna, avec une terrasse panoramique en périphérie, son souk grouillant juste à côté. Quasi zéro touriste, immersion profonde.

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19 décembre... Nous allons changer de paysage, quitter les plaines cultivées pour attaquer l'Atlas et les hauts plateaux marocains, territoires des bergers solitaires. Nous n'avons pas beaucoup roulé jusqu'à présent, attendant qu'une perturbation neigeuse passe et ne pas prendre le risque d'avoir des routes bloquées. C'est aussi cela le Maroc. Va falloir que l'on se bouge. Encore 500 km et 3 jours pour rejoindre Christophe Sahuc (Quercy TT formation) aux dunes de Merzouga pour notre 2ème journée de formation tout-terrain poids-lourds. Le beau temps marocain est de retour, les routes sont open, tout semble ok. Nous apprenons en partant que finalement nous retrouverons Christophe à Zagora, soit 200 km de plus vers le sud, aux portes de zones désertiques... ok, dans tous les cas nous devions y aller aussi pour faire quelques modifs sur Cargol. C'est en effet à Zagora, que se trouve THE garage du Maroc, celui d'Ali Nassir, internationalement reconnu. Allez Cargol faut grimper maintenant !

A un rythme parfois max de 25-30km/h, l’altimètre progresse quand même très rapidement. Les premières neiges, et au surprise, des singes polaires crapahutent dans une forêt de chênes verts (ci-contre). Contrastes inattendus. Vers le sommet du col à 2000m, une micro station de sports d’hiver. Enfin plutôt de loisirs d’hiver. Quelques skis et luges en location, une petit colline pour glisser. Les luges ne sont pas made in china : il s’agit d’une récupération de palettes vissées sur des skis coupés. Tout simple. Made in Marocco ! Puis les arbres laissent la place à de grandes étendues sur de grands plateaux interminables, réservés aux brebis et moutons, paysages sauvages et enneigées.




En se rapprochant de régions davantage sous influence saharienne, la neige disparaît peu à peu. Les hauts plateaux désertiques sont toujours là, entre 1400 et 2000m d’altitude, immenses étendues sur des dizaines, des centaines de km et qui nous conduiront jusqu’à Zagora.

Nous n’avons quand même pas fait que rouler bêtement sur 700 km et 3 jours. Nous avons aussi tester 2 choses importantes.

La première fut d’arriver à être dépanné d’un problème mécanique qui eut été un facteur bloquant de plusieurs jours en Europe. Bruit soudain en roulant. Interrogation vite dissipée car le bruit est caractéristique d’un échappement qui se fait la malle. Nous en avons carrément perdu un bout, situé juste sous mon siège. Bruit assourdissant ! Nous savions que c’était une zone faible et abimée par le temps et la rouille.

Nous n’avons pas le temps de devenir sourd que nous arrivons déjà dans un gros bled de l’Atlas : Azrou. A peine arrêté à une station service qu’une voiture s’arrête et nous demande de la suivre. Le problème était facile à comprendre. Il suffira de 3h30 et 30€ pour fabriquer une nouvelle pièce d’échappement sur mesure, le tout dans "un garage" dans une petite ruelle. Quand on dit garage, il faut s’imaginer que la taille d’un garage fermé que l’on peut trouver chez nous dans une résidence. Environ 15m2 mais avec une fosse siouplait ! Notre dépanneur Farid de la station service restera avec nous tout le temps de la réparation. Il a même fallu insister pour qu’il ne paye pas le thé à la menthe pris au bar du coin en sa compagnie. C’est clair nous sommes sur un autre continent !

Le deuxième test fût de commencer à prendre quelques pistes pour aller se perdre un peu en dehors des sentiers battus. Grand bien nous en a pris ! Une boucle d’une trentaine de km de pistes au travers de plateaux, de montagnes et de gorges. Le tout pour nous mener à un ancien petit village minier (Aouli), où le temps s’est arrêté en 1975, date où nous français avons abandonné toutes les infrastructures construites aux locaux et à la nature. Maisons en torchis et en terre, autant de maisons récemment construites qu’en ruines. En fait une maison cela ne s’entretient pas, c’est plus simple d’en faire une autre à côté au bout de quelques années. Une école pour les 6 à 12 ans cependant, avec 29 enfants mais il semble qu’il n’y ait guère plus d’adultes dans le village. La première "ville" est à 45mn de voiture. Ils vivent là, simplement, heureux de quelques vergers et d’aller chercher des minerais dans la montagne (plomb, malachite…) qu’ils revendent à des négociants et revendu ensuite aux… chinois.

Au fond de la gorge un pont ou plutôt une structure permet de traverser l’oued. Moment de solitude, de craquements en se demandant si cela va supporter les 10 tonnes du père Cargol. 1er test validé !

Nous prendrons également une autre piste, voulant prendre un raccourci. 1h30 pour faire 15km, on est bon là ! Piste perdue, très caillouteuse et cassante, devant même parois s'arrêter pour voir si ça passer (lacets). Nous n'avions pas dégonflé les pneus pour cette piste, à priori nous le payerons cash quelques jours plus tard... récit à suivre plus bas...

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Zagora nous voilà enfin ! Oui enfin car cette région résonnait dans la tète depuis des mois. Ce trajet a parfois quand même eu un goût d'amertume. Trop rapide, manque de temps pour profiter. Nous devions y descendre en plusieurs semaines, nous aurons mis 11 jours. Nous qui voulions ne plus courir après le temps, pour l'instant c'est rapé. On ne quitte pas sans doute ce mode speed inculqué par notre société du jour au lendemain...

Christophe retrouvé et une fois fini ses améliorations techniques sur son 4x4 chez Ali, nous partons enfin, le matin de la veille de Noël en direction des premières pistes sableuses. La piste est là. Nous dégonflons les pneus. Excitation... Quelques centaines de mètres, un bruit bizarre. Une sorte de pschitt, pschitt, pschitt, régulier, augmentant avec la vitesse. Le bruit semble venir de l'arrière. Nous marchons à côté de Cargol. Vu, toi, juste là... la vilaine petite déchirure sur le flan du pneu et qui fait pschitt quand tu arrives en bas en s'ouvrant sournoisement sous le poids.

Et merde ! Aucune raison d'avoir fait une déchirure à cet endroit ni sur le goudron précédent. L'analyse technique et psychologique de la gomme nous apprendra que l'origine probable de la déchirure serait la piste cassante 2 jours auparavant : le fait de ne pas avoir dégonflé légèrement accentue ces possibilités de déchirure (plus facile d'abîmer une surface tendue que ramollie). Expérience 1, nous 0. Le comble, c'est qu'en dégonflant aujourd'hui, c'est là que le problème survient, gomme détendue, le trou s'ouvre à chaque passage vers le bas... Pour notre bonheur aujourd'hui nous ne sommes pas seul. Descendre les motos, descendre la roue de secours, changer la roue, remonter les motos... Pour gagner du temps (tiens te revoilà toi !) Christophe va chercher une remorque au village plus loin afin d'amener la roue dans un garage pour réparation éventuelle. Ne vous imaginer pas que tout est proche ! Bref nous y passerons une très grosse demie-journée, repoussant au lendemain les joies du sable.

Réparation correctement effectuée, nous repartons serein à la recherche d'un bivouac près des dunes. Soir de Noël, perdu dans l'immensité, feu de camp, magrets grillés, nuit étoilée, wouahouuu !

Jour de Nöel... Cargol a une nouvelle fois de plus du mal à démarrer ce matin. Bougies de préchauffage ou satanée bulle d'air qui part ou revient depuis plusieurs mois ? Il est prévu un séjour dans quelques jours chez Ali pour vérifier tout cela lors du changement de vérin de levage de cabine... Nous plions le camp et commençons à rouler. Soudain, Cargol s'étouffe et cale. Du mal à redémarrer encore, le moteur est chaud, ce ne sont pas les bougies de préchauffage, ou du moins pas que. Une prise d'air qui s'accentue ? Ça sent pas bon. Nous avançons...

1ère dune (ou dunette pour les intimes) et pouf ! Planté dans le sable ! 😂 Va falloir que l'apprentissage de roulage en sable et dune se fasse, bien se rendre compte que les roues avant ne sont pas devant, qu'un gros pachyderme ne se déplace pas là dedans comme un scarabée et que le tout dans le sable, cela freine énormément ! Allez hop la pelle et les plaques ! Expérience 2, nous 0.

Finalement, enlever le sable est assez rapide. Cargol a beaucoup de mal a redémarrer encore. Je le sors de sa situation mais je sais déjà, avant même que Christophe me le dise, qu'il ne faut pas aller plus loin aujourd'hui. Se retrouver réellement planter pour un problème mécanique dans les dunes avec un 10T, faudrait un paquet de troupeau de chameaux pour le sortir de là !

C'est comme à un enfant à qui tu promets un bonbon depuis des mois, tu lui montres des yeux, tu lui fais toucher, sentir, puis, en chuchotant dans son oreille, tu lui dis : "Non, pas aujourd'hui, une autre fois". Coeur noué, yeux humides, nous abandonnons Christophe et ses enfants pour qu'il profite des lieux et paysages et retournons sur Zagora direct. Christophe revient fin janvier, nous serons peut-être encore dans les parages, inch'allah ! Cargol s'étouffera une nouvelle fois sur la route mais nous arrivons à destination sous l'oeil attendri d'une jeune famille de chameaux.

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Zagora et ses garages… Toute une réputation. Historiquement sans doute car passage quasi obligé de la grande époque du Paris Dakar. A peine arrivé aux abords de la ville, camions, campings-car ou autres véhicules étrangers sont systématiquement accostés, la plupart du temps par des jeunes en mobylette, rabatteurs pour des garages (si un jour vous passez par là, ne vous fiez pas aux rabatteurs qui vous amèneront probablement dans un autre garage que celui d’Ali - Ali Nassir est clairement marqué sur le mur). Ne cherchez pas les concessionnaires clinquants, les enseignes ne sont là que si elles ont été ramenées de surplus européens ou d’ailleurs. Heureusement que les grandes marques ne changent pas souvent de logo 😅. De la taille bien souvent d’un ou de deux garages de résidences européennes, personnellement, et à première vue, je dirai plutôt que l'on croit voir des ateliers mécaniques. Avec un savoir faire certain et une expérience bien présente, conservons donc le terme garage professionnel car vous pouvez tout y faire, même ce qui est impossible ou qui prendrait plusieurs semaines en France. Ne parlons pas bien sûr de vidange, mais de changement de pont, de lames de suspensions, de réfection de culasse, de renfort de chassis, de soucis électriques, de redressage improbable de carrosserie, etc, etc... Bref désossage complet possible et lifting garanti. Ce n’est pas pour rien que l’on croise à tout va à Zagora des antiquités qui n’en sont pas : 4L, R12, 304, camions berliet…

Le garage Ali Nassir… sa réputation dépasse très largement la frontière marocaine et court sur toute l’Europe : bouche à oreille, forums, presse spécialisée… Son garage ressemble aux autres, à ceci près que son mur est tapissé d’autocollants de rallye, de photos témoins d’un riche passé ou présent, et de nombreux véhicules dans "la rue", plus ou moins hétéroclites ou exceptionnels. Mélanges de culture, toutes les nationalités passent et se rencontrent ici, rendant les journées de mécanique moins monotones pour nous clients. Ali, le maître des lieux, dirige les différents ateliers et les opérations chirurgicales réparties dans la rue, tout en se mettant lui aussi sous les essieux. Il assure la convivialité à son personnel et à ses clients en offrant le thé à la menthe à plusieurs reprises dans la journée, un en cas vers 10h30 (base huile olive, confiture, vache kiri et pain - tout mélangé hein, nous sommes d'accord😉), un en cas vers 13h (boisson et sandwich sardine ou thon) et enfin le repas à la marocaine vers 16h (poulet rôti, tajine, et bien sûr couscous le vendredi). Ne cherchez pas d’équivalent, nous sommes sur un autre continent ou de nombreuses valeurs n’ont pas encore disparues.

Un autre continent également, car le mot patience n’a pas la même signification, c’est juste du temps qui passe. Et alors, et après ? A ce propos les marocains ont supprimé le changement d’heure été / hiver voilà plus d’un an. Oui mais c'est pas aussi simple... Si vous demandez dans le coin l’heure à quelqu’un, demandez lui aussi s’il n’est pas resté sur l’ancienne heure, ils sont nombreux dans ce cas… Comme nous n’avons pas le même temps, nous n’avons pas aussi forcément les mêmes valeurs de finition des choses ou la même rigueur. Mais comme en Europe, on trouve des bons et des moins bons et il faut souvent être derrière pour surveiller, discuter, améliorer, relancer… On chouffe quoi !

Voilà donc depuis le 25 décembre que nous sommes là, sans doute donc pour y passer quasiment un mois. Autant dire donc que l’on y chouffe beaucoup ! Faut dire que, lorsque l’on a vu les possibilités de la maison Ali et son réseau multi-professionnel, ben la liste des améliorations que nous souhaitions apporter s’est bien agrandie : (allergique à la mécanique, sautez le paragraphe ) pose d’un nouveau vérin de levage cabine (l’ancien posait un problème de vrillage de la cabine) avec fabrication de pièces sur mesure pour son placement sur Cargol, modification du circuit d’échappement (à cause du nouveau vérin), changement d’une petite pompe manuelle de gasoil (qui à priori est la cause de notre problème de démarrage), dénichage d’un petit filtre à gasoil bien caché et bien crado), changement d’une grosse durite du reniflard moteur, résolution de divers petits soucis électriques (essuie glace aléatoire, mauvais contact dans le neiman, fil électrique coupé qui empêchait le fonctionnement des bougies de préchauffage), rajout d’une prise branchement sur circuit du compresseur, rajout d’une lame de suspension arrière, rajout d’amortisseurs arrières (inexistant à la base donc conception des supports de fixation et d'axes), changement des silent-blocs d’une barre de renfort de direction, vidange des réducteurs arrières, démontage et nettoyage du surpresseur d’air,

modification de notre passage cabine (nous ne gardons que la porte et condamnons le passe-plat), changement de notre soufflet de cabine qui montrait des signes de fatigue (ce sera désormais plus facile de lever la cabine avec le nouveau soufflet), fabrication de caches amovibles pour nos prises d’air afin d’éviter trop de rentrée de poussières pernicieuses, renfort de sécurité de la porte de la cellule, renfort de notre escalier amovible, fabrication d’un auvent et d’une bâche pour les motos, fabrication de marches-pieds amovibles pour les portes avant, fabrication d’un grille amovible protection du pare-brise, réalisation et pose d’un snorkel pour améliorer les poumons de Cargol, démontage et nettoyage du ventilateur, reprise du bec de lièvre de la calandre, des points de rouille (notamment sur le bas d’une porte) et du coup peinture totale de la partie avant de Cargol (cabine, protections)… et j’ai bien dû oublier quelques bricoles dans cette liste ;-)

Autant la partie avec Ali fut un plaisir, autant la peinture fut une bonne prise de tète… A écouter le gougnafier de carrossier-peintre, Cargol eut été peint en pleine rue, en pleine poussière. Le travail d’Arabe, ça n’existe pas qu’en France, mouarf… Cette partie-là laissera un sacré souvenir et la peinture ne sera pas si mal que ça, quand elle sera finie dans 2 ou 3 jours sans doute…

Vivement que l’on reprenne la route !

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 Panneau mémoire du passé, témoin d'une époque commerciale : Zagora -Tombouctou

Comme vu dans l'épisode précédent, la présence au garage nous prend toutes les journées, toutes les heures. Le reste du temps est essentiellement passé dans le très sympathique hôtel Kasbah Sirocco, feu de cheminée au petit déjeuner, très jolie terrasse en bord de piscine au coeur de la palmeraie. Malika, la gérante de l'établissement nous gâtera de bons plats typiques (pastilla), voire hallucinant : le pigeon désosé mais entier (?) si si, de l'art culinaire marocain : 95% des os du pigeon sont enlevés par l'intérieur, la chair récupérée, assaisonnée puis remise dans le corps du pigeon ! Drôle de sensation de découper en 2 la bête et de s'apercevoir qu'elle n'a pas d'os !!! Plaisir de papilles en plus. Ne chercher pas la photo par ici, mais si vous avez un jour l'occasion, ne pas hésiter !

Rarement, mais heureusement, nous sommes parfois sortis à la découverte de certains paysages, certaines activités insolites.

Petit tour autour de Zagora

Cargol étant en stationnaire au garage, Noireaude et Poussinette (les petites Msx) sont de sortie. Les petites motos font ici sensations, conduites en plus par une femme... fort contraste avec les djellabas sans casques sur d'antiques 103, motobécane et autres ! Trajet hôtel, course, et petites balades sur des pistes proches de Zagora, elles sont bien pratiques et cela permet à MaLoute de se remettre en confiance sur ces petits engins.

Dans un autre épisode à venir, nous vous parlerons des commerces de Zagora et de son immense marché bi-hebdo. Nous y passerons à nouveau dans quelques jours et prendront le temps de quelques photos...

Le Monde du Rallye

Certains matins ne sont pas comme les autres. Tu te reveilles en pensant que ta journée va ressembler aux précédentes, classiques, ben celle-ci non. Une rencontre suffit : celle de Gilles. Il est le propriétaire français de l'hôtel où nous sommes, et il est de passage pour se ressourcer quelques jours par ici.

Sa femme ne souhaitant pas le suivre pour cette journée, il nous propose de la partager avec lui : aller sur les pistes à la rencontre d'un ancien monde à lui, celui du rallye, notamment le Paris Dakar. Nous voilà donc parti dans son 4x4 à la rencontre de l'Africa Eco Race (AER). L'AER est un rallye créé par des anciens de renom du Paris-Dakar qui ont refusé d'expatrier ce rallye sur un autre continent et refuser également la course inflationniste à la professionnalisation. Un rallye donc si possible plus humain et plus accessible à tous, ce qui était l'essence des 1ers Paris-Dakar. Il part de France pour finir à Dakar, environ 150 concurrents cette année, motos, autos, SSV, Buggys, camions.

Nous retrouvons les véhicules du rallye d'abord dans un col, et les regardons déboulés, sous les yeux envieux de Gilles et de ses récits anecdotiques de l'époque (il a fait le Paris-Dakar en 1997 en tant que pilote et 2005 en assistance Toyota).

Nous continuons ensuite par la même piste qu'eux, s'arrêtant parfois sur les côtés pour ne pas les gêner. Superbe paysage, belles pistes, passage du PC d'arrivée et direction le bivouac pour le début de soirée. Nous faisons le tour du bivouac, papotage divers avec ses amis dont quelques noms célèbres qui rappellerons des souvenirs à certains : René Metge, Jean-Louis Schlesser, Kroiss Manfred, Jacky Lechleiter... Cela finira en prenant prendre l'apéro avec ses amis sponsor officiel du rallye. Nous sommes au coeur d'un autre monde, mais avec des personnes que l'on dira "comme nous". Merci Gilles pour cette journée improbable.

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Dans les grandes villes marocaines, en plein centre, les personnes aiment souvent se perdre dans le "Souk", immense quartier commerçant en partie couvert. Dans les villes moyennes et villages, le souk désigne toujours le marché, mais celui-ci est éphémère, hebdo ou bi-hebdo, souvent en lisière du village. Celui de Zagora est ancestral, témoin d’une époque, croisée des caravanes commerciales, notamment vers Tombouctou au Mali.

Vue d'ensemble du souk bi-hedo de Zagora  

Il est hors pair, en périphérie de la ville, au milieu de rien, 2 fois par semaine (mercredi et dimanche), immense, grouillant d’activité. Marché aux dattes en cette saison, tout type de nourriture, animaux, quincaillers, bibelots, on peut tout y trouver et ce sur quelques hectares. Même si vous ne verrez pas trop de femmes sur ces photos, elles sont bien présentes.

 Souk bi-hebdo de Zagora

Ce type de marché ne fait pas trop d’ombre aux commerçants locaux, car la plupart d’entre eux y ont également des intérêts (emplacement, possibilité d’échanges, de commerces entre eux).

Zagora, 55 000 habitants, ville moyenne, aucun grand magasin, aucune enseigne nationale ou internationale, mais des centaines, des centaines de petits commerces. On imagine bien les villages français quelques décennies en arrière… échoppes, magasins sous arcades… Le premier hyper marché, et je ne parle pas de centre commercial, est à Marrakech… 340km. La taille moyenne d’un commerce par ici ne doit pas excéder 10m2, très souvent accolés les uns aux autres, véritables cavernes d'Ali Baba, certain étale leur activité sur le trottoir par manque de place. Des dizaines de petites épiceries parfois presque accolées, soudeurs, menuisiers, ébénistes, quincaillerie, garage auto ou vélo, pressing, écrivain public, tout se vend, tout se travaille ou se retravaille, tout le monde se connaît, s'entraide, s'échange des services, les enfants virevoltent et jouent dans les rues. On y travaille au minimum 6 jours sur 7, plus de 10h par jour.

des centaines de petits commerçants 

Combien de temps cela durera-t-il ? Les regroupements et concentrations commerciales gagnent du terrain, tous ces petits commerces sont sans doute voués aux archives... Ca fait mal au ventre... Dépêchez-vous de venir en profiter ici ou ailleurs...

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Finalement notre séjour mécanique bricolage sur Zagora aura duré 49 jours. Il faut dire que nous avons fortement rallongé la liste des choses à y faire, parfois même donner du fil à retordre à certains artisans (soufflet étanche - il ne connaissent pas la pluie ici !), mais il faut dire aussi que nous avons chercher une panne longtemps. Le genre de panne galère (prise d’air) qui, quand tu crois que c’est bon, te ramène sournoisement à ta case départ au bout de quelques dizaines, centaine de km. Enrageant, démoralisant. Demi-tour forcé. Nous serons revenus ainsi 4 fois sur Zagora. Ce problème d’alimentation du moteur en gasoil venait en fait de plusieurs facteurs : pompe manuelle défectueuse, traces-débris de rouille et présence d’eau dans un réservoir, une durite en fin de vie, un joint dans un ancien support de filtre à gasoil qui ne servait plus à rien dans le circuit… Même pour les apprentis sorciers qu'ils sont, pas évident tout cela, long et fastidieux.

Notre 2ème retour aura été le plus original. Cargol s’étouffe sur une piste mais proche d’un village ("Sidi Ali"). Il est 19h : "Allo Ali ? le problème est revenu… Ok je t’envoie quelqu’un." Il fait nuit, nous sommes à 125 km de Zagora dont 70 de piste. 22h la voiture arrive. A la lueur des phares de l’autre voiture, Abdou pompe le gasoil à la bouche, démonte, nettoie, diagnostique un souci dans le réservoir. A minuit, il veut nous faire prendre la piste et nous suivre. "Euh Abdou, Ta piste là, 125km de nuit, on en a pour plus de 4h en Cargol ! Vous, vous rentrez, on se débrouille pour vous rejoindre demain matin." Ils rentreront finalement à 3h du mat sur Zagora. Nous, nous prendrons le lendemain matin le goudron pour éviter de trop secouer le réservoir. Goudron = détour, soit 270 km en 4h (on a roulé vite !). L’employé Abdou sera quand même là toute la journée. Maroc, une autre façon de voir les choses…

Le 4ème retour forcé fut aussi original. On roule une demie-heure, une côte. Du mal a rétrograder. Je m’arrête. La boite de vitesse est dure, difficile d’enclencher une vitesse. On rentre sur le fil… Là franchement on a pas le moral. Ali nous revoilà, encore un mouchkil (problème). En 1 mn le souci est résolu, un simple faisceau électrique mal positionné à la remise en place de la cabine et qui est venu coincé en partie la tringlerie de la boite de vitesse. Ouf. Le vrai départ est sans doute donc pour le lendemain.

Rester longtemps dans un lieu, c’est l’occasion d’avoir plus d’échanges avec la population, d’approfondir des relations. Les marocains sont extrêmement accueillants, ravis de faire découvrir leur pays, leurs coutumes et habitudes et friands aussi d’informations sur la France, notre vie. Quelques personnes auront marqué notre séjour en mettant à notre disposition un peu de leur temps. Un grand merci à Ali et son équipe pour leur patience, leur acharnement dans le travail, les multiples thés à la menthe, tajines et poulets rôtis ingérés… un grand merci à Malika, gérante de l’hôtel sirocco qui nous a ouvert ses portes, ouvert gracieusement son hammam et les douches de ses chambres (fallait bien que l’on se lave une fois par semaine), laisser à disposition ses machines à laver (fallait bien se changer de temps en temps) et ses multiples discussions (entre femmes surtout !)… un grand merci à Abdou rencontré dans le souk et qui nous aura bien aidé à faire comprendre à l’artisan du soufflet que l’eau cela peut rentrer partout… un grand merci à la maison Toudra (commerce local) où Muriel a atterri pour préparer le Tajine avec le patron alors qu’elle était juste partie acheter des légumes dans un autre magasin… et enfin un grand merci à Ibrahim pour sa présence et sa bienveillance permanente, ses sourires, ses histoires et parfois son grand rôle de traducteur - négociateur (tous les marocains ne parlent pas français)… C’est à contrecoeur que nous nous éloignons d’eux, mais les voyages c’est aussi accepter l’éphémère et les séparations. Cargol lui aussi n’est pas passé inaperçu dans cette ville (les cantonniers comme tant d’autres nous faisait des signes et de grands sourires).

Heureusement durant nos échappatoires et retours forcés, nous avons pu prendre de belles pistes, compléter notre formation et tester Cargol sur de multiples terrains, tel sont aussi les buts de notre séjour au Maroc. Récit dans quelques jours sur ce point…

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Nous voilà donc à l’assaut des pistes, notamment la célèbre piste interdite. Piste interdite, tel est l’ancien nom de la piste qui longe la frontière algérienne. Il subsiste de par et là quelques postes de contrôle. Pauvres militaires, dans une bicoque toute la journée, à ne voir passer que quelques âmes, pour remplir manuellement un cahier crasseux avec le numéro de passeport et de la plaque d’immatriculation. J’imagine même pas la situation de ces pauvres gens en plein été avec 50° à l’ombre…

Les pistes… Grosso merdo, c’est du cailloux, du cailloux, encore du cailloux ou parfois mais rarement du sable. Dans tous les cas ce sont d’immensités désertiques, parsemés toujours à l’horizon de montagnes infranchissables dont tu n’aperçois la passe (brêche) qu’au dernier moment, de tamaris ou d’acacias, d’oasis perdus, de villages ou maisons abandonnés… les purs 4x4 arrivent à y rouler assez rapidement, les pick-up cellules, fourgons ou p’tits gros comme nous, c’est une autre histoire : faut préserver les montures, les aménagements de la cellule et la moyenne en général ne dépasse pas les 20-25km/h (soit parfois 10 et très rarement 40 !) A ce rythme l’horizon est très long à atteindre ;-) Une piste, tu sais quand tu pars, tu sais pas quand tu arrives ! Prendre le temps…

Au jour où nous écrivons ces lignes, Cargol à avaler pas loin de 600km de pistes. Imaginez-vous faire un Toulouse Paris à un poil plus de 20km/h sur des chemins parfois bien défoncés ! MDR J’imagine également aux siècles passés les carioles et diligences, cataclop, cataclop…

Quelques exemples de pistes, 2 vidéos simplistes qui permet d'avoir un petit aperçu des immensités, le tout en accéléré, heureusement pour vous...


Formation avec Christophe

Après un essai raté pour cause de prise d’air angoissante le 25 décembre précédent, nous revoilà le 24 janvier à tester Cargol, son pilote et copilote. Cargol à ses limites : 10 tonnes et 170cv, dans le gros mou et les fortes pentes, ben ça aide pas ! Tu les vois faire les malins les camions dans les rallyes style Paris-Dakar… Ouais ben eux ils font 5 à 6 tonnes et amènent avec eux un énorme troupeau de chevaux sauvages. Donc Christophe nous guide petit à petit vers la technique, le maniement des plaques de désensablement (non non pas 2, prends en 4 là !), et bien sûr du râteau et de la pelle ! Le métier rentre. A l’issue, nous ne sommes certes pas encore prêt psychologiquement à vouloir monter sur toutes les dunes qui se présentent (pas pour rien qu’il s’appelle Cargol et pas Dromad), mais nous nous présentons avec succès aux pistes sableuses et passages d’oued difficiles, voire trialisant parfois. Cargol avale des trucs quand même impressionnant.

Formation V2 
 Camping Esprit Désert à M'Hamid 

La M’Hamid - Foum Zguid (150 km)

Mélange de terrains variés, c’est au début par le nord que nous l’attaquons, dans des immensités de cailloux. Puis soudain quelques palmiers, une source, ce sera l’arrêt bivouac à l’Oasis Sacré, lieu de plénitude, calme total.

L'oasis sacré  

Puis l’erg Chegagga, haut lieu de réjouissance des rallyes et amateurs de dunes. Malheureusement pour nous, ce jour là passe le M’hamid express, important rallye avec buggys, 4x4, motos, SSV… La piste sableuse est parfois étroite, bien ondulée et les véhicules de rallyes nous déboulent de face… Nous sommes à contresens. Génial ! Ben oui la nature est à tout le monde ici. Pas envie d’y passer la journée. Nous ferons des sauts de puces, essayant d’anticiper les arrivées en scrutant la poussière, mouvements ou bruits de moteurs. 15km de pistes communes, 2h…

Ouf nous sommes à nouveau seul et trouvons encore un nouveau paysage, étendue désertique plate et nue : le Lac Iriki. Environ 30 km de plat, avec juste perdu au milieu de rien, 4 ou 5 bâtiments café-restau-chambres. L’un deux le Titanic est à privilégier pour tout arrêt terrasse ou retraite de plusieurs jours.

Lac Iriki 

Le cratère de la piste interdite du côté Tagounite

Nous partons vers le cratère aperçu avec Gilles début janvier lors du passage des véhicules de l’Africa Race. Paysage impressionnant : imaginez un plateau de 70km2 entouré de 300m de hauteur par des montagnes ou falaises, le tout à 360°, un vrai cirque naturel, provoqué par une météorite plusieurs millions d’années en arrière. Nous bivouaquerons dans cet espace démesuré et délirant. La nature nous avale. La descente et la remontée sont impressionnants, juste la place pour Cargol, le précipice n’est parfois pas très loin. Rassurez-vous pas de risques non plus inutile. Seul bémol, après avoir avalé ces passages, Cargol s’étouffe parfois et nous avons du raccourcir notre escapade… (ça c’était le 3ème retour sur Zagora)

The cratère !  

Zagora - Merzouga (200 km)

Celle-ci, nous l’aurons faite en 2 étapes. La première fois un Zagora -Sidi Ali, mais interrompu par la prise d’air (cf dépannage nocturne raconté plus haut). Retour donc sur Sidi Ali pour la suite de la piste. Nous optons au début par une piste secondaire, superbe paysage de cailloux, montagne, sable, immensité aux contrastes surprenants. Bivouac paradisiaque proche d’un "oasis". Juste quelques touffes de palmiers clairsemés au bord d’un oued asséché ou seules des traces blanches de sel subsistent.

Col de Belkacem

Non prévue au départ, nous nous aventurons dans cette piste de 50km pour éviter un immense détour. Piémont de l’Atlas, le début de la piste est plutôt trialisant avec plusieurs passages d’oueds par km, nous obligeant à descendre pour voir comment nous allons placer nos roues. 10km avalé en 1h30 (rigolez pas !) la fin de journée est proche. Nous décidons quand même de monter jusqu’au col pour sans doute y établir notre bivouac. Au pied du col, derrière une p’tite colline une surprise : une maison abandonnée, un micro oasis avec ses palmiers, bivouac idéal ! Ceux qui ne cherchent pas ne trouve pas ! Je sens que certains vont répondre "Ceux qui cherchent la merde la trouve aussi" ;-) Pour l’instant, pour nous c’est plutôt "qui sème du sourire, récolte du bonheur".

 Superbe bivouac au pied du col

Mention spéciale à Kasbah Erg Chebi à Merzouga, hôtel ou simple bivouac sur le parking, Mohamed le patron du lieu est un des pionniers de cette région et met bien plus en avant les valeurs humaines que celles du tourisme local bien dénaturé... A ne pas rater si vous passez dans les environs !

 Kasbah Erg Chebi Merzouga 
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Le Maroc, 10% de superficie de plus que la France et bien plus étiré du Nord au Sud que notre hexagone. Donc quand il s'agit d'aller retrouver la Méditerranée au nord depuis les oasis et palmeraies, tu as pas trop le choix : tiens le volant et chope une crampe sur l'accélérateur car ça va être long ! Nous dégustons quand même les dernières palmeraies et notre dernière piste avant de s'enfoncer dans le no-man's land de l'ouest Marocain...

No man's land car de Er rachidia à Oujda, c'est 500 km de droit, ponctués de 4 villages bien répartis tous les 100 km. Les stations services ne sont pas aussi bien réparties mais cas où, tu peux trouver quelques bidons dans les villages 😉. La monotonie est à un moment cassée par la longée de la frontière algérienne : pas de postes frontières (frontière terrestre et aérienne fermée), mais une tranchée de plusieurs mètres de largeur et de profondeur. Au delà de la connerie humaine, Trump aurait peut-être dû s'en inspirer plutôt que de faire du béton et de la ferraille pour sa frontière mexicaine...

Les lignes droites entre 60 et 70 km/h furent longues pour Cargol, quelques tentes et maisons éparses (c'est pas pour rien non plus que le Maroc est 2 fois moins peuplé que la France), beaucoup de bergers, et des nouvelles cultures apparaissent à grand renfort d'irrigation : de jeunes palmiers dattiers et de pins destinés à la revente et à l'exportation.

 De Er Rachidia à Oujda, le Maroc Oriental c'est 500km, 4 villages...

Puis le nord apparaît enfin, nous retrouvons la verdure et des bivouacs tranquilous sous les pins ou les eucalyptus... la Méditerranée n'est plus très loin...

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Plages, rochers, falaises, un grand classique de ce bord Méditerranéen au "Cap de l'eau"

 Bivouac tranquille pour Cargol au son des mouettes et des bateaux de pêcheurs 

Amis du marketing, passez votre chemin 😉, ne pas choisir son restaurant d'après l'enseigne !

Le port de pêche... la pêche au Lamparo est la plus pratiquée ici : 2 "bateaux lumières" accrochés au départ du port, derrière un petit chalutier contenant une 15aine de personnes, départ à la tombée de la nuit vers 18h. Leur rôle est d'éclairer un filet flottant pour attirer les bancs de sardine. Cette pêche est interdite en France, les lois et la protection de la nature ont des frontières...

 les petits bateaux Lamparo accompagnent les plus gros 

Nous avons quand même gouter aux innombrables barbecues-sardines proche de la jetée, mais la cuisine maison, cookies et pageots royaux fonctionnent à merveille. On est en mode test, donc le four aussi !

 Cookis et pageots royal en cocotte au four 

Retour au petit matin des bateaux partis la veille. Les "mouches" (acheteurs) arrivent, touchent et retournent les sardines (comme si elles étaient pas fraîches - pouarf !), gesticulent et parlementent (mais pas bruyamment si si) et les fourgonnettes non frigorifiques peuvent partir... Les pêcheurs rangent leurs filets, un autre jour se lève...

Un bateau retardataire, dernier espoir pour les acheteurs qui font la grasse mat, et pour le grand bonheur de la horde des chats portuaires. Bon, un bateau d'un autre style nous attend aujourd'hui... See you soon 😉

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2 semaines que nous sommes rentrés. Pourquoi il pleut ? Pourquoi il fait froid ? Pourquoi les gensses ils font la gueule ? Où sont passés les ânes et les Renault 12 ?

Ce n'est pas le Corona qui a failli nous bloquer à la frontière mais le chargement inopiné d'un clandestin. Nous avions été averti que l'accès au port de Nador (Nord-est du Maroc, tout proche de la frontière Algérienne) était mouvementé... Le port de Nador est l'une des voies commerciales importantes pour l'accès vers l'Europe et des clandestins cherchent à monter sur les camions en espérant trouver une ouverture pour s'y faufiler. Clandestins essentiellement jeunes marocains qui voient en l'Europe l'Eldorado...

Le port de Nador est situé sur une pointe, à l'extrémité de la ville, d'un côté une petite chaîne de montagne, de l'autre la mer. Autant dire, pas le choix concernant l'accès, traversée de la ville et de ces avenues pour rejoindre l'autre bout. Entrée de la ville, 1er feu à 400m dans cette large avenue à 2 voies, 2 terrains plutôt vagues sur les côtés où des jeunes courent en diagonale en direction du feu. Dans leurs courses, ils nous regardent. Sûr qu'ils ne s'entraînent pas pour la course locale du dimanche ! Nous sommes repérés ! Gérer la vitesse de Cargol pour avoir un bon timing sur le passage du feu vert et ne pas s'arrêter au feu, guetter les rétros latéraux, accélérer au bon moment pour les empêcher de s'agripper à l'arrière de Cargol. Allez go c'est parti !

S'accrocher aux montants arrières de Cargol n'est pas un soucis, mais essayer de monter sur le toit en s'appuyant sur les plastiques des petites motos, marcher sur les panneaux solaires ou casser le lanterneau sur le toit pour pénétrer à l'intérieur, là est la problématique.

Les photos ci-dessous ont été piquées sur le net, mais c'est la réalité telle que nous l'avons vu. Les premiers feux et le premier rond-point sont passés sans difficulté, en gérant la vitesse et les accélérations. Chaque intersection, chaque endroit susceptible de te faire ralentir, ils sont là, solitaires ou pas. Certains sont plus malins que d'autres, te voient arriver de loin, font semblant de faire quelque chose et ne te regardent pas. A peine nos rétros les dépassent, ils se précipitent vers l'arrière de Cargol. Stressant.

Une autre rond point, trop de voitures, l'arrêt est inévitable. Les sangsues sont là. Autant arrêter Cargol en plein milieu du rond-point, histoire de foutre la merde pour mieux s'en sortir. Je descends, Je gueule, ils descendent mais attendent là juste à côté du camion que tu repartes pour remonter ! Ca klaxonne de partout, d'autres marocains s'en mêlent pour les faire reculer et Muriel vocifère depuis sa fenêtre. Ca s'éloigne un peu... 10m. Je prends du recul pour mieux voir le dessus du toit... en voilà un qui essaye de s'aplatir au maximum. Je monte sur le toit. J'aurais bien aimé avoir une photo avec une vue générale de ce rond-point, Cargol bien au milieu, moi au-dessus, Muriel à la fenêtre, et tout le bordel généré tout autour ! 😅 "Descend, tu es repéré ! " Ca klaxonne de plus belle. Il pèse dans l'atmosphère une ambiance particulière, j'aperçois un policier pas très loin, il n'a pas bougé... A quoi bon. On redémarre, pour 100m, juste le temps de sortir du rond-point, en revoilà de nouveaux accrochés. Je coupe, je descends à nouveau. Un marocain dans une bonne vieille R5 se colle à mon cul (là je parle de Cargol hein !) et me dit "Fonce je vais t'escorter". Sur environ 11km jusqu'au port, la R5 est là, derrière ou sur notre gauche, ou devant, ou sur notre droite, essayant d'anticiper les problèmes et de nous frayer un chemin. Le pire des ronds points avait été passé mais il a fallu en gérer plusieurs, bien accompagnés par de multiples ralentisseurs. Moi j'appuie souvent à fond, klaxonne bien fort pour pousser des voitures, brule des feux rouges, fonce vers des clandestins pour les surprendre et mettre un coup de volant et d'accélérateur à leurs niveaux - un Cargol qui te vise, ça effraie un peu quand même ! Certains arriveront tout de même à s'accrocher mais très furtivement.

Le port ! Enfin le port ! Grande grille, fouille avec chien à l'entrée, ouf ! Tout à l'air plus calme dans l'enceinte portuaire, c'est rassurant. Passage par les cahutes pour les passeports et nous sommes dirigés vers le scanner à camion. Rien à signaler à la sortie de celui-ci, pas de drogues, d'armes ou de clandestins cachés, nous pouvons rejoindre sereinement la dernière étape : le grand parking pré-embarquement juste avant la montée sur le ferry qui est tout proche de nous. Longue attente puis nous bougeons enfin, l'embarquement est imminent, nous sommes maintenant à quelques mètres du ferry, dernière fouille effectuée par le personnel de la compagnie maritime. Ils se mettent à genou pour scruter sous les camions, appuient une échelle pour contrôler le toit, font ouvrir toutes les portes... Soudain, vociférations multiples autour de Cargol, un jeune sors d'en-dessous, un clandestin, noir de salissures et de graisse, planqué dans les essieux de Cargol . Un homme de la compagnie s'approche de moi, quelques galons sur les épaules, chemise blanche en partie déboutonnée, chaine en or, traits tendus et anguleux, cheveux blondinets en brosse, des yeux qui lancent des éclairs, pas le genre de personne avec qui t'a envie d'aller boire un verre. Un mauvais anglais sort de sa bouche agressive, avec un accent type pays de l'est, d'un ton sec, énervé : "YOU STAY THERE ! YOUR RESPONSABILITY ! DON'T GO BOAT ! STAY HERE !"

Là tu comprends vite ce qui t'arrive, que le prochain bateau il est dans 6 jours et que tu es bien dans la merde ! Nous vous passons tous les détails qui ont suivi et qui auront duré près de 4h, les palabres avec certains responsables de la compagnie ou avec la police du port, la patience dont il a fallut faire preuve, c'est formateur. Nous monterons finalement à la dernière seconde dans le bateau.

Le clandestin a dû se glisser sous Cargol dans le dernier parking, juste avant le bateau et après le scanner qui après vérif était bien "clean". Parking sécurisé par la police du port, sous leur entière responsabilité, no comment. Trois mois auparavant, la police de Barcelone avait trouvé dans ce bateau, avec ce commandant un clandestin. Ils avaient reçu un avertissement avec menace de suppression de licence, d'où la grande nervosité de l'équipage, avec l'ordre formel d'interdire définitivement l'accès à tout véhicule transportant un clandestin.

Espagne traversée, nous avons retrouvé du cochon, du magret, de la famille et des amis, mais le calme de la nature, les bivouacs isolés, ne pas savoir ce qui nous attends le lendemain, tout cela nous manque... Ne reste plus qu'à attendre la fin de la pandémie pour reprendre la route...

La suite et le départ de France par là...