Nous voilà donc à l’assaut des pistes, notamment la célèbre piste interdite. Piste interdite, tel est l’ancien nom de la piste qui longe la frontière algérienne. Il subsiste de par et là quelques postes de contrôle. Pauvres militaires, dans une bicoque toute la journée, à ne voir passer que quelques âmes, pour remplir manuellement un cahier crasseux avec le numéro de passeport et de la plaque d’immatriculation. J’imagine même pas la situation de ces pauvres gens en plein été avec 50° à l’ombre…
Les pistes… Grosso merdo, c’est du cailloux, du cailloux, encore du cailloux ou parfois mais rarement du sable. Dans tous les cas ce sont d’immensités désertiques, parsemés toujours à l’horizon de montagnes infranchissables dont tu n’aperçois la passe (brêche) qu’au dernier moment, de tamaris ou d’acacias, d’oasis perdus, de villages ou maisons abandonnés… les purs 4x4 arrivent à y rouler assez rapidement, les pick-up cellules, fourgons ou p’tits gros comme nous, c’est une autre histoire : faut préserver les montures, les aménagements de la cellule et la moyenne en général ne dépasse pas les 20-25km/h (soit parfois 10 et très rarement 40 !) A ce rythme l’horizon est très long à atteindre ;-) Une piste, tu sais quand tu pars, tu sais pas quand tu arrives ! Prendre le temps…
Au jour où nous écrivons ces lignes, Cargol à avaler pas loin de 600km de pistes. Imaginez-vous faire un Toulouse Paris à un poil plus de 20km/h sur des chemins parfois bien défoncés ! MDR J’imagine également aux siècles passés les carioles et diligences, cataclop, cataclop…
Quelques exemples de pistes, 2 vidéos simplistes qui permet d'avoir un petit aperçu des immensités, le tout en accéléré, heureusement pour vous...
Formation avec Christophe
Après un essai raté pour cause de prise d’air angoissante le 25 décembre précédent, nous revoilà le 24 janvier à tester Cargol, son pilote et copilote. Cargol à ses limites : 10 tonnes et 170cv, dans le gros mou et les fortes pentes, ben ça aide pas ! Tu les vois faire les malins les camions dans les rallyes style Paris-Dakar… Ouais ben eux ils font 5 à 6 tonnes et amènent avec eux un énorme troupeau de chevaux sauvages. Donc Christophe nous guide petit à petit vers la technique, le maniement des plaques de désensablement (non non pas 2, prends en 4 là !), et bien sûr du râteau et de la pelle ! Le métier rentre. A l’issue, nous ne sommes certes pas encore prêt psychologiquement à vouloir monter sur toutes les dunes qui se présentent (pas pour rien qu’il s’appelle Cargol et pas Dromad), mais nous nous présentons avec succès aux pistes sableuses et passages d’oued difficiles, voire trialisant parfois. Cargol avale des trucs quand même impressionnant.
La M’Hamid - Foum Zguid (150 km)
Mélange de terrains variés, c’est au début par le nord que nous l’attaquons, dans des immensités de cailloux. Puis soudain quelques palmiers, une source, ce sera l’arrêt bivouac à l’Oasis Sacré, lieu de plénitude, calme total.
Puis l’erg Chegagga, haut lieu de réjouissance des rallyes et amateurs de dunes. Malheureusement pour nous, ce jour là passe le M’hamid express, important rallye avec buggys, 4x4, motos, SSV… La piste sableuse est parfois étroite, bien ondulée et les véhicules de rallyes nous déboulent de face… Nous sommes à contresens. Génial ! Ben oui la nature est à tout le monde ici. Pas envie d’y passer la journée. Nous ferons des sauts de puces, essayant d’anticiper les arrivées en scrutant la poussière, mouvements ou bruits de moteurs. 15km de pistes communes, 2h…
Ouf nous sommes à nouveau seul et trouvons encore un nouveau paysage, étendue désertique plate et nue : le Lac Iriki. Environ 30 km de plat, avec juste perdu au milieu de rien, 4 ou 5 bâtiments café-restau-chambres. L’un deux le Titanic est à privilégier pour tout arrêt terrasse ou retraite de plusieurs jours.
Le cratère de la piste interdite du côté Tagounite
Nous partons vers le cratère aperçu avec Gilles début janvier lors du passage des véhicules de l’Africa Race. Paysage impressionnant : imaginez un plateau de 70km2 entouré de 300m de hauteur par des montagnes ou falaises, le tout à 360°, un vrai cirque naturel, provoqué par une météorite plusieurs millions d’années en arrière. Nous bivouaquerons dans cet espace démesuré et délirant. La nature nous avale. La descente et la remontée sont impressionnants, juste la place pour Cargol, le précipice n’est parfois pas très loin. Rassurez-vous pas de risques non plus inutile. Seul bémol, après avoir avalé ces passages, Cargol s’étouffe parfois et nous avons du raccourcir notre escapade… (ça c’était le 3ème retour sur Zagora)
Zagora - Merzouga (200 km)
Celle-ci, nous l’aurons faite en 2 étapes. La première fois un Zagora -Sidi Ali, mais interrompu par la prise d’air (cf dépannage nocturne raconté plus haut). Retour donc sur Sidi Ali pour la suite de la piste. Nous optons au début par une piste secondaire, superbe paysage de cailloux, montagne, sable, immensité aux contrastes surprenants. Bivouac paradisiaque proche d’un "oasis". Juste quelques touffes de palmiers clairsemés au bord d’un oued asséché ou seules des traces blanches de sel subsistent.
Col de Belkacem
Non prévue au départ, nous nous aventurons dans cette piste de 50km pour éviter un immense détour. Piémont de l’Atlas, le début de la piste est plutôt trialisant avec plusieurs passages d’oueds par km, nous obligeant à descendre pour voir comment nous allons placer nos roues. 10km avalé en 1h30 (rigolez pas !) la fin de journée est proche. Nous décidons quand même de monter jusqu’au col pour sans doute y établir notre bivouac. Au pied du col, derrière une p’tite colline une surprise : une maison abandonnée, un micro oasis avec ses palmiers, bivouac idéal ! Ceux qui ne cherchent pas ne trouve pas ! Je sens que certains vont répondre "Ceux qui cherchent la merde la trouve aussi" ;-) Pour l’instant, pour nous c’est plutôt "qui sème du sourire, récolte du bonheur".
Mention spéciale à Kasbah Erg Chebi à Merzouga, hôtel ou simple bivouac sur le parking, Mohamed le patron du lieu est un des pionniers de cette région et met bien plus en avant les valeurs humaines que celles du tourisme local bien dénaturé... A ne pas rater si vous passez dans les environs !