Carnet de voyage

Arabie Saoudite

10 étapes
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Dernière étape postée il y a 9 jours
Ouvert au tourisme depuis 2019, c'est un pays dont vous entendrez beaucoup parlé dans quelques années, en bien probablement, du moins c'est bien parti.
Janvier 2023
90 jours
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Publié le 4 mars 2023

La première étape en Arabie Saoudite (AS) n'est qu'un bref passage, un transit. Ce pays est dans notre programme de visite mais nous souhaitons dans un premier temps rejoindre la Jordanie. Nous pensions à l'origine passer par l'Irak mais le dépannage de Vanessa et Cyril nous a fait prendre une autre route. Dommage car d'après des voyageurs avec qui nous sommes en contact, l'accueil des Irakiens est mémorable. Faire un demi tour au Koweït pour revenir en Irak ? Niveau km, cela aurait pu être judicieux, mais repayer un visa à 300€ cela nous a freiné un peu (ben oui c'est le prix pour le visa pour 2 pers + véhicule et en plus c'est en entrée unique). Bref non.

Au vu des petites aventures que nous avons connues en AS et relatées ci-après, ben y'a quand même une bonne étoile. Il faut laisser faire les choses, le destin paraît-il.

Rejoindre la Jordanie via l'AS, c'est rester sur le nord de l'AS en étant proche et parallèle à l'Irak. Une sorte de liaison sur 1600 km qui pourrait être plaisante si les paysages étaient sympas... ben non ! c'est du désert plat sans intérêt. Si les routes étaient sinueuses... queutchi ! c'est des km de lignes droites interminables. Si Cargol roulait à 120 la limite autorisée... dans le cul lulu ! moitié moins ! 👉 galère, on se prévoit 3-4 jours bien intense !

Rien à l'horizon, quelques chameaux en mode touriste

Y'a quand même une seule et très jolie zone sur notre parcours ("Hail", voir à la télé le Paris Dakar 2023 sur les étapes du 3, 4 et 5 janvier 😉 ). Manque de pot fait pas beau. Manque de pot Cargol en fin d'après-midi semble avoir du mal à démarrer. Manque de pot à 6h du matin le lendemain, prêt à partir, plus rien au démarrage, batterie HS. Tu sens comme nous la galère venir non ? Il pleut. Les batteries sont neuves d'un mois, merdum ça doit être une conséquence d'un autre problème. Alternateur ? Probable, mais nous l'avons changé en Turquie il y a tout juste un an. 😳

Région de Hail, terre rouge, montagne noire 

Coincé. Trop tôt pour agir. 7h30, un inconnu toque à notre porte pour dire bonjour. Puis "Si vous avez besoin de quoi que ce soit..." "Ah ben oui tiens, un camion et des câbles pour démarrer 😂 ! " Finalement, quelques démerdes plus tard, avec 2 paires de câbles et 2 voitures nous faisons du 24v et zou Cargol démarre au 1/4 de tour, mais faut pas l'éteindre ! Un petit coup de multimètre, effectivement l'alternateur ne charge rien. Ici il pleut, un peu plus loin il fait meilleur. La prochaine ville de taille raisonnable est à 350km, donc go !

Pas une batterie, non 2 siouplait ! 

L'histoire rocambolesque ne s'arrête pas là. 50km avant d'arriver à la dite ville, un pick-up au bord de la route nous filme en passant devant lui. Classique. Dans le rétro je vois qu'il repart. Tiens, toi, je vais te demander quelque chose. Il me double (vous vous souvenez, nous roulons pas vite) et je lui fait signe de s'arrêter. "Vous connaissez un peu les garages poids-lourds à la ville pour résoudre notre problème ? " Le jeune 25-30 ans "J'ai 3 entreprises, 3 mécanos, des vieux camions, vient chez moi nous allons nous en occuper." 😳 Hein quoi ? 🤪👍 "tu habites où ?" "A 200 km, sur la route de la Jordanie" A priori le Messie donc ! "Ok, le temps de faire ces 200 bornes de plus, nous serons là en début de soirée".

19h nous entrons dans la cimenterie et fabrique de parpaings. Le lendemain matin, en 1h le démarreur était démonté, réparé (un simple problème de connexion sur la pièce contenant les charbons). Il me change quand même la pièce en me donnant l'ancienne arrangée. Un autre mécano, égyptien est là aussi. Il a travaillé sur des Magirus dans son pays. T'en veux du hasard ? 😂 Jette un coup d'oeil là que j'ai de l'huile qui fuit très légèrement (je sais que cela vient du compresseur et que ce coquinou nous lâchera un jour). Ni une ni deux, en voyant le truc il diagnostique immédiatement et me dit "je peux te démonter le compresseur et peut-être que."

Plus robuste sans doute mais question confort... non on tapas troquer Cargol ! 

Il va en baver pour accéder à la pièce, la démonter, identifier la problématique interne, mais déception, pas possible de réparer par ici me dit-il en revenant après être parti chercher la pièce qui va bien. "Mais je t'en ai pris un neuf, il est quasi identique, je vais te l'adapter !"

Faris et Hassan en pleine réflexion 

Pendant qu'il s'affaire, ben nous sommes invités à manger dans la famille. La famille de Faris est très traditionnelle. Son père à 2 femmes et 20 enfants. La maison est une demeure fermée incluant 2 immenses maisons. Je mange avec les hommes. MaLoute est avec les femmes qui chez elles, sont habillées en vraies femmes. Bien sûr je ne les verrais pas, juste les photos qui ont été faites mais voilées. Un bon moment pour nous deux pleins de traditions et de respect où même les hommes ont serré la main de la femme occidentale (pas évident partout).

Chez Faris et dans un café 

Au retour, le nouveau compresseur est quasi en place. Comme si cela ne suffisait pas, un soudeur de l'équipe va également me renforcer l'arrière qui a un peu souffert avec le tractage sur 600km de "GG", le camping car de 4 tonnes.

3 jours 3 nuits dans l'entreprise, un employé sur 2 jours pour nous, un compresseur tout neuf, un accueil hors pair, et tout ça pour... RIEN 😳🙏. Enfin si pour quelque chose de sans doute plus essentiel, plus difficile à comprendre pour nous européens, pour le souvenir de cette belle entente, de ces bons moments ensemble, pour le plaisir de rendre service, d'aider, de dépanner.

Nous achevons les derniers 150km de désert vers la Jordanie sans problème. Ah si j'oubliais, nous avons fait deux fois les courses dans des superettes. La 1ère fois, au moment de payer le caissier nous dit "c'est cadeau, mais prenez autre chose, vous n'avez pas pris grand chose, des boissons peut-être ?... Bienvenue" 😳 La 2ème fois, c'est un client qui a dit au caissier "c'est pour moi, Bienvenue". Juste comme ça... à méditer...

A bientôt l'Arabie saoudite, nous revenons l'année prochaine ! 😉

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

Pays précédent : Koweït, Pays suivant : Jordanie

Et nous y voilà à l'année prochaine ! (cf récit du dessus pour ceux qui ont du mal à suivre 😜) Exit la Jordanie, rentrons dans ce pays ouvert depuis 2019 seulement au tourisme. Si tu rajoutes le covid là-dessus, nous sommes un peu les pionniers du tourisme moderne dans cette contrée. Grand bien nous en fasse ! Nous commençons d'abord à descendre en parallèle de la Mer Rouge. Paysage désertique, bord de mer sauvage. Pas de paillotes par ici !

 Test de roulage pour Fiat Ducato, ben non ça passe pas

Tiens un hydravion... enfin ce qu'il en reste. Nous sommes en 1960... Riche milliardaire américain, j'ai acheté et aménagé un hydravion et nous partons avec ma famille. En partant de l'Egypte nous traversons la Mer Rouge et là, hurlement dans un espèce d'anglais dans la radio qui grésille : "Not allowed, prohibited, down !" Nous amerrissons en catastrophe en bord de mer. Le coin est totalement désert. L'ambassade américaine a plus d'un millier de km. Demain sera un autre jour. Mauvais réveil... Une bande d'excités, sans savoir pourquoi, nous tire dessus. 300 impacts de balles sur la carlingue, c'est sûr que nous ne repartirons pas avec. Nous sommes indemnes ouf ! Nous sommes embarqués et quelques jours plus tard expulsés du pays avec perte et fracas, mais en vie. Le climat et quelques tempêtes ont depuis bien abîmés notre maison volante, mais il reste le témoin d'un passé où l'Arabie Saoudite montrait un autre visage.

La vraie histoire :

Le Catalina, l'avion, un modèle PBY-5A, a été acheté à la marine américaine par Thomas W Kendall, un industriel californien à la retraite de 44 ans, a entamé un voyage autour du monde à bord d'un amphibie PBY qu'il avait transformé en un somptueux yacht volant. Le groupe de Kendal était composé de sa femme Miriam, de ses enfants - Bob, 24 ans, Susan, 15 ans, Paul, 11 ans, Kathy, 9 ans - de sa secrétaire Ramona Shearer et du fils de celle-ci, Stephen, 11 ans. Le photographe David Lees s'est joint au groupe pendant le voyage pour en enregistrer une partie pour Life. Un soir, Kendall a atterri dans le golfe d'Aqaba, au Moyen-Orient, et le voyage d'agrément s'est transformé en une aventure déchirante, presque fatale.Le 22 mars 1960, Thomas Kendall atterrit dans le détroit de Tirana et ancre l'avion à une courte distance du rivage pour y passer la nuit. Ils entendent quelqu'un crier mais n'y prêtent pas attention. L'après-midi du lendemain, ils ont été attaqués à la mitrailleuse et à l'arme automatique depuis un promontoire situé à proximité. Les enfants ont pu regagner l'avion à la nage. M. Kendal et sa secrétaire ont été blessés en essayant de faire démarrer le Catalina, mais ils l'ont déplacé d'environ 800 mètres, malheureusement il s'est échoué sur un récif corallien. Les tirs ont duré de 30 à 40 minutes et pas moins de 300 tirs ont touché l'avion. Les réservoirs de carburant sont perforés et 4000 litres de carburant s'écoulent des trous, mais miraculeusement, l'avion ne prend pas feu. La mer n'avait qu'une profondeur d'environ 1,5 mètre et tous les passagers ont réussi à quitter l'avion et à atteindre le rivage. Sur la plage, ils sont capturés par un groupe de Bédouins rattachés à l'armée saoudienne, qui les avaient pris pour des commandos israéliens. Ils sont finalement emmenés à Jeddah, interrogés et finalement libérés avec l'aide de l'ambassadeur américain. L'ambassadeur a protesté auprès du gouvernement saoudien, mais celui-ci a refusé d'accepter toute responsabilité pour l'attaque et la perte de l'avion qui en a résulté.

Une toute petite partie de la station de ski

Et cet autre visage, l'AS est en train de le construire comme dans cette région de A à Z. Dans une région immense, bien plus grande que certains pays européens, elle est en train de créer un monde à part, un monde nouveau. Le projet s'appelle Néom. Nous traversons ce projet. Sur plus de 200 km de long et une cinquantaine de large, des chantiers partout, des milliers d'engins en tous genres. Une ville hyper technologique de 170 km de long sur 500m de hauteur et seulement 200m... ... de large, et aux alentours plus ou moins proches de quoi s'évader dans un monde féérique : marinas et Lagons digne des Seychelles, montagne avec station de ski futuriste elle aussi... Il s'agira même d'un nouveau pays, indépendant de l'AS, gérer par un consortium avec ses propres lois, sa propre police... C'est une vision d'autre chose. Les visionnaires par le passé ont toujours été traités de fous. Parfois à juste raison, parfois non.

 The Line

Dans ce monde que nous vivons aujourd'hui, n'est-il pas raisonnable de tenter autre chose ? Septique. L'avenir nous le diras.

Nous trouvons cependant à l'écart de plusieurs chantiers un petit coin bord de mer sympa. Nous y croisons des étrangers qui travaillent sur le projet. Ils sont en jours de repos, ingénieurs ou encore archéologue. Occasion d'en savoir un peu plus. Opportunités financières car les salaires sont exhubérants, indécents, vivant dans le luxe dans des villages fermés de plus de 3000 personnes. Des avantages conséquents, logement, restauration gratuite, billets d'avions mensuels pour rentrer dans le pays d'origine... Incroyable, inimaginable...

 Le camping n'est pas clôturé

Hormis les chantiers, pas grand chose de visible pour l'instant, les fondations se posent, le système de communication ferroviaire enterré en cours de construction. Chantiers en activités 24/24, objectif 2030. Dubaï va prendre un coup de vieux et paraîtra alors has-been.

Vous l'avez sans doute compris, ce projet fait partie d'une volonté du gouvernement royal de changer l'image et l'économie du pays. Ce projet, si c'est le plus grandiose et le plus dément, n'est pas unique. Nous allons en croiser d'autres sur notre route. A suivre très bientôt !

Les pays possédant un tel désert ne sont pas nombreux. Un vrai désert en 3D qui te fait vibrer les racines de tes poils et qui explose ta pupille à chaque instant. Le désert d'Hisma, dont la petite pointe nord se situe en Jordanie, plus connue sous le nom de Wadi Rum. Un joyau terrien.

Le long de cette route, le paysage t'annonce déjà la couleur d'une région pas comme les autres. Quand au bout de la longue route l'asphalte se termine, tu ressens une ambiance Bagdad café (césar du meilleur film étranger en 1989, une perle). Ambiance intemporelle, à la fois mélancolique et nonchalante. Quelques constructions basses bien délabrées servent peut-être encore d'habitation, la dernière pompe à essence du secteur avec les roues de 2 vieux camions qui semblent s'être soudées au sol. La station fait également office de supérette, achalandée par les corbeaux dont les quelques rayons sont à moitié vide, nourriture de secours. Des tomates ou légumes ? peut-être demain... Cela semble être le seul lieu de vie du coin.

 Au bout de la route, ambiance Bagdad café

Inutile de vouloir s'enfoncer plus loin avec le Fiat Ducato, Cargol passe en mode colocation pour quelques jours avec Olga et Thierry que nous embarquons avec nous. Leur véhicule peut rester tranquille en ce lieu, sous l'oeil vigilant de l'employé Yéménite qui a trouvé ici un refuge calme loin des tumultes et déboires de sa patrie.

Les paysages sont bluffants. Le sable est plus présent que dans le Wadi Rum, ce qui nous permet de mieux tester les possibilités de Cargol. En dégonflant d'un tiers faut pas trop que ça monte quand même et il est parfois préférable de faire demi-tour, contourner la difficulté et trouver une autre voie un chouia moins pentue. Nous pourrions dégonfler davantage mais tant que nous arrivons à avancer ainsi, c'est cool.

Les réseaux modernes évidemment sont inexistants dans ces zones. Nous nous étions la veille donné rdv avec JP et Carole à une arche. Quel plaisir de rechercher son chemin dans ces paysages immenses, et de tomber en fin d'après-midi sur leur 4x4 perdus entre sables, blocs rocheux et falaises. Tout le voyage prend ici son sens.

Rêve éveillé 

Y'a plus qu'à en prendre plein les mirettes pendant 3 jours, sous l'immense bonne humeur de quinquagénaires survoltés. Pétanque ou apéros et soirées à décrocher les mandibules, le temps s'arrête.

Ambiance disjonctée 

Que les journées sont dures...

Variétés 

Quant aux bivouacs, le choix ne manque pas, nous y passerions des lustres.

Bivouacs de rêve 

Pas de touristes ici, du moins pas encore. Quand le couple "Néom - The Line" va entrer en fonction dans moins de 10 ans, les complexes touristiques et bus vont débarqués dans les parages. Au vu des aménagements touristiques rencontrés plus au sud (vous les découvrirez bientôt 😉), l'intégration sera certainement très bien faite, mais ce ne sera quand même plus pareil. Nous sommes ici des "pionniers".

Contrairement au côté jordanien, seuls quelques rares 4x4 de touristes d'AS viennent un peu flâner, mais nous n'en compterons pas plus que les doigts d'une main par jour dans cette immensité. Par contre, c'est encore et ce depuis des siècles, le paradis des chameliers et de leur troupeau qui déambulent paisiblement.

Pure nature, la caravane passe

Amateurs de paysages vierges, dépêchez-vous...

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

Pays précédent : Jordanie, Etape suivante : variétés géologiques

Il est temps de quitter ce désert incroyable car 90 jours de visa c'est beaucoup à la fois, mais plutôt juste pour cet immense pays qui regorge de richesses en tout genre. En plus au rythme de Cargol, vous imaginez ! Continuons notre descente...

Ce 1er jour nous mène après quelques km asphaltés et pistes faciles vers une cassure géologique incroyable au sein d'un plateau entouré de montagnes. Ici la Terre s'est déchirée et au vu des failles apparentes où nous dormons, la cassure continue de s'agrandir. D'ailleurs 3 jours plus tard, c'était le terrible tremblement de terre qui a touché la Turquie et la Syrie. Vous remarquerez sur la photo que Cargol est resté sagement du bon côté de la faille, "faut encore que j'amène mes proprios dans des contrées perdues, je vais quand même pas prendre le risque de laisser mes injecteurs au fond d'un ravin 😉"

Dernière soirée de quinquas endiablés avant que nos routes se séparent.

ça craquelle grave
Olga, Thierry, Jean-Pascal - Alshiq Canyon

Duba... Nous arrivons au bord de la mer rouge à cette ville côtière sans intérêt si ce n'est son ferry vers l'Egypte. Et c'est lui que l'on reluque. Notre intention est de faire un aller-retour sur l'Egypte pour un mois avec les petites motos.

"Hein quoi ? 1700€ minimum pour 2 personnes, les taxes de douane et 2 petites motos qui côte à côte prennent la place d'une demi-voiture ! Euh, à ce prix là as-t-on le droit à la suite royale avec vue sur les moteurs pour ce trajet d'une nuit ? Ah non, c'est juste un siège, pas de couchette, sinon c'est plus cher..." Comment te dire... demi-tour ! Ils ont un peu le monopole dans le secteur donc visiblement ils en profitent. Nous ferons l'Egypte en aller simple probablement un peu plus tard. Pour découvrir ou revisiter l'Egypte avec nous, désolé mais va falloir que vous patientez un peu...

Direction les terres car la côte ne présente guère d'intérêt. Nous visons la région d'Al Ula, premier site touristique majeur d'AS. Sur notre route, le Wadi Disah. Une région de montagnes torturées avec en son sein, une superbe vallée canyon, au climat quasi tropical doté d'une belle végétation et de gazouillis d'oiseaux. Fin de la route, la piste commence, un gué puis... STOP ! La voiture des "forces spéciales". Simples flics locaux en fait. Camion trop gros, interdiction de passer ! Palabres... "Bon ok, nous allons dormir là et demain nous irons en moto". "Ah non, vous pouvez pas dormir là il faut revenir 300m avant." Non-sens. "Et puis non pas en moto non plus, c'est trop petit". Trop gros, trop petit, trop pour nous nous repartirons après une nuit.

 le village juste avant le Wadi Disah

Pourquoi me direz-vous ? Etroitesse de la piste, parfois des roseaux immenses de chaque côté, des passages à gué de 50cm... Cargol est trop lourd, trop large et pourrait abîmer la végétation et la piste. Normal, ça se tient. Les petites motos pourquoi ? La peur d'un problème humain avec un passage à gué sans doute... Là c'est moyen. D'après des récits de voyageurs rencontrés, ce Wadi est superbe à l'intérieur. Nous voulons bien le croire car juste l'entrée et les environs sont déjà magnifiques. Réservé donc aux véhicules 4x4, personnel ou commerciaux comme ceux de quelques locaux qui traînent par là en attendant le touriste de passage cas où.

La route est très jolie avec ses couleurs et ses montagnes. Les chameaux sont aussi peu nombreux que les quelques maisons par ici. Ah un truc ! En AS il savent répondre à la question "Papa, c'est quand qu'on s'arrête ?". Tiens fiston, une aire de jeu perdu au milieu de rien 😂. Comme nous sommes des grands enfants, avec des amis suisses déjà croisés au Koweït nous bivouaquons ensemble au milieu de rien. La vallée du rien tiens ! Joli spectacle.

la vallée du rien 

Puis à l'approche D'Al Ula, la montagne commence à ressembler à la géologie du désert Hisma. Au bout d'une piste un champignon atomique ou encore une poignée pour géant ! Autant le super champi, perdu dans ces monts n'est pas près de voir un touriste, autant la super arche plus proche d'Al Ula va voir débarquer dans les prochaines années les tours organisés (piste déjà aménagée pour un futur asphaltage). En tout cas pour nous, c'est bivouac en solo au pied de ces beautés naturelles et ce, pour notre plus grand bonheur !

Super Champi ! 

et donc juste avant Al Ula

 et super arche !

Nous sommes désormais tout proche d'Al Ula... Arrivé sur place nous nous enfonçons dans une petite vallée à la recherche d'un bivouac. Pas grand chose de palpitant. Il est tard et décidons de nous arrêter devant une habitation-ferme. Le proprio en sort avec sa bonne bouille tout sourire et nous invite à nous mettre plutôt dans sa palmeraie. Les Saoudiens sont bien dans la lignée de ces pays musulmans, adorables et hospitaliers au possible.

 Notre ferme palmeraie d'accueil

Le monde moderne passe désormais par ici, c'est ce qu'à compris celui que tout le monde appelle MBS, le prince héritier. En 2018. il était en vacances à l'Elysée. Pas pour goûter du cochon bien sûr mais pour négocier l'expérience d'aménagement du territoire en matière touristique.

Le site est immense. L'aménagement de la région d'Al Ula est programmé sur un territoire grand comme la Belgique : site historique, culturel, nature et géologie extravagante, parc naturel avec ré-implantation d'une bagatelle de 10 millions d'arbres et 32 millions de plantes, ré-habilitation de la faune sauvage...

Le site commence à être très connu dans les pays du golfe. L'occident commence à s'y intéresser, preuve encore un article d'une page dans Le Monde il y a quelques jours.

A notre tour de découvrir en mode pionnier à partir de notre campement depuis la ferme palmeraie... Organisation du tourisme parfois pas triste vous allez voir 😜 ...

le visitor's center

D'abord, paraît qu'il faut trouver le "visitor's center". Panneaux ? y'en a pas ! Ah, faut aller au Winter park ? logique comme nom dans ces contrées 😂 ! Nous avions bien vu des panneaux mais on pensait plus à un parc d'attraction d'hiver... Grand parking extérieur, bus de transport grandes lignes, bizarre. Visitor's center, pas de panneaux. "C'est où le visi... ?" "Juste là derrière vous" "Ah, ce petit bâtiment sans pancarte particulière, ok merci".

Entrons... Quelques minutes et puis s'en vont 😂. Tu comprends vite qu'ici les personnes derrière le comptoir sont des purs produits de formation de quelques heures à qui l'on impose la tenue traditionnelle. Elles connaissent bien leur outil informatique et puis c'est tout. Ne pose pas de questions pratiques précises, c'est mort. "Je sais pas, on m'a dit qu'on pouvait pas et qu'il fallait faire comme ça" 😳. Je l'a fait tourner en bourrique la pauvre. On réserve quand même 2 places pour le lendemain pour le site principal Hégra (Nabatéen) et au prix d'une car elle se plante, trop de pression sans doute. Trop de choses à voir, bye bye, on va voir leur site internet au calme.

Principe de base : 1 site internet regroupant tout, avec accès à des réservations pour les différents sites ou activités. Le site internet... Y'a de belles photos mais beaucoup trop de chose dedans avec une arborescence et une navigation qui te perd complètement très très rapidement. Pas de carte, pas de loupe ou de champ de recherche dans un coin pour rechercher un nom que tu as retenu mais que tu sais pas comment que ça s'écrit... "et merde" 😂 A croire que le cerveau local fonctionne différemment, remarque ils écrivent bien de droite à gauche, alors...

Allons d'abord nous promener quelques sites, eux gratuits.

Le point de vue sur la vallée. Faut se le taper celui-là en Cargol avec sa pente à plus de 20% de moyenne 😲. Le point de vue est 5* mais ce qui nous étonne le plus c'est le côté lounge et convivial. En accès gratuit, des grands ronds enterrés (cf photo ci-dessous) contenant des coussins sont en accès libre. Un bar et une terrasse discrète complète le site. Aménagement hyper simple mais que c'est bien pensé et bien fait ! Bon y'avait juste un con qui a confondu sa gauche et sa droite en tournant le volume de la musique plutôt boum boum. C'est vrai qu'ils écrivent de droite à gauche mais les boutons c'est l'inverse !

Point de vue local, ambiance lounge avec canapés enterrés

Elephant rock : grand site d'Al Ula. Les formations géologiques délirantes pullulent dans la région (cf l'arche ou le super champi dans l'étape précédente). Le "rocher" est superbe et l'éclairage nocturne qui apparaît petit à petit est sublime. Là encore le côté lounge est royal avec toujours ce principe de canapé enterré pour une 10aine de personnes.

Voyez-vous canapé, bar terrasse ? et pourtant...
 Elephant rock - encore une fois les canapés à fleur du sol, superbe

Un petit restau terrasse en retrait et quelques guitounes à boissons complètent harmonieusement le décor. Nous aurions aimé testé le narguilhé local, mais à 38€ la chicha, c'est du n'importe quoi. On se dit que le tabac est peut-être taxé ici, mais en fait non. Et le coca... 3€. Localement ça pique, mais bon, un site touristique, ok.

Ré-habillitation de la palmeraie... centre de recherche et de formation, ils apprennent ici comment cultiver bio, être en auto-suffisance, gestion de l'eau... Non promis, nous n'allons pas acheter un oasis dans le secteur mais allons continuer à nourrir notre cerveau d'anecdotes et d'images dans différentes contrées ! 🤪

 Palmeraie

Organisation touristique : visites et explications 2 fois par semaine seulement, information qui te saute pas aux yeux de prime abord bien sûr. Le point de rendez-vous départ porte à confusion et nous attendons un bus imaginaire pendant 1/2 heure. Prémices du tourisme... Arrivés sur le lieu à 9H30 du matin, l'accueil est saoudien : thé café friandises petits sandwichs... convivialité. Visite très sympa dans un esprit très famille et surprise à la sortie, un gros panier repas est en plus distribué 😳. Reste à s'installer dans un coin piknik de la palmeraie, encore un exemple du savoir faire lounge et de la confiance envers les touristes quant au respect du mobilier en place non fixé au sol bien sûr. Pourvu que ça dure !

Aires piknik avec mobilier à dispo permanente dans la palmeraie ! 

La palmeraie est en activité et se modernise dans le bon sens. Juste à côté, le vieux village ancestral avec ses maisons en pisé s'est désagrégé en l'espace de quelques décennies pour se re-constuire un peu plus loin en habitation plus moderne, du moins bétonné. Pas bon pour le tourisme ça... Allez zou, programme Al Ula en avant, les ruines reprennent vie et le village refait petit à petit surface, totalement piéton. Une moitié est déjà finie. C'est excellent pour les yeux, et les jolies boutiques, bars et restaus bien fondues dans le décor et bons pour les portefeuilles des locaux. Portant le nom de Old Al Ula, c'est un mélange d'ancien et de moderne, un véhicule autonome transportant même les personnes depuis le parking d'entrée. A la pointe l'Arabie Saoudite !

Old Al Ula 

MARAYA... Vous connaissez pas ? Nous non plus jusqu'alors. Incroyable, bleuffant, délirant , énorme, époustoufflant, éblouissant... 😲 là c'est un coup de génie

 Bien visible non les 9740 m2 de bâtiment ? 😂

Là ils ont quand même fait très fort ! 😲

Perdu sur un plateau dans les montagnes, il fallait bien une salle de concert de prestige pour Al Ula. De la chance nous avons eu, invités que nous sommes par deux jeunes filles saoudiennes travaillant pour le tourisme local pour aller assister à un concert le soir. Associé à une expo Andy Warhol un groupe de musique électro-acoustique jouent 13 morceaux de The Velvet Underground, avec des immenses portraits d'hommes ou de femmes, ici en Arabie Saoudite et en ce lieu, qui l'eût cru voilà quelques années seulement !

Concert à l'intérieur, mélange des genres, signe flagrant de l'ouverture de ce pays

Question organisation touristique, c'est pas triste non plus : pour accéder à ce plateau, et tu peux y accéder en voiture personnelle, tu dois réserver sur le fameux site internet et dire que tu viendras à telle heure. Pratique. Bon le système est tellement au point que nous avons pu réserver pour 15h, 16h et 17h 😂.

Sur le même plateau plutôt désertique on été accordé la construction de manière éparse de quelques bars et hôtels. Là encore, l'intégration est stupéfiante :

Exemple d'intégration à la saoudienne dans la nature de bars et d'hôtels
Publié le 10 mai 2023

Bon la région d'Al Ula est vraiment superbe. Et cette photo que l'on voit partout dès que l'on commence à s'y intéresser : un Pétra sans le canyon. Pas faux mais quand même...

Ici il y a presque 3000 ans, c’était la route de l’encens. Al Ula une oasis étape incontournable. Nous sommes entre autre au temps des Nabatéens dont Pétra était leur capitale.

Tombeau Nabatéen, dans le style je vois grand 

Ici il y a presque 3000 ans, c’était la route de l’encens. Al Ula une oasis étape incontournable. Nous sommes entre autre au temps des Nabatéens dont Pétra était leur capitale. Ici Al Ula, leur 2ème ville, environ 10 000 habitants. Ils en ont usé du caillou, du burin et du marteau. Remarque, fallait être un peu marteau pour faire des trucs pareils et se buriner la peau dans la cagnasse locale ! Ces expressions viennent peut-être de là qui sait...

Tout comme Pétra, les façades de ces tombeaux sont immenses. Ici, de nombreux tombeaux appartenaient à une femme d'une grande famille, une riche commerçante qui avait beaucoup de pouvoir. C'était quelques siècles avant l'avènement de religions qui semblent avoir oublié le rôle positif de la femme chez leurs propres ancêtres...

Seul le site des tombeaux se visite, le reste des vestiges de la ville est clôturé, invisible, les archéologues s'affairent... plus tard sans doute. T'as envie de carrière ? Alors viens par ici, tu as de gros cailloux, tu vas pouvoir t'entraîner. C'est quand même 25€ la formation pédagogique que tu circules même en bus. Ah au fait, tu apprendras que tu vas sculpter en commençant par le haut et puis si tu as le vertige alors faut se convertir en sculpteur de chateau de sable 😜

L'astuce consiste à laisser partir ton bus et à prendre le suivant, se retrouver seul autour de ses lieux chargés d'intensité. 😜 Occasion dans le bus de rencontrer un jeune couple suisse qui voyage... en vélo. Ils vont pouvoir monter leur tente à l'intérieur de la guest-tente de la palmeraie à côté de nous. Avec la cheminée à l'intérieur de la tente, et à l'abri de tout vent, c'est du 5* pour eux !

la guest-tent de notre fermier 

Les petites motos sont de sortie dans ces parages. Et l'on en abuse, il serait dommage de s'en priver. Ça patine parfois un peu dans le sable mais ça passe ! Nous tombons sur une Zipline, big tyrolienne. En fait le parcours est composé de 2 ziplines, à près de 150 km/h, tète en avant, fonce dans le vide. Les yeux de LaLoute brille, go go go ! Un peu taré... oui.

Chevauchée moderne dans un monde sauvage 
Zipline pour LaLoute 

Un lien se crée avec le personnel de l'Adventure parc et voilà qu'ils nous offrent en plus une activité de notre choix. Bon vertigo et moi, nous sommes pas copain alors je laisse LaLoute s'accrocher aux parois vertigineuse de la via ferrata. Sacré parcours accroché à sa ligne de vie !

A l'assaut des gros cailloux ! 

Plus terre à terre comme activité, nous avons aussi testé quelques restaus dans le coin. Rien ne vaut quand même les petits restau locaux où il est difficile de manger autre chose que du poulet et du riz. Par contre nous sommes tombés sur une cantine Yéménite qui valait son pesant d'or de part l'ambiance des travailleurs locaux et de par leur plat bien riche

Restau un peu chicos à Al Ula et une cantine Yéménite 


Il est bientôt temps de reprendre notre route, non sans passer un petit peu de temps avec le jardiner sympathique de notre hôte. Mais avant Cargol, vu que tu t'es bien reposé ces derniers jours, va travailler un peu et déracine nous ce palmier qui n'a plus sa place à cet endroit. Bon d'accord, un palmier c'est pas un chêne 😉

Cargol power 😉

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

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Allez, nous reprenons la route comme toujours avec joie après plusieurs jours en stationnaire, quittons la renommée région d'al Ula. Rouler même à ce rythme lent reste un plaisir pour les yeux, chercher son bivouac dans un lieu reculé, si possible vierge...


 Bivouac sauvage


au centre de la photo, mais qu'est-ce ?

Parfois, en scrutant les images satellites à la recherche de jolies zones pour se poser, on aperçoit des choses bizarres... Regardez la photo ci-dessus, vers le centre dans la zone claire...

Géoglyphes... 

Il faut bien un drône pour ce rendre compte du bordelou. Késaké ? Un chercheur américain en 2018 a fait une étude approfondie. Il en a recensé plus de 400, du Yémen jusqu'en Arménie, principalement proche d'Oasis, ancien Oasis ou village. La datation est très ancienne, plusieurs milliers d'années, bien avant les Nabatééns. Sa conclusion est : makache bono, y'en a pas, mystère. Seuls quelques ossements d'animaux ont été trouvés mais il faudrait creuser le sol pour en savoir davantage, un jour sans doute.

 A votre avis qu'est-ce ?

Au proche visitor center de Khaybar, ils disent que ce sont des tombes 🤨. Perso j'émets une hypothèse. Ce sont des hôtels ! Pas pour touristes mais pour les caravanes qui passaient par là, n'oublions pas, la route de l'encens, à l'époque... Les oasis ne sont pas loin non plus et fallait bien que, lors des jours de repos, les animaux soient parqués quelque part et ne se mélangent pas non plus. Plus ou moins d'animaux, taille des enclos plus ou moins grand. la plupart de ces "figures" sont de part et d'autres d'une grande allée, la voie de passage. Logique. Non visible sur cette photo, certains ont une forme rectangulaire classique.

Alors pour quoi cette forme de trou de serrure ? Dans cette idée d'hôtels, les animaux dans le triangle, les hommes dans le rond pour se reposer, à l'extrémité, moins dérangés du fait de l'éloignement de la voie passante. L'enclos est rétréci côté repos des hommes... pas con, moins de bêtes, moins de bruit pour se reposer.

Direction ensuite un site de l'Unesco, non exploité à ce jour... 30 km de pistes pas très agréables plus loin...

 Le fameux site et la ferme

Le site immense est clôturé, le portail cadenassé. Grace au réseau de voyageur, nous savons que parfois certains ont obtenu la clef du sésame à la ferme du coin. Au loin quelques baraquements, la dite ferme. L'autochtone essaye de nous vendre l'accès à prix d'or. Niet, nous sommes pas des chameaux à lait (ben oui ici on dit pas vache 😉). Nous lui donnerons finalement 10€ pour nous emmener dans son 4x4 pendant une heure sur le site.

Et nous avons bien fait car c'est étonnant. D'habitude quelques inscriptions. Là des centaines sur d'énormes blocs rocheux mal imbriqués. En fait il devait s'agir d'une petite falaise qui s'est fendue et en grande partie écroulée. Les dessins sculptés sont donc dans tout les sens, en biais ou à l'envers du coup. Y'en a partout !

le guépard !

Pourquoi ? une école de la vie, une école d'art ? et là, cet immense animal, visiblement guépard 😳, sans doute représenté plus grand pour accentué son image de prédateur.

Direction une centaine de km plus loin, un lac rose, quelques pistes et paysages sauvages, nous pénétrons une zone hyper volcanique (euh avant on est d'accord).

En approche de la zone volcanique 

A l'école on apprend que la lave, une fois refroidie, elle est noire. Que nenni, on nous a menti, nous avons trouvé ici "le Volcan Blanc". Il est là perdu parmi d'autre qui eux sont noirs. En voyant les photos il est facile de comprendre que le grand volcan noir est apparu après le blanc, ayant recouvert la lave blanche par la lave noire. Nous dormons à cette rupture, perdus dans cette immensité black and white, avant d'en faire l'ascension le lendemain.

 Volcans black and white

Sur la route de l'encens en Arabie Saoudite, les caravanes avaient trois aires d'autoroute incontournables. Trois oasis de renommée pendant des siècles : Oasis de Tayma, Al Ula et Khaybar. C'est ce dernier où nous arrêtons cette fois. Le cadre est très joli, mais si nous vous en parlons aujourd'hui, c'est encore une fois à cause de cette étonnante organisation touristique qu'ils en font.

Le site est ouvert au public depuis quelques mois seulement. Ils ont investi très gros dans le secteur, et pourtant aucun panneau, aucune signalétique qui te guide vers le site à plusieurs kilomètres à la ronde. Tu finis par trouver. Un grand parking, des 4x4 luxueux garés devant une belle guitoune avec des barrières. A la guitoune, tu apprends que l'accès au site c'est 25 € par personne, incluant le 4x4 qui t'amène sur le site, l'accès aux visitor's Center et un tour dans la palmeraie en voiturette type golf. Le guitounier essaye de bien me vendre le truc, mais rapidement je lui mets le doute dans sa tête : "normalement un Visitor's center, c'est fait pour avoir des informations, des renseignements et après tu payes suivant tes choix. En plus là-bas se trouve un bar, un restaurant et quelques boutiques. Crois-tu qu'il est normal que je paye 25 € pour aller boire un coup, manger et peut-être acheter des choses ?" Le doute s'installe dans ses yeux ... "Si vous voulez, je peux vous faire un accès gratuit." "Bah voilà, ça paraît plus logique..."

Billets gratuits en poche, tu montes dans le 4x4 flambant neuf à plus de 70 000 € l'outil. Tu passes les barrières et tu fais 2 km sur un chemin en matériaux composite avec panneau limitation à 30 km/h. Utilité du 4x4 ? Niet. Nous sommes dans un autre monde... Visitor's center dernier cri, matériaux grand luxe, écrans tactiles géants, animation... on t'apprends quand même que les géoglyphes sont des tombes, 99% des touristes le goberont... et la tour Eiffel elle est en fait en bois recouverte d'une peinture fer non ?

Les 4x4 qui servent à rien et le visitor's center 

Ça c'était le côté bad trip. Ce qui suit est excellent. Un restaurant terrasse du plus bel effet avec une vue sur la palmeraie, son ancien fort, le tout au coucher du soleil, vue magique. Les installations rondes du bar avec leur toile et leur feu possible au centre est un vrai exemple de lounge, de bien être, de quiétude et d'intégration locale. Quant aux 4 ou 5 boutiques, sur le côté, que du quali qui se fond parfaitement dans ce décor. En fait, ils ont d'excellents archis mais des managers gestionnaire de fiente.

Boutiques et coin bar détente
Coin bar détente lounge
Intégration au top, bar lounge, vue 5* 

A une autre heure de la journée, je pense que l'on aurait pu monter gratuitement dans la golfette pour le petit tour en palmeraie... c'est du moins ce qui est arrivé à des amis qui sont venus quelques jours plus tard et à qui l'on avait refilé le coup du billet gratuit. Pour des éventuels outrés de notre démarche, nous précisons quand même que nous avons consommé sur place 😉

 les golfettes à disposition pour la visite

Médine

2ème ville sainte de l'Islam après La Mecque. Ville ouverte aux non-musulmans depuis moins d'un an. Les villes, c'est pas notre truc. Par contre, voir comment une religion peut être capable de moduler l'être humain, cela devient intéressant. Ben cela rappelle vite des troupeaux de moutons qui se dirigent tous vers leur terrain de prédilection, en l'occurrence ici, la mosquée du prophète. Essentiellement en blanc couleur purement divine, les pèlerins viennent des 4 coins du monde, mélanges ethniques.

 En route vers l'intérieur de la mosquée

Objectif : essayer de rentrer dans cette superbe mosquée. Je sais qu'elle est interdite aux non-musulmans mais après tout, pas de panneau nulle part et certains voyageurs ont récemment réussi à pénétrer à l'intérieur. Je me fonds dans la foule avec ma gueule et mon linceul européen pantalon tee-shirt. Je passe le premier contrôle, les gaziers étant occupés avec une famille et me cachant derrière une armoire. Je me dis c'est bon ! Je suis le mouvement dans la masse blanche. La porte monumentale pour pénétrer à l'intérieur est un peu étroite, ça coince un peu. Un peu trop longtemps sans doute, je suis repéré par les militaires en charge de la surveillance. Mis gentiment de côté, je dois patienter une demie-heure que l'on viennent me chercher en golfette. Ils veulent m'emmener je ne sais où, mais Muriel est toute seule sur la place. Je dois leur faire un foin pour la récupérer en premier ("Si tu veux pas je descends de ton bolide à 2 baballes et je me casse"). Puis nous arrivons devant un bâtiment administratif, gestion du lieu en fait. Nous y sommes accueillis par un français travaillant à la traduction des sermons et qui est là pour nous traduire pendant 5 mn ce que va nous dire par téléphone un responsable. Une explication très courtoise, très religieuse, sur l'islam, la sainteté du lieu, le respect de la prière... Belle démarche.

 Sur la place, en golfette, et coin de prière extérieur féminin

Sinon, quelques photos en vrac de nos deux jours sur Médine : une immersion sympa dans une famille, une rue et un coin restau bien local ("Chefs Market" 24.459110, 39.611203), une zone garage dans son jus pour réparer une valve de pneu...


Si si ça roule et vous ne rêvez pas, y'a bien quelqu'un dedans
"Chefs Market"
Famille, garage et vie locale 

En prime la visite de la 2ème imprimerie mondiale du Coran où nous nous rendons dans l'espoir d'obtenir un Coran en Français, manière de parfaire notre connaissance, d'avoir des arguments et de vérifier certaines pensées. Lors de cette visite, nous sommes traités en VIP, nous font passer devant toute la queue, sous prétexte que l 'on est français... 😳

A l'imprimerie, groupe d'indonésiens musulmans en pèlerinage 

Visite nulle, aucune activité à l'intérieur, aucun coran en français ou en anglais disponible... Ont-ils eu peur de nous ? 😂

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Quittons Médine et allons chercher un peu diode. Auparavant une dernière retrouvaille avec des jeunes voyageurs sympathiques, Camille et Matthieu déjà croisés au Koweït. Certains pensent sans doute "Mais comment se retrouver dans une pampa étrangère après plusieurs mois ?

Magie technologique, nous vivons quand même une époque incroyable où il est très facile de voyager. Au moins ça c'est un bon point pour notre époque. Les réseaux sociaux et les téléphones sont le fer de lance de ce maillage de voyageurs. La toile d'araignée se tisse bien souvent au début autour de groupes dédiés, facebook ou whatsapp par exemple. Les échanges d'informations pratiques entre personnes commencent alors, rendant à tout un chacun le quotidien plus facile. Pour se suivre et se retrouver, nombreux d'entre nous utilisent l'application Polarsteps et avec quelques messages bien placés, on se retrouve vite autour d'une table dans un coin perdu de la pampa 😜 Tchin Tchin !

Ultime bivouac en compagnie de Camille et Matthieu 

Bullage en Mer rouge... Comment ne pas rester là plusieurs jours, les voisins sont tellement sympas et si calmes 😂. La mer est chaude et faut marcher un bon 1/4 d'heure dans l'eau pour approcher la barrière de corail et les poissons. Seuls les gardes-côtes rangers font des rondes et veillent à ce que tu ne t'approches pas de la barrière. Nous irons quand même en rampant dans l'eau afin d'y aller incognito 😂 et sans marcher sur les coraux bien sûr.

 Chut les voisins, chut !

Djeddah... Nous avons jeté notre dévolu sur la 2ème ville de ce pays, non pas le fait qu'elle accueille le grand prix de formule 1 dans quelques jours, mais pour son vol direct low cost vers Marseille. Et oui la Mecque est pas loin donc un vol direct depuis la Provence pour le pèlerinage à la Mecque, c'est du pain béni, si l'on peut dire. Bon, nous, faut juste que l'on fasse un petit séjour en France rapide. Le plus dur dans ce cas là, c'est laisser le véhicule, que Cargol et les motos soient choyés, en sécurité.

Niveau douane, le fait d'avoir des CPD (carnet de passage) nous octroie une autorisation plus importante de présence du véhicule sur le territoire. Là on est good. Trouver un parking ? Nous avons déjà une option, mais dans une ville à une centaine de km... Partant du principe qu'ici tout le monde veut t'aider et qu'il existe toujours un frère ou un cousin qui va bien, il suffit de demander. L'occasion ne se fait pas attendre. En payant la maigre addition d'un restaurant sympa (pigeon à la place du poulet), nous sommes invités par des clients à se joindre à eux et boire un thé... "Vous ne savez pas par hasard où..." Bingo "Pas de problème, le camion devant chez moi et les motos à l'intérieur, le temps que tu veux."

la salle du restaurant, il n'y en a qu'une à l'extérieur, des clients lambdas

Quelques jours à attendre dans le coin... y'a quoi par ici ? Oooohhhh et si l'on faisait un peu de séance garage 😂... Cargol t'as pas un truc qui cloche ? Ton espèce de coffre en bois à l'arrière gauche qui un de ces jours va nous poser problème... Allez hop 3 jours pour refaire un tout beau coffre en Alu, bien plus fonctionnel et durable. Oui 3 jours c'est long, mais il fallait bien réfléchir à certaines astuces et puis vaut mieux du boulot consciencieux que de la sauce n'importe nawak (Off road customs 21.91398, 39.31158)

Un nouveau coffre alu plus pratique et moins d'emmerdes 


Le coffre c'est fait ! Reste plus qu'à profiter de notre hôte qui nous invite le soir avec ses amis pour un piknik désert après avoir acheté du chameau. C'est très local. en fait tu loues un emplacement à l'heure, à la soirée ou autre, une tente et quelques coussins, aménagés sommairement et souvent bien kitchs. Rien de très glamour en fait car il s'agit d'immenses zones avec des dizaines voire centaines d'emplacements, souvent proche d'une voie rapide de surcroît...

On attend un peu que le chameau arrive à la boucherie
 Le piknic en emplacement aménagé à la mode Djeddah


Et la ville de Djeddah... plus de 4 millions d'hbts. Pas grand chose, un peu de moderne en front de mer...

 couleurs naturelles

un quartier très vieux de maisons de ville défiant les lois de l'équilibre...

le Old Djeddah 

scénograhies locales...

Décoration intérieure de restaurant classique
la voiture pompier ?
Scènes de vie 

un musée original sur l'Islam en mode art contemporain

 Islamic Arts Biennale

et beaucoup, beaucoup de travaux, perspective changement radical de politique du pays... Des quartiers entiers sont rasés sur des centaines d'hectares pour refaire du look moderne et se tourner vers ce que l'on appelle l'avenir. Les travaux par ici, ça ne plaisante pas... Tu habitais là, tu as grandi ici, tes parents aussi... ah ben non plus maintenant. Allez zou...

Avant et après des gravats sur des km2 

A l'aéroport... enregistrement des bagages... merde mon passeport... 😳 il est resté dans Cargol... 🤨 mais qu'il est con le type ! 😂 Coup de chaud, coup de speed, c'est passé, un souvenir de plus !

Méfiez-vous de ce pays, ils sont en train de nous construire une nouvelle Etoile Noire... Que la force soit avec vous ! 

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