Carnet de voyage

Arabie Saoudite

16 étapes
31 commentaires
Ouvert au tourisme depuis 2019, c'est un pays dont vous entendrez beaucoup parlé dans quelques années, en bien probablement, du moins c'est bien parti.
Janvier 2023
90 jours
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9214 Km en Arabie saoudite, dont 7875 avec Cargol (440 pistes), 708 km en moto (48 pistes), 631 autres véhicules.

Notre parcours sur Polarstep avec résumés par ici

Pays précédent : Jordanie, Pays suivant : Émirats Arabes Unis

Infos Pratiques

👉 CPD : non obligatoire mais : Un véhicule ne doit pas rester plus de 3 mois consécutifs sur le territoire. Si le véhicule sort puis rentre à nouveau quelques heures après, le délai est de nouveau pour 3 mois. Avec un CPD tamponné et valide sur la durée, le véhicule a droit à 6 mois consécutifs au lieu de 3.

👉Visa : un seul site officiel : https://www.visitsaudi.com/ (140€) Une photo numérique 200x200 et scan des passeports. Possible de prendre le visa à l'arrivée (juste un peu plus long souvent). 90 jours sur 1 an. Le visa comprend une assurance santé obligatoire qui donne droit aux urgences courantes gratuitement. Depuis décembre 23 il paraît que certains prix ont baissé...

👉Drônes : pas de problèmes d'utilisation dans les lieux appropriés

👉Argent : ATM un peu partout, pas de commission.

👉Carte Sim : Attention AlcoolSim et BièreTel sont à proscrires`. Meilleur réseau STC et Mobily, tarif parfois mois cher chez Mobily. Autre réseau : Zain, pas cher et couverture que grandes villes. Si entrée par Aqaba, après la frontière au village de Haql surl a place centrale, y'a les 2 opérateurs côte à côte (comme très souvent en Saudi d'ailleurs). Attention les vendredis et samedis sont des jours fériés. Parfois c'est ouvert quand même le samedi.

👉Assurance : fortement dégressive suivant la durée. Si PL, alors il faut essayer de négocier le tarif Private, ou sinon Bus mais éviter de payer le tarif Camion. L'astuce : le site des assurances pour les étrangers quand ils se présentent à une frontière de l’Arabie Saoudite https://manafith.najm.sa/

A chaque frontière, juste avant la sortie on trouve une guitoune pour l’assurance qui donne le papier qui va bien après paiement. Papier à présenter à la sortie. Perso avec notre camion 11 tonnes, après de longues négociations, ils ont accepté de me faire le tarif "Private" ce qui est bien plus avantageux que le "Truck". Bien d’autres personnes n’ont pas eu cette chance.

Pour éviter cette négociation pas du tout agréable, il est possible d’aller sur leur site internet.

  • S’inscrire sur le site : en premier "sign in" en haut à droite puis Sign up dans l’écran qui s’ouvrira.
  • Renseigner ensuite "My véhicule"
  • Après il suffit de revenir sur la home page et de choisir sa durée d’assurance.

Pour le paiement, attention :

  • le système semble ne pas accepter les cartes étrangères (j’en ai testé 2 !).
  • Le système semble ne pas accepter 2 fois consécutives la même carte saoudienne (si plusieurs véhicules)
  • MAIS le système accepte le paiement via Apple Pay et ce sans terminal bancaire, juste sur le site. Je n’ai pas testé avec un Android, mais cela doit sans doute marcher.

En espérant que vous ayez un système de paiement par téléphone, sinon essayer d’en installer un, car à l’étranger il est bon d’avoir plusieurs système…

👉Animaux : il faut certificat de bonne santé de moins de 3 jours avant de passer + demande importation ou transit animal sur naama.sa (a faire plusieurs jours avant pour avoir accord) et il faut avoir au moins 30 ans.

👉Diesel : pas dans le centre des villes sinon on en trouve partout. Les stations ne prennent pas toutes les CB internationales

👉Alcool : chercher sur google map "Liquor"

👉Internet et Réseau sociaux : Whatsapp et messenger marche bien sauf en vocal. Il faut utiliser un VPN. L'application BOTIM marche sans VPN.

Un groupe whatsapp de discussion entre voyageurs existe sur le pays, demandez-moi le lien 😉

👉 vers Qatar : Pas besoin de visa, CPD à tamponner, tout est bien organisé, assurance obligatoire 40€/1 semaine. Il y a qu'une frontière d'ouverte pour rentrer c'est celle de Salwa

👉Sortie vers l'Egypte : Ferry à Duba vers Safaga

👉Sortie vers Afrique ou Asie : Djeddah pour Soudan et Mombassa (voir détail de Jul 23 dans le point sur la carte) Dubaï pour autre. Pour l'Asie contact de Daryl : [email protected]

La première étape en Arabie Saoudite (AS) n'est qu'un bref passage, un transit. Ce pays est dans notre programme de visite mais nous souhaitons dans un premier temps rejoindre la Jordanie. Nous pensions à l'origine passer par l'Irak mais le dépannage de Vanessa et Cyril nous a fait prendre une autre route. Dommage car d'après des voyageurs avec qui nous sommes en contact, l'accueil des Irakiens est mémorable. Faire un demi tour au Koweït pour revenir en Irak ? Niveau km, cela aurait pu être judicieux, mais repayer un visa à 300€ cela nous a freiné un peu (ben oui c'est le prix pour le visa pour 2 pers + véhicule et en plus c'est en entrée unique). Bref non.

Au vu des petites aventures que nous avons connues en AS et relatées ci-après, ben y'a quand même une bonne étoile. Il faut laisser faire les choses, le destin paraît-il.

Rejoindre la Jordanie via l'AS, c'est rester sur le nord de l'AS en étant proche et parallèle à l'Irak. Une sorte de liaison sur 1600 km qui pourrait être plaisante si les paysages étaient sympas... ben non ! c'est du désert plat sans intérêt. Si les routes étaient sinueuses... queutchi ! c'est des km de lignes droites interminables. Si Cargol roulait à 120 la limite autorisée... dans le cul lulu ! moitié moins ! 👉 galère, on se prévoit 3-4 jours bien intense !

Rien à l'horizon, quelques chameaux en mode touriste

Y'a quand même une seule et très jolie zone sur notre parcours ("Hail", voir à la télé le Paris Dakar 2023 sur les étapes du 3, 4 et 5 janvier 😉 ). Manque de pot fait pas beau. Manque de pot Cargol en fin d'après-midi semble avoir du mal à démarrer. Manque de pot à 6h du matin le lendemain, prêt à partir, plus rien au démarrage, batterie HS. Tu sens comme nous la galère venir non ? Il pleut. Les batteries sont neuves d'un mois, merdum ça doit être une conséquence d'un autre problème. Alternateur ? Probable, mais nous l'avons changé en Turquie il y a tout juste un an. 😳

Région de Hail, terre rouge, montagne noire 

Coincé. Trop tôt pour agir. 7h30, un inconnu toque à notre porte pour dire bonjour. Puis "Si vous avez besoin de quoi que ce soit..." "Ah ben oui tiens, un camion et des câbles pour démarrer 😂 ! " Finalement, quelques démerdes plus tard, avec 2 paires de câbles et 2 voitures nous faisons du 24v et zou Cargol démarre au 1/4 de tour, mais faut pas l'éteindre ! Un petit coup de multimètre, effectivement l'alternateur ne charge rien. Ici il pleut, un peu plus loin il fait meilleur. La prochaine ville de taille raisonnable est à 350km, donc go !

Pas une batterie, non 2 siouplait ! 

L'histoire rocambolesque ne s'arrête pas là. 50km avant d'arriver à la dite ville, un pick-up au bord de la route nous filme en passant devant lui. Classique. Dans le rétro je vois qu'il repart. Tiens, toi, je vais te demander quelque chose. Il me double (vous vous souvenez, nous roulons pas vite) et je lui fait signe de s'arrêter. "Vous connaissez un peu les garages poids-lourds à la ville pour résoudre notre problème ? " Le jeune 25-30 ans "J'ai 3 entreprises, 3 mécanos, des vieux camions, vient chez moi nous allons nous en occuper." 😳 Hein quoi ? 🤪👍 "tu habites où ?" "A 200 km, sur la route de la Jordanie" A priori le Messie donc ! "Ok, le temps de faire ces 200 bornes de plus, nous serons là en début de soirée".

19h nous entrons dans la cimenterie et fabrique de parpaings. Le lendemain matin, en 1h le démarreur était démonté, réparé (un simple problème de connexion sur la pièce contenant les charbons). Il me change quand même la pièce en me donnant l'ancienne arrangée. Un autre mécano, égyptien est là aussi. Il a travaillé sur des Magirus dans son pays. T'en veux du hasard ? 😂 Jette un coup d'oeil là que j'ai de l'huile qui fuit très légèrement (je sais que cela vient du compresseur et que ce coquinou nous lâchera un jour). Ni une ni deux, en voyant le truc il diagnostique immédiatement et me dit "je peux te démonter le compresseur et peut-être que."

Plus robuste sans doute mais question confort... non on tapas troquer Cargol ! 

Il va en baver pour accéder à la pièce, la démonter, identifier la problématique interne, mais déception, pas possible de réparer par ici me dit-il en revenant après être parti chercher la pièce qui va bien. "Mais je t'en ai pris un neuf, il est quasi identique, je vais te l'adapter !"

Faris et Hassan en pleine réflexion 

Pendant qu'il s'affaire, ben nous sommes invités à manger dans la famille. La famille de Faris est très traditionnelle. Son père à 2 femmes et 20 enfants. La maison est une demeure fermée incluant 2 immenses maisons. Je mange avec les hommes. MaLoute est avec les femmes qui chez elles, sont habillées en vraies femmes. Bien sûr je ne les verrais pas, juste les photos qui ont été faites mais voilées. Un bon moment pour nous deux pleins de traditions et de respect où même les hommes ont serré la main de la femme occidentale (pas évident partout).

Chez Faris et dans un café 

Au retour, le nouveau compresseur est quasi en place. Comme si cela ne suffisait pas, un soudeur de l'équipe va également me renforcer l'arrière qui a un peu souffert avec le tractage sur 600km de "GG", le camping car de 4 tonnes.

3 jours 3 nuits dans l'entreprise, un employé sur 2 jours pour nous, un compresseur tout neuf, un accueil hors pair, et tout ça pour... RIEN 😳🙏. Enfin si pour quelque chose de sans doute plus essentiel, plus difficile à comprendre pour nous européens, pour le souvenir de cette belle entente, de ces bons moments ensemble, pour le plaisir de rendre service, d'aider, de dépanner.

Nous achevons les derniers 150km de désert vers la Jordanie sans problème. Ah si j'oubliais, nous avons fait deux fois les courses dans des superettes. La 1ère fois, au moment de payer le caissier nous dit "c'est cadeau, mais prenez autre chose, vous n'avez pas pris grand chose, des boissons peut-être ?... Bienvenue" 😳 La 2ème fois, c'est un client qui a dit au caissier "c'est pour moi, Bienvenue". Juste comme ça... à méditer...

A bientôt l'Arabie saoudite, nous revenons l'année prochaine ! 😉

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Pays précédent : Koweït, Suite chronologique : Jordanie, suite de l'Arabie Saoudite ci-dessous.

Et nous y voilà à l'année prochaine ! (cf récit du dessus pour ceux qui ont du mal à suivre 😜) Exit la Jordanie, rentrons dans ce pays ouvert depuis 2019 seulement au tourisme. Si tu rajoutes le covid là-dessus, nous sommes un peu les pionniers du tourisme moderne dans cette contrée. Grand bien nous en fasse ! Nous commençons d'abord à descendre en parallèle de la Mer Rouge. Paysage désertique, bord de mer sauvage. Pas de paillotes par ici !

 Test de roulage pour Fiat Ducato, ben non ça passe pas

Tiens un hydravion... enfin ce qu'il en reste. Nous sommes en 1960... Riche milliardaire américain, j'ai acheté et aménagé un hydravion et nous partons avec ma famille. En partant de l'Egypte nous traversons la Mer Rouge et là, hurlement dans un espèce d'anglais dans la radio qui grésille : "Not allowed, prohibited, down !" Nous amerrissons en catastrophe en bord de mer. Le coin est totalement désert. L'ambassade américaine a plus d'un millier de km. Demain sera un autre jour. Mauvais réveil... Une bande d'excités, sans savoir pourquoi, nous tire dessus. 300 impacts de balles sur la carlingue, c'est sûr que nous ne repartirons pas avec. Nous sommes indemnes ouf ! Nous sommes embarqués et quelques jours plus tard expulsés du pays avec perte et fracas, mais en vie. Le climat et quelques tempêtes ont depuis bien abîmés notre maison volante, mais il reste le témoin d'un passé où l'Arabie Saoudite montrait un autre visage.

La vraie histoire :

Le Catalina, l'avion, un modèle PBY-5A, a été acheté à la marine américaine par Thomas W Kendall, un industriel californien à la retraite de 44 ans, a entamé un voyage autour du monde à bord d'un amphibie PBY qu'il avait transformé en un somptueux yacht volant. Le groupe de Kendal était composé de sa femme Miriam, de ses enfants - Bob, 24 ans, Susan, 15 ans, Paul, 11 ans, Kathy, 9 ans - de sa secrétaire Ramona Shearer et du fils de celle-ci, Stephen, 11 ans. Le photographe David Lees s'est joint au groupe pendant le voyage pour en enregistrer une partie pour Life. Un soir, Kendall a atterri dans le golfe d'Aqaba, au Moyen-Orient, et le voyage d'agrément s'est transformé en une aventure déchirante, presque fatale.Le 22 mars 1960, Thomas Kendall atterrit dans le détroit de Tirana et ancre l'avion à une courte distance du rivage pour y passer la nuit. Ils entendent quelqu'un crier mais n'y prêtent pas attention. L'après-midi du lendemain, ils ont été attaqués à la mitrailleuse et à l'arme automatique depuis un promontoire situé à proximité. Les enfants ont pu regagner l'avion à la nage. M. Kendal et sa secrétaire ont été blessés en essayant de faire démarrer le Catalina, mais ils l'ont déplacé d'environ 800 mètres, malheureusement il s'est échoué sur un récif corallien. Les tirs ont duré de 30 à 40 minutes et pas moins de 300 tirs ont touché l'avion. Les réservoirs de carburant sont perforés et 4000 litres de carburant s'écoulent des trous, mais miraculeusement, l'avion ne prend pas feu. La mer n'avait qu'une profondeur d'environ 1,5 mètre et tous les passagers ont réussi à quitter l'avion et à atteindre le rivage. Sur la plage, ils sont capturés par un groupe de Bédouins rattachés à l'armée saoudienne, qui les avaient pris pour des commandos israéliens. Ils sont finalement emmenés à Jeddah, interrogés et finalement libérés avec l'aide de l'ambassadeur américain. L'ambassadeur a protesté auprès du gouvernement saoudien, mais celui-ci a refusé d'accepter toute responsabilité pour l'attaque et la perte de l'avion qui en a résulté.

Une toute petite partie de la station de ski

Et cet autre visage, l'AS est en train de le construire comme dans cette région de A à Z. Dans une région immense, bien plus grande que certains pays européens, elle est en train de créer un monde à part, un monde nouveau. Le projet s'appelle Néom. Nous traversons ce projet. Sur plus de 200 km de long et une cinquantaine de large, des chantiers partout, des milliers d'engins en tous genres. Une ville hyper technologique de 170 km de long sur 500m de hauteur et seulement 200m... ... de large, et aux alentours plus ou moins proches de quoi s'évader dans un monde féérique : marinas et Lagons digne des Seychelles, montagne avec station de ski futuriste elle aussi... Il s'agira même d'un nouveau pays, indépendant de l'AS, gérer par un consortium avec ses propres lois, sa propre police... C'est une vision d'autre chose. Les visionnaires par le passé ont toujours été traités de fous. Parfois à juste raison, parfois non.

 The Line

Dans ce monde que nous vivons aujourd'hui, n'est-il pas raisonnable de tenter autre chose ? Septique. L'avenir nous le diras.

Nous trouvons cependant à l'écart de plusieurs chantiers un petit coin bord de mer sympa. Nous y croisons des étrangers qui travaillent sur le projet. Ils sont en jours de repos, ingénieurs ou encore archéologue. Occasion d'en savoir un peu plus. Opportunités financières car les salaires sont exhubérants, indécents, vivant dans le luxe dans des villages fermés de plus de 3000 personnes. Des avantages conséquents, logement, restauration gratuite, billets d'avions mensuels pour rentrer dans le pays d'origine... Incroyable, inimaginable...

 Le camping n'est pas clôturé

Hormis les chantiers, pas grand chose de visible pour l'instant, les fondations se posent, le système de communication ferroviaire enterré en cours de construction. Chantiers en activités 24/24, objectif 2030. Dubaï va prendre un coup de vieux et paraîtra alors has-been.

Vous l'avez sans doute compris, ce projet fait partie d'une volonté du gouvernement royal de changer l'image et l'économie du pays. Ce projet, si c'est le plus grandiose et le plus dément, n'est pas unique. Nous allons en croiser d'autres sur notre route. A suivre très bientôt !

Les pays possédant un tel désert ne sont pas nombreux. Un vrai désert en 3D qui te fait vibrer les racines de tes poils et qui explose ta pupille à chaque instant. Le désert d'Hisma, dont la petite pointe nord se situe en Jordanie, plus connue sous le nom de Wadi Rum. Un joyau terrien.

Le long de cette route, le paysage t'annonce déjà la couleur d'une région pas comme les autres. Quand au bout de la longue route l'asphalte se termine, tu ressens une ambiance Bagdad café (césar du meilleur film étranger en 1989, une perle). Ambiance intemporelle, à la fois mélancolique et nonchalante. Quelques constructions basses bien délabrées servent peut-être encore d'habitation, la dernière pompe à essence du secteur avec les roues de 2 vieux camions qui semblent s'être soudées au sol. La station fait également office de supérette, achalandée par les corbeaux dont les quelques rayons sont à moitié vide, nourriture de secours. Des tomates ou légumes ? peut-être demain... Cela semble être le seul lieu de vie du coin.

 Au bout de la route, ambiance Bagdad café

Inutile de vouloir s'enfoncer plus loin avec le Fiat Ducato, Cargol passe en mode colocation pour quelques jours avec Olga et Thierry que nous embarquons avec nous. Leur véhicule peut rester tranquille en ce lieu, sous l'oeil vigilant de l'employé Yéménite qui a trouvé ici un refuge calme loin des tumultes et déboires de sa patrie.

Les paysages sont bluffants. Le sable est plus présent que dans le Wadi Rum, ce qui nous permet de mieux tester les possibilités de Cargol. En dégonflant d'un tiers faut pas trop que ça monte quand même et il est parfois préférable de faire demi-tour, contourner la difficulté et trouver une autre voie un chouia moins pentue. Nous pourrions dégonfler davantage mais tant que nous arrivons à avancer ainsi, c'est cool.

Les réseaux modernes évidemment sont inexistants dans ces zones. Nous nous étions la veille donné rdv avec JP et Carole à une arche. Quel plaisir de rechercher son chemin dans ces paysages immenses, et de tomber en fin d'après-midi sur leur 4x4 perdus entre sables, blocs rocheux et falaises. Tout le voyage prend ici son sens.

Rêve éveillé 

Y'a plus qu'à en prendre plein les mirettes pendant 3 jours, sous l'immense bonne humeur de quinquagénaires survoltés. Pétanque ou apéros et soirées à décrocher les mandibules, le temps s'arrête.

Ambiance disjonctée 

Que les journées sont dures...

Variétés 

Quant aux bivouacs, le choix ne manque pas, nous y passerions des lustres.

Bivouacs de rêve 

Pas de touristes ici, du moins pas encore. Quand le couple "Néom - The Line" va entrer en fonction dans moins de 10 ans, les complexes touristiques et bus vont débarqués dans les parages. Au vu des aménagements touristiques rencontrés plus au sud (vous les découvrirez bientôt 😉), l'intégration sera certainement très bien faite, mais ce ne sera quand même plus pareil. Nous sommes ici des "pionniers".

Contrairement au côté jordanien, seuls quelques rares 4x4 de touristes d'AS viennent un peu flâner, mais nous n'en compterons pas plus que les doigts d'une main par jour dans cette immensité. Par contre, c'est encore et ce depuis des siècles, le paradis des chameliers et de leur troupeau qui déambulent paisiblement.

Pure nature, la caravane passe

Amateurs de paysages vierges, dépêchez-vous...

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

Pays précédent : Jordanie, Etape suivante : variétés géologiques

Il est temps de quitter ce désert incroyable car 90 jours de visa c'est beaucoup à la fois, mais plutôt juste pour cet immense pays qui regorge de richesses en tout genre. En plus au rythme de Cargol, vous imaginez ! Continuons notre descente...

Ce 1er jour nous mène après quelques km asphaltés et pistes faciles vers une cassure géologique incroyable au sein d'un plateau entouré de montagnes. Ici la Terre s'est déchirée et au vu des failles apparentes où nous dormons, la cassure continue de s'agrandir. D'ailleurs 3 jours plus tard, c'était le terrible tremblement de terre qui a touché la Turquie et la Syrie. Vous remarquerez sur la photo que Cargol est resté sagement du bon côté de la faille, "faut encore que j'amène mes proprios dans des contrées perdues, je vais quand même pas prendre le risque de laisser mes injecteurs au fond d'un ravin 😉"

Dernière soirée de quinquas endiablés avant que nos routes se séparent.

ça craquelle grave
Olga, Thierry, Jean-Pascal - Alshiq Canyon

Duba... Nous arrivons au bord de la mer rouge à cette ville côtière sans intérêt si ce n'est son ferry vers l'Egypte. Et c'est lui que l'on reluque. Notre intention est de faire un aller-retour sur l'Egypte pour un mois avec les petites motos.

"Hein quoi ? 1700€ minimum pour 2 personnes, les taxes de douane et 2 petites motos qui côte à côte prennent la place d'une demi-voiture ! Euh, à ce prix là as-t-on le droit à la suite royale avec vue sur les moteurs pour ce trajet d'une nuit ? Ah non, c'est juste un siège, pas de couchette, sinon c'est plus cher..." Comment te dire... demi-tour ! Ils ont un peu le monopole dans le secteur donc visiblement ils en profitent. Nous ferons l'Egypte en aller simple probablement un peu plus tard. Pour découvrir ou revisiter l'Egypte avec nous, désolé mais va falloir que vous patientez un peu...

Direction les terres car la côte ne présente guère d'intérêt. Nous visons la région d'Al Ula, premier site touristique majeur d'AS. Sur notre route, le Wadi Disah. Une région de montagnes torturées avec en son sein, une superbe vallée canyon, au climat quasi tropical doté d'une belle végétation et de gazouillis d'oiseaux. Fin de la route, la piste commence, un gué puis... STOP ! La voiture des "forces spéciales". Simples flics locaux en fait. Camion trop gros, interdiction de passer ! Palabres... "Bon ok, nous allons dormir là et demain nous irons en moto". "Ah non, vous pouvez pas dormir là il faut revenir 300m avant." Non-sens. "Et puis non pas en moto non plus, c'est trop petit". Trop gros, trop petit, trop pour nous nous repartirons après une nuit.

 le village juste avant le Wadi Disah

Pourquoi me direz-vous ? Etroitesse de la piste, parfois des roseaux immenses de chaque côté, des passages à gué de 50cm... Cargol est trop lourd, trop large et pourrait abîmer la végétation et la piste. Normal, ça se tient. Les petites motos pourquoi ? La peur d'un problème humain avec un passage à gué sans doute... Là c'est moyen. D'après des récits de voyageurs rencontrés, ce Wadi est superbe à l'intérieur. Nous voulons bien le croire car juste l'entrée et les environs sont déjà magnifiques. Réservé donc aux véhicules 4x4, personnel ou commerciaux comme ceux de quelques locaux qui traînent par là en attendant le touriste de passage cas où.

La route est très jolie avec ses couleurs et ses montagnes. Les chameaux sont aussi peu nombreux que les quelques maisons par ici. Ah un truc ! En AS il savent répondre à la question "Papa, c'est quand qu'on s'arrête ?". Tiens fiston, une aire de jeu perdu au milieu de rien 😂. Comme nous sommes des grands enfants, avec des amis suisses déjà croisés au Koweït nous bivouaquons ensemble au milieu de rien. La vallée du rien tiens ! Joli spectacle.

la vallée du rien 

Puis à l'approche D'Al Ula, la montagne commence à ressembler à la géologie du désert Hisma. Au bout d'une piste un champignon atomique ou encore une poignée pour géant ! Autant le super champi, perdu dans ces monts n'est pas près de voir un touriste, autant la super arche plus proche d'Al Ula va voir débarquer dans les prochaines années les tours organisés (piste déjà aménagée pour un futur asphaltage). En tout cas pour nous, c'est bivouac en solo au pied de ces beautés naturelles et ce, pour notre plus grand bonheur !

Super Champi ! 

et donc juste avant Al Ula

 et super arche !

Nous sommes désormais tout proche d'Al Ula... Arrivé sur place nous nous enfonçons dans une petite vallée à la recherche d'un bivouac. Pas grand chose de palpitant. Il est tard et décidons de nous arrêter devant une habitation-ferme. Le proprio en sort avec sa bonne bouille tout sourire et nous invite à nous mettre plutôt dans sa palmeraie. Les Saoudiens sont bien dans la lignée de ces pays musulmans, adorables et hospitaliers au possible.

 Notre ferme palmeraie d'accueil

Le monde moderne passe désormais par ici, c'est ce qu'à compris celui que tout le monde appelle MBS, le prince héritier. En 2018. il était en vacances à l'Elysée. Pas pour goûter du cochon bien sûr mais pour négocier l'expérience d'aménagement du territoire en matière touristique.

Le site est immense. L'aménagement de la région d'Al Ula est programmé sur un territoire grand comme la Belgique : site historique, culturel, nature et géologie extravagante, parc naturel avec ré-implantation d'une bagatelle de 10 millions d'arbres et 32 millions de plantes, ré-habilitation de la faune sauvage...

Le site commence à être très connu dans les pays du golfe. L'occident commence à s'y intéresser, preuve encore un article d'une page dans Le Monde il y a quelques jours.

A notre tour de découvrir en mode pionnier à partir de notre campement depuis la ferme palmeraie... Organisation du tourisme parfois pas triste vous allez voir 😜 ...

le visitor's center

D'abord, paraît qu'il faut trouver le "visitor's center". Panneaux ? y'en a pas ! Ah, faut aller au Winter park ? logique comme nom dans ces contrées 😂 ! Nous avions bien vu des panneaux mais on pensait plus à un parc d'attraction d'hiver... Grand parking extérieur, bus de transport grandes lignes, bizarre. Visitor's center, pas de panneaux. "C'est où le visi... ?" "Juste là derrière vous" "Ah, ce petit bâtiment sans pancarte particulière, ok merci".

Entrons... Quelques minutes et puis s'en vont 😂. Tu comprends vite qu'ici les personnes derrière le comptoir sont des purs produits de formation de quelques heures à qui l'on impose la tenue traditionnelle. Elles connaissent bien leur outil informatique et puis c'est tout. Ne pose pas de questions pratiques précises, c'est mort. "Je sais pas, on m'a dit qu'on pouvait pas et qu'il fallait faire comme ça" 😳. Je l'a fait tourner en bourrique la pauvre. On réserve quand même 2 places pour le lendemain pour le site principal Hégra (Nabatéen) et au prix d'une car elle se plante, trop de pression sans doute. Trop de choses à voir, bye bye, on va voir leur site internet au calme.

Principe de base : 1 site internet regroupant tout, avec accès à des réservations pour les différents sites ou activités. Le site internet... Y'a de belles photos mais beaucoup trop de chose dedans avec une arborescence et une navigation qui te perd complètement très très rapidement. Pas de carte, pas de loupe ou de champ de recherche dans un coin pour rechercher un nom que tu as retenu mais que tu sais pas comment que ça s'écrit... "et merde" 😂 A croire que le cerveau local fonctionne différemment, remarque ils écrivent bien de droite à gauche, alors...

Allons d'abord nous promener quelques sites, eux gratuits.

Le point de vue sur la vallée. Faut se le taper celui-là en Cargol avec sa pente à plus de 20% de moyenne 😲. Le point de vue est 5* mais ce qui nous étonne le plus c'est le côté lounge et convivial. En accès gratuit, des grands ronds enterrés (cf photo ci-dessous) contenant des coussins sont en accès libre. Un bar et une terrasse discrète complète le site. Aménagement hyper simple mais que c'est bien pensé et bien fait ! Bon y'avait juste un con qui a confondu sa gauche et sa droite en tournant le volume de la musique plutôt boum boum. C'est vrai qu'ils écrivent de droite à gauche mais les boutons c'est l'inverse !

Point de vue local, ambiance lounge avec canapés enterrés

Elephant rock : grand site d'Al Ula. Les formations géologiques délirantes pullulent dans la région (cf l'arche ou le super champi dans l'étape précédente). Le "rocher" est superbe et l'éclairage nocturne qui apparaît petit à petit est sublime. Là encore le côté lounge est royal avec toujours ce principe de canapé enterré pour une 10aine de personnes.

Voyez-vous canapé, bar terrasse ? et pourtant...
 Elephant rock - encore une fois les canapés à fleur du sol, superbe

Un petit restau terrasse en retrait et quelques guitounes à boissons complètent harmonieusement le décor. Nous aurions aimé testé le narguilhé local, mais à 38€ la chicha, c'est du n'importe quoi. On se dit que le tabac est peut-être taxé ici, mais en fait non. Et le coca... 3€. Localement ça pique, mais bon, un site touristique, ok.

Ré-habillitation de la palmeraie... centre de recherche et de formation, ils apprennent ici comment cultiver bio, être en auto-suffisance, gestion de l'eau... Non promis, nous n'allons pas acheter un oasis dans le secteur mais allons continuer à nourrir notre cerveau d'anecdotes et d'images dans différentes contrées ! 🤪

 Palmeraie

Organisation touristique : visites et explications 2 fois par semaine seulement, information qui te saute pas aux yeux de prime abord bien sûr. Le point de rendez-vous départ porte à confusion et nous attendons un bus imaginaire pendant 1/2 heure. Prémices du tourisme... Arrivés sur le lieu à 9H30 du matin, l'accueil est saoudien : thé café friandises petits sandwichs... convivialité. Visite très sympa dans un esprit très famille et surprise à la sortie, un gros panier repas est en plus distribué 😳. Reste à s'installer dans un coin piknik de la palmeraie, encore un exemple du savoir faire lounge et de la confiance envers les touristes quant au respect du mobilier en place non fixé au sol bien sûr. Pourvu que ça dure !

Aires piknik avec mobilier à dispo permanente dans la palmeraie ! 

La palmeraie est en activité et se modernise dans le bon sens. Juste à côté, le vieux village ancestral avec ses maisons en pisé s'est désagrégé en l'espace de quelques décennies pour se re-constuire un peu plus loin en habitation plus moderne, du moins bétonné. Pas bon pour le tourisme ça... Allez zou, programme Al Ula en avant, les ruines reprennent vie et le village refait petit à petit surface, totalement piéton. Une moitié est déjà finie. C'est excellent pour les yeux, et les jolies boutiques, bars et restaus bien fondues dans le décor et bons pour les portefeuilles des locaux. Portant le nom de Old Al Ula, c'est un mélange d'ancien et de moderne, un véhicule autonome transportant même les personnes depuis le parking d'entrée. A la pointe l'Arabie Saoudite !

Old Al Ula 

MARAYA... Vous connaissez pas ? Nous non plus jusqu'alors. Incroyable, bleuffant, délirant , énorme, époustoufflant, éblouissant... 😲 là c'est un coup de génie

 Bien visible non les 9740 m2 de bâtiment ? 😂

Là ils ont quand même fait très fort ! 😲

Perdu sur un plateau dans les montagnes, il fallait bien une salle de concert de prestige pour Al Ula. De la chance nous avons eu, invités que nous sommes par deux jeunes filles saoudiennes travaillant pour le tourisme local pour aller assister à un concert le soir. Associé à une expo Andy Warhol un groupe de musique électro-acoustique jouent 13 morceaux de The Velvet Underground, avec des immenses portraits d'hommes ou de femmes, ici en Arabie Saoudite et en ce lieu, qui l'eût cru voilà quelques années seulement !

Concert à l'intérieur, mélange des genres, signe flagrant de l'ouverture de ce pays

Question organisation touristique, c'est pas triste non plus : pour accéder à ce plateau, et tu peux y accéder en voiture personnelle, tu dois réserver sur le fameux site internet et dire que tu viendras à telle heure. Pratique. Bon le système est tellement au point que nous avons pu réserver pour 15h, 16h et 17h 😂.

Sur le même plateau plutôt désertique on été accordé la construction de manière éparse de quelques bars et hôtels. Là encore, l'intégration est stupéfiante :

Exemple d'intégration à la saoudienne dans la nature de bars et d'hôtels

Bon la région d'Al Ula est vraiment superbe. Et cette photo que l'on voit partout dès que l'on commence à s'y intéresser : un Pétra sans le canyon. Pas faux mais quand même...

Ici il y a presque 3000 ans, c’était la route de l’encens. Al Ula une oasis étape incontournable. Nous sommes entre autre au temps des Nabatéens dont Pétra était leur capitale.

Tombeau Nabatéen, dans le style je vois grand 

Ici il y a presque 3000 ans, c’était la route de l’encens. Al Ula une oasis étape incontournable. Nous sommes entre autre au temps des Nabatéens dont Pétra était leur capitale. Ici Al Ula, leur 2ème ville, environ 10 000 habitants. Ils en ont usé du caillou, du burin et du marteau. Remarque, fallait être un peu marteau pour faire des trucs pareils et se buriner la peau dans la cagnasse locale ! Ces expressions viennent peut-être de là qui sait...

Tout comme Pétra, les façades de ces tombeaux sont immenses. Ici, de nombreux tombeaux appartenaient à une femme d'une grande famille, une riche commerçante qui avait beaucoup de pouvoir. C'était quelques siècles avant l'avènement de religions qui semblent avoir oublié le rôle positif de la femme chez leurs propres ancêtres...

Seul le site des tombeaux se visite, le reste des vestiges de la ville est clôturé, invisible, les archéologues s'affairent... plus tard sans doute. T'as envie de carrière ? Alors viens par ici, tu as de gros cailloux, tu vas pouvoir t'entraîner. C'est quand même 25€ la formation pédagogique que tu circules même en bus. Ah au fait, tu apprendras que tu vas sculpter en commençant par le haut et puis si tu as le vertige alors faut se convertir en sculpteur de chateau de sable 😜

L'astuce consiste à laisser partir ton bus et à prendre le suivant, se retrouver seul autour de ses lieux chargés d'intensité. 😜 Occasion dans le bus de rencontrer un jeune couple suisse qui voyage... en vélo. Ils vont pouvoir monter leur tente à l'intérieur de la guest-tente de la palmeraie à côté de nous. Avec la cheminée à l'intérieur de la tente, et à l'abri de tout vent, c'est du 5* pour eux !

la guest-tent de notre fermier 

Les petites motos sont de sortie dans ces parages. Et l'on en abuse, il serait dommage de s'en priver. Ça patine parfois un peu dans le sable mais ça passe ! Nous tombons sur une Zipline, big tyrolienne. En fait le parcours est composé de 2 ziplines, à près de 150 km/h, tète en avant, fonce dans le vide. Les yeux de LaLoute brille, go go go ! Un peu taré... oui.

Chevauchée moderne dans un monde sauvage 
Zipline pour LaLoute 

Un lien se crée avec le personnel de l'Adventure parc et voilà qu'ils nous offrent en plus une activité de notre choix. Bon vertigo et moi, nous sommes pas copain alors je laisse LaLoute s'accrocher aux parois vertigineuse de la via ferrata. Sacré parcours accroché à sa ligne de vie !

A l'assaut des gros cailloux ! 

Plus terre à terre comme activité, nous avons aussi testé quelques restaus dans le coin. Rien ne vaut quand même les petits restau locaux où il est difficile de manger autre chose que du poulet et du riz. Par contre nous sommes tombés sur une cantine Yéménite qui valait son pesant d'or de part l'ambiance des travailleurs locaux et de par leur plat bien riche

Restau un peu chicos à Al Ula et une cantine Yéménite 


Il est bientôt temps de reprendre notre route, non sans passer un petit peu de temps avec le jardiner sympathique de notre hôte. Mais avant Cargol, vu que tu t'es bien reposé ces derniers jours, va travailler un peu et déracine nous ce palmier qui n'a plus sa place à cet endroit. Bon d'accord, un palmier c'est pas un chêne 😉

Cargol power 😉

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Et là où sommes-nous au moment où tu lis ces lignes ? Par ici !

Pays précédent : Jordanie, Etape suivante : encore plus vieux que Pétra


Allez, nous reprenons la route comme toujours avec joie après plusieurs jours en stationnaire, quittons la renommée région d'al Ula. Rouler même à ce rythme lent reste un plaisir pour les yeux, chercher son bivouac dans un lieu reculé, si possible vierge...


 Bivouac sauvage


au centre de la photo, mais qu'est-ce ?

Parfois, en scrutant les images satellites à la recherche de jolies zones pour se poser, on aperçoit des choses bizarres... Regardez la photo ci-dessus, vers le centre dans la zone claire...

Géoglyphes... 

Il faut bien un drône pour ce rendre compte du bordelou. Késaké ? Un chercheur américain en 2018 a fait une étude approfondie. Il en a recensé plus de 400, du Yémen jusqu'en Arménie, principalement proche d'Oasis, ancien Oasis ou village. La datation est très ancienne, plusieurs milliers d'années, bien avant les Nabatééns. Sa conclusion est : makache bono, y'en a pas, mystère. Seuls quelques ossements d'animaux ont été trouvés mais il faudrait creuser le sol pour en savoir davantage, un jour sans doute.

 A votre avis qu'est-ce ?

Au proche visitor center de Khaybar, ils disent que ce sont des tombes 🤨. Perso j'émets une hypothèse. Ce sont des hôtels ! Pas pour touristes mais pour les caravanes qui passaient par là, n'oublions pas, la route de l'encens, à l'époque... Les oasis ne sont pas loin non plus et fallait bien que, lors des jours de repos, les animaux soient parqués quelque part et ne se mélangent pas non plus. Plus ou moins d'animaux, taille des enclos plus ou moins grand. la plupart de ces "figures" sont de part et d'autres d'une grande allée, la voie de passage. Logique. Non visible sur cette photo, certains ont une forme rectangulaire classique.

Alors pour quoi cette forme de trou de serrure ? Dans cette idée d'hôtels, les animaux dans le triangle, les hommes dans le rond pour se reposer, à l'extrémité, moins dérangés du fait de l'éloignement de la voie passante. L'enclos est rétréci côté repos des hommes... pas con, moins de bêtes, moins de bruit pour se reposer.

Direction ensuite un site de l'Unesco, non exploité à ce jour... 30 km de pistes pas très agréables plus loin...

 Le fameux site et la ferme

Le site immense est clôturé, le portail cadenassé. Grace au réseau de voyageur, nous savons que parfois certains ont obtenu la clef du sésame à la ferme du coin. Au loin quelques baraquements, la dite ferme. L'autochtone essaye de nous vendre l'accès à prix d'or. Niet, nous sommes pas des chameaux à lait (ben oui ici on dit pas vache 😉). Nous lui donnerons finalement 10€ pour nous emmener dans son 4x4 pendant une heure sur le site.

Et nous avons bien fait car c'est étonnant. D'habitude quelques inscriptions. Là des centaines sur d'énormes blocs rocheux mal imbriqués. En fait il devait s'agir d'une petite falaise qui s'est fendue et en grande partie écroulée. Les dessins sculptés sont donc dans tout les sens, en biais ou à l'envers du coup. Y'en a partout !

le guépard !

Pourquoi ? une école de la vie, une école d'art ? et là, cet immense animal, visiblement guépard 😳, sans doute représenté plus grand pour accentué son image de prédateur.

Direction une centaine de km plus loin, un lac rose, quelques pistes et paysages sauvages, nous pénétrons une zone hyper volcanique (euh avant on est d'accord).

En approche de la zone volcanique 

A l'école on apprend que la lave, une fois refroidie, elle est noire. Que nenni, on nous a menti, nous avons trouvé ici "le Volcan Blanc". Il est là perdu parmi d'autre qui eux sont noirs. En voyant les photos il est facile de comprendre que le grand volcan noir est apparu après le blanc, ayant recouvert la lave blanche par la lave noire. Nous dormons à cette rupture, perdus dans cette immensité black and white, avant d'en faire l'ascension le lendemain.

 Volcans black and white

Sur la route de l'encens en Arabie Saoudite, les caravanes avaient trois aires d'autoroute incontournables. Trois oasis de renommée pendant des siècles : Oasis de Tayma, Al Ula et Khaybar. C'est ce dernier où nous arrêtons cette fois. Le cadre est très joli, mais si nous vous en parlons aujourd'hui, c'est encore une fois à cause de cette étonnante organisation touristique qu'ils en font.

Le site est ouvert au public depuis quelques mois seulement. Ils ont investi très gros dans le secteur, et pourtant aucun panneau, aucune signalétique qui te guide vers le site à plusieurs kilomètres à la ronde. Tu finis par trouver. Un grand parking, des 4x4 luxueux garés devant une belle guitoune avec des barrières. A la guitoune, tu apprends que l'accès au site c'est 25 € par personne, incluant le 4x4 qui t'amène sur le site, l'accès aux visitor's Center et un tour dans la palmeraie en voiturette type golf. Le guitounier essaye de bien me vendre le truc, mais rapidement je lui mets le doute dans sa tête : "normalement un Visitor's center, c'est fait pour avoir des informations, des renseignements et après tu payes suivant tes choix. En plus là-bas se trouve un bar, un restaurant et quelques boutiques. Crois-tu qu'il est normal que je paye 25 € pour aller boire un coup, manger et peut-être acheter des choses ?" Le doute s'installe dans ses yeux ... "Si vous voulez, je peux vous faire un accès gratuit." "Bah voilà, ça paraît plus logique..."

Billets gratuits en poche, tu montes dans le 4x4 flambant neuf à plus de 70 000 € l'outil. Tu passes les barrières et tu fais 2 km sur un chemin en matériaux composite avec panneau limitation à 30 km/h. Utilité du 4x4 ? Niet. Nous sommes dans un autre monde... Visitor's center dernier cri, matériaux grand luxe, écrans tactiles géants, animation... on t'apprends quand même que les géoglyphes sont des tombes, 99% des touristes le goberont... et la tour Eiffel elle est en fait en bois recouverte d'une peinture fer non ?

Les 4x4 qui servent à rien et le visitor's center 

Ça c'était le côté bad trip. Ce qui suit est excellent. Un restaurant terrasse du plus bel effet avec une vue sur la palmeraie, son ancien fort, le tout au coucher du soleil, vue magique. Les installations rondes du bar avec leur toile et leur feu possible au centre est un vrai exemple de lounge, de bien être, de quiétude et d'intégration locale. Quant aux 4 ou 5 boutiques, sur le côté, que du quali qui se fond parfaitement dans ce décor. En fait, ils ont d'excellents archis mais des managers gestionnaire de fiente.

Boutiques et coin bar détente
Coin bar détente lounge
Intégration au top, bar lounge, vue 5* 

A une autre heure de la journée, je pense que l'on aurait pu monter gratuitement dans la golfette pour le petit tour en palmeraie... c'est du moins ce qui est arrivé à des amis qui sont venus quelques jours plus tard et à qui l'on avait refilé le coup du billet gratuit. Pour des éventuels outrés de notre démarche, nous précisons quand même que nous avons consommé sur place 😉

 les golfettes à disposition pour la visite

Médine

2ème ville sainte de l'Islam après La Mecque. Ville ouverte aux non-musulmans depuis moins d'un an. Les villes, c'est pas notre truc. Par contre, voir comment une religion peut être capable de moduler l'être humain, cela devient intéressant. Ben cela rappelle vite des troupeaux de moutons qui se dirigent tous vers leur terrain de prédilection, en l'occurrence ici, la mosquée du prophète. Essentiellement en blanc couleur purement divine, les pèlerins viennent des 4 coins du monde, mélanges ethniques.

 En route vers l'intérieur de la mosquée

Objectif : essayer de rentrer dans cette superbe mosquée. Je sais qu'elle est interdite aux non-musulmans mais après tout, pas de panneau nulle part et certains voyageurs ont récemment réussi à pénétrer à l'intérieur. Je me fonds dans la foule avec ma gueule et mon linceul européen pantalon tee-shirt. Je passe le premier contrôle, les gaziers étant occupés avec une famille et me cachant derrière une armoire. Je me dis c'est bon ! Je suis le mouvement dans la masse blanche. La porte monumentale pour pénétrer à l'intérieur est un peu étroite, ça coince un peu. Un peu trop longtemps sans doute, je suis repéré par les militaires en charge de la surveillance. Mis gentiment de côté, je dois patienter une demie-heure que l'on viennent me chercher en golfette. Ils veulent m'emmener je ne sais où, mais Muriel est toute seule sur la place. Je dois leur faire un foin pour la récupérer en premier ("Si tu veux pas je descends de ton bolide à 2 baballes et je me casse"). Puis nous arrivons devant un bâtiment administratif, gestion du lieu en fait. Nous y sommes accueillis par un français travaillant à la traduction des sermons et qui est là pour nous traduire pendant 5 mn ce que va nous dire par téléphone un responsable. Une explication très courtoise, très religieuse, sur l'islam, la sainteté du lieu, le respect de la prière... Belle démarche.

 Sur la place, en golfette, et coin de prière extérieur féminin

Sinon, quelques photos en vrac de nos deux jours sur Médine : une immersion sympa dans une famille, une rue et un coin restau bien local ("Chefs Market" 24.459110, 39.611203), une zone garage dans son jus pour réparer une valve de pneu...


Si si ça roule et vous ne rêvez pas, y'a bien quelqu'un dedans
"Chefs Market"
Famille, garage et vie locale 

En prime la visite de la 2ème imprimerie mondiale du Coran où nous nous rendons dans l'espoir d'obtenir un Coran en Français, manière de parfaire notre connaissance, d'avoir des arguments et de vérifier certaines pensées. Lors de cette visite, nous sommes traités en VIP, nous font passer devant toute la queue, sous prétexte que l 'on est français... 😳

A l'imprimerie, groupe d'indonésiens musulmans en pèlerinage 

Visite nulle, aucune activité à l'intérieur, aucun coran en français ou en anglais disponible... Ont-ils eu peur de nous ? 😂

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Pays précédent : Jordanie, Etape suivante : Côté Mer rouge et stop à Djeddah

Quittons Médine et allons chercher un peu diode. Auparavant une dernière retrouvaille avec des jeunes voyageurs sympathiques, Camille et Matthieu déjà croisés au Koweït. Certains pensent sans doute "Mais comment se retrouver dans une pampa étrangère après plusieurs mois ?

Magie technologique, nous vivons quand même une époque incroyable où il est très facile de voyager. Au moins ça c'est un bon point pour notre époque. Les réseaux sociaux et les téléphones sont le fer de lance de ce maillage de voyageurs. La toile d'araignée se tisse bien souvent au début autour de groupes dédiés, facebook ou whatsapp par exemple. Les échanges d'informations pratiques entre personnes commencent alors, rendant à tout un chacun le quotidien plus facile. Pour se suivre et se retrouver, nombreux d'entre nous utilisent l'application Polarsteps et avec quelques messages bien placés, on se retrouve vite autour d'une table dans un coin perdu de la pampa 😜 Tchin Tchin !

Ultime bivouac en compagnie de Camille et Matthieu 

Bullage en Mer rouge... Comment ne pas rester là plusieurs jours, les voisins sont tellement sympas et si calmes 😂. La mer est chaude et faut marcher un bon 1/4 d'heure dans l'eau pour approcher la barrière de corail et les poissons. Seuls les gardes-côtes rangers font des rondes et veillent à ce que tu ne t'approches pas de la barrière. Nous irons quand même en rampant dans l'eau afin d'y aller incognito 😂 et sans marcher sur les coraux bien sûr.

 Chut les voisins, chut !

Djeddah... Nous avons jeté notre dévolu sur la 2ème ville de ce pays, non pas le fait qu'elle accueille le grand prix de formule 1 dans quelques jours, mais pour son vol direct low cost vers Marseille. Et oui la Mecque est pas loin donc un vol direct depuis la Provence pour le pèlerinage à la Mecque, c'est du pain béni, si l'on peut dire. Bon, nous, faut juste que l'on fasse un petit séjour en France rapide. Le plus dur dans ce cas là, c'est laisser le véhicule, que Cargol et les motos soient choyés, en sécurité.

Niveau douane, le fait d'avoir des CPD (carnet de passage) nous octroie une autorisation plus importante de présence du véhicule sur le territoire. Là on est good. Trouver un parking ? Nous avons déjà une option, mais dans une ville à une centaine de km... Partant du principe qu'ici tout le monde veut t'aider et qu'il existe toujours un frère ou un cousin qui va bien, il suffit de demander. L'occasion ne se fait pas attendre. En payant la maigre addition d'un restaurant sympa (pigeon à la place du poulet), nous sommes invités par des clients à se joindre à eux et boire un thé... "Vous ne savez pas par hasard où..." Bingo "Pas de problème, le camion devant chez moi et les motos à l'intérieur, le temps que tu veux."

la salle du restaurant, il n'y en a qu'une à l'extérieur, des clients lambdas

Quelques jours à attendre dans le coin... y'a quoi par ici ? Oooohhhh et si l'on faisait un peu de séance garage 😂... Cargol t'as pas un truc qui cloche ? Ton espèce de coffre en bois à l'arrière gauche qui un de ces jours va nous poser problème... Allez hop 3 jours pour refaire un tout beau coffre en Alu, bien plus fonctionnel et durable. Oui 3 jours c'est long, mais il fallait bien réfléchir à certaines astuces et puis vaut mieux du boulot consciencieux que de la sauce n'importe nawak (Off road customs 21.91398, 39.31158)

Un nouveau coffre alu plus pratique et moins d'emmerdes 


Le coffre c'est fait ! Reste plus qu'à profiter de notre hôte qui nous invite le soir avec ses amis pour un piknik désert après avoir acheté du chameau. C'est très local. en fait tu loues un emplacement à l'heure, à la soirée ou autre, une tente et quelques coussins, aménagés sommairement et souvent bien kitchs. Rien de très glamour en fait car il s'agit d'immenses zones avec des dizaines voire centaines d'emplacements, souvent proche d'une voie rapide de surcroît...

On attend un peu que le chameau arrive à la boucherie
 Le piknic en emplacement aménagé à la mode Djeddah


Et la ville de Djeddah... plus de 4 millions d'hbts. Pas grand chose, un peu de moderne en front de mer...

 couleurs naturelles

un quartier très vieux de maisons de ville défiant les lois de l'équilibre...

le Old Djeddah 

scénograhies locales...

Décoration intérieure de restaurant classique
la voiture pompier ?
Scènes de vie 

un musée original sur l'Islam en mode art contemporain

 Islamic Arts Biennale

et beaucoup, beaucoup de travaux, perspective changement radical de politique du pays... Des quartiers entiers sont rasés sur des centaines d'hectares pour refaire du look moderne et se tourner vers ce que l'on appelle l'avenir. Les travaux par ici, ça ne plaisante pas... Tu habitais là, tu as grandi ici, tes parents aussi... ah ben non plus maintenant. Allez zou...

Avant et après des gravats sur des km2 

A l'aéroport... enregistrement des bagages... merde mon passeport... 😳 il est resté dans Cargol... 🤨 mais qu'il est con le type ! 😂 Coup de chaud, coup de speed, c'est passé, un souvenir de plus !

Méfiez-vous de ce pays, ils sont en train de nous construire une nouvelle Etoile Noire... Que la force soit avec vous ! 

Un bref retour en France s'impose. Pour nous, un mois. Cela fait toujours du bien de retrouver famille et amis. Mais cette fois, cela aura finalement été un séjour 100 à l'heure (nous n'avons pas l'habitude avec Cargol) 😂. Covid à l'arrivée, un décès dans la famille, des rendez-vous et examens médicaux à la toque, bref pas vraiment le profiter. Mais le retour sur l'Arabie Saoudite valait son pesant d'or, nous faisant prendre conscience, non sans étonnement, d'un phénomène religieux quelques peu étonnant dans notre culture à nous.

Aéroport de Marseille, en attente dans la salle d'embarquement... Petit à petit les occupants de la salle se transforme en... blanc ! 😳 Commence un ballet d'aller retour vers les toilettes, où les personnes on va dire habillées comme pour prendre un avion, en ressortent drappés d'une sorte de couverture blanche. Cette couverture ou drap est noué autour d'eux avec plus ou moins de réussite d'ailleurs. Certains n'hésitent pas à se changer entre les sièges-banquettes sans passer par la case toilettes. Pèlerinage à La Mecque... c'est ça. Effectivement la ville sainte est à 100km de notre aéroport d'arrivée Djeddah et nous partons de... Marseille. Pas con la compagnie Flynas qui a vite compris la rentabilité du vol dans cette région du monde 😂. L'intérieur de l'avion est donc plutôt tout blanc et les tenues et attitudes sont parfois quelques peu surprenantes.

Pour certains une honte, pour d'autres une normalité 

Dans les faits, les personnes ont dépensé en 2022 plus de 7200€ en moyenne pour se payer le pèlerinage (source https://muslim-expat.com/) et passent par des agences agréées pour cela. En allant faire le tour sur l'une d'elle, on peut s'apercevoir qu'il faut avoir payer la totalité 15 mois avant le voyage ! 😲 A croire que Dieu est grand et l'argent son prophète ! 😂 En matière de religion, le veau d'or a bien changé de camp...

Faut toujours que l'on serve de transporteur quand on revient de France... En Géorgie nous avions ramené plus de 20 kg de livre scolaire pour des amis voyageurs. Cette fois nous transportons 2 fenêtres neuves pour des voyageurs allemands en camion qui avaient cassé les leurs. C'est un intermédiaire saoudien qui vient les récupérer. Une belle rencontre furtive mais nous nous promettons de nous revoir chez lui dans les montagnes dans quelques jours...

Fuyons la chaleur du bord de la mer rouge et montons vite dans les montagnes ! Une surprise malencontreuse nous y attendait dès le 1er jour 🥴 : bord de route, au milieu de rien, un stand de vente de fruits et légumes. Cargol s'arrête juste après. Nous restons bien 15 mn en retrait de quelques mètres de Cargol, le temps de choisir, de papoter et de faire quelques selfies avec 2 ou 3 voitures de passages. Retour à Cargol, le téléphone de LaLoute a disparu, il était posé antre les 2 sièges avant, c'est une certitude. On fait sonner, il ne répond pas, faut se rendre à l'évidence étonnante que quelqu'un l'a pris. Incompréhension, énervement, colère, haine. 😡

Dashcam, notre caméra intérieure était-elle branchée ? Oui ! Visionnage et enfin nous tombons sur l'enregistrement vidéo.

Le voleur pris en flag, vidéo par ici :

Il est 15h et nous suivons les policiers alertés qui nous mènent jusqu'au poste central du village du coin... Roulez pas trop vite, on arrive ! Nous passerons un long moment à visionner, scruter à la loupe la vidéo pour déchiffrer la plaque d'immatriculation du véhicule. Ils joignent le propriétaire du véhicule. "C'est mon fils qui a pris la voiture". Le fils, passager du véhicule et qui filme la scène comme on peut voir sur la vidéo, est interpellé et amené au poste. Drôle de tête quand il découvre qu'ils ont été filmé. Celui qui a passé son corps par la vitre de Cargol, c'est celui qui conduisait la voiture, un ami. Ils repartent pour l'interpeller chez lui à 60km. "On va vous ramener le téléphone !". Nous profitons de leur salle perso très typico-locale avec thé et dattes comme il se doit 😛. L'interpellation semble prendre plus de temps que prévu, nous partons manger à l'extérieur... poulet / riz bien sûr. A 23h nous sommes appelés. Le fils et son ami sont là, menottes au pied, debout face au mur. L'ami se prend une grosse claque en tentant de refuser d'enlever sa bague. Le téléphone est là. Il n'a plus sa coque, ni sa carte sim et plutôt terreux 🧐 En fait, sans doute prévenu de l'arrivée des policiers, il avait enterré le téléphone.

"Aura-t-il la main coupé pour son acte ?" "S'il n'a pas d'antécédent, vu qu'il s'agit d'un petit délit, normalement non" Dans tous les cas, eux et leurs familles se souviendront longtemps du dernier jour du ramadan 2023, normalement un jour de fête ! 🙏

 Au poste de police en attente et en recherche à la loupe du numéro de la plaque d'immatriculation

Cet épisode passé, nous nous retrouvons enfin dans les montagnes. Ouf du frais car en bas dans les plaines, la chaleur commençait à devenir pesante. Retrouvailles aussi sur un promontoire perdu avec un couple de suisse croisé en Turquie. Seul les singes 😳 viennent parfois nous tenir compagnie, mais ça nous vous en parlerons dans la prochaine étape. Par contre tous les jours, 14° au petit matin et du soleil toute la matinée, puis les nuages débarquent et la bataille dans le ciel fait rage dès le milieu de l'après midi... Badadapoum poum et BADADAPOUMPOUMPOUM. Ça pétarade très fort de partout, accompagné de violentes draches et parfois de bons gros grélons. Logique, la mer rouge n'est pas loin, les vents chauds dominants arrivent sur cette chair fraîche et se la disputent.

 Photos de stars, grosses flaques et grêlons

Ces montagnes sont habitées depuis des siècles, peuples sédentaires de bergers et cultivateurs. Partout des ruines d'anciens hameaux en pierre avec une ou plusieurs tour de guet / refuge, très forte similitude avec les constructions des montagnes en Géorgie. Serait-ce les Ottomans qui ont remonté ce style d'habitat dans les régions du nord ?

C'est lors d'un arrêt que nous rencontrons Dawn, une anglaise travaillant à Djeddah, et avec qui nous décidons de nous retrouver le lendemain sur une piste menant à un site classé Unesco. Ce site en fait n'est pas ouvert et l'on sait pourquoi, nous en avons fait les frais ! 😳. Ce village (Al-Kharfi Beekeepers) est bien perdu, dans une vallée encaissée. Cela semble très périlleux pour un Cargol, les motos sont de sortie. Rapidement le chemin devient très chaotique, tracé au plus court au bullozer dans des montagnes très abruptes. Les pentes dépassent parfois allègrement les 30%. Après quelques km, Muriel semble vouloir abdiquer. Soyons sages, vaut mieux faire demi-tour. Oui mais...

Ce village, classé Unesco, d'un accès très difficile et que nous n'atteindrons jamais (Al-Kharfi Beekeepers)

Je suis déjà un peu plus en contre-bas. Avec moi dessus la moto refuse de remonter, cale et re-cale. La batterie s'épuise. Elle était déjà faible, la moto ne veut plus re-démarrer. Démarrer en roulant en descente, demi-tour, passer la première, filet de gaz entre les cailloux en étant à côté de la moto. Merde, j'ai mis la béquille... LE CON ! 😡 on recommence, descendre, demi-tour. Essouflé, une pause. Je prends appui sur le guidon, sur le... coupe-circuit... LE CON ! 😡Redescendre... NON. Allons voir si Dawn a une sangle. Nous l'avions retrouver sur la piste un peu plus tôt. Même s'il vaut mieux que son 4x4 en rodage (400km au compteur) ne descende pas dans ce merdier, elle pourra nous tirer jusqu'en haut de la où elle est. Sangle elle a. Des 4x4 locaux remontent la piste, des habitants d'un micro-village en contrebas. Sympa leur route au quotidien... Pour nous, Super, de l'aide potentielles. Ils hallucinent quelque peu de nous trouver là dans ces contrées avec nos minis engins. Me voilà sanglé puis nous chargeons la moto de LaLoute sur un pick-up. Dawn achève le travail en me tractant jusque en haut, retrouver la route👍. Démarrer en descente et gaz. Nous rentrons à Cargol avant l'orage, un bon souvenir ! 😂

La solution de la sagesse pour ce sortir d'un merdier : utiliser toutes les ressources nécessaires ! 

Non, l’Arabie Saoudite n’est pas qu’un désert de sable où poussent les chameaux accompagnés de bédouins blancs, rouge enturbanés… Une sacré chaîne de montagnes, 600km de long nord sud soit l'équivalent de 2 fois les Alpes françaises, qui finie sa course au Yemen... c'est ce que nous décidons de longer et parfois de traverser et ce jusqu'à la frontière yéménite. Heureusement pour Cargol, la majorité va se faire côté est, un grand plateau souvent à 2000m d'altitude, au frais. Côté ouest c'est une cassure ahurissante vers la mer rouge avec des canyons, des vallées très encaissées où la plupart des routes sont interdites aux poids lourds à causes de pentes délirantes.

Pas de chameaux donc par ici mais des bestiaux que nous n'attendions pas. Des singes, en veux-tu en voilà, y'en a partout. Grands adeptes des parkings, points de vue le long des routes, parcs à piknik, ils pullulent.

Jeune male
C'est moi le chef
Chef de clan et harem

Ça t'observent de loin, crient, se chamaillent, se nettoient conjointement, fouillent les poubelles, essayent de chopper des plastiques ou des sacs dans les bennes des pick-ups.

Des meutes entières, avec une organisation sociale très développées... ils ont vraisemblablement été amenés de la partie nord est de l'Afrique où l'on retrouve cette race : les singes Hamadryas. Un groupe avec un male dominant, un male immature et plusieurs femelles. 2 groupes peuvent se rassembler pour former un clan et 4 clans peuvent se regrouper pour former une meute, jusqu'à 300 ou 400 individus, après c'est trop le bordel ils arrêtent.

Le problème, même si une femelle ne fait qu'un seul petit tous les 22 mois, c'est qu'ils sont de plus en plus nombreux. Leur espace se restreint par les cultures, la déforestation, l'habitat montagnard qui se densifie, les prédateurs qui ont quasiment disparu (tigres - si si -, hyènes, loups...). Du coup une meute peut piller une ferme en quelques heures. Certains groupes commencent à arriver à la capitale Riyadh pourtant bien éloignée de leur habitat privilégié. Les saoudiens étudient, analysent mais ne savent pour l'instant pas quoi faire.

Certaines bestioles sont plus discrètes mais pas moins surprenantes. Dans le style colorées, on aime bien 🤪.

Méga mille pattes ou brebis adeptes de base-jumping, c'est toujours surprenant et inattendu 😳.

 la brebis base-jump

Dans tous les cas, nous observons cela depuis des bivouacs animés et sympathiques, profitons bien d'une faune qui nous manquait et faisons préparer les motos (changement kit-chaine, plaquettes de freins...) pour aller à l'assaut des routes interdites aux poids-lourds ! 🤪

Entre l'immense plateau qui oscille entre 2000 et 2500m et la mer rouge, c'est une cassure impressionnante, vertigineuse. C'est plat et tout d'un coup, pof, ça tombe. Et ça tombe dru ! Difficile d'en faire de belles photos car une sorte de brume relative et une forme d'opacité règne, due à la chaleur en provenance de la mer. Commercialement, il était intéressant de pouvoir joindre ces deux mondes, celui d'en haut et celui d'en bas. Certains hameaux s'accrochent dans le monde du milieu, un monde escarpé qui forme les mollets des habitants qui crapahutent dans les cultures en escaliers qu'ils ont construits depuis des siècles.

Cultures en escaliers dont certaines toujours en activité
Dans la montée de Jabal Shada
Du côté de Jabal Shada 

Les saoudiens ont tracé des routes vertigineuses dans ces espaces. A priori, ils avaient un mot d'ordre : abaisser les coûts en faisant le moins de km possible, donc ça descend fort. Et zou 1300m de dénivelé sur un peu plus de 10 km avec des pentes à plus de 20%. Du coup, la plupart de ces routes sont interdites aux poids lourds. Ça nous évite de faire turbiner Cargol et nous permet d'aller taquiner ces paysages avec les petites motos.

Vue GPS
rte 3705 vers Sabt Al Alayat
rte 2199 vers Sabt Al Alayat

Sur la carte ça ressemble à des ressorts mal étirés. Sur place, cela donne très beaux paysages peuplés de singes, de ruralité et des superbes points de vue.

Peut-être qu'un jour les motos tourneront à l'eau 😉

Dans ces contrées se cachent parfois des petits villages traditionnels tout en pierre, comme tous les habitats de l'époque, avec des murs épais, des structures internes en bois, et des ruelles à taille d'âne pour conserver le frais. L'ère des grandes maisons climatisées aux rues élargies pour les voitures a forcément envahi le terrain. Râlant. La plupart sont en ruine. Vous avez envie d'investir, c'est le moment !

Très nombreux hameaux et villages anciens en ruines 

Voyant bien un intérêt touristique certains de ces villages sont réhabilités par le gouvernement. Cela s'appelle ici les "Heritage village" comme Thee Aïn.

 Thee Aïn, son ancienne mosquée et son oasis bien sympa, peuplé de singes

Authenticité encore avec une belle rencontre Fayez (rappelez-vous celui qui était venu chercher les fenêtres à Djeddah pour les allemands. Nous le rejoignons dans son village natal, Tanumah. En traversant ces montagnes, une chose nous choque. Ces plateaux montagneux sont très urbanisés, de manière très éparses, étalés, en petits villages et hameaux. De très nombreuses maisons mais très peu de monde dans les rues et ma foi pas vraiment de voiture dans les rues. "Fayez ô secours, que se passe-t-il par ici ?" - "Tu vois, ça c'est ma maison familiale construire par mon père" (cela ressemble à une petite résidence européenne des années 70 - cf photo). "Cet été en juillet et août la maison sera pleine, environ 70 personnes, rien que la famille. Ici chez nous les familles étaient nombreuses, plus de 10 enfants. En fait plus de 70% de la population de l'Arabie Saoudite est originaire de ces montagnes. Les enfants sont partis, travaillent à Djeddah, à Riyadh ou encore à l'étranger et reviennent en été. Et c'est pareil pour toute la région. L'été, ici, c'est une fourmilière dans les montagnes."

 En style des années 70, ce n'est pas une résidence, c'est sa maison.

Du coup, le béton a pris place. Avec un tourisme à 0%, c'est construction 10% esthétique et 90% pratique. Dommage. Heureusement, il reste de très nombreuses ruines du passé, avec de plus en plus de réhabilitations privées. Heureusement encore, la micro-région de Tanumah est très sympa, une multitude de petits plateaux adorables avec un relief rocheux surprenant. Pour notre plus grand bonheur, Fayez se régale à nous conduire dans les méandres de ces petites routes.

Un petit plateau avec une belle vue, aménagé pour le piknic
Ça monte, ça descend, c'est vert
Vieux puit
Ruche traditionnelle, encastrée dans le mur d'une vieille maison
Vieille mosquée en pierre
 En se promenant autour de Tanumah

Et nous on se régale doublement car Fayez est aussi un bon vivant bien gourmand ! Entre petit déjeuner traditionnel, piknic au bord d'un lac (eh oui un vrai lac !) et invitation chez des amis, le ventre n'a pas trop le temps de dire ouf que nous lui en remettons une couche, voire même plusieurs ! 🤪

au petit déjeuner
Plaisirs de vies 

Fayez nous emmène également voir un de ses amis, un grand sage du coin, et même pas que du coin car à priori très connu en Saudi. A priori, nous étions attendu. Accueil traditionnel, il doit prévenir le quartier qu'il reçoit des personnes importantes : 3 personnes sont là, 3 coups avec de très vieux fusils qui ont plus de 150 ans. Invités ensuite dans sa pièce de réception truffés de vieux objets et de symboles du pays, nous broyons les ingrédients pour la conception de l'Arabic Coffee sur le feu (cardamone, gingembre, grain de café non torréfié, clou de girofle, lait séché, safran), partageons un petit déjeuner (huile de graisse de chameau mélangé à du miel, pain). Instants riches, ponctué par un cadeau, une superbe étole, à ses dires la même qu'il avait offert au prince MBS...

Traditions ancestrales chez un sage renommé d'Arabie 

Tout seul... Il a suffit d'un coup de fil le samedi matin pour que MaLoute décide, à juste titre, de rentrer en France, le temps d'aider à gérer une situation parentale qui devenait délicate. Et le lendemain matin, le soleil se lève et MaLoute s'envole, rendez-vous dans plus d'un mois, un peu plus loin sur la route, voire dans un autre pays... 😳 Va falloir s'adapter à la vie tout seul sur la route, une 1ère depuis 3 ans et demi. Mon programme ne changera pas car les jours de visa sont comptés. Dans 2 semaines je dois avoir quitté l'Arabie Saoudite. 2500 km m'attendent (oh putain en Cargol à 60 😳), en continuant dans les montagnes jusqu'à la frontière Yéménite, puis en attaquant la traversée de la zone désertique sud et ses immenses lignes droites tout en passant par la capitale Riyadh.

Bivouac à l'ouest d'Abah
Village de Rija Alma'

Go go go un petit tour en moto sur des routes encore une fois délirantes. Une nouvelle halte dans un Heritage village dans lequel il reste pas mal de boulot de réhabilitation. Des pentes à plus de 30% dans un sens ou dans l'autre, et la route se transforme parfois en piste. Les autochtones me regardent passer d'un air médusé, se demandant qui c'est et qu'est-ce qu'il fout sur ces chemins sur son petit engin. Puis je remonte par une route saugrenue et vertigineuse sur le plateau à 2000m. Au bout de la route, une barrière anti-gros véhicule, contrôlée par la police pour empêcher de descendre. De derrière leur vitre un policier me fait comprendre "Mais d'où tu viens, qu'est-ce que tu fous là ?". De derrière mon casque, j'écarte les mains et bras, hausse un peu les épaules accompagnés d'un petit signe de tète style "Mais qu'est ce qu'elle fout là la barrière pour moi ?" 😂 Ils ouvrent la barrière, je passe en les saluant, Hasta la vista !

Mosquée ancienne
 Village de Rija Alma' et ses hauteurs

Allez Cargol, reprenons la route. Et vlan, encore une route fermée aux poids lourds, mais une belle cette fois, bien large et bien goudronnée. Je suis 4x4, ancien pompier, vos descentes ou montées, Cargol cela le fait rigoler ! certes lentement ! Rien à faire le policier refuse catégoriquement. Gros détour en perspective, dommage... Cela me permet de découvrir un autre vieux village, celui-ci tombe en décrépitude, pas de réhabilitation. Un bel endroit dans son jus. Le sol n'est parfois pas entier mais ça a l'air de tenir. Alors on aime à se faufiler, à monter les escaliers, se retrouver sur les terrasses. Les femmes décoraient avant les intérieurs avec des couleurs vives et des motifs très régionaux. Cela devait être superbe, dommage...

 ancien village d'Al Jahamah

La route monte, puis descend, remonte... à une vitesse non avouable 😂. Et la centaine de dos-d'âne à prendre à deux à l'heure. 6h pour faire 100 km, et la route est goudronné, mdr ! Puis j'arrive au lieu souhaité. Ma cervelle me dit : "sûr que ça passe là ?" Fais confiance à certains voyageurs qui ont dit "ça passe !" Les roues dans un petit peu d'eau, non seulement ça passe mais en plus c'est beau ! Wadi Lajab, un canyon avec de l'eau dedans, ici en Arabie... féerique pour ce pays !

Local comme tant d'autres par ici
 Wadi Lajab

Malheureusement je ne passe qu'une nuit au fin fond de ce canyon. Je dois me rapprocher du désert. Les paysages à quelques km maintenant à vol d'oiseau du Yemen sont superbes, montagnes sauvages, abruptes et vallées encaissées. Un local va me sortir du bivouac du soir lors d'un beau coucher de soleil pour m'inviter chez lui pour le repas et le petit déjeuner. Ces yeux pétillent et je ne peux refuser. Dernière immersion avec ce peuple chaleureux des montagnes d'Arabie.

Sur la route pour Najran 

Najran, sur un plateau au pied des montagnes, dernière ville avant d'attaquer le désert. Vestiges de plus de 3000 ans, sites et palais historiques, témoins d'une époque glorieuse, la fameuse route de l'encens. Encore un bien joli coin de ce pays étonnant.

Sheikh Ali Bin Hussein Al Makrami Palace
Aan Palace à Najran
 Amarah palace beaucoup plus récent
Vestiges du passé, détails de mur de l'ancienne cité antique

Bon faut se décider à y aller, reste un bon 1800 km et quelques jours de visa... et le fameux Empty Quarter... Empty Quarter ou Le Quart vide est la plus grande étendue de sable ininterrompue au monde. Là ça te parle pas trop, mais si je te dis que c'est plus grand que la France, ça doit aller mieux. Aucune route ne traverse réellement cette zone. En fait tu la longes essentiellement, en ligne droite bien sûr, et ce sur des centaines de km.

Direction Riyadh pour moi au nord de cet Empty Quarter, mais deux petits points sur la route m'interpelle... Le premier, relativement au début de ma route, est une zone historique. Les caravanes passaient par là (souvenez-vous l'étape précédente la route de l'encens à Najran). Une source naturelle, il en reste l'aménagement de 6 puits vieux de 3000 ans. De l'eau toujours au fond, à quelques mètres. Y'a du avoir de sacrés fêtes quand les caravanes arrivaient là ! J'y suis seul, tranquille, dernière nuit de repos avant d'attaquer.

 Les puits de 3000 ans d'Hima

Le deuxième arrêt était incertain, une réserve dans l'Empty Quarter, programme de ré-intégration de la gazelle d'Arabie notamment... En fouillant sur Internet, je m'aperçois que l'on peut demander une autorisation. Un site fédéral en arabe, le traducteur de Chrome fait l'affaire et j'arrive à trouver le lien qui va bien "Délivrance d'une licence de visite protégée" (fallait l'inventer celle-là 😂 ). 24h à l'avance, je sens pas bien le truc, et je le sens encore moins quand à la validation du formulaire j'ai un beau message "Servor Error xxxxx". Merdum. Je trouve un lien de contact : "Coucou c'est moi le frenchie en solo dans son gros camion, je serais à la porte de la réserve demain vers telle heure". Quand tu imagines que c'est une personne lambda qui lit le formulaire de contact d'un site qui a des centaines de demandes par jour, tu interpelles allah l'inch'allah !

Je quitte donc le lendemain matin ma zone historique, évidemment sans avoir eu de réponse. Plutôt que de rejoindre la double voie bitumée, j'attaque par les pistes des zones désertiques, seulement peuplées de quelques chameaux et de quelques massifs rocheux ou les anciens de chez anciens ont gravés leur passage.

 Plus sympa parfois de chercher des pistes

A l'heure dite, j'arrive à la réserve. Plusieurs véhicules de rangers, deux petits bâtiments et une grande tente. Cela ressemble un mini camp militaire. A l'arrivée du gros Cargol, plusieurs personnes sortent intriguées. Invité dans la tente, on m'emmène thé et bien sûr de quoi manger en attendant le chef qui viendra me voir. Il sera là assez vite. Alors que je lui explique ma présence, son téléphone sonne. Et là, je comprends que c'est une personne qui l'appelle pour lui dire qu'un touriste français doit arriver, conséquence de ma demande de la veille. Le Frenchie il est là 😂. "Pas de soucis, en fin d'après-midi, nous pourrons t'emmener voir si l'on trouve les gazelles du désert..."

Gazelle d'Arabie et la tente de repos des rangers 

Yahouuuu, Me voilà donc parti dans le Toy avec un Ranger en patrouille pour plus de 2h. Grands bancs de dunes avec des sortes de plaines ou petits plateaux, et à ma grande surprise, une petite végétation est bien présente. Pas étonnant en fait que les animaux puissent survivre ici. Trop chassé ou braconné pour leurs cornes, la réserve et le programme de ré-insertion a été mis en place par le gouvernement. Les rangers sont désormais là pour surveiller, se relayant en campant une semaine sur deux sur le site. Nous vadrouillons dans les dunes ou sur les plateaux. Grâce à son oeil aguerri nous les apercevons mais très difficile de les approcher, elles sont très sauvages et se méfient terriblement. La population y est en augmentation, cela semble une réussite et ils sont en train de monter un dossier pour une reconnaissance par l'Unesco.

Empty Quarter, Uruq Bani Ma`arid Reserve

Trèves de gazelle, je prends la direction de Riyadh, à l'assaut de ce long cordeau d'asphalte... 😳 traversant pour la première fois un tropique... laissera pas un grand souvenir celui-là, vivement que j'arrive vers Riyadh

 Monotonie

Un bon millier de km vient d'être avalé, slurp, déjà ça de fait. Petit halte rapide prévue et certainement incontournable dans la région de Riyadh, le dénommé "Edge of the World", toit du monde pour ceux qui comprennent pas le verlan.

Késako ? A une 50aine de km de la capitale, une cassure géologique importante différenciant un plateau et une plaine, le tout dans un décor hostilement désertique. D'après mes sources 2 pistes pour y accéder. La première au nord ne serait ouverte que du vendredi au dimanche. Nous sommes mardi. On va pas si frotter. Et la 2ème... certains se sont heurtés à des postes de rangers qui ont refusés l'accès. Je tente donc la 2ème. Pas de rangers en vue, seul 3 passages visiblement fait à coup de bulldozer pour dissuader tout véhicule d'aller plus loin. Pour Cargol, ça passe crème. Un 4x4 s'y est d'ailleurs arrêté et je les croiserais plus loin mais à pied.

J'arrive au bout, en haut des falaises, wouaouhhh, ça porte bien son nom. Le paysage est grandiose. C'est le début d'après-midi, le vent est fort, le ciel très menaçant et ça fait badadaboum au loin. Le temps de faire quelques photos puis une voiture de rangers arrive... "Et d'où vous venez ? Et vous êtes passé par où pour venir jusqu'ici ?" "Ben... euh... je suis venu par la piste, de par là-bas..., comme vous quoi..." "Ah mais c'est que c'est interdit de venir ici avec son véhicule !" "Ah bon... 🧐 et... on vous a volé le panneau c'est ça" Un peu médusé, j'en profite "si y'a pas de panneau, c'est pas vraiment interdit, du moins c'est pas ma faute... Je vais dormir là et je repars demain matin" " 😳😡🤯😳 Ah non, c'est pas possible c'est interdit... et c'est dangereux" "Et c'est quoi le danger, une tornade d'océan, un tsunami lunaire ? De toute façon, je suis fatiqué, je reste là" Ils appellent le chef... "Le chef a dit que tu peux pas rester ici, c'est interdit" "Désolé, mais j'ai très mal dormi, conduire un camion de plus de 40 ans sur ces pistes, c'est très fatiquant... à la fin j'avais les jambes qui tremblaient... faut que je me repose". Ils rappellent le chef. "Chef Chef... 😂 ... le chef dit pas possible !" "et moi mon chef de moi il me dit que je suis trop fatigué, c'est plus dangereux que je conduise le camion aujourd'hui que de dormir ici, donc je reste. Et puis il faut que je mange car sinon je vais me sentir mal et après je vais essayer d'aller dormir un peu" Tout cela a duré plus d'une demi-heure en mode très courtois. Je leur prends bien la tête et visiblement ne savent pas quoi faire, alors je file dans Cargol car en plus il commence à tomber quelques gouttes.

Finalement au bout d'un moment il sont partis... L'après-midi et la soirée seul là-haut perché fut extraordinaire. J'ai assisté à la coupe du monde des dieux célestes. Thor Zeus et Eole se sont livrés une bataille acharnée et ont secoué Cargol pendant plusieurs heures dans un vacarme assourdissant.

 Le premier soir avant la tempête des dieux

Au petit matin, le ciel se réveille en quasi bleu. Mais toujours pas mal de vent, le drône ne prendra pas son petit déjeuner dehors. Petite marche dans les parages et faut repartir. Au moment de décoller une voiture de rangers arrive, il est guère plus de 7h du mat. Visiblement interloqué que j'ai dormi là, je lui dit qu'il appelle son chef, que son chef est au courant. Je le laisse stupéfait à son téléphone et je file 😂.

Cargol tout petit
Edge of the world 

Riyadh... Pas mal de choses à y voir, mais je n'aurais pas le temps, faut faire des choix. Voir l'exposition sur le projet Néom - The Line, ça oui ! Je vous livre ci-dessous 2 vidéos de présentation plus parlante que quelques photos de maquette. Nous avions déjà longé le chantier faramineux 3 mois plus tôt quand nous étions dans le nord-ouest. Nous l'avions évoqué dans cette étape.

 Vidéo du projet The Line
Vidéo du chantier The Line en cours 

Le projet : dans une région aride, 170 km de long, 200 m de large, 500m de hauteur, 0 transport privé à l'intérieur, Désalinisation de l'eau, autonomie énergétique non fossile... et à proximité des loisirs, stations touristiques, montagnes, désert incroyable... Une zone où pourra vivre plus de 10 millions de personnes...

Pour ou contre ce projet ? La question se pose bien sûr et l'on peut trouver moultes raisons de ne pas aimer. Mais quand on voit les différentes villes de plusieurs millions d'habitants que nous avons traversé où la pollution est maître à bord, où le speed et le stress sont le permanent du quotidien, où les problèmes s'intensifient, n'est-ce pas louable d'essayer de penser autrement ?

Alors oui quand l'on voit ces maquettes, cela semble totalement fou et irréalisable. Cependant au vu de ce que l'homme réalise déjà au niveau architectural (voir certains immeubles de Dubaï ou autre), alors oui, ces maquettes sont réellement du domaine du possible. N'oublions pas que la voiture volante existe déjà (exemple ici) et que son problème pour sa mise en service porte sur la réglementation plus qu'autre chose. Dans ce nouvel environnement, c'est beaucoup plus facile...

A suivre donc...

A l'image du projet Neom, Riyadh change à la vitesse supersonique. Des milliers de grues et des superficies immenses sont en chantier. Un récent quartier d'affaire vient d'ouvrir son accès. Sous l'impulsion d'une politique obligatoire mais favorable aux entreprises, ces dernières s'installent en nombre et la population afflue (+2% par an, 30% de plus que Dubaï). De nombreuses entreprises et cadres installées sur Dubaï migrent sur Riyadh. Pas le temps de voir tout cela, peut-être plus tard. Juste le temps de passer dans un centre commercial immense qui grouille de monde le soir. Ici, beaucoup de jeunes femmes, pas de foulard et lèvres en revers de pot de chambre en veux-tu en voilà. Faut que je continue ma route, départ à 3h du mat tant qu'il fait pas trop chaud car après ca va être + de 40° à l'ombre mais y'en aura pas, et pas de clim... J'ai tout prévu pour ces grandes lignes droites, cruise control dernière génération !

 Centre commercial animé et Cargol en mode Cruise Control

Ouf Frontière en vue...

Une page se tourne mais quelle page ! Un sacré pays où la vie est très agréable, tourné vers l'avenir où chacun peut vivre à sa façon à partir du moment ou il respecte le voisin et ses choix. Ne pas critiquer son gouvernement est cependant de rigueur absolue. L'ouverture du Tourisme est très récente et va apporter encore plus de bien-être à cette population. Espérons toutefois que toutes les formes de tourisme vont pouvoir s'y développer, car pour l'instant, c'est plus vers une élite et à un certain pouvoir d'achat que les infrastructures se tournent.

Allez go Emirats !

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