Comme dit un peu plus haut, nous voulions aller prendre le frais dans les hauteurs, ce que l'on appelle les Alpes Albanaises. Région très peu peuplée car difficilement accessible, un tourisme tout juste naissant. Ici pas de stations de ski aux mégas infrastructures, juste de l'authenticité. Bon météo, grouille toi de devenir plus clémente !
Theth
Nous avons hâte de faire mentir tous les locaux et leur montrer que nos petites motos sont capables d'atteindre Theth, village perdu dont la route fait si peur...
Nous voilà donc parti... le 1er jour, nous nous contentons d'aller voir la route fermée et bloquée par la neige. Celle-ci n'ouvrira pas avant deux mois, 6 mètres de neige paraît-il la-haut ! Et la route ne culmine qu'à seulement 1700m d'altitude ! Quand on vous dit que le climat est particulier et les montagnes bizarres par ici, c'est pas pour rien ! Par le climat et les paysages, 1700m correspond aux Alpes françaises à 3000m. Si si ! Et pourtant si proche de la mer ! A 1250m, nous rebrousserons chemin, nous avons vu la neige de près, c'est ce que nous voulions... Une petite boucle pour s'échauffer.
Le 2ème jour, nous partons pour aller chercher l'autre voie d'accès de Theth, le chemin forestier dont les supers 4x4 locaux mettent 5 à 6h pour faire les 70 km ! Nous démarrons un peu tard cette piste, en tout début d'après-midi. Des cailloux, des cailloux, des ornières, parfois de la boue, la progression est lente. Nous progressons petit à petit en altitude, nous sommes sur un versant sud et ne trouvons qu'un peu de neige au sommet de cette piste à 1200m. La descente par le versant nord avec de la forêt nous fait un peu peur, tout comme la distance qu'il reste à faire et la nuit qui approche dans une bonne heure.
Les bras sont déjà douloureux et nous n'avons pas encore fait la moitié du chemin. Faire demi-tour et s'avouer vaincu ? Non, au pire nous dormirons dehors, sans duvet... Nous attaquons la descente vers la vallée de Teth. Une fois en bas, la piste remontera pour suivre la rivière et la vallée, ce qui me semble, vu sur la carte, sans doute plus facile à gérer. Finalement dans cette descente, davantage de boue, d'ornières, mais pas de neige, ouf. Depuis le début nous essayons de faire quelques petites pauses. Les pauses s'intensifient et la nuit est là, nous ne sommes pas encore dans la vallée. Les lumières d'un 4x4 derrière nous se rapproche. Nous trouvons un petit coin pour le laisser passer. Il s'arrête à notre hauteur. Il parle anglais... "Bonjour, tout va bien, vous allez-vous ?" - "Nous allons sur Teth" - "Ah oui quand même ! Et vous allez chez quelqu'un, vous savez où dormir ?" - "Non pas encore" (sachant qu'il y a sur place quelques chambres d'hôtes, je me dit que de toute façon, nous frapperons aux portes, l'hospitalité albanaise fera le reste 😉) "Tout est fermé là-haut à Theth, nous ne sommes pas en saison, vous allez être les premiers touristes de l'année et les premiers depuis plus de 4 mois ! " - "Vous ne connaissez pas un endroit où l'on pourrait dormir ? (sous-entendu tu m'ouvres la porte de chez toi ?)" - "Je vais vous organiser votre arrivée, on se retrouve là-bas !" Echange des numéros de téléphone et ses lumières cahotantes dans la caillasse s'éloignent lentement. Nouvelle motivation, nous aurons sans doute même droit à un repas chaud.
La fin fût quand même techniquement assez terrible et éprouvante, Maloute ayant de plus en plus de mal par douleur à faire bouger ses doigts ou épaules (et dieu sait qu'en moto, ce sont des éléments importants !). Nous arrivons à Teth, en mode éreintés et tout crotteux, il est 20h et des grosses poussières, mais au fond de nous fiers de l'avoir fait. Une aventure sans grand risque mais où il fallut tirer dans ses réserves physiques et psychologiques. Nous sommes accueillis par une bonne soupe et un bon repas, le tout dans une pièce bien traditionnelle, avec le minimum nécessaire, et en son centre l'indispensable gazinière à bois. Nous sommes à la Ferme Auberge de la famille Harusha. Chauffage et eau chaude ont été allumé pour nous dans une chambre dortoir au 1er étage.
Nous prendrons une journée de repos bien méritée pour savourer cet endroit perdu ou seul une dizaine de famille subsiste en autonomie totale en plein hiver. Ambiance simple et très chaleureuse, Maman nous gâte à chaque repas de ces bons petits plats composées uniquement par ses produits faits maisons. L'accueil Albanais continue !
Pour le retour par le même chemin, nous souffrirons moins : d'une part nous partons tôt le matin, et d'autre part pas de peur de la nuit qui tombe ou l'inconnu de difficultés potentielles. Nous mettons 6 heures en mode tranquillou et rejoignons Cargol et Ledi's place pour la tombée de la nuit. Trop content de notre retour, une nouvelle fête nous y attends...
Komani Lake et son Ferry
Le ferry ne fonctionne que du mois d'Avril à Octobre. Merdouille de merdouille, cette information m'a échappée dans mes déambulations sur le web. Bon après tout si je l'avais su, nous ne serions jamais arrivés jusqu'à Ledi's place et cela aurait vraiment été dommage ! Vous savez que je suis têtu aussi, donc je vais trouver une solution. Avoir un bateau rien que pour nous pour aller vadrouiller dans le fjord coûte relativement cher. Au travers de l'application mobile "Travelers Map" (carte interactive de voyageurs), je trouve 4 personnes pour compléter un bateau et Sokol, notre adorable patron de Ledi's place nous trouve le bateau, via Mario Molla et son entreprise Komani lake Boat tour. Youpi, let's go !
Direction Shala River, un bras du lac aux eaux superbes, en petit comité, dans une grande barque avec musique locale et raki bien sûr ! Le niveau du lac ayant été abaissé quelques jours auparavant, nous ne pourrons trop nous enfoncer dans Shala River. Du coup, Mario nous convie à un brunch chez lui, dans sa maison natale sur les bords de la rivière. Superbe endroit, tout comme d'autres maisons parsemés par-ci par là, où vivent des familles en autonomie totale. Celles-ci n'ont pour seul moyen de communication et de transport que leur petit barque à moteur. Encore une bien belle journée, de belles rencontres et des souvenirs accumulés !
Une semaine de rab à Ledi's place
Nous vous l'avons dit plus haut, notre retour de Theth a été fêté dès le soir même... De toute façon tout est prétexte à faire la fête et même s'il n'y a pas de prétexte, ben faut faire la fête car c'est un jour exceptionnel vu qu'il n'y a pas de prétexte. Vous suivez là ? Nous plus trop... c'est peut-être le raki...
Pas le temps de s'ennuyer donc, mais ne croyez pas que l'on dort toute la journée pour faire la fête le soir... On mange aussi ! ou sinon on papote, on part à la pêche, on participe à la vie locale quoi ! Nous sommes là pour ça !
Nous leurs filons également un coup de main en cuisine, derrière le bar ou en service ! Pas le temps de s'embêter !
Nous serions bien resté plus longtemps, mais le sud nous attend... Larmes à l'oeil...
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Et là nous sommes où au moment ou tu lis ces lignes ? Par ici !
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